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 Cherid, Jean-Pierre

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HERVE




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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyMar 24 Aoû 2021 - 19:03


(suite)

Lorsque, enfin, la porte de l'arrière-salle s'ouvre, le premier à apparaître est toujours Mario Ricci, qui utilise le faux nom de Carlo Vannoli. Il embrassait sa femme, Elena, enlevait sa veste, qu'il posait sur le dossier de sa chaise, et, élevant la voix, disait : "Ho fame, porto cibo ora, per favore" (italien pour "J'ai faim, apporte à manger maintenant, s'il te plaît"). Mais ce n'est que lorsque Stefano Delle Chiaie s'est assis à table, a déplié sa serviette et l'a attachée autour de son cou que le serveur a servi le repas.

Ricci était le bras droit d'Il Caccola. Il portait une fine moustache qui accentuait la minceur de son visage au teint clair. Il était nerveux, suffisant et hautain. Il est né dans la province d'Arezzo, en Toscane. Il s'est immédiatement lié d'amitié avec Jean Pierre, de neuf ans son aîné. Tous deux étaient prudents lorsqu'il s'agissait de partager leurs opinions en public, contrairement à Giuseppe Calzona. Mario le méprisait pour ses origines méridionales, ses manières rudes et son apparence ébouriffée. Il ne parvenait pas à convaincre le capo de se débarrasser de Calzona, ce qui accroît sa haine pour le cuisinier. Giuseppe n'était pas comme les autres : il n'était pas animé par une idéologie forte, mais par l'argent et la protection fournie par l'Internationale Noire. Delle Chiaie l'avait aidé à s'installer en Espagne, comme tant d'autres compatriotes recherchés par la justice italienne. Ils ont vécu ensemble à Barcelone avant d'arriver à Madrid. Calzona devait beaucoup à Il Caccola, c'est pourquoi il lui obéissait et se laissait humilier par Ricci.

Mario faisait preuve d'un racisme féroce et d'une sympathie débridée pour tout ce qui est nazi. "Si tu as une fille, tu dois l'appeler Erika, d'après le chant glorieux des soldats du troisième Reich", me suggérait-il souvent. Ricci n'était pas aimé par tout le monde dans le groupe. Peut-être parce qu'il était arrogant et sarcastique ou parce qu'il abusait de sa position favorable dans la hiérarchie de l'organisation. Jean Pierre l'aimait bien, même s'il ne supportait pas sa dialectique facile, fondée notamment sur sa vénération pour Benito Mussolini, qu'il citait sans cesse dans des conversations où le Duce ne jouait aucun rôle.

Antonio Gonzalez Pacheco détestait Ricci. Les deux avaient des caractères très similaires. Ils se disputaient l'amitié de Jean Pierre, qui, bien qu'il ne le reconnaisse pas, était flatté de cette lutte.

"Ce type est plus vaniteux que moi, et c'est peu dire", m'a avoué un jour Antonio.

"Jean Pierre n'a pas envie de lui faire confiance. Dites-lui de faire attention ; dites-lui, Tere".

Cependant, Jean Pierre n'a pas tenu compte des avertissements basés sur les sentiments des autres. Il ne faisait confiance qu'à sa propre intuition.

_ _ _

Voir :

https://www.naiz.eus/fr/info/noticia/20190910/muere-el-neofascista-delle-chiaie-atacante-impune-en-montejurra-y-cuantos-casos-mas

(traduction d'un extrait)

(...)  Dans ces années, il (Stefano delle Chiaie") était main dans la main avec l'ancien membre de l'OAS et aussi le protagoniste de la sale guerre en Euskal Herria (Pays basque) Jean Pierre Cherid. Une relation de proximité soutenue par les deux parties. Dans le livre sur Cherid écrit il y a quelques années par sa veuve, Teresa Rilo, Delle Chiaie est décrit comme "le patron" d'un groupe fasciste qu'il (Jean-Pierre Cherid) a rejoint en janvier 1976.  (...)


https://www.infoaut.org/antifascismonuove-destre/il-ritorno-in-nero-di-avanguardia-nazionale

(traduction d'un extrait)

L’histoire de Avanguardia Nazionale (Avant-garde nationale - AN) ne s’est pas seulement passée en Italie.

En effet, de nombreuses « opérations » ont vu ses adhérents en tant que tueurs pour le compte des dictatures sud-américaines, des franquistes espagnols et de la Dina, le service secret de Pinochet, qui, à la suggestion de AN, a adopté comme symbole un blason des SS.

Stefano Delle Chiaie a opéré en 1974 au Costa Rica contre la guérilla communiste, d’autres d’AN sont intervenus à plusieurs reprises en Espagne contre l’Eta, à la fois pour assassiner leurs dirigeants et pour déclencher des provocations. Stefano Delle Chiaie, Augusto Cauchi, Piero Carmassi, Mario Ricci, Giuseppe Calzona et Carlo Cicuttini, le 9 mai 1976, ont participé en Espagne, avec d’autres néofascistes, à l’assassinat sous la menace d’une arme de deux jeunes démocrates à Montejurra lors d’une manifestation organisée par le parti Carlista de Carlos Hugo.


https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2018/06/27/billy-el-nino-tortionnaire-franquiste-pourrait-enfin-perdre-ses-privileges_5321822_4497186.html

« Billy el Niño », tortionnaire franquiste, pourrait (enfin) perdre ses privilèges

Le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez veut retirer sa médaille du Mérite à Antonio Gonzalez Pacheco, un agent franquiste particulièrement sadique, égratignant ainsi l’un des symboles de l’impunité accordée aux piliers de la dictature.

Publié le 27 juin 2018 à 08h45


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HERVE




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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyMer 25 Aoû 2021 - 9:26


(suite)

L'organisation de Il Caccola disposait de plusieurs appartements à Madrid pour loger ses militants. Ricci vivait dans un appartement spacieux de la Calle del Pez Volador, avec ses deux filles, Elena et son frère, Maurizio, un jeune homme aux taches de rousseur qui ne brillait pas par son intelligence. Jean Pierre et moi partagions un appartement pas très grand dans la Calle Antonio Lopez, à côté de la rivière Manzanares, avec Giuseppe, Rosa et son fils. Vivaient également avec nous José Maria Boccardo, un jeune Argentin un peu renfermé qui finit par devenir l'élève de Jean Pierre et le parrain de ma première fille, et Augusto Cauchi, un autre des Italiens que Delle Chiaie avait aidés et qui appartenait à l'organisation fasciste Ordine Nuovo. Giuseppe m'a expliqué que Cauchi était dangereux et que son organisation avait tué de nombreux Italiens. J'étais extrêmement mal à l'aise en regardant le drapeau de Ordine Nuovo, accroché à côté de la table de la salle à manger, qui montrait une hache à deux têtes sur un fond rouge.

J'avais décidé de faire confiance à Jean Pierre et à la vie merveilleuse qu'il m'avait promise en quittant San Sebastian. Mais les débuts à Madrid s'avéraient difficiles. Ma grossesse progressait en même temps que mon découragement. Je ne comprenais pas pourquoi les nouveaux amis de Jean Pierre avaient commencé à l'appeler Juan et pourquoi il utilisait des faux noms pour s'adresser à eux. Il me forçait même à faire de même. "Nous devons nous habituer à ces noms. C'est pourquoi il est préférable de commencer à les utiliser en privé", m'a-t-il expliqué, très sérieusement. Les hommes que nous avons côtoyés m'ont fait comprendre dans quelles affaires Jean Pierre était impliqué. Quand je lui demandais, il répondait : "Ne t'inquiète pas, princesse, ces amis nous aident. Je vais bientôt trouver un bon travail. Fais-moi confiance. En outre, la situation en Espagne est très favorable pour nous". Il voulait dire qu'après la mort de Franco, la lutte pour la démocratie avait été ravivée et que l'État avait besoin de beaucoup d'aide pour écraser le désir de liberté du peuple espagnol.

Pendant la journée, je ne quittais pratiquement pas la chambre délabrée qui nous avait été attribuée, d'où l'on pouvait voir le stade Vicente Calderon au loin. Je lisais des magazines et des journaux que Jean Pierre m'achetait ; j'écoutais la radio et j'écrivais des lettres à mes parents et à mes frères. Parfois, Rosa me demandait de l'accompagner au marché et j'acceptais volontiers, car même si la conversation entre nous deux était très limitée, je pouvais au moins me plonger dans l'agitation de Madrid, que j'aimais tant. D'autres fois, je passais la matinée à visiter les Galerias Preciados, sans un sou en poche, tristement résignée à contempler les mannequins comme on regarde des tableaux dans un musée.

Un soir, à L'appuntamento, j'ai appris que José Maria Boccardo avait été arrêté. La police l'avait surpris dans un train avec un sac rempli d'armes. On sentait que dans la salle réservée, les hommes de Stefano delle Chiaie étaient nerveux et irritables car on les entendait s'interrompre les uns les autres ; la musique ne pouvait pas cacher le murmure sourd. Cette nuit-là, pendant notre attente, nous, les femmes, sommes restées silencieuses, attentives aux mots qui s'échappaient : " Sfortuna ", " vile ", " inadatto ", " spione " (italien pour "Malchance", "lâche", "inadapté", "espion"). Leda, qui a toujours joué le rôle de leader, a rompu notre silence :

- Signore, non essere curioso. Dai, parliamo delle nostre cose. (italien pour "ne soyez pas curieuses. Allez, parlons de nos affaires.")

Plus tard, dans notre chambre, Jean Pierre, qui ne m'a guère donné d'autres explications sur l'arrestation de l'Argentin, m'a dit qu'il allait travailler pour la police.

- On a besoin de nous pour enquêter sur les membres de l'ETA qui se cachent en France. Ils doivent les arrêter car ce sont eux qui dirigent et donnent de l'oxygène à ceux du Pays basque.

- Mais n'est-ce pas dangereux ? Pourquoi ce ne sont pas eux, qui sont la police, qui le font ? -  ai-je demandé avec surprise.

- Il y a des choses qu'ils ne peuvent pas faire. Il faut travailler en France et la police espagnole ne peut pas y aller.

Jean Pierre mesurait à demi chaque mot et préparait sa prochaine réponse, car il savait ce que j'allais lui demander. Il me connaissait mieux que je ne le connaissais.

- Cela a-t-il un rapport avec l'arrestation de Jose Maria ?

- Eh bien, disons qu'ils nous ont fait une offre en échange de sa libération.

- Est-ce légal ? Jean Pierre, j'ai peur que tu aies des ennuis.

- Est-ce légal ? Ne sois pas stupide, Tere. Y a-t-il quelque chose de plus légal que la police ?

J'ai commencé à comprendre ce qu'était la nouvelle occupation de Jean Pierre lorsqu'il est revenu de Navarre avec un José Maria Boccardo ensanglanté. Il avait une profonde entaille sur la tête. Il avait été frappé avec un bâton lors du rassemblement annuel des carlistes à Montejurra. Tous deux m'ont raconté qu'il y avait eu un affrontement entre les partisans du communiste Carlos Hugo de Borbon, qui était le président du parti carliste, et ceux de Sixto de Borbon, qui voulait ravir le poste à son frère en raison de la dérive gauchiste qui s'opérait dans le carlisme. Ils se sont affrontés à coups de matraques et de barres de fer sur les pentes de Montejurra. Mais quelqu'un a sorti les armes et deux jeunes partisans de Carlos Hugo ont été tués. C'est l'histoire qu'on m'a racontée. Cependant, les jours suivants, j'ai pu me faire une idée plus complète des événements grâce aux journaux que je lisais en cachette. Il m'est apparu clairement que Jean Pierre et ses compagnons avaient été envoyés sur la montagne carliste par le gouvernement de Carlos Arias Navarro pour déstabiliser le pèlerinage annuel et qu'ils étaient protégés par la Guardia Civil. J'ai appris par les magazines que les agents n'avaient pas arrêté l'auteur de l'un des meurtres alors qu'il était juste à côté. La presse avait publié des photos prises au moment même de la confrontation. Dans l'une d'elles, Augusto Cauchi apparaît à côté de l'homme en gabardine qui a tiré sur l'un des carlistes qui est mort par la suite. Jean Pierre portait une matraque et se trouvait avec Delle Chiaie parmi le groupe de camarades de Sixto. Montejurra m'a ouvert les yeux. Le travail de Jean Pierre consistait en effet à exécuter des ordres que le gouvernement ne pouvait pas reconnaître lui avoir donnés.

_ _ _

https://jurramendimontejurra.wordpress.com/2019/06/30/algunas-fotografias-de-montejurra-76/

notamment :


cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Pierre11

Jean Pierre Cherid (moustache) et Rodolfo Almirón (au fond avec la barbichette).


cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Gaba10

L'homme à la gabardine, à droite, entouré de plusieurs ultras étrangers : Augusto Cauchi (avec des lunettes de soleil), à sa gauche Stefano delle Chiaie, à sa droite (avec des moustaches) Emilio Berra Chacal et Jesús Rodrigo Ruiz.


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HERVE




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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyMer 25 Aoû 2021 - 11:46


(suite)

Peu après, nous avons déménagé dans un appartement à San Sebastian de los Reyes. Nous vivions enfin comme une famille normale. Nous avons commencé à avoir de l'argent lorsque Jean Pierre a obtenu un emploi de directeur commercial dans la société Transalpino. Il s'agissait d'une agence de voyage italienne basée dans plusieurs capitales européennes. Le salaire était de 35 000 pesetas par mois, ce qui était un bon salaire. Jean Pierre se rendait le matin à son bureau de la Plaza de Espana et revenait le soir avec sa mallette pleine de documents de travail. Cependant, bien qu'il s'agisse en apparence d'un travail conventionnel, Transalpino était une façade qui facilitait le véritable travail de Jean Pierre et de ses amis.

Le directeur de l'agence était Mario Ricci. D'autres membres de l'équipe Delle Chiaie ont également été employés. Je me souviens d'Alexandra Grocco prétendant être une secrétaire. Qui sait quels documents elle tapait quand Jean Pierre m'a emmené voir le bureau. À première vue, cela ressemblait à une agence de voyage bien implantée. "Transalpino. Organizacion Internacional de viajes", pouvait-on lire, en grosses lettres, à l'entrée. À l'intérieur, plusieurs grandes photographies montraient des plages paradisiaques. Il y avait trois ou quatre tables où des vendeurs accueillaient les clients. Jean Pierre avait son propre bureau en tant que responsable de la promotion. Il a expliqué que son travail consistait à évaluer les nouvelles promotions pour voir si elles fonctionnaient ou s'il y avait des détails à corriger. Je ne pouvais pas l'imaginer assis pendant huit heures à éplucher des papiers et à prendre le téléphone pour gronder ses subordonnés. Comme j'aurais aimé que ce travail soit un vrai travail.

Ma fille Teresa remplissait mes journées. Elle ressemblait tellement à Jean Pierre, avec les mêmes yeux vifs, bridés et pétillants. Dès sa naissance, j'ai été envahie par un sentiment chaleureux qui, toutefois, ne pouvait apaiser l'angoisse que je ressentais pour l'avenir. Que deviendrions-nous si Jean Pierre devait s'absenter un jour ? Nous n'avions aucune épargne dans aucune banque. Je n'avais que l'argent qu'il me donnait pour acheter des provisions. Tous mes doutes, plaintes, propositions et supplications ont été annihilés par les baisers et les caresses de Jean Pierre. Il était amical et accommodant. La naissance de Teresa l'avait rajeuni ; il avait l'air radieux et détendu. Sa tactique pour apaiser mes lamentations sur le manque de sécurité perçu dans notre vie était d'utiliser les mots les plus tendres qu'il pouvait trouver en m'attirant contre sa poitrine. Puis il m'a doucement caressé la tête et j'ai désespérément fermé les yeux et me suis laissée emporter par cette douce sensation. "Tes parents ont fait leur vie, princesse. Nous commençons tout juste la nôtre. C'est différent, c'est vrai ; mais cela ne rend pas la situation pire. Nous nous aimons et nous avons une fille merveilleuse. La chance nous sourit. Fais-moi confiance", m'a chuchoté Jean Pierre.

Depuis que le roi avait confié le gouvernement à Adolfo Suarez, de nombreuses nuits, au lieu d'aller à L'appuntamento, nous nous rendions au penthouse de José Mari, un étudiant en droit, qui appartenait au groupe dirigé par Mariano Sanchez-Covisa, c'est-à-dire les "guerrilleros de Cristo Rey". Jean Pierre et moi étions accompagnés de Mario Ricci, Elena et son frère, Maurizio ; Giussepe Calzona et Rosa ; et José Maria Boccardo. Le penthouse se trouvait dans la rue Jorge Juan et était destiné à être un appartement pour étudiants. Le père de José Mari l'avait loué pour que son fils puisse étudier en toute tranquillité. Mais le penthouse devenait le repaire d'un groupe ultra-fasciste qui détestait la réforme ouverte prévue par Suarez. A ces soirées assistaient également Isidro et José Luis, les avocats collaborateurs de Fuerza Nueva, et quatre ou cinq autres falangistes, amis de José Mari et désireux, comme lui, d'arrêter les opposants au régime franquiste par la force. Pendant que les hommes discutaient dans le salon, porte fermée, nous, les femmes, fumions dans la cuisine et disposions le dîner que la bonne avait préparé sur des assiettes et des plateaux. Lorsqu'il faisait beau, nous sortions sur la terrasse, d'où nous pouvions voir, même la nuit, la disposition presque parfaite du Barrio de Salamanca.

Lorsque j'interrogeais mon mari sur les problèmes qu'il rencontrait avec les "guérilleros", il répondait : "Tere, moins tu en sais, mieux c'est". Je peux seulement te dire que les choses vont très mal dans ce pays".

A la fin de 1976, nous avons fait un voyage en Amérique du Sud. Jean Pierre a dû se rendre en Argentine, au Pérou et en Bolivie dans le cadre de son travail. Il m'a dit qu'il voulait étudier le marché des agences de voyage parce que Transalpino voulait se développer et qu'il avait demandé la permission de m'emmener avec lui. Notre fille était un bébé de quatre mois et je lui ai dit que je ne pensais pas que c'était bien de laisser le bébé chez mes parents pour partir en vacances. Mais Jean Pierre avait déjà pris sa décision.

- Tu mérites de t'amuser un peu. Ce ne sera que deux semaines et tes parents sont heureux de s'occuper de la petite. J'en ai déjà discuté avec eux. Vas-y, fais ton sac", m'a-t-il dit sans me laisser la possibilité de me faire une opinion.

Jean Pierre avait besoin de moi pour aller avec lui dans ces pays. J'en suis arrivée à cette conclusion lorsque j'ai découvert qu'il voyageait avec un faux passeport : "J'ai peur que mon nom figure sur une liste d'Interpol à cause de l'O.A.S. Je resterai en bonne santé", fut la seule explication qu'il me donna. Il se rendait en France sous sa véritable identité depuis trois ans.

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L'Orchestre noir: Enquête sur les réseaux néo-fascistes
Frédéric LAURENT


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyMer 25 Aoû 2021 - 14:53


(suite)

L'Argentine n'était pas une destination souhaitable à l'époque. Quelques mois auparavant, une junte militaire avait pris le contrôle du pays. Il était question de personnes disparaissant après avoir été détenues. José Maria Boccardo m'avait rassurée avant de partir. Il m'a expliqué que l'intervention des militaires avait été nécessaire pour consolider le processus d'anéantissement des subversifs entrepris par le gouvernement d'Isabelita Peron. À l'aéroport d'Ezeiza, nous avons été accueillis par un jeune homme sympathique qui est devenu notre chauffeur pendant trois jours et qui nous a servi de guide touristique dans Buenos Aires. C'est le temps que le plaisir a duré pour moi. Ensuite, j'ai dû rester seule à l'hôtel pendant que Jean Pierre travaillait et rentrait le soir, épuisé.

J'ai fait pire en Bolivie. Nous avons failli perdre la vie aux mains des soldats du dictateur Banzer. Nous avons loué une voiture à La Paz pour visiter le lac Titicaca. Mais nous nous sommes perdus, ou du moins je le pensais. Nous avons emprunté un chemin solitaire qui nous a menés à une sorte d'installation militaire. Jean Pierre a sorti son appareil photo et a commencé à photographier l'endroit. Deux minutes plus tard, une camionnette pleine de soldats s'est arrêtée devant nous. Ils ont pointé leurs fusils sur nous. Le soldat responsable s'est adressé à nous en anglais, pensant que nous étions des Américains. Jean Pierre a parlé en espagnol et a expliqué que nous étions espagnols et que nous étions perdus. Le soldat l'a interrompu et, en criant, a ordonné à ses hommes de nous fouiller. Ils ont pris nos appareils photo, notre argent et nos passeports. Je ne sais pas combien de temps il a fallu avant que le soldat ne sorte du fourgon avec nos documents à la main. "Ne revenez pas ici", a-t-il dit en nous fixant de son regard meurtrier.

Au Pérou, nous avons passé plusieurs jours dans les villes d'Arequipa et de Tacna, dans le sud du pays. Jean-Pierre a acheté un autre appareil photo. J'ai décidé de ne pas l'accompagner dans ses dangereuses excursions. "Quoi qu'il fasse, il faut être courageux après ce qui nous est arrivé en Bolivie", ai-je pensé.

La veille du réveillon, lorsque nous sommes arrivés à L'appuntamento, Leda, bouleversée, a demandé à Jean Pierre de me sortir de là immédiatement. Apparemment, Stefano allait être arrêté pour l'enlèvement du président du Conseil d'État, l'homme d'affaires Antonio Maria de Oriol y Urquijo. Je n'ai rien compris : l'enlèvement, qui a eu lieu le 11 décembre, avait été revendiqué par le GRAPO. En quoi Delle Chiaie et ses hommes, dont Jean Pierre, étaient-ils impliqués ?  Quelques heures plus tard, mon mari m'a dit que c'était une fausse alerte. "Martin Villa voulait obtenir des informations et il n'a rien trouvé d'autre à faire que de faire circuler le canular selon lequel il allait arrêter Il Caccola, mais que saurait-il d'un enlèvement signé par le GRAPO ?".

Si 1976 marque la consolidation de Jean Pierre comme tueur à gages au service de l'État, l'année suivante marque son couronnement comme chef des mercenaires. Son courage, ses connaissances et son expérience ont fait de lui le chef d'un des commandos de la sale guerre opérant sous la direction de la police. Un autre groupe était celui des frères Perret, composé de voyous de la pègre marseillaise, comme me l'a expliqué mon mari.

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Le mythe de la transition pacifique: Violence et politique en Espagne (1975 ...
Sophie Baby


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyMer 25 Aoû 2021 - 17:48


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Mario Ricci, son beau-frère, et José Maria Boccardo, vers 1977


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyMer 25 Aoû 2021 - 21:37


(suite)

Jean Pierre devait être un chef juste car tous ses hommes l'aimaient, même si parfois il perdait son sang-froid, perdait le contrôle et semait la terreur, écumant de la bouche comme un chien enragé, tout en hurlant comme un fou. Jean Pierre détestait la trahison. Il était si droit dans son schéma de valeurs et si fidèle à ses principes et à ses supérieurs que la moindre déviation de ses plans lui déplaisait. Il n'aurait de cesse de trouver le coupable ou le menteur.

Je n'ai pas pu voter lors du référendum sur la loi de réforme politique du Président. Jean Pierre ne m'a pas permis de le faire. Il n'aimait pas Suarez et ne croyait pas en la démocratie. Ce vote a déclenché une série d'événements malheureux dans le pays, dans lesquels les hommes de Stefano Delle Chiaie et les voyous d'extrême droite qui fréquentaient L'appuntamento étaient impliqués d'une manière ou d'une autre. Les jours qui suivent l'adoption de la loi, le 4 janvier 1977, sont sanglants ; le monde semble s'écrouler.

À cette époque, nous venions de nous installer dans le quartier de Canillas, dans le même immeuble où Mario Ricci s'était installé avec sa famille, à côté du siège de la police armée. J'étais heureuse d'avoir Elena comme voisine. C'était une femme vive, avec qui je m'entendais bien. Chaque matin, elle m'invitait à prendre un café dans son appartement. Grâce à elle, j'ai appris le meurtre d'un étudiant abattu par un groupe de Guerrilleros de Cristo Rey, la mort d'une jeune femme lors d'une manifestation et l'enlèvement du lieutenant général Villaescusa par le GRAPO. Tout cela s'est passé en moins de quarante-huit heures. La femme de Ricci avait peur. Elle m'a avoué qu'elle avait demandé à Mario de retourner en Italie, même si cela signifiait la prison pour lui.

_ _ _

Note (page 101) :

Arturo Ruiz, un étudiant de 19 ans de la BUP, a été assassiné le 23 janvier 1977, lors d'une manifestation en faveur de l'amnistie, par un groupe d'hommes armés d'extrême droite. Un seul d'entre eux, l'Argentin Cesar Cesarsky, lié à la Triple A, a été jugé et condamné à six ans de prison, bien qu'il n'en ait purgé qu'un seul. Mari Luz Najera, étudiante à l'université, est morte le lendemain lors d'une manifestation de protestation contre la mort d'Arturo Ruiz, lorsqu'elle a été touchée par un fumigène de la police anti-émeute.

http://doc.rero.ch/record/106998/files/1977-01-26.pdf


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyJeu 26 Aoû 2021 - 11:55


(suite)

- "Ils vont les tuer d'un jour à l'autre, Tere. De prison, tu peux sortir", a dit Elena.

- Mais penses-tu que Mario et Jean Pierre ont quelque chose à voir avec ce que fait le groupe Covisa ? Je pense qu'ils se débrouillent seuls.

- Ils ont tous quelque chose à voir les uns avec les autres. Il n'y a qu'un seul groupe", a répondu Elena mystérieusement.

La même nuit, quelques heures après qu'Elena ait fait cette terrible déclaration, une attaque d'extrême droite a laissé cinq avocats du travail criblés de balles dans leur bureau de la rue Atocha.

Antonio Gonzalez Pacheco était abattu depuis qu'il avait été séparé de son commissaire bien-aimé, Roberto Conesa, qui avait été nommé, six mois plus tôt, chef de la police de Valence. Un poste politique. "Il a été poussé à l'étage. On ne fait pas ça à un homme d'action", s'est plaint Antonio, que j'appelais secrètement Billy el Nino, comme ses victimes torturées et certains journalistes. Je trouvais ce surnom drôle, un peu candide et qui lui allait comme un gant en raison de son apparence enfantine. Il est affecté à la nouvelle Brigade centrale de renseignements, qui se consacre à la poursuite du GRAPO.

Cependant, les chemins de ce couple unique de policiers se sont croisés à nouveau. Antonio nous en a parlé une nuit, début février, dans une salle privée de la boîte de nuit Vanity de la rue Miguel Angel, un endroit que nous avions l'habitude de fréquenter, ainsi qu'un pub en face du commissariat de la rue Rafael Calvo, qui était plein de policiers. En ces occasions, Billy el Nino portait l'une de ses chemises aux imprimés excentriques, ce qui provoquait toujours la moquerie de Jean Pierre.

_ _ _

https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_d%27Atocha_de_1977

Massacre d'Atocha de 1977 (24 janvier)

Voir aussi

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Sept_Jours_de_janvier

https://www.dailymotion.com/video/x1flteg

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cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Billy10

(traduction)

Antonio Gonzalez Pacheco, dit Billy el Nino, en 1968, vient d'arriver à Madrid pour préparer son entrée dans le Cuerpo General de Policia, comme on l'appelle alors. Quelques années plus tard, en tant que membre éminent de la Brigade politico-sociale, il rencontre Jean Pierre Cherid, qui devient un grand ami.


cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Billy110

(traduction)

L'ex-policier Antonio Gonzalez Pacheco, alias Billy el Nino, avec sa seconde épouse, à leur domicile de Madrid, lors d'une des soirées qu'ils ont passées avec le couple Cherid, vers 1981.

_ _ _

GRAPO = Grupos de Resistencia Antifascista Primero de Octubre

https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupes_de_r%C3%A9sistance_antifasciste_du_premier_octobre


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyJeu 26 Aoû 2021 - 13:48


(suite)

- Martin Villa a demandé à Conesa de se charger de la résolution des enlèvements d'Oriol et de Villaescusa. Et vous savez qui il a choisi pour l'aider. Je suis très heureux.

- Et comment se fait-il qu'ils l'aient envoyé vers lui, qui est maintenant à Valence ? - a demandé Jean Pierre

- Parce qu'il en sait le plus. Hier, nous avons dîné ensemble à l'hôtel et il m'a dit : "Pelos - tu sais qu'il m'appelle comme ça -, nous retournons à l'action, dans les rues, comme avant" - a expliqué Antonio, euphorique.

- Avez-vous des indices ? Vous êtes très impliqué dans le GRAPO - ai-je osé demander.

Antonio et Jean Pierre se sont regardés et ont changé de sujet à ce moment-là.

Quelques jours plus tard, les deux personnes enlevées ont été libérées par la police. Billy el Nino, en sauvant le lieutenant général Villascusa, dans un appartement de la ville d'Alcorcon, s'est exclamé : "A vos ordres, général, vous êtes libéré". Il semble que l'homme n'ait pas cru, au début, que les policiers étaient ses libérateurs, en raison de leur apparence négligée. Jean Pierre et moi avons lu cette anecdote dans un hebdomadaire et avons ri à l'unisson en imaginant Antoine déguisé en clochard. Oriol a été retrouvé dans un appartement de Vallecas, gardé par une jeune femme et son bébé et un homme non armé.

La nouvelle choquante de la libération d'Oriol et de Villaescusa fait monter la cote de Roberto Conesa, que les journaux commencent à appeler super agent. Dans certains reportages, il a été insinué que les enlèvements auraient pu être truqués, comme s'il s'agissait d'une collusion avec les victimes. La censure empêchait encore les choses d'être dites clairement. Je me suis alors souvenu que Stefano Delle Chiaie était sur le point d'être arrêté dans le cadre de l'enlèvement d'Oriol.

Pour l'heureuse issue des deux enlèvements, Conesa et Antonio Gonzalez Pacheco ont été décorés. Le ministre Martin Villa a décerné à Conesa la médaille d'or du mérite policier et à son subordonné la médaille d'argent. Il y avait aussi une prime d'un demi-million de pesetas pour le super agent et une autre de 200 000 pesetas pour Antonio. En outre, M. Conesa a été nommé, quelques mois plus tard, commissaire général à l'information. Cependant, la notoriété leur a apporté à tous deux quelque chose de bien différent : des enquêtes journalistiques sur leur passé et leur carrière professionnelle, toutes deux marquées par des accusations de torture. À la fin de 1977, lorsque la censure a été abolie, de nombreux hebdomadaires et journaux ont commencé à publier des articles sur Billy el Nino et le super agent Conesa. Je lisais autant que je pouvais, non seulement la presse que Jean Pierre ramenait à la maison, mais aussi d'autres journaux d'une autre enseigne que j'achetais à la sauvette en me promenant ; après les avoir lus, je les laissais abandonnés sur un banc de la rue.

C'est ainsi que j'ai appris que tant la mort du jeune Arturo Ruiz que le massacre d'Atocha impliquaient des gens de Il Caccola. Cependant, il ne m'a jamais traversé l'esprit que Jean Pierre puisse avoir un quelconque lien avec ces crimes. "Il suit les membres de l'ETA en France", me suis-je répétée mentalement pour essayer d'effacer de ma conscience le lien possible de mon mari avec ces assassinats sauvages.

Je ne sais pas si Stefano Delle Chiaie a quitté l'Espagne avant ou juste après l'attaque des avocats d'Atocha. Chaque fois qu'une personne influente dans la vie de Jean Pierre disparaissait, je ne pouvais m'empêcher de me réjouir, peut-être parce que j'espérais qu'il changerait un jour et deviendrait un honnête homme.

L'Espagne changeait rapidement. Dans les rues, l'incertitude était palpable, mais aussi l'excitation. Il ne m'est pas venu à l'esprit de partager avec mon mari mes espoirs que le pays devienne un bon endroit pour que ma fille grandisse dans la paix et la liberté. Je craignais sa réaction violente et un sermon fatigant. J'ai fait semblant d'être malade le dimanche 15 juin pour ne pas avoir à aller voter. J'ai refusé de laisser Jean Pierre choisir mon vote lors des premières élections libres et démocratiques organisées en Espagne depuis la Seconde République.

_ _ _

https://www.academia.edu/35220528/Roberto_Conesa_de_garbancito_al_superagente_La_trayectoria_de_un_polic%C3%ADa_del_franquismo_en_la_Transici%C3%B3n_a_la_democracia?auto=download


cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Conesa10

(traduction des conclusions)

Conclusions

Roberto Conesa, l'un des principaux membres de la Brigade politico-sociale de Franco et tortionnaire notoire de l'opposition antifranquiste, a réussi, grâce au gouvernement UCD, et surtout au ministre de l'Intérieur Martín Villa, et aux médias conservateurs, à atteindre une importante notoriété dans les premières années de la Transition. Grâce à ses réseaux de policiers et d'infiltrés, il est parvenu à devenir un expert de la lutte antiterroriste, notamment contre le GRAPO. Cette notoriété publique a également conduit de nombreux politiciens de l'opposition et journalistes des médias progressistes à évoquer son passé de policier sous le régime franquiste. Et aussi des rapports et articles mettant en doute les origines du GRAPO. Cependant, ces critiques à l'égard de Conesa et du groupe terroriste ont été ignorées, voire dénoncées, comme dans le cas de Gregorio Morán. Dans de nombreux pays d'Europe et d'Amérique latine, les policiers qui ont participé à des cas de violations des droits de l'homme pendant leurs dictatures respectives ont fait l'objet d'enquêtes et ont été jugés pour leurs crimes. Dans le cas de notre pays, ce n'était pas le cas. Beaucoup d'entre eux ont été promus, avant tout, pour participer à la lutte contre le terrorisme. Le cas de Conesa est l'un des plus paradigmatiques à cet égard.

Voir aussi :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rodolfo_Mart%C3%ADn_Villa


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyJeu 26 Aoû 2021 - 15:17


(suite)

Par une froide nuit d'octobre, les hommes ont célébré dans le grenier de José Mari la loi d'amnistie récemment adoptée. J'ai été surprise ; je m'attendais à une réaction contraire, étant donné que des centaines de prisonniers politiques allaient être libérés de prison dans les mois à venir. Elena, Rosa et moi avons entendu des rires ce soir-là, mais aussi des expressions de jubilation. Finalement, j'ai compris leur joie : l'amnistie était bonne pour eux aussi. Mariano Sanchez-Covisa et Elio Massagrande étaient deux des personnes amnistiées. Ils avaient été arrêtés en février par la Guardia Civil en tant que responsables d'un atelier de fabrication d'armes installé dans un appartement de la rue Pelayo. Les agents ont trouvé des armes, des munitions et des dispositifs électroniques pour des explosions à distance. Alexandra Grocco a également été arrêtée. Après quelques mois de prison, elle a été libérée provisoirement et peu après graciée.

J'ai été émue par la lettre que deux nièces de Covisa ont envoyée au journal El Pais le lendemain de son arrestation pour terrorisme et trafic d'armes. Les femmes ont voulu défendre le renom de leur famille et dénoncer, au passage, que "l'oncle Mariano" était non seulement un fanatique, mais aussi un bouc émissaire. La lettre, comme me l'a expliqué Jean Pierre, avait été autorisée par Sanchez-Covisa lui-même, depuis la prison de Carabanchel :

( lettre d'Isabel et Mercedes Sanchez-Covisa, publiée dans El Pais le 25 février 1977 )

 Quel dommage cela a fait à toute la famille... ! Nous n'avons jamais pensé qu'il pourrait aller si loin ! C'est pourquoi, bien que nous ayons toujours pensé qu'il était très mauvais qu'il détruise les librairies exposant des livres contraires à ses idéaux, ou qu'il s'oppose à toute manifestation sous prétexte qu'elle est démocratique, nous ne pouvions jamais imaginer qu'il serait nécessaire d'écrire nos sentiments en public, d'exprimer notre douleur. Peut-être aurions-nous dû le prévoir, car ses idées ne contenaient que ses idées : il ne laissait jamais de place à celles des autres. Mais nous sommes les autres. Et il ne s'est pas arrêté pour considérer le mal qu'il pourrait faire à tous les autres. C'est pourquoi nous voulions penser qu'il ne pouvait pas aller plus loin. C'est pour ça qu'on a dit que c'était des clowneries et des bêtises. Mais nous avons souffert. Et comment nos sentiments s'élèvent maintenant, maintenant que notre nom a été compromis devant le monde entier.

On nous disait souvent qu'il était fou et paranoïaque. Nous savions ce qu'il était, puisque nous appartenons à une famille de médecins, et nous savions comment il était quand il était avec nous. Il a défendu son idéal, si l'on peut appeler la justification de la violence un idéal, en entraînant les autres et en utilisant les autres. Mais nous n'ignorions pas qu'il était aussi une marionnette, et que les vrais coupables étaient - sont - derrière et cachés. Il était idéaliste, car il n'a jamais bénéficié personnellement de ses actions, mais ceux qui l'ont financé et promu gardent maintenant les bénéfices ainsi que l'impunité. Ce sont eux les vrais coupables, et nous voulons les dénoncer parce qu'il est injuste et cruel qu'il paie pour toute la culpabilité des lâches.

Nous devons le dire même si cela nous fait mal : nous félicitons le gouvernement pour la tranquillité d'esprit que procure le fait de savoir que notre oncle Mariano et plusieurs terroristes sont en détention avec lui. Mais nous sommes encore plus préoccupés par le fait que les véritables coupables sont en liberté, ou que tout pourrait se terminer ainsi. Nous ne comprenons pas comment des personnes qui prétendaient s'occuper de lui spirituellement, comme le père Venancio Marcos, ne l'ont pas empêché d'agir de manière aussi anti-chrétienne. Tío Mariano est un catholique sincère. Et ceux qui l'inspirent utilisent une chose aussi sacrée que la foi à leur propre avantage.

Nous pensons, oncle Mariano, que ce que tu es doit être pris en compte pour que chacun comprenne qui aurait pu te conduire :

Mariano Sánchez Covisa, affilié au Parti Falangiste Espagnol, leader des Guerrilleros de Cristo Rey, n'a jamais eu de travail rémunéré, il vivait des revenus de sa mère âgée qu'il a affilié, à 85 ans, au parti de M. Fernández Cuesta. D'où venait l'argent pour financer les activités dans lesquelles son nom apparaissait comme couverture ?

Mariano Sánchez Covisa, notre oncle, grand admirateur de M. Blas Piñar, a toujours travaillé pour les autres, et dans les jours qui ont précédé le référendum, il a été très actif, jusqu'à souiller une ville avec des affiches et des graffitis disant : Franco voterait non. C'est pourquoi certains, injustement, penseront qu'il cherchait à salir le nom de Franco, alors qu'il était son admirateur.

Nous espérons qu'aux yeux de tous, ou du moins des plus justes, le nom de famille Sánchez-Covisa restera propre, car il a été souillé par ceux qui ne l'ont pas porté. Notre nom a toujours été lié à une famille de professionnels honnêtes, de travailleurs qualifiés et à une tradition libérale.


Toutes les formalités administratives et la défense des membres du groupe étaient assurées par des avocats membres de Fuerza Nueva. L'un d'eux, Isidro, est devenu l'un des meilleurs amis espagnols de Jean Pierre. Il avait une trentaine d'années et sa tendance à prendre du poids était déjà évidente. Isidro avait un rire et des cheveux crépus quand il ne les portait pas gominés. Il était très engagé dans la cause des guérilleros du Christ Roi et de l'extrême droite. Il a fourni des documents aux réfugiés italiens. Je l'ai appris de Mario Ricci, qui s'est aussi lié d'amitié avec Isidro. J'avais une sympathie particulière pour lui. Pas tellement sa petite amie, très prude et très mince, avec un visage en colère la plupart du temps. Parfois, nous nous retrouvions pour déjeuner, les deux couples. La fille n'a pas ouvert la bouche. Isidro, en revanche, n'a jamais cessé de raconter des blagues et de rire. Je n'ai jamais connu de petits amis qui faisaient un pire couple. Néanmoins, ils se sont mariés et nous ont invités au mariage. De nombreux compagnons de Jean Pierre ont participé à l'événement, car le lien entre les ultras espagnols et les Italiens était très fort. La cérémonie a eu lieu dans l'église de la luxueuse urbanisation La Moraleja, ainsi que la réception qui a suivi. Je me souviens qu'ils ne servaient que des canapés et que nous avons dû chercher un endroit pour dîner après. Sur les photos qui ont été prises de nous le jour du mariage. la mariée semblait grincheuse en posant à côté de moi.

_ _ _

Voir

https://elpais.com/diario/1977/02/26/espana/225759648_850215.html

https://lahemerotecadelbuitre.com/piezas/detenido-mariano-sanchez-covisa-para-desmantelar-una-supuesta-organizacion-terrorista-de-extrema-derecha/?__cf_chl_jschl_tk__=pmd_AlVdzkayaO3xyUYwn1gNM_pXSp_64ZiMq7tB005oNfo-1629985720-0-gqNtZGzNAqWjcnBszQjl#.YSebvEtxeUk


cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Sanche10

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cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Mari10

(traduction)

Mariage d'Isidro, avocat de la Fuerza Nueva, ami de Jean Pierre Cherid et du reste des mercenaires du Batallon Vasco Espanol. Le mariage a eu lieu dans l'église de La Moraleja, à Madrid, en 1980. De gauche à droite, Mario Ricci, Isidro, Cherid, Teresa Rilo et la femme d'Isidro.


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyJeu 26 Aoû 2021 - 20:02


(suite - à partir de la page 109)

VI  Amis italiens

Lorsque Stefano Delle Chiaie est arrêté au Venezuela en avril 1987, après presque deux décennies de clandestinité, la moitié du monde est ébranlée. Et à juste titre. Le leader de l'Internationale Noire avait des informations qui compromettaient de nombreux gouvernements. Dont le gouvernement dirigé par Felipe Gonzales, qui quatre ans plus tôt avait annulé l'enquête liant Delle Chiaie et ses hommes aux services secrets espagnols et à la sale guerre. Le changement socialiste vanté n'a pas été remarqué dans les égouts de l'État ; au contraire, ils ont été renforcés et agrandis.

Le fondateur du groupe terroriste Avanduardia Nazionale a été mis à terre par un policier à l'aide d'un coup de karaté alors qu'il fuyait vers une station de métro à Caracas. Le chef de la police politique vénézuélienne a déclaré que Delle Chiaie faisait des affaires avec l'ETA. Dans le monde des criminels, de tels paradoxes se produisent assez souvent : il n'y a pas d'ennemi qui ne devienne un ami lorsque le vent du profit change de direction. Le capo italien a d'abord conclu un pacte avec les services secrets espagnols pour éliminer les membres de l'ETA, puis, des années plus tard, il a collaboré avec l'organisation terroriste dans le commerce des armes et a peut-être offert ses conseils en tant que célèbre "pistolero".

Cependant, Delle Chiaie n'a ouvert la bouche que juste ce qu'il fallait, sachant que les égouts du pouvoir sont de bons payeurs quand on les protège et qu'on en profite. Il s'est montré un citoyen responsable, collaborant avec la justice, calme, amical, clamant son innocence. Il Caccola savait qu'en termes d'image publique, il était préférable de paraître serein et de garder la tête haute quand on est emmené menotté. Il avait conseillé le dictateur Augusto Pinochet lui-même sur ces questions de propagande au plus fort de son autoproclamée libération nationale. "Enlève ces lunettes fumées, laisse-les voir tes yeux, tu n'as rien à cacher", aurait-il conseillé au tyran chilien. (10)


(10)  La journaliste chilienne Patricia Mayorga raconte l'histoire dans son livre Il condor nero, Sperling & Kurfer, 2003.

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cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Nero10

Il condor nero. L'internazionale fascista e i rapporti segreti con il regime di Pinochet

(traduction)

Le Condor Noir. L'Internationale fasciste et les relations secrètes avec le régime de Pinochet


Le 6 octobre 1975, Bernardo Leighton, ancien vice-président du Chili de Salvador Allende, qui avait été expulsé du pays parce qu'il était considéré comme un dangereux ennemi de la dictature, est blessé dans une embuscade à Rome. Cet attentat s'inscrit dans le cadre d'une opération planifiée par le régime militaire pour écraser les forces d'opposition, qui comprenait l'élimination de deux autres personnalités : le général Prats, tué l'année précédente, et l'ancien ministre socialiste Letelier, assassiné l'année suivante. Les enquêtes indiquent que deux militants de l'extrême droite italienne sont les auteurs matériels de l'attentat : il s'agit de Stefano Della Chiaie, de Avanguardia nazionale, et de Pierluigi Concutelli, de Ordine nuovo.

Voir aussi

http://www.unsam.edu.ar/escuelas/politica/centro_historia_politica/material/bertagna.pdf

"L'emigrazione fascista e neofacista italiana in America Latina (1945-1985)"

(traduction)

"L'émigration fasciste et néo-fasciste italienne en Amérique latine (1945-1985)"

Stefano Delle Chiaie et les autres : subversion noire et émigration dans les années 70

(...)   pour les militants de la subversion noire qui ont fui la péninsule dans les mêmes années, nous sommes confrontés à une géographie beaucoup plus complexe, avec une variété de chemins, et avec des solutions individuelles dans certains cas complètement anormales même en ce qui concerne les routes d'émigration italienne en général : le représentant de Ordine Nuovo Delfo Zorzi, qui a ensuite été impliqué dans les enquêtes sur les massacres de Piazza Fontana (1969) et Peteano (1972), a déménagé par exemple au Japon en 1974. Les objectifs principaux étaient, cependant, l'Espagne en Europe et un grand nombre de pays d'Amérique centrale et du Sud, du Costa Rica à Saint-Domingue, du Brésil au Paraguay, de la Bolivie à l'Argentine et au Chili (23).

Mais à y regarder de plus près, le kaléidoscope des débarquements correspond ici aussi à quelques orientations fondamentales, qu'on peut peut-être même réduire à une seule, car après une première phase ou étape en Europe, où, vers le milieu des années 70, l'Espagne a donné refuge à des dizaines de militants, à partir de la seconde moitié de la décennie, la majeure partie des réfugiés s'est déplacée à l'étranger et pratiquement toute l'Amérique latine est devenue la zone de destination privilégiée.


(23) Commission d'enquête parlementaire sur le terrorisme en Italie et les causes de la non-identification des responsables des massacres, Italie des massacres, Milan, Il Minotauro, 1997-1998


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyVen 27 Aoû 2021 - 1:31


(suite)

En ce qui concerne l'affaire espagnole, après son arrestation et son transfert en Italie, Delle Chiaie a fait référence à l'attaque ignoble d'un cabinet d'avocats de la rue Atocha. "Il a été instigué par des secteurs de la police", a-t-il déclaré aux juges italiens, sans toutefois nommer ces agents. Il a également révélé que l'amiral et Premier ministre Luis Carrero Blanco l'a rencontré trois mois avant qu'un attentat à la bombe de l'ETA ne lui coûte la vie, et lui a promis, ainsi qu'aux soixante fascistes italiens en fuite devant la justice de leur pays et réfugiés en Espagne depuis la fin des années 1960, une protection. Stefano a déclaré que pendant son séjour en Espagne, il a essayé de refonder une nouvelle organisation fasciste en fusionnant Avanguardia Nazionale et Ordine Nuovo, mais que cela s'est avéré impossible. Lors des premiers interrogatoires en Italie, il n'a rien dit de plus sur son séjour en Espagne.

Après avoir quitté Madrid au début de l'année 1977, pressé par les nouveaux airs démocrates qui se profilent, Delle Chiaie s'installe en Argentine, sous la protection de la junte militaire dirigée par Videla. De là, il s'est rendu au Chili, où Pinochet l'a employé dans son appareil de propagande étrangère. Il avait déjà travaillé pour le Chilien, qu'il avait rencontré en personne lors des funérailles du général Franco à Madrid. Un mois avant les funérailles du dictateur, des voyous liés à Caccola ont attaqué le leader chrétien-démocrate chilien et ancien ministre Bernardo Leighton et sa femme à Rome en octobre 1975. Sept tireurs ont criblé le couple de balles : elle est restée paraplégique et il a souffert de graves troubles cognitifs pour le reste de sa vie. Stefano Delle Chiaie a également participé à l'opération Condor en Bolivie, à la fois pendant la dictature de Banzer et lors du coup d'État qui a suivi et qui a renversé la présidente provisoire Lidia Guéiler.

Il Caccola a toujours été un petit homme chanceux avec de bons amis. Il a été acquitté, faute de preuves, de tous les crimes dont il était accusé et qui, ensemble, ont fait des dizaines de morts. Il n'a passé que deux ans en prison provisoire. En 1989, il a été libéré de prison sans condamnation. Peu de temps après, sa femme, Leda Minetti, meurt dans un accident de la route, dont il sort indemne. Ses acquittements judiciaires ont provoqué l'indignation d'une grande partie de la société italienne car les grands massacres perpétrés par l'extrême droite pendant les "années de plomb" sont restés impunis : l'attentat de la Piazza Fontana à Milan, qui a fait 16 morts et 90 blessés en décembre 1969 ; le massacre de la gare de Bologne en août 1980, qui a fait 80 morts ; et l'explosion du train Italicus, qui circulait entre Florence et Bologne, qui a fait 12 morts en 1974. Delle Chiaie a également été acquitté de l'assassinat du juge Vittorio Occorsio en 1976 et de l'attentat contre l'opposant chilien Leighton.

Une fois libre, Stefano Delle Chiaie a ressenti le besoin d'envoyer un message à ses amis espagnols, en particulier à celui qui porte un surnom légendaire.

"Personnellement, je suis convaincu que l'opération [le massacre d'Atocha] a été fomentée par la police et plus précisément par l'inspecteur Antonio Gonzalez Pacheco, Billy el Nino. Vous pouvez instiguer sans rien dire ni organiser. Certains gars sont tombés dans le piège. Ce n'était pas très difficile à l'époque avec les secteurs les plus naïfs, qui étaient aussi les plus jeunes. Ces enfants faisaient confiance à Pacheco. Ce policier a essayé de gagner notre sympathie dans le restaurant [L'Apuntamento], mais nous n'avions pas confiance en la police. Notre relation était avec l'armée."

Aujourd'hui, Il Caccola a 81 ans et continue de signer des exemplaires de son livre autobiographique L'Aguila et le Condor. Mémoires d'un militant politique.

_ _ _

Stefano Delle Chiaie est mort le 10 septembre 2019 à Rome.

https://books.google.be/books?id=vMaMgXZhixEC&printsec=frontcover&dq=L%27aquila+e+il+condor&hl=fr&sa=X&redir_esc=y#v=onepage&q=L'aquila%20e%20il%20condor&f=false


cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Condor11

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https://elpais.com/noticias/stefano-delle-chiae/

https://elpais.com/diario/1989/03/05/espana/605055605_850215.html

El reguero de Stefano

Delle Chiaie, el líder de la Internacional Fascista, relata su actividad en España durante la transición

https://elpais.com/diario/1989/03/05/espana/605055602_850215.html

La Ingram y la guerra contra ETA


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyVen 27 Aoû 2021 - 12:50


cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Riri10


Valdemorillo (1981). Cherid, Ricci, en chemise à manches courtes, et son beau-frère, dans l'un des chalets que le garde civil Manuel Pastrana a obtenu pour les deux premiers.

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cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 G1211


cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 G1311

(traduction)

Dans une déclaration faite à la police le 26 octobre 1982, Carlo Cicuttini a toujours nié tout lien avec les faits qui lui sont reprochés dans son pays, bien qu'il ait reconnu son militantisme d'ultra-droite dans des organisations de son pays comme "Giovanne Italia", le "Movimento Sociale Italiano" (MSI) et "Ordine Nuovo". Les investigations policières contenues dans le rapport de la Brigade d'Information de l'Interieur ont également établi l'étroite relation que le présumé "gladiateur" Cicuttini entretenait avec d'autres "ultras" italiens réfugiés dans notre pays : Stefano Delle Chiaie, Mario Ricci, Augusto Cauchi, Eliodoro Pomar, Andrea Mieville, Piero Zarmasi, Salvatore Francia, Elio Masagrande, Juan Carlo Rognioni et Giuseppe Calzona, entre autres.

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cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Mari110

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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyVen 27 Aoû 2021 - 19:54


(suite)

Certains des hommes de Delle Chiaie n'ont pas eu cette chance et sont toujours en prison aujourd'hui, purgeant des peines de prison à vie pour les crimes dont il a été disculpé. Par exemple, Vincenzo Vinciguerra, qui se dit soldat politique. Ces dernières années, il a donné des interviews depuis la prison, dans lesquelles il a désavoué son leader autrefois admiré, qu'il accuse de s'être aligné sur la stratégie du pouvoir et d'avoir oublié la véritable essence de Avanguardia Nazionale.

Vinciguerra a travaillé sous la direction de Delle Chiaie en Italie et en Espagne. Il est le terroriste qui a révélé pour la première fois aux juges l'opération Gladio en Italie et la connivence des services secrets italiens dans les attentats perpétrés par l'extrême droite, auxquels il a lui-même participé. À Madrid, il a dirigé des programmes de propagande pour le fascisme sur Radio Exterior de Espana. Il a avoué sa participation à la guerre sale contre les membres de l'ETA et a donné des détails sur la collaboration d'Yves Guerin-Serac et de son agence Aginter Press à la stratégie Gladio en Espagne.

Un autre des hommes de Il Caccola qui est toujours en prison est Carlo Cicuttini, peut-être le cas le plus paradigmatique de tous ceux liés aux terroristes italiens qui se sont réfugiés en Espagne. Il a été arrêté cinq jours avant les élections générales qui ont porté le PSOE au pouvoir pour la première fois, en vertu d'un ordre d'extradition vers l'Italie. Se sentant trahi par ses amis policiers, il a raconté des choses très graves. Par exemple, il a avoué avoir travaillé pour la Direction générale de la sécurité tant dans les attaques contre les membres de l'ETA que dans la traque des gauchistes. Il a également déclaré que les appartements qu'il avait occupés avaient été payés avec de l'argent provenant de la Direction générale de la sécurité.

Cicuttini a également fait référence à un crime qui a eu lieu en Italie : l'assassinat, le 10 juillet 1976, de Vittorio Occorsio, un juge qui enquêtait sur les complots du néo-fascisme. L'auteur de l'attaque était Pierluigi Concutelli, arrêté un an après le crime. L'ultra Carlo Cicuttini a révélé à ses interrogateurs à Madrid que l'arme du crime avait été remise au groupe terroriste Ordine Nuovo par des policiers espagnols. Manuel Ballesteros, alors chef du Commissariat général aux renseignements, apprenant l'arrestation de son ami Cicuttini et ce qu'il avait révélé, le traduisit devant les tribunaux, sans inclure sa déclaration, sous la simple accusation de falsification de documents. Après quelques mois, Cicuttini a été libéré. Bien entendu, l'Espagne n'a pas procédé à son extradition.

La raison pour laquelle le commissaire Manuel Ballesteros a protégé Carlo Cicuttini n'avait rien à voir avec la sécurité nationale, mais avec sa propre sécurité et celle de ses supérieurs et subordonnés impliqués dans la sale guerre et les crimes perpétrés par l'extrême droite et instigués et autorisés par certains secteurs de la police au cours des années 70. La raison de la protection intense dont bénéficie Cicuttini en Espagne est sa participation directe à l'un des crimes les plus odieux de la Transition : le massacre d'Atocha.

Cicuttini était le quatrième tireur dans l'attaque sauvage qui a coûté la vie à cinq personnes dans un bureau d'avocats spécialisés dans le droit du travail le 24 janvier 1977, mais il n'a jamais été jugé ni condamné pour cette affaire. Son implication directe dans l'attentat est connue grâce à un rapport des services secrets italiens divulgué à la presse en 1990.

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L'Italie entre chien et loup: Un pays blessé à mort (1969-1994)
Rosetta Loy


cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Oc110

(...)

cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Oc210
cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Oc310



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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptySam 28 Aoû 2021 - 8:43


(suite)

Pendant des années, le gouvernement socialiste espagnol a refusé d'extrader ou d'expulser Cicuttini, qui avait obtenu la nationalité espagnole en épousant la fille d'un général. Le terroriste a finalement été arrêté lors d'un voyage en France et extradé vers l'Italie. Là-bas, il avait déjà été condamné par contumace à la prison à vie pour une attaque dans le village de Peteano en 1972, au cours de laquelle trois carabiniers avaient été tués. Pendant longtemps, l'attentat a été attribué à des extrémistes de gauche. Jusqu'à ce que le juge Felice Casson rouvre l'affaire au milieu des années 1980 et découvre que des membres de l'extrême droite, sous la protection des services secrets italiens, étaient les véritables auteurs du crime.

L'attentat meurtrier contre le juge italien Occorsio a fait des victimes espagnoles. Les deux policiers qui ont tenté d'élucider le mystère de l'arme du crime ont été les premières victimes des nouveaux égouts de l'État du nouveau gouvernement socialiste. Les autorités italiennes avaient demandé aux autorités espagnoles des informations sur l'arme utilisée par Pierluigi Concutelli pour assassiner le juge Occorsio, car selon leurs investigations, elle avait été acquise par la police espagnole.

C'était une mitraillette Ingram, modèle M-10, 9 mm, numéro d'enregistrement : 2-2000981. Ces armes de guerre étaient appelées "Mariettas", du nom de la ville du même nom aux États-Unis où elles étaient fabriquées. Une rafale tirée à moins de trente mètres n'a laissé aucune chance à la victime. Lors du massacre des avocats d'Atocha, les terroristes avaient utilisé des "Mariettas". L'ETA et les tueurs à gages du Bataillon basque espagnol les ont également utilisées.

La première demande de l'Italie au gouvernement espagnol de clarifier la provenance du "Marietta" était tombée dans l'oreille d'un sourd. C'est en février 1977, que Concutelli a été arrêté avec l'arme. Une fois analysée, les enquêteurs italiens ont découvert qu'elle avait été délivrée dans le même lot par l'usine de l'US Military Armament Corporation à la police de Madrid en février 1975. Quel a été le rôle d'une arme de la police espagnole dans une attaque meurtrière à Rome par des fascistes italiens ? Le gouvernement de l'UCD n'a même pas pris la peine de répondre à la demande italienne.

La deuxième demande italienne pour la mitraillette Ingram est parvenue à la Direction Générale de la Sécurité en mars 1983. Avec la victoire des socialistes, certains postes de responsabilité pour les activités d'information au sein de la police ont été occupés par des démocrates. Peu de postes, à vrai dire. Julian Sancristobal, directeur général de la sécurité, a commandé un rapport sur la demande italienne au commissaire adjoint Mariano Baniandrés, chef de la brigade de l'intérieur. Il a confirmé que la "Marietta" avait été achetée par le ministère de l'Intérieur et qu'après un certain temps en possession de la Jefatura Superior de Policia de Madrid, elle était passée à la Comisaria General de Informacion. Plus tard, en février 1976, la mitraillette avait été transférée aux services de la présidence du gouvernement, plus précisément au secteur dirigé par le commandant de l'époque, Andrés Casinello. Il était clair que l'arme avait quitté les services secrets et s'était retrouvée entre les mains de Pierluigi Concutelli en Espagne, où il était réfugié depuis quelques années, sous les ordres de Stefano Delle Chiaie.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/MAC-10

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http://killersbrabant.be/facts/1982/dekaise-fr.html

cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Ingram13

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierluigi_Concutelli

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cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Io11

(traduction)

Je suis un assassin. C'est terrible, brutal, je sais. Pourtant, à la lettre, "Je suis un assassin" non seulement parce que j'ai tué. Un meurtrier tue aussi : dans un excès de rage ou parce que son esprit est troublé par la jalousie. Moi, par contre, si et quand j'ai fait certaines choses, je les ai faites avec clarté, rationnellement : pour poursuivre, dans ces années sombres et seulement dans ces années, des objectifs que je considérais prioritaires, " nobles ". Je n'ai pas tué parce que j'ai trouvé ma femme dans le mauvais lit, comme tout autre mari jaloux, et je n'ai pas tué mon adversaire dans un combat qui a dégénéré en autre chose. Si cela avait été le cas, tout aurait été différent : ma vie, mon parcours auraient probablement été différents. Au lieu de cela, j'ai tué en sachant toujours ce que j'allais faire. J'étais fanatique, ivre de politique. J'ai tué par choix, poussé par une idéologie qui à l'époque était, et pas seulement pour moi, totale et englobante. Je le répète souvent : j'ai été juge, bourreau et, pendant une fraction de seconde, j'ai même remplacé Dieu. J'étais un juge parce que je prononçais des sentences, un bourreau parce que je les exécutais, et Dieu parce que j'enlevais le bien le plus précieux qu'un homme possède : la vie. J'ai fait des orphelins. Et qui étais-je pour faire tout ça ? Personne. Je n'étais personne.

Je ne suis cependant pas un "repenti" et je tiens à le préciser. Je ne suis pas un "repenti" pour une raison très simple qui fera lever le nez à certains : la culpabilité ne fait pas partie de ma façon d'être, de mon histoire personnelle, de ma vie. Ce que j'appelle les héritages de la culture "judéo-chrétienne", (...)


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptySam 28 Aoû 2021 - 11:29


(suite)

Pour trouver l'agent qui a donné à Concutelli la "Marietta" avec laquelle il a assassiné le juge Occorsio, le commissaire adjoint Baniandres s'est appuyé sur l'inspecteur Juan José Medina, un homme méthodique et discret. Medina a mis la main sur les photographies de 126 membres du Service central de documentation de la présidence (SECED) et a conservé le film les contenant dans sa maison de Hinojosas de Calatrava, à Ciudad Real, où il se rendait les week-ends. Il y a également placé en sécurité des photocopies des véritables identités des agents. Il devra bientôt se rendre en Italie avec tous ces documents. Il avait besoin que les terroristes emprisonnés identifient l'agent espagnol avec lequel ils avaient eu affaire. En outre, il était essentiel pour son enquête que Concutelli confirme qui lui avait donné la mitraillette.

La veille de son voyage, l'inspecteur Medina a été arrêté et accusé de fraude documentaire. Son supérieur, Mariano Baniandrés, a été démis de ses fonctions et relégué. Ainsi, en septembre 1983, l'enquête sur les liens entre les terroristes italiens et les services secrets espagnols est boycottée.

Les hommes du commissaire général à l'information, Jesus Martinez Torres, ont fouillé la maison de Medina à Hinojosas de Calatrava et ont saisi la bobine de photos et de documentation que le policier arrêté avait minutieusement compilée. Le procureur a demandé à l'inspecteur de purger une peine de deux ans de prison. Les photographies et autres informations n'ont pas été incluses dans l'acte d'accusation au motif qu'elles mettraient en danger les espions, dont beaucoup étaient encore actifs. Les preuves pour la défense de Medina ont donc été conservées par la même police qui l'a accusé. Une campagne de dénigrement a immédiatement été lancée contre l'inspecteur, qui a fini par être impliqué dans plusieurs affaires et exclu du corps.

Jusqu'à présent, il n'a pas été possible d'identifier le membre des services secrets espagnols qui a remis la "Marietta" à Pierlugi Concutelli, qui a été libéré de prison il y a quelques années pour des raisons de santé.

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Jesus Martinez Torres a été commissaire général à l'information entre 1982 et 1994. Accusé de torture et de certaines attaques du GAL, il est devenu l'associé d'Antonio Gonzalez Pacheco, Billy el Nino, dans la société de sécurité Servicios de Prevencion de Atentados y Secuestros, qu'ils ont fondée en 1997.

_ _ _

(suite de la traduction du livre de Pierluigi Concutelli Io, l'uomo nero: Una vita tra politica, violenza e galera )

y compris le corollaire des mains battant violemment sur ma poitrine, ne m'appartiennent pas, ne m'ont jamais appartenu et sont à des années-lumière de moi. Lorsque quelqu'un trouve le courage et ose poser la question, je réponds toujours que je ne me considère ni innocent ni coupable. J'ai beaucoup de raisons de regretter, j'en ai plein. J'ai des remords et des regrets, comme toute autre personne, certainement plus que toute autre personne qui n'a pas connu le sang et n'a pas tué. Mais les remords et les regrets sont dans la partie la plus privée, la plus intime, celle que j'essaie de défendre à chaque minute qui passe. Avec obstination. Je me considère comme responsable de tout ce que j'ai fait : j'ai payé et je continue à payer. Et aujourd'hui, après trente ans de prison, je me considère, pour reprendre le vilain mot d'un bureaucrate de la prison, comme un "amendé" : je ne suis plus l'homme que j'étais alors, l'homme violent qui ne reculait devant rien ni personne. J'étais déterminé, féroce, inarrêtable. Aujourd'hui, je suis une personne différente. Différente. Je regarde en arrière et parfois je ne me reconnais plus. La prison, par contre, m'a changé : dans mon corps, dans mon esprit, dans mon caractère.

S'il y a une question que l'on me pose et qui provoque chez moi une colère féroce, c'est la question habituelle, celle qui sort de la bouche des idiots : "Le referiez-vous ?". Le referais-tu ?" Je regarde généralement la personne en face de moi et je lui réponds par un énorme "fuck you" de la taille d'une maison. Ou je me retourne et je m'en vais. Parce qu'une question comme celle-là ne mérite même pas qu'on gaspille une respiration. J'ai vu mes amis et mes plus proches camarades mourir. J'ai tué, j'ai passé une vie en prison. Je suis un paria maintenant, je suis un vieil homme qui ne sert plus à rien, un reliquat de prison. Si j'ai fait certaines choses, je les ai faites dans un contexte précis et à un moment précis, dans des années qui, je l'espère, ne reviendront jamais. Est-ce que je referais tout ça ? Bien sûr que non ! D'autre part, à quoi servait la lutte armée ? Rien. Ça n'a servi à rien. Nous parlons de morts, d'emprisonnement à vie, d'années et d'années passées entre quatre murs : aucun droit, parfois traité pire qu'un animal. Et je referais tout ça ? Eh bien, dans ce cas, je serais un idiot. Un fou. Je me considère comme vaincu parce qu'à ma façon, je me suis battu et j'ai été vaincu, en payant toujours pour tout ce que j'ai fait. Je purge toujours mes quatre peines de prison à vie. En silence.

J'entends dire de temps en temps que ma génération était la génération perdue. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas du tout le cas. La grande majorité de mes contemporains, même ceux qui, à l'époque, étaient considérés comme de dangereux extrémistes, ceux qui descendaient dans la rue avec des bâtons et le visage couvert de cagoules, se sont intégrés en acceptant le jeu qui leur était proposé : certains des protagonistes de ces années sont devenus rédacteurs de journaux, commentateurs politiques, chroniqueurs respectés, professeurs d'université, quelqu'un même député. C'est une infime minorité qui a fait certains choix tragiques et totaux. Je fais partie de cette minorité.


https://books.google.be/books?id=-o_wDQAAQBAJ&pg=PP1&dq=Io,+l%27uomo+nera&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjdiNb0utPyAhXSsaQKHbuwBTUQ6AEwAHoECAkQAg#v=onepage&q=Io%2C%20l'uomo%20nera&f=false


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptySam 28 Aoû 2021 - 14:01


(suite)

Il n'a pas non plus été possible de déterminer qui a financé l'attentat contre Vittorio Occorsio. Les indices sont allés jusqu'à Barcelone. Le juge Felice Casson s'est rendu à Barcelone en 1988 pour enquêter. L'arrestation de nombreux terroristes néofascistes dans les années 80 a donné lieu à un défilé épars de repentis désireux de collaborer avec la justice italienne en échange d'avantages carcéraux. Deux d'entre eux ont déclaré que l'attentat contre le juge Occorsio avait été planifié en Espagne et que des ultras espagnols l'avaient financé. Les trois Espagnols mentionnés sont Luis Garcia, surnommé le Tueur d'étudiants, ancien membre de la Garde franquiste ; le Père Alba, un prêtre jésuite très radical, défenseur du franquisme pur et dur ; et Alberto Royuela, un homme d'affaires impliqué dans les ventes aux enchères judiciaires. Ce dernier a avoué avoir donné refuge à des réfugiés italiens, dont Delle Chiaie lui-même. En fait, Royuela a servi d'alibi à Il Caccola, car il a déclaré au juge Casson que le jour du massacre de la gare de Bologne, Stefano était avec lui à Barcelone. Royuela a admis qu'il avait nourri de nombreux fascistes italiens avec lesquels il partageait la même idéologie.

- Et quelle est votre idéologie ? - a demandé Casson.

- Je ne suis pas un fasciste, c'est ce que sont les Italiens. Je ne suis pas un nazi, c'est ce que sont les Allemands. Je suis un falangiste et un très honorable", a assuré Royuela.

_ _ _

(extrait du livre de Pierluigi Concutelli  Io, l'uomo nero: Una vita tra politica, violenza e galera )

Le Mouvement social italien a été fondé à Rome le 26 décembre 1946. Dans le Viale Regina Elena, dans le bureau d'Arturo Michelini, comptable, assureur et futur secrétaire du parti. Parmi les personnes présentes, Giorgio Almirante, Pino Romualdi, Roberto Mieville, Giorgio Pini et Cesco Giulio Baghino. La majorité des mouvements néofascistes qui sont nés au lendemain du 25 avril ont convergé vers le MSI.

_ _ _

Dans l'extrait ci-dessus, il est question de Roberto Mieville.

Rappel :

Andrea MIEVILLE PIERY, né à Rome le 12.10.1950, fils de Roberto et Angela Maria, directeur de l'entreprise touristique "Transalpino S.A.", Plaza Espana 9, Madrid, résidant Calle Duràngo 18, Chalet, jusqu'en 1981. Depuis lors, on a perdu sa trace en Espagne.

Le 28.4.1981, des bombes ont été posées à son domicile et à son bureau. Les attentats ont été revendiqués par les GROUPES ARMÉS RÉVOLUTIONNAIRES (G.A.R.) et le 3.5.1981, Jean Pierre CHERID, qui travaillait dans la société "Transalpino S.A." au moment de l'attentat et qui est mort dans des circonstances mystérieuses la même année, a été arrêté comme exécutant matériel de l'attentat. Andrea MEVILLE avait été menacé à d'autres occasions et avait fait l'objet d'autres actions violentes de moindre envergure.

La société "Transalpino S.A.", dont le siège social se trouve à Madrid, Plaza Espana 9, a commencé ses activités d'agence de voyages le 5.5.1975, avec un capital social de 4 millions de pesetas, qui a ensuite été porté à 8 millions. Les partenaires fondateurs et les membres du conseil d'administration sont : Luis RODRIGUE LOBATO, Nicola Aldo JANNONE, Gaetano JANNONE, Luigo JANNONE et Andrea MIEVILLE PIERY ; ce dernier était secrétaire et avait le pouvoir, qui lui était conféré par le conseil d'administration, d'agir au nom de la société pour toute activité concernant l'agence de voyages. La société Transalpino S.A., mentionnée ci-dessus, a été utilisée comme couverture pour des activités d'extrême droite, tant par des Italiens que par des Français ; cette société employait des membres d'organisations terroristes pour justifier leur entrée et leur séjour en Espagne et pour leur offrir une couverture pour leurs activités violentes.

_ _ _

Quel a été le rôle de la famille Jannone et le lien avec Transalpino en Belgique ?

Retrouver Mario Ricci puis le fils de Roberto Mieville (un des fondateurs du MSI) à la tête de Transalpino à Madrid, ce n'est pas anodin. Qui a pris ces décisions ?


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptySam 28 Aoû 2021 - 15:19


Cherid, un tueur à gages dans les égouts de l'État

(Pages 146, 147, 148 et 149)

Quand la tentative de coup d'État a eu lieu, Julio ne vivait plus avec nous. Je suis sûr qu'il aurait aimé être témoin de l'agitation qui s'est organisée chez moi l'après-midi du 23 février 1981, lorsque Antonio Tejero, arme au poing, a fait irruption au Congrès des députés. Je pense que c'est Carrés qui a téléphoné ou quelqu'un en qui il a confiance et qui a parlé à Jean Pierre. Mario, Giuseppe et José Maria se sont alors présentés avec des armes, des sortes de mitrailleuses, et sont partis pour le Congrès dans la voiture de Ricci. Elena et moi sommes restés préoccupés, suivant les événements à la radio. Jean Pierre m'avait demandé, quoi qu'il arrive, de n'ouvrir la porte à personne.

- Nous devons aller au Congrès pour aider la Guardia Civil. Nous reviendrons bientôt, si Dieu le veut", dit Jean Pierre en prenant congé, avec une solennité qui n'était pas la sienne.

Ils sont revenus aux premières heures du matin, alors qu'il était déjà clair que le coup d'État avait échoué. Je ne sais pas dans quelle mesure Jean Pierre et ses compagnons ont été impliqués dans cet acte grave contre la démocratie.

En plus de l'argent que mon mari gagnait grâce aux commandes de Pero el Marino, il recevait son salaire de directeur commercial de Transalpino. Je ne comprenais pas comment il pouvait être payé pour un travail qu'il n'avait pas fait. Les choses ont commencé à se compliquer à l'agence de voyage lorsque Mario Ricci a quitté sa direction. Il a été remplacé par son compatriote Andrea Mieville, qui, apparemment, n'aimait pas mon mari, peut-être parce qu'il n'était pas italien ou peut-être parce que Jean Pierre prenait trop d'importance dans l'organisation de Stefano Delle Chiaie, qui était alors au Paraguay. L'antipathie était réciproque et les relations entre les deux se sont tellement détériorées que, finalement, il y a eu une explosion. Littéralement.

C'est Elena qui m'a informé de l'arrestation de Jean Pierre. La veille, aux premières heures du jour, une bombe avait explosé dans l'agence de voyage, détruisant pratiquement les locaux. Quelques instants auparavant, deux autres engins avaient explosé au domicile de Mieville, une villa dans la banlieue de Madrid. Un appel anonyme à Agencia Efe a revendiqué les attentats au nom d'une organisation appelée Groupes armés révolutionnaires. Mais le directeur du Transalpino est convaincu que les attentats sont une vengeance de Jean Pierre pour son licenciement soudain quelques jours plus tôt.

- Laisse les filles et va à Puerta del Sol. Je vais t'appeler un taxi - tout excitée, mon amie avait déjà tout organisé avant que je puisse réagir.

- Dis à ton mari de venir avec moi, s'il te plaît - lui ai-je demandé, effrayée.

- Mario est parti à l'aéroport. Il m'a dit qu'il devait aller à Londres le plus vite possible pour aider Jean Pierre.

Au début, je n'ai pas compris comment Ricci allait aider Jean Pierre depuis la capitale britannique, au lieu de rester à Madrid, aux côtés de son ami. En me rendant à la Direction générale de la sécurité, je me demandais, très anxieuse, si j'allais trouver Jean Pierre accroché au plafond par un anneau, ensanglanté, comme cela était arrivé à mon cousin Julio au même endroit. Mais ce n'était pas le cas. Jean Pierre, l'air sérieux mais apparemment serein, m'appelle depuis un bureau dont la porte est ouverte. A côté de lui se trouvait un policier en uniforme.

- Qu'est-ce que je peux faire, Jean Pierre ? De quoi avez-vous besoin ? - ai-je demandé, inquiète. Je ne l'avais jamais vu menotté auparavant.

- Ne vous inquiétez pas, je vais bien. Carlo va tout arranger - m'a dit mon mari.

J'ai compris qu'il avait utilisé le faux nom de Mario devant le policier en suivant ses propres protocoles de sécurité.

- Nous devons attendre un peu. Mais je serai de retour à la maison en un rien de temps - conclut Jean Pierre, convaincu.

Mario Ricci appelle de Londres Manuel Gomez Sandoval, chef de la Brigade centrale de renseignements, et lui lance un ultimatum : "Soit vous libérez Jean Pierre Cherid dans les trois prochains jours, soit nous rendons publique l'identité de votre taupe à l'ETA". L'infiltré était apparemment l'avocat des membres de l'ETA, d'après ce qu'il avait entendu des tueurs à gages du Bataillon basque espagnol. En effet, dès qu'il a été présenté au tribunal, Jean Pierre a été libéré. Par la suite, Mario m'a expliqué qu'il était indispensable de passer cet appel depuis l'étranger pour éviter son arrestation et pour que le chantage soit effectif.

L'arrestation de Jean Pierre intervient quelques semaines après un scandale majeur qui a conduit, indirectement, à la dissolution du Bataillon basque espagnol : la mort par torture d'un membre de l'ETA à la Direction générale de la sécurité.

_ _ _

Juan Garcia Carres, un dirigeant d'extrême droite, a été le seul civil condamné pour la tentative de coup d'État. Il a organisé les bus avec lesquels les gardes civils ont voyagé pour prendre d'assaut le Congrès.

_ _ _

Joseba Arregi Izagirre est mort le 13 février 1981 à l'hôpital pénitentiaire de Carabanchel après avoir été sauvagement torturé à la Direction générale de la sécurité par quelque soixante-dix policiers.

_ _ _

https://elpais.com/diario/1981/04/29/madrid/357391455_850215.html

Una bomba destruye la agencia de viajes Transalpino, en la plaza de España

29 ABR 1981

_ _ _

L'avocat des prisonniers de l'ETA et ancien député Inaki Esnaola a été décrit par les journalistes José Dias Herrera et Isabel Duran comme la taupe des services d'information de l'État dans l'environnement de l'organisation, dans leur livre Los secretos del Poder, Ternas de Hoy, 1994.

https://books.google.be/books?id=HRJpAAAAMAAJ&q=%22Los+secretos+del+Poder%22&dq=%22Los+secretos+del+Poder%22&hl=fr&sa=X&redir_esc=y


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptySam 28 Aoû 2021 - 18:16


Cherid, un tueur à gages dans les égouts de l'État

(extraits des pages 61 et suivantes)

Johny nous a dit qu'il était directeur de la société Telma, à Pampelune, et qu'il se rendait souvent à San-Sebastian pour affaires. Sont également présents à la table André-Noël, le frère de Jean Pierre, et un Américain blond au nom étrange. Johny les a tous présentés comme ses gardes du corps.

- Trop de protection pour votre patron, n'est-ce pas ? - ai-je osé demander à Jean Pierre.

- En ce moment, l'Espagne n'est pas un endroit sûr", a-t-il répondu sèchement.

Je l'ai également interrogé sur son bras droit. Il avait une vilaine cicatrice.

- J'ai été blessé au Biafra. Ils m'ont sauvé la main à la Croix Rouge au Portugal.

- C'est quoi cette histoire de Biafra ? - ai-je demandé, craignant qu'il ne se moque de mon ignorance.

- C'était un pays qui n'existe plus. Il s'est détaché du Nigeria et a proclamé son indépendance.

- Pourquoi n'existe-t-il pas ?

- Parce qu'il a perdu la guerre, il y a juste deux mois.

- Et vous, que faisiez-vous pendant cette guerre ?

- J'aime les guerres, même si je me bats toujours du côté des perdants.

Les serveuses, en casquettes et tabliers immaculés, ont commencé à placer les couverts, les assiettes et les verres devant nous. Je ne pouvais pas rester pour manger. À la maison, ils savaient seulement que j'étais allée me promener avec le chien. Lourdes avait dit la même chose à ses parents.

- Nous devons y aller - ai-je dit à la hâte.

Mon amie riait aux éclats à une blague que Johnny lui racontait. À ce moment-là, le Français m'est apparu comme un loup dont les dents étaient trop acérées pour que Lourdes puisse facilement échapper à sa morsure.

- Pas du tout. Tu ne peux pas partir maintenant. Appelez la maison et réglez ça - nous a ordonné Johny.

(...)

Jean Pierre avait onze ans de plus que moi, mais il semblait y avoir une génération d'écart.

(...)

J'aimais l'écouter raconter les aventures des guerres d'Algérie et du Biafra. J'ai été attiré par son côté guerrier, non pas à cause de la violence qui suintait de ses récits, mais parce qu'il était présenté comme un héros, un être extrêmement courageux et avisé qui, en découvrant le corps décapité d'un compatriote ou le cadavre d'un homme avec son pénis inséré dans la bouche lors d'une expédition dans les montagnes d'Alger, par lesquelles les indépendantistes venaient de passer, la première chose qu'il fit fut de les recouvrir, même avec ses propres vêtements, afin que leur vue n'entame pas le moral de ses compagnons. Je ne comprenais pas que quelqu'un comme Jean Pierre soit capable d'aimer après avoir vu tant d'horreurs et les avoir provoquées.

La première fois que Jean Pierre m'a embrassée, c'était dans le bar La Cepa, dans le vieux quartier de San Sebastian, le même endroit où quinze ans plus tard l'ETA a assassiné le politicien Gregorio Ordonez. Un formidable orage a éclaté quelques minutes après être entré dans le bar. Jean Pierre a choisi la table la plus isolée. Ce soir-là, comme il le faisait toujours, il n'a pas manqué l'occasion de fustiger mon petit ami pour son absence : "Comment a-t-il pu te laisser pour aller skier ? Je ne pense pas qu'il t'aime beaucoup. Je ne te laisserais pas seule un seul jour".

(...)

Jean Pierre était contre l'exécution des condamnés, mais, bien sûr, il n'est pas descendu dans la rue pour protester, et il ne m'a pas permis de le faire. "Princesse, c'est très sérieux, ce n'est pas un jeu. La police sera là avec des armes pointées sur vous. Tu n'as pas peur qu'ils manquent un tir ?" Après les mots de Jean Pierre, j'ai eu la nausée ; je pense que c'est le ton qu'il a utilisé qui m'a donné la nausée.

"S'ils finissent par les exécuter, ils feront une grosse erreur. Ils feront en sorte que les gens, même en dehors de l'Espagne, soutiennent l'ETA et condamnent le régime", a commenté avec véhémence mon petit ami à mon père, imperturbable. Comme je l'ai déjà expliqué, chez moi, mon père ne parlait jamais de politique.

(...)

Les premières années de fréquentation étaient pleines d'absences. Johny et ses garçons ont beaucoup voyagé. Au printemps 1972, ils se rendent sur l'île de la Martinique, où ils restent six mois. Jean Pierre m'a expliqué qu'ils allaient travailler dans une plantation de bananes. Je sais maintenant que ce ne sont pas des bananes qu'ils sont allés couper dans les Caraïbes, mais le désir d'indépendance du peuple martiniquais. C'était une période d'agitation et d'impatience de retrouver l'homme que j'avais choisi - ou était-ce l'inverse et c'était lui qui m'avait choisie ? - et à qui je me sentais liée par un invisible lien de désir. De temps en temps, je recevais ses cartes postales affectueuses et, après les avoir lues, je les déchirais en morceaux et les jetais, irritée, dans la poubelle, indignée par la séparation imposée.

Lorsque Jean Pierre est revenu de Martinique, il m'a emmené à Paris pour rattraper cette longue période d'abandon. C'était la première fois que je quittais l'Espagne. Nous sommes allés en voiture, dans une Mercedes spectaculaire qui, comme il me l'a expliqué, avait été prêtée par un de ses beaux-frères, qui travaillait dans une concession à Bayonne.

(...)

Je n'ai jamais su le vrai nom de Johny ni pourquoi il a quitté Telma et l'Espagne. En fait, j'étais soulagée car je ne voulais pas que Lourdes finisse dans ses mâchoires. Jean Pierre m'a dit qu'il avait escroqué de l'argent à la société et que c'était pour cela qu'il avait été licencié, mais Johny m'a donné une explication romantique pour justifier son départ : "Je me marie enfin, Tere". Vous voyez, je me suis fait prendre. Je vais à Paris, où ma fiancée possède un restaurant".


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyDim 29 Aoû 2021 - 10:18


(suite)

Presque un an plus tard, André-Nöel et Jean Pierre quittent également Telma et commencent à se rendre fréquemment à Benicassim. "Nous faisons des affaires avec certains compatriotes qui vivent là-bas", m'a simplement informé Jean Pierre. "Quel genre d'affaires", lui ai-je demandé. "Importation", a-t-il répondu sèchement. Ces compatriotes étaient les frères Perret, deux beaux hommes de Marseille, qui tenaient le restaurant de l'aéroclub de Castellon. Ils possédaient également une salle de bingo et plusieurs boîtes de nuit. J'ai appris par la suite que la famille Perret était également des mercenaires à la solde de la police espagnole. C'est alors que Jean Pierre a décidé de me donner plus de détails sur leur véritable métier : soldat de fortune ; employé par d'autres dans des tâches risquées que d'autres ne savaient ou ne pouvaient pas faire ; en un mot : tueur à gages ("sicario").

Lorsque j'ai rencontré les frères Gilbert et Clément Perret qui servaient des grillades et des légumes dans leur restaurant, j'ai trouvé que c'étaient deux gars sympathiques, attentifs et polis ; ils ne m'ont pas du tout fait peur, malgré les avertissements amusants de Jean Pierre. "C'était des gangsters, comme ceux des films. Bang, bang, bang, bang", il a agité une main comme un pistolet et m'a fait un clin d'œil. Sur la terrasse du restaurant de l'Aeroclub de Castellon, j'ai également rencontré quelques policiers, bientôt patrons de Jean Pierre, comme les commissaires Roberto Conesa et Manuel Ballesteros. Ce dernier me déplaisait profondément, bien que je ne sache pas pourquoi ; peut-être à cause de la façon dont il me regardait furtivement ou à cause de son rire hystérique semblable à celui des hyènes. Conesa, un homme sinistre à l'apparence maladive, était toujours accompagné d'Antonio Gonzales Pacheco, son bras droit. Ils formaient un curieux duo : le maître et l'élève ; l'homme sérieux et peu loquace et son élève véhément. Je me souviens d'Antonio, un cigare à la bouche, s'étirant dans son fauteuil, tout en s'écriant : " Je vous jure que lorsque je serai à la retraite, je viendrai vivre ici ". Il n'y a aucun endroit comme celui-ci en Espagne". Quelque temps plus tard, Antonio a acheté un appartement, directement sur la plage, à Benicassim.

_ _ _

Benicassim est entre Barcelone et Valence, à quelques kilomètres de l'aéroclub de Castellon.

_ _ _

https://www.lemonde.fr/archives/article/1985/08/19/assassinat-d-un-francais-soupconne-de-participer-a-la-lutte-clandestine-contre-l-eta_2758761_1819218.html

Assassinat d'un Français soupçonné de participer à la lutte clandestine contre l'ETA

Publié le 19 août 1985 à 00h00

L'un des protagonistes supposés de la " guerre sale " menée au Pays basque contre l'ETA militaire par des groupes d'extrême droite, M. Clément Perret, de nationalité française, âgé de quarante-six ans, a été assassiné, le vendredi 16 août, à Castellon-de-la-Plana, au nord de Valence. Après M. Joseph Couchot, abattu en novembre 1984 à Irun, c'est le second citoyen français soupçonné de collaborer à la lutte clandestine contre l'ETA qui est tué en Espagne.

M. Perret était en train de déjeuner avec son frère Gilbert dans le restaurant dont il est propriétaire lorsque, vers 15 heures, deux inconnus ont fait irruption dans le local et ont tiré à plusieurs reprises dans sa direction, avant de s'enfuir dans une voiture ayant une plaque française. Il est mort sur le coup. Son frère n'a pas été atteint.

Le nom des frères Perret a été cité avec insistance depuis l'apparition au Pays basque espagnol, à la fin des années 70, des premiers groupes d'activistes décidés à mener par des méthodes expéditives la lutte contre l'ETA ; le Bataillon basque espagnol d'abord et le GAL (Groupe antiterroriste de libération) ensuite. L'un des rares membres jamais arrêtés et condamnés en France pour ces activités, M. Maxime Szonek, reconnu coupable en 1980 de l'assassinat d'un réfugié basque, avait affirmé à la justice française que le numéro de téléphone des frères Perret à Castellon était celui d'un de ses " contacts " en Espagne.

La possible participation des frères Perret a ensuite été évoquée dans le mitraillage en novembre 1980 d'un bar de Hendaye fréquenté par des réfugiés basques. Cette action fit deux morts. Les trois auteurs présumés de l'attentat devaient ensuite franchir la frontière française et être mis en liberté du côté espagnol, sur l'ordre des services du commissaire Ballesteros, principal responsable à l'époque de la lutte antiterroriste. Ce dernier a précisément été condamné à trois ans de suspension de fonction par la justice espagnole, en mai, pour s'être refusé à révéler les noms des trois inconnus.

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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyDim 29 Aoû 2021 - 12:06


(suite)

Je crois que la décision de s'installer définitivement à Madrid, à la fin de l'année 1975, a été prise dans cette ville côtière, entre cartes de bingo et paellas au restaurant de l'Aéroclub. Policiers et tireurs ("pistoleros") ont profité de vacances splendides pendant qu'ils concluaient des affaires. Il semble que de bonnes opportunités pour la profession de Jean Pierre abondent dans la capitale, où les affaires sont contrôlées par le vieil Yves et l'Italien Stefano Delle Chiaie, qui sont également des habitués du restaurant des Perret.

La joie de Jean Pierre face à sa nouvelle mission se transforme en une profonde désolation lorsqu'il apprend que son frère a été arrêté à Alger, en même temps que l'Américain blond. André-Nöel et le Yankee étaient devenus au cours des derniers mois un couple professionnel, qui voyageait sans cesse en France, en Angleterre, en Amérique du Sud et qui s'est finalement arrêté lorsque la police algérienne les a détenus.

- Tu vois, Tere, André m'a interdit d'aller à Alger pour me protéger et c'est lui qui a fini dans une cellule puante. Ils l'ont attrapé dès qu'il a mis le pied sur le sol algérien parce que nous sommes fichés là-bas à cause de l'O.A.S. - se plaint amèrement Jean Pierre.

- Mais alors pourquoi y est-il allé s'il savait qu'il allait être arrêté ? - lui ai-je demandé, sachant d'avance qu'il n'allait pas me donner la réponse.

- Parce que c'était son devoir", a-t-il affirmé sèchement.

J'étais désolée pour le malheur d'André-Nöel, mais en quelque sorte réconfortée par le fait qu'il était loin. Je ne pense pas que Jean Pierre ait bénéficié de l'influence de son frère aîné, un homme impétueux, pétulant et farceur. Sa violence innée m'effrayait. Ses traits, sa façon de bouger, ses réactions soudaines... Tout chez André-Nöel me faisait penser à un alligator, même son œil inerte. Jean Pierre l'admirait et je ne l'ai jamais entendu remettre en cause ses décisions. Il était plus réservé, mais les deux frères partageaient une profonde amertume qui se transformait en colère s'ils étaient contrariés, peut-être héritée de leur mystérieux père.

_ _ _

https://mapadelterror.com/victims/clement-perret/?lang=fr

Au printemps 1985, plusieurs média signalèrent la connexion que la justice française et des sources proches de l’ETA établissaient entre les frères Gilbert et Clément Perret et la sale guerre contre la bande terroriste. D’après ces informations, les deux frères, de nationalité française, ainsi que leur concitoyen Jean-Pierre Chérid, avaient été membres de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète), qui s’opposait à la décolonisation de l’Algérie, et qu’ils faisaient partie des GAL (Groupes Antiterroristes de Libération).

Le 16 août 1985 vers 15h15, trois membres d’un commando itinérant de l’ETA se présentèrent dans la pizzeria des frères Perret située dans l’Aéroclub de Castellón. Ils localisèrent Clément, qui à ce moment-là servait une table, et tirèrent sur lui 19 coups de pistolet qui causèrent sa mort immédiate. Un des garçons de la pizzeria, Miguel Palenques Sanahuja, âgé de 19 ans, reçu une balle dans une jambe.

Clément Perret, qui était né dans la région d’Aix-en-Provence, résidait à Benicásim avec sa femme et son fils de treize mois. Il fut enterré dans le cimetière de Castellón.


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyDim 29 Aoû 2021 - 14:09


(page 162)

Les frères Perret

Clément et Gilbert Perret apparaissent également dans le rapport du gouvernement basque comme les auteurs d'au moins trois attentats perpétrés au nom du Bataillon Basque Espagnol et de Triple A. Le plus sanglant a été le mitraillage de la clientèle du bar Hendayais, dans la ville basco-française d'Hendaye, le 23 novembre 1980. José Camio et Jean Pierre Haramendi ont été tués et dix autres personnes ont été blessées. Les assassins avaient pour mission de faire un exemple pour les réfugiés basques qui fréquentaient le Hendayais. Le massacre est resté impuni. Les trois tireurs, que le rapport susmentionné cite comme étant Gilbert Perret, Mohamed Khiar et Vittorio Aldo, ont traversé la frontière espagnole et ont été relâchés par la police, sans ouvrir de rapport de police.

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https://www.lemonde.fr/archives/article/1980/11/27/l-attentat-d-hendaye-les-coupables-presumes-ont-ete-relaches-sur-ordre-superieur-affirme-le-gouverneur-du-guipuzcoa_3075346_1819218.html

L'attentat d'Hendaye " LES COUPABLES PRÉSUMÉS ONT ÉTÉ RELÂCHÉS " SUR ORDRE SUPÉRIEUR " affirme le gouverneur du Guipuzcoa

Publié le 27 novembre 1980 à 00h00

_ _ _

https://www.oroitza-histoire-d-hendaye.fr/fs/Pintxo1Hotel_/dijpq-P01e_HotelHendayais.pdf

(...)

« 18h45 : Vraiment beaucoup de monde au bar Hendayais dont plus d’une dizaine qui viennent d’entrer et de s’installer. Le présumé consommateur, vêtu d’un blouson bleu ciel avec un gros B cousu dessus passerait presque inaperçu. Il ressort, après avoir jeté un coup d’œil circulaire.

Aussitôt après, un coup de feu. La porte s’entrouvre, une main tenant un pistolet passe dans l’entrebâillement et ce sont deux autres coups de feu. La main se retire et la porte se ferme pour presqu’aussitôt s’ouvrir en grand à cause des deux coups de chevrotines tirés à l’aide d’un fusil à canon scié. En fait, ce sont deux cartouches double zéro, marque Federal made in USA.

La poignée extérieure a été sectionnée à sa moitié par la décharge du plomb, qui, tirée de si près, n’a pas pulvérisé la petite vitre, mais y a pratiqué un trou de 6 à 8 centimètres de diamètre.

Tout se passe évidemment en un éclair. Mais la porte s’ouvrant, vêtu de son espèce de blouson bleu ciel, apparaît le tueur qui, froidement depuis le trottoir vide son chargeur en seulement trois ou quatre rafales. En vrai spécialiste, pour qui a pratiqué le pistolet mitrailleur lors du service militaire. Il est en effet très difficile de tirer ainsi avec ce type d’engin sans être un habitué.

Tirant de la gauche vers la droite, le tireur assassin a eu le temps de diriger son tir vers les consommateurs et il est manifeste qu’il ne cherchait pas à atteindre quelqu’un de bien déterminé. Tout continuera à se passer très vite ; fuite des assassins et, moins de 5 minutes plus tard incident de la frontière où les suspects sont « accueillis » et aussitôt « élargis » par la police espagnole (qui depuis longtemps n’était plus celle de Franco mais du gouvernement Suarez… ; ndla), transferts des blessés vers les hôpitaux de Bayonne et SaintJean de Luz. Deux heures après l’attentat, la police de Hendaye est dessaisie de l’affaire au profit de la PJ de Bordeaux.

L’attentat a réussi dans une partie de sa mission à savoir tuer et blesser jusqu’au plus profond de ses chairs la population hendayaise. Mais il n’a pas réussi à créer un courant d’opinion contre les réfugiés. Bien au contraire, la population hendayaise, consciente que cela aurait pu se produire en n’importe quel commerce ou lieu public, pense désormais à rester plus unie, plus fraternelle »…

Le bilan est lourd, très lourd : 2 morts et 10 blessés dont quatre gravement. Le 28 novembre suivant, malgré les rafales de pluie, près de 4000 Hendayais se regroupent à Saint-Vincent et sur la place pour les obsèques de Jean Pierre Haramendy et Joseph Camio. Ce drame ne devait pas sombrer dans l’oubli.

(...)


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyDim 29 Aoû 2021 - 16:13


(suite de la page 162)

Le commissaire Manuel Ballesteros, alors chargé de la lutte contre le terrorisme sous le gouvernement d'Adolfo Suarez, a été poursuivi pour refus d'aide, car il a refusé de donner les noms des trois terroristes qu'il a qualifiés d'informateurs à son service. Le commissaire, qui a finalement été acquitté, a témoigné devant le juge que l'intermédiaire entre ces informateurs et la police était l'inspecteur Antonio Gonzalez Pacheco, surnommé Billy el Nino, qui versait 500 000 pesetas par mois provenant du budget du ministère de l'Intérieur à ces étrangers pour qu'ils fournissent des informations sur les réfugiés de l'ETA en France.

Nés à Marseille, les frères Perret, mi-juifs, s'étaient illustrés dans la banlieue parisienne comme membres de la pègre. Dirigés par leur mère, Léonie Benaim, dite "Mama Leo", ils contrôlaient, dans les années soixante, les milieux de la prostitution et du trafic d'armes. Ils ont éliminé la concurrence représentée par le clan des frères Atlan, en ordonnant l'assassinat de deux de ses membres. Par vengeance, une autre bande mafieuse, celle des frères Zemour, partenaires des frères Atlan, abat plusieurs des hommes de Perret. Gilbert et Clément ont fini en prison à la suite de cette lutte pour le contrôle du crime organisé à Paris. À leur sortie de prison, ils ont compris que les rues de la capitale française ne leur appartenaient plus et, en 1971, ils se sont installés en Espagne.

La famille Perret a conquis Benicassim sur la base de l'argent et des relations. Leur Patisserie Française a été un succès. Les gâteaux qui sortaient du four de la famille marseillaise étaient, paraît-il, de véritables gourmandises. Plus tard, ils ont opté pour des activités plus lucratives, comme un bingo, le restaurant de l'Aeroclub de Castellon et quelques discothèques et boîtes de nuit. Mais en plus d'être des hommes d'affaires dans le domaine de l'hôtellerie et des loisirs, la famille Perret travaillait en Espagne sous les ordres des services de renseignement de la police. Leur monde souterrain intéresse le commissaire expérimenté Roberto Conesa, qui s'est spécialisé dans le recrutement d'informateurs. De sa main, les frères français ont été introduits dans les hautes sphères de la police.

_ _ _

https://www.eldiario.es/comunitat-valenciana/roberto-conesa-brigada-politico-benicassim_1_5957398.html

9 de mayo de 2020 22:16h

Les vacances d'été de Billy el Nino à Benicàssim : paellas, guerre sale et mercenaires du crime organisé

Pendant la transition, González Pacheco a fréquenté les éléments de la guerre sale basés sur la côte de Castellón, où il a acheté un appartement sur la plage.

Antonio González Pacheco (Aldea de Cano, Cáceres, 1946 - Madrid, 2020), probablement le bourreau franquiste le plus connu d'Espagne, a passé les dernières années de sa vie assiégé par les plaintes de ses victimes et harcelé par des journalistes et des photographes qui, à plusieurs reprises, ont réussi à le prendre en photo, tant à Madrid qu'à Benicàssim, où il avait une résidence secondaire.

La journaliste d'investigation Ana María Pascual a suivi la trace du célèbre agent de la police politique de Franco à Madrid et sur la côte de Castellón. "Il a été à toutes les sauces, il a été un instrument d'exécution de l'État répressif avec son maître Roberto Conesa", a déclaré Pascual à eldiario.es.    

(...)

Les hôtes de ces paellas étaient les frères Gilbert et Clément Perret, deux Français issus du crime organisé parisien qui se sont réfugiés au début des années 1970 sur la côte méditerranéenne après avoir fui une guerre des gangs (tout le clan, y compris la matriarche, apparaît dans des articles de presse français des années 1960). La famille Perret a toujours été liée à l'attaque du Bar Hendayais, l'une des premières actions de la sale guerre contre l'ETA. Ils n'ont jamais été condamnés pour ces actes (Gilbert, en revanche, a été emprisonné pour un incendie criminel et une fraude présumés).

(...)

Après la mort de son frère, Gilbert Perret a continué à gérer les nombreuses entreprises familiales de la côte de Castellón, principalement dans le secteur de l'hôtellerie et des loisirs. Aujourd'hui, la plupart des entreprises sont entre les mains de sa femme et de ses enfants.

(...)

_ _ _

https://www.eldiario.es/sociedad/billy-nino-policia-disfrutaba-torturando_1_5957289.html

7 de mayo de 2020 13:49h

"Billy el Nino" : le tortionnaire de Franco mort avec ses médailles et sans être jugé

L'inspecteur de police Antonio González Pacheco, le visage le plus connu de l'appareil répressif franquiste, est décédé jeudi des suites d'un coronavirus.

(...)


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyDim 29 Aoû 2021 - 17:16


(suite)

Peut-être qu'en raison des services spéciaux des Perret dans le sud de la France, au lieu d'argent, ils ont reçu l'impunité pour leurs affaires. Joaquin Gambin, condamné pour l'incendie de la boîte de nuit Scala à Barcelone, qui a fait quatre morts, a avoué à deux journalistes que la famille Perret, pour laquelle il travaillait, était impliquée dans la contrefaçon d'argent et qu'elle recevait la protection de la police.

Le clan Perret, dont Mohamed Khiar, le Morito, membre éminent tué dans une rue de Bordeaux en 1987 lors d'un règlement de comptes, était le principal suspect dans l'enlèvement et l'assassinat de Jose Miguel Etxeberria Alvarez, Naparra, membre des Comandos Autonomos Anticapitalistas (commandos autonomes anticapitalistes). Napara a disparu en juin 1980, à Ziburu, au Pays basque français. Son corps n'a jamais été retrouvé. La Cour nationale a rouvert le dossier en 2016, en raison des informations fournies par un ancien agent du Cesid qui a localisé le lieu exact, dans les Landes, où le Basque est enterré.

L'ETA s'est vengée des Perret. Après la mort de Jean Pierre Cherid, leurs noms sont apparus dans un magazine comme des "cazaetarras" de premier plan. Peu de temps après, le 16 août 1985, le commando itinérant de l'organisation a tué Clément. Ils l'ont criblé de balles alors qu'il servait à manger dans le restaurant de l'Aéroclub. Il est mort sur place, devant ses clients.

_ _ _

https://xdocs.pl/doc/toda-la-verdad-sobre-el-bar-hendayais-loywm2gjdw83


cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 Cherid11


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyDim 29 Aoû 2021 - 20:41


Parmi les hypothèses sur la mort de Jean-Pierre Cherid...

Jean Pierre Cherid était la personne qui possédait tous les secrets du GAL et c'est pourquoi il a été éliminé. Il représentait un danger pour ceux qui l'avaient utilisé auparavant, car en tant qu'ancien membre de l'O.A.S., il contrôlait un bon nombre de Français prêts à tout pour de l'argent ou un soutien à leur patron. Il ne pouvait être arrêté ni en France ni en Espagne car, avant d'être jugé, il raconterait beaucoup de choses qui impliqueraient les deux gouvernements. C'est pourquoi ils l'ont tué.


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MessageSujet: Re: Cherid, Jean-Pierre   cherid - Cherid, Jean-Pierre - Page 7 EmptyDim 29 Aoû 2021 - 21:09


http://escadronsmort.centerblog.net/91--87

Déclaration de Luis Cervero Carillo sergent de la garde civile, à propos de la «guerre sale» contre ETA


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Cherid, Jean-Pierre
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