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| Massagrande, Elio | |
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+11pierre Frédéric KeBiesse EStaedtler glen2 totor pyrénéen Hoho CS1958 Feu Follet michel 15 participants | |
Auteur | Message |
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Frédéric
Nombre de messages : 1380 Age : 56 Localisation : En vadrouille Date d'inscription : 12/05/2012
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Sam 8 Mai 2021 - 20:45 | |
| Ils refont un procès pour l'attentat de 1980 ? |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Sam 8 Mai 2021 - 21:29 | |
| Bien sûr ! Voir le fil de discussion sur " Bologne " ...
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| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Mer 12 Mai 2021 - 7:05 | |
| https://www.parismatch.com/Actu/International/Plan-Condor-la-fin-d-un-interminable-proces-977404
Plan Condor: la fin d’un interminable procès
Paris Match | Publié le 25/05/2016 à 10h50 |Mis à jour le 25/05/2016 à 11h05
(...)
Dans le même temps, alors que le monde est en pleine Guerre froide, de nombreuses dictatures militaires soutenues par les Etats-Unis s’installent en Uruguay, au Brésil et en Bolivie. Non loin de là, au Pérou et au Paraguay, la répression est plus forte que jamais. Dans ces sept pays dirigés par des généraux anticommunistes, le droit d’exprimer une opinion contraire à la politique en place est un crime et les opposants sont chassés et tués sans ménagement.
Certains tentent alors de fuir et parviennent à traverser la frontière, provoquant la colère des chefs d’Etat. Voyant leurs dissidents leur échapper, les pays décident de reprendre la situation en main en organisant une réunion secrète le 25 novembre 1975. Son but? Mettre en place un système leur permettant d’échanger des informations sur les opposants et autoriser leur arrestation où qu'ils se trouvent. Ce jour-là, sont présents le général Manuel Contreras, chef de la politique chilienne, le capitaine argentin Jorge Casas, le major Carlos Mena, de Bolivie, le colonel Benito Guanes Serrano (Paraguay), le colonel José A. Fons (Uruguay), et les Brésiliens Flávio de Marco et Thaumaturgo Sotero Vaz, tous deux vétérans des combats contre la guérilla de l’Araguaia. Quelque temps après cette rencontre exceptionnelle, une vague de tortures et de meurtres qui durera près de dix ans débute. Elle comptera notamment parmi ses victimes Orlanto Letelier, un ancien ministre des Affaires étrangères du Chili et l'ex-président bolivien, Juan José Torres.
Les Etats-Unis complices?
Les sept pays concernés auraient également bénéficié de l’appui des Etats-Unis. D’après le journaliste anglais Christopher Hitchens, la CIA aurait eu vent de cette opération et n’aurait rien fait pour l’arrêter. Le secrétaire d’Etat de l’administration Nixon, Henry Kissinger, aurait en effet délibérément laissé l’opération continuer, y voyant un bon moyen de lutter contre le communisme sans s'impliquer véritablement. Pire, les services secrets auraient versé de l’argent à Manuel Contreras et même participé à des interrogatoires de certains opposants au Paraguay. Ce sont des archives découvertes en 1992 en Argentine et au Paraguay qui ont révélé l’existence de l’opération Condor et permis la tenue du procès.
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| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Mer 12 Mai 2021 - 8:23 | |
| Sur l'opération Condor, voir également
https://www.monde-diplomatique.fr/2001/05/ABRAMOVICI/1729
Mai 2001, pages 24 et 25
Retour sur un terrorisme d’Etat béni par les Etats-Unis
« Opération Condor », cauchemar de l’Amérique latine
(...)
C’est la découverte, par hasard, fin décembre 1992, de deux tonnes d’archives de la dictature Stroessner dans un commissariat de Lambaré, dans la banlieue d’Asunción (Paraguay), qui a permis de reconstituer les activités criminelles de ce réseau international. Le déclassement de documents de la CIA concernant le Chili, le 13 novembre 2000, a confirmé et précisé la teneur de ces « archives de la terreur ».
(...)
Parallèlement, ordre est donné de mettre en place un réseau en Europe. Celui-ci s’articule autour de terroristes d’extrême droite italiens. Ne pouvant éliminer Carlos Altamirano — qui vit en République fédérale allemande sous escorte armée -, ces exécutants s’en prennent à M. Bernardo Leighton, ancien vice-président du Chili et l’un des fondateurs du Parti démocrate-chrétien. Le 6 octobre 1975, M. Leighton et son épouse sont attaqués à Rome par un commando fasciste. Ils s’en tirent, mais Mme Leighton reste paralysée à vie. Malgré cet échec, le général Pinochet rencontre le chef des commandos italiens, un certain Stefano Delle Chiaie, qui accepte de rester à la disposition des Chiliens.
(...)
En mars 1977, à Asunción, se déroule la troisième réunion de la Confédération anticommuniste d’Amérique latine (CAL). S’y retrouve la fine fleur des dictatures, du général Gustavo Leigh, membre de la junte chilienne, au général président argentin Jorge Videla, en passant par tout ce que l’Amérique latine compte de tortionnaires et de membres des escadrons de la mort. La CAL est une émanation d’un mouvement international lié aux différents services de renseignement, la Ligue mondiale anticommuniste (WACL).
(...)
Lors de la quatrième réunion de la CAL, présidée par le général argentin Suarez Mason en septembre 1980, à Buenos Aires, des discussions visent à établir une « solution argentine » dans toute l’Amérique latine. Depuis avril 1980, le secrétariat américain à la défense sait que le Chili, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et le Brésil remettent sur le tapis l’idée d’une « organisation antiterroriste internationale ». Une nouvelle mouture de Condor !
(...)
_ _ _
Voir aussi :
https://elpais.com/diario/1999/02/28/internacional/920156401_850215.html
Kissinger alentó a Pinochet en la represión
El secretario de Estado norteamericano ocultó las atrocidades del régimen golpista
28 FEB 1999
(traduction)
Kissinger a encouragé Pinochet dans la répression
Le secrétaire d'État américain a dissimulé les atrocités du régime du coup d'État.
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| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 10:01 | |
| Selon un témoignage, Elio Massagrande était proche de Joseph Mees (18 avril 1923 - 9 décembre 2001), nonce apostolique au Paraguay de 1973 à janvier 1985.
Mgr Joseph Mees était farouchement anticommuniste et antisémite, ami personnel de la famille Stroessner.
https://france2.wiki/wiki/Joseph_Mees
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| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 10:05 | |
| https://nunciatureindonesia.org/former-representatives/ |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 10:19 | |
| https://www.catholic-hierarchy.org/bishop/bmees.html
Dernière édition par HERVE le Jeu 13 Mai 2021 - 10:43, édité 1 fois |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 10:22 | |
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| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 10:25 | |
| (traduction) Le Vatican rappelle le nonce d'Afrique du SudJOHANNESBURG (KNA) - Le Vatican a rappelé le nonce d'Afrique du Sud. Les actions de l' archevêque belge Joseph Mees, qui occupait le poste diplomatique depuis 1985, ont suscité des critiques croissantes en Afrique du Sud parmi les quatre millions de catholiques romains du pays. L'archevêque Mees s'est heurté à une forte résistance lorsque, au début de l'année, il a assisté, en tant qu'invité d'honneur du gouvernement sud-africain, à l'ouverture du Parlement sud-africain, où les trois quarts de la population ne sont pas représentés. Il avait également critiqué les évêques sud-africains qui, dans certaines circonstances, autorisent les activités politiques des membres du clergé. |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 10:51 | |
| Noticias aliadas 1978
(traduction)
(un grand groupe de femmes et d'enfants) a décidé d'occuper pacifiquement les locaux de la nonciature apostolique où ils ont entamé une grève de la faim qui a été levée le même après-midi, lorsque sous la pression du nonce, Monseigneur Joseph Mees, ils ont quitté de force la nonciature.
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| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 11:04 | |
| (traduction) M. De Paoli, 53 ans, pro-nonce au Sri Lanka depuis 1983, succède à l'archevêque belge Joseph Mees. Ce dernier a été rappelé à Rome l'année dernière parce qu'il appréciait peu l'attitude politique critique de l'épiscopat sud-africain. Les évêques devraient se tenir loin de la politique, a déclaré M. Mees. |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 11:15 | |
| (traduction) L'année dernière, le délégué apostolique dans le pays, l'archevêque Joseph Mees, a été rappelé au Vatican. La raison en était sa condamnation du rôle politique de l'église, selon les observateurs de l'église. |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 11:26 | |
| https://wikileaks.org/plusd/cables/1973ROME06813_b.html 1973 July 13, 15:00 (Friday) |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 15:42 | |
| Il n'est pas étonnant que Elio Massagrande ait été en contact avec Benito Guanes au Paraguay vu que Manuel Contreras (Chili) a rencontré Stefano Delle Chiaie. https://fr.wikipedia.org/wiki/Manuel_Contreras Contreras rencontre à nouveau Stefano Delle Chiaie, en compagnie d'Augusto Pinochet, lors des funérailles de Franco à Madrid en 1975 (16) (16) Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, chap.XXIII p.379 |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 17:42 | |
| Sur quelqu'un qui a bien connu Elio Massagrande :
http://www.chiarelettere.it/rassegnastampa/Sette_030616.pdf
(traduction)
Ma vie en tant que 007 avec la possibilité de se rebeller contre les patrons
Vincenzo Fenili opère sous couverture depuis trente ans avec l'armée et avec les services. Maintenant, il parle des méthodes et des côtés sombres des opérations contre la drogue, le terrorisme et le blanchiment d'argent international.
Lors d'une opération dangereuse, un agent des services secrets se demande : "Et si, à force d'être avec eux, j'étais devenu moi aussi un criminel ? Où est la frontière ? Personne ne vous l'explique, vous devez le découvrir par vous-même. Puis un jour, un magistrat peut arriver et décider que vous avez franchi cette ligne".
L'écrivain est Vincenzo Fenili, 58 ans, une vie d'agent secret qui est en soi un roman. Fenili a effectué son premier saut en parachute en 1977 et, deux ans plus tard, il a rejoint les Carabinieri. En 1980, il obtient son brevet de pilote et est enrôlé dans le réseau Gladio, participant à de nombreuses missions, parmi lesquelles la "restitution" d'un brigadier noir notoire réfugié au Paraguay et une opération de contre-information entre l'Afrique du Sud et l'Europe. Pendant plus de trente ans au sein du Corp, il a opéré sous couverture (c'est-à-dire en se prévalant d'un travail qui ne figure pas dans les rangs de nos services de renseignement) dans des missions délicates en Italie et à l'étranger.
Identité brûlée.
Avant la chute du Mur, il a participé (en vertu de fréquents voyages au-delà du rideau en tant que pilote d'Alitalia) à des opérations de contre-espionnage visant à convaincre les agents de l'Est de " faire défection ". Au Paraguay, il a participé à l'identification et à la capture de l'extrémiste Elio Massagrande : "J'avais réussi, puis l'ordre de me désister est arrivé d'en haut". En Colombie, Fenili était un pilote de ligne infiltré parmi les narcos. Au Cambodge également, il a combattu un dangereux trafic de drogue. Expert en armes et en arts martiaux, il a piégé des trafiquants de drogue et traqué des terroristes. Il a également passé 373 jours d'enfer dans la prison de Prey Sar au Cambodge. Entre-temps, il a accumulé des milliers d'heures de vol ("j'en ai fait six mille") sur des jets et est devenu pilote instructeur.
Après avoir opéré sur le front des Balkans pendant le conflit en ex-Yougoslavie, il devient contractant pour les Ros, qui lui demandent de participer en tant qu'agent secret, en utilisant sa qualification de pilote d'Alitalia, à deux grandes opérations contre le trafic international de drogue : les opérations Pilota et Sinaï. À la fin des années 1990, alors "épuisé", Fenili quitte la compagnie aérienne nationale et s'installe à Phnom Penh, au Cambodge, où il s'implique dans la lutte contre le blanchiment d'argent international.
Son premier livre, Supernotes (avec Luigi Carletti, Mondadori 2014), a été traduit dans le monde entier.
(...)
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| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Jeu 13 Mai 2021 - 20:17 | |
| https://www.researchgate.net/publication/338689915_Il_neofascismo_italiano_nel_Paraguay_di_Stroessner_L'asilo_l'Internazionale_Nera_economica_e_la_rimozione_del_passato_criminale
L'origine des relations et l'asile politique
Comme indiqué précédemment, l'émigration vers le Paraguay a commencé en 1977. La première question que nous voulons poser dans ces pages est l'origine des relations entre le gouvernement de Stroessner et les anciens militants de l'ON. Une aide pour répondre à cette question vient du leader de l'organisation, principal protagoniste des événements qui seront analysés dans les pages suivantes : Elio Massagrande. La transcription d'une audience devant les autorités paraguayennes rapporte ce qui suit :
[Massagrande] Il est arrivé au Paraguay recommandé par le Dr Rodney Elpidio Acevedo, ambassadeur du Paraguay en Espagne, il est entré en contact avec le Dr Bestard qui était à l'époque un haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur et avec le Dr Campos Alum, au ministère de l'Intérieur, où une déclaration a été prise de lui, où il a également été arrêté et peu après il a été libéré.
Une déclaration qui désignerait l'ambassadeur Acevedo comme l'intermédiaire entre les néo-fascistes et le gouvernement paraguayen. A son arrivée, le 16 août 1977, sur un vol en provenance de Madrid", Massagrande est fiché et libéré peu de temps après. L'inscription aux archives nationales et la libération après une courte période ont sanctionné la procédure de demande de protection, que Massagrande effectuera avec Gaetano Orlando, un fugitif italien provenant non pas d'ON mais du Mouvement d'Action Révolutionnaire, une autre organisation de l'anticommunisme radical italien qui s'est alliée à la formation néo-fasciste pendant les années du massacre22.
Avec sa demande d'asile, Massagrande a remis aux autorités une notice biographique qui racontait, strictement de son point de vue, son histoire personnelle et politique, ainsi que les raisons qui l'avaient poussé à émigrer au Paraguay. Le premier élément significatif de la note concerne son appartenance à la Brigade Folgore de l'armée italienne :
Il atteint le grade de lieutenant d'artillerie et est affecté au groupe d'artillerie parachutiste (brigade Folgore). Il a dû quitter l'armée en vertu du décret du ministre socialiste Tremelloni, car il était classé comme sympathisant d'un groupe politique anticommuniste. Il obtient le brevet d'instructeur militaire de parachutisme en chute libre.
Les dernières lignes de l'extrait ci-dessus suscitent une certaine perplexité. Le décret dit Tremelloni ne concernait en fait que le secteur du renseignement militaire, dont l'organe a changé le nom de SIFAR en SID. Il n'est pas fait mention de sympathies politiques interdites au sein du corps militaire. Il n'y a même pas une trace de ces mesures dans les principaux textes sur l'histoire des forces armées italiennes. Enfin, compte tenu du contexte politique général et des tendances conservatrices du milieu militant de ces années-là, il est peu probable qu'une personne ait pu être exclue de la Brigade Folgore pour être anticommuniste. Dans cette première étape, commence à se dessiner l'élément principal qui sera au centre de tout le document en question et qui caractérisera les relations des anciens ordinovistes avec le gouvernement paraguayen : l'anticommunisme.
Après les informations générales, le document décrit les activités politiques qui ont caractérisé le passé de Massagrande. En 1962, il rejoint le Centro Studi Ordine Nuovo, collaborant avec le député MSI Pino Rauti à la tête de la province de Vérone. Après avoir refusé la nomination en tant que membre du comité central du MSI, il décide de poursuivre la lutte politique avec le Movimento Politico Ordine Nuovo avec Clemente Graziani, s'engageant dans des affrontements violents avec les organisations parlementaires communistes et extraparlementaires.
Après la dissolution de l'ON, Massagrande se réfugie en Grèce, où le régime des Colonels est en vigueur. Il y collabore avec les mouvements anticommunistes locaux tout en dirigeant la communauté des Italiens qui se sont réfugiés dans la péninsule hellénique pour échapper aux ordres d'arrestation. Après la chute du régime des Colonels, la démocratie grecque naissante l'a extradé vers l'Italie sous l'accusation de terrorisme. Il sera emprisonné pendant environ 10 mois, jusqu'à ce que les "erreurs dans l'acte d'accusation" soient "reconnues ". En 1976, il s'est installé en Espagne, où, l'année suivante, un autre mandat d'arrêt international a été émis. La note identifie ensuite les principales causes de sa fuite d'Europe. La première est identifiée dans le dernier crime dont il a été accusé :
Cette fois, l'accusation est d'avoir participé à l'organisation du massacre du juge qui avait rejoint la volonté communiste de détruire le mouvement Ordine Nuova. Pour faire face à un nouveau procès d'extradition et dans le tableau général, poussé par la nécessité de quitter l'Europe pour un autre pays, sûrement anticommuniste, Massagrande au mois d'août arrive au Paraguay avec sa famille.
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| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Ven 14 Mai 2021 - 7:19 | |
| (suite)
La seconde, en revanche, coïncide avec la situation politique générale dans laquelle navigue l'Italie :
L'Italie est un pays dominé par la force politique communiste. Le gouvernement chrétien-démocrate gouverne avec l'accord du parti communiste et des organisations syndicales et étudiantes communistes. C'est un problème si grave pour tout l'Occident qu'il massacre nos faibles forces clandestines.
En échange de l'asile politique, Massagrande a offert au gouvernement paraguayen son expertise en matière d'aviation et de parachutisme :
Il entend aussi mettre à disposition (cela peut être nécessaire) ses connaissances en matière militaire, plus toutes les connaissances de la technique de chute libre nécessaires aujourd'hui à la formation du parachutisme agonistique civil et militaire (formation de commandos) ».
Le document se termine par une tentative d'analyse politique de la situation mondiale, qui envisage la nécessité de créer un pont entre les organisations anticommunistes latino-américaines et européennes afin de rendre plus efficace la lutte contre l'ennemi marxiste commun :
Notre idéologie [...] est mortellement opposée au matérialisme et à l'internationalisme communiste, [...] Nous sommes toujours conscients de la nécessité d'une collaboration plus large entre les forces analogues qui, dans le monde, s'opposent à la victoire de la subversion. Nous, anticommunistes, devons également avoir une vision globale et totale de la lutte et prendre conscience que là où nous nous battons pour nos idées, là se trouve notre patrie. Les guerres révolutionnaires qui sont menées dans le monde sont coordonnées. Surtout pour nous, Européens, selon notre vision "terzaforzista", il est utile de collaborer avec les mouvements et les gouvernements d'Amérique latine. Ceci pour une raison d'évidente similitude d'esprit et d'intérêts qui unissent et uniront toujours ces deux parties du monde. En particulier, nous considérons utile la création d'un organisme qui coordonne, également au sein des organismes existants, les activités des groupes d'Europe latine (Espagne, France, Italie, et peut-être Grèce et Belgique) et d'Amérique latine.
Ces lignes représentent une sorte de carte de visite pour Massagrande et, indirectement, pour tous les autres anciens ordinovistes qui se sont rendus au Paraguay par la suite. Le ton du récit est résolument apologétique, et la perception d'être des victimes de la conspiration communiste mondiale émerge clairement. Dans la note, de nombreux thèmes chers à l'univers idéologique d'ON et de la droite radicale en général sont repris, résultat des réflexions qui ont caractérisé le débat interne à ces mouvements depuis les années 1950. En particulier, la soumission du gouvernement italien aux communistes, considérés comme des marionnettes de l'URSS, qui avait déjà été un leitmotiv dans les discussions et la propagande faites par les ordinovistes depuis 1963, réapparaît dans l'analyse politique des membres de l'organisation dissoute, quatorze ans plus tard, dans un document joint à une demande d'asile politique faite à l'autre bout du monde.
Les dernières lignes du document sont marquées par un ton différent, dans lequel Massagrande, s'exprimant au pluriel et, par conséquent, rapportant probablement les positions de ses camarades, révèle leur volonté de continuer à servir la cause de l'anticommunisme, en proposant la constitution d'un sujet non spécifié qui, partant du Paraguay, impliquerait également les militants européens.
Les pays énumérés par Massagrande ne sont pas accidentels. En fait, les liens étroits qui existaient entre ON et diverses organisations de la droite radicale européenne dans les années 1960 sont bien connus. Des relations stables existaient, en France, avec Ordre Nouveau et la Fédération des Etudiants Nationalistes33, avec le Kinema tes 4 Augoustou en Grèce, Jeun Europe et des organisations apparentées en Belgique, Fuerza Nueva et le Circulo Espafiol de Amigos de Europa (CEDADE) en Espagne". Ainsi, un projet assez ambitieux est esquissé, dont l'objectif est la création d'un organisme intercontinental indéfini qui se coordonnerait dans la bataille anticommuniste qui fait rage. Un objectif qui, toutefois, a été présenté de manière vague et qui ne s'est jamais concrétisé.
Bien que parmi les documents consultés il n'y ait aucun document attestant l'octroi de l'asile politique à Elio Massagrande par l'État paraguayen, la présence d'un casier judiciaire, demandé par l'Italien en septembre 1990, dans lequel est indiqué le numéro de son document d'identité délivré par les autorités locales, indique que cette circonstance s'est effectivement produite, confirmant ce qui est apparu au cours des enquêtes judiciaires35. Quant à Gaetano Orlando, selon son dossier personnel retrouvé dans les archives, il a obtenu officiellement l'asile le 3 janvier 1978.
Un autre excellent nom issu des rangs des ON qui ont choisi le Paraguay comme refuge est celui de l'idéologue du groupe, Clemente Graziani, arrivé à Asunción en 1978 :
Le citoyen Clemente Graziani, de nationalité italienne, profession industrielle, 53 ans [...] laissez-passer du consulat général de Bolivie à Londres - Grande-Bretagne - et laissez-passer du consulat de notre pays à Santa Cruz - Bolivie - est arrivé dans notre pays le 10 mai de cette année, en provenance de la ville susmentionnée. de Bolivie à Londres - Grande-Bretagne - et sauf-conduit du consulat de notre pays dans la ville de Santa Cruz - Bolivie -, est arrivé dans notre pays le 10 mai de l'année en cours, en provenance de la ville bolivienne mentionnée par Lloyd Aereo Boliviano, étant détenu à son arrivée, parce qu'il était en état d'arrestation recommandé par "Interpol" et libéré le jour suivant, comme il était un exilé politique ; selon le rapport fourni par le Dr Antonio Campos Alum, directeur des affaires techniques du ministère des Affaires étrangères du ministère bolivien des Affaires étrangères. Antonio Campos Alum, directeur des affaires techniques du ministère de l'Intérieur, le susdit Graziani est un anticommuniste, de la ligne intellectuelle de son pays, qui est actuellement engagé dans la préparation d'un travail sur l'"Étude de la situation, des tactiques et des techniques utilisées par le Parti communiste italien" pour le congrès anticommuniste du CAL (Comité anticommuniste latino-américain), qui se tiendra dans notre pays l'année prochaine.
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| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Ven 14 Mai 2021 - 9:36 | |
| (suite) Une fois de plus, l'anticommunisme constitue le passe-droit pour entrer légalement au Paraguay et échapper à la justice du pays d'origine. Il convient de souligner que Massagrande et Graziani ont tous deux été acquittés pour manque de preuves pour le meurtre du juge Occorsio. Mais nous devrons attendre jusqu'à 1987 pour cet événement. Entre-temps, la gravité des accusations n'avait aucune importance quant au crime qu'ils avaient hypothétiquement commis, tant qu'il n'était pas considéré comme un crime par les autorités paraguayennes, mais comme une action légitime au nom de l'anticommunisme. En outre, compte tenu de la violence brutale perpétrée par le régime et de la logique qui sous-tend une telle inhumanité, il aurait été plutôt surprenant que les autorités paraguayennes accordent au contraire l'extradition. Condamner ceux qui ont violemment combattu le communisme aurait signifié, en substance, nier les actions du régime lui-même. Une telle attitude à l'égard des terroristes ne peut être comprise de manière adéquate sans tenir compte de l'importance que revêtait l'élaboration théorique antimarxiste dans le régime de Stroessner. La crainte d'une infiltration communiste dans tous les recoins de la société était l'un des thèmes les plus récurrents de la presse contrôlée par le gouvernement de Stroessner. D'autre part, la propagande anti-marxiste menée par les membres du Partido Colorado et les fonctionnaires était considérée comme l'un des moyens les plus sûrs de maintenir sa position au sein de l'appareil bureaucratique paraguayen. L'anticommunisme militant ne s'est pas arrêté à la sphère politique, mais a pu compter sur des liens forts avec la société civile et les associations, tissés et entretenus par Antonio Campos Alum, directeur de la Dirección Nacional de Asuntos Técnicos, celui qui, comme nous venons de le voir, a été le premier point de référence in loco des néofascistes italiens et qui s'est chargé de leur enregistrement et de leur demande d'asile politique. Le travail de Campus Alum dans la cause anticommuniste a fait de lui l'une des personnalités les plus influentes du régime, en contact permanent avec les organisations et les services de renseignement d'autres pays. _ _ _ Voir http://www.alterinfos.org/archives/DIAL-1960.pdf |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Ven 14 Mai 2021 - 14:45 | |
| Voir aussi http://www.alterinfos.org/archives/DIAL-1945.pdf (...) |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Ven 14 Mai 2021 - 15:08 | |
| http://www.alterinfos.org/archives/DIAL-1905.pdf |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Ven 14 Mai 2021 - 15:26 | |
| http://www.alterinfos.org/archives/DIAL-1244.pdf |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Ven 14 Mai 2021 - 15:29 | |
| http://www.alterinfos.org/archives/DIAL-580.pdf |
| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Ven 14 Mai 2021 - 15:37 | |
| https://www.researchgate.net/publication/338689915_Il_neofascismo_italiano_nel_Paraguay_di_Stroessner_L'asilo_l'Internazionale_Nera_economica_e_la_rimozione_del_passato_criminale
(suite de la traduction)
Compte tenu de cette perception profondément enracinée, il n'est pas surprenant que les autorités paraguayennes aient considéré comme fiables les informations insérées par les néofascistes dans leurs notes biographiques, les considérant comme étant, en fait, des victimes de la conspiration communiste internationale. Les noms des Italiens liés aux milieux de la droite radicale qui, selon les documents, semblent avoir passé une partie ou la totalité de leur fugitivité dans ce pays, outre ceux déjà mentionnés, sont ceux de Romano Coltellacci40, Alsandra Crocco, Saverio Sparapani, Roberto Besutti, Piercelso Mezzadri et Alberto Frigerio, auxquels s'ajoute une série de personnes simplement identifiées comme Italianos sans ajouter d'autres informations générales".
Il y a des raisons de croire que la migration s'est déroulée dans une sorte de "chaîne", dont le premier lien entre les anciens ordinovistes et la dictature paraguayenne était Elio Massagrande. Ce dernier, une fois "accrédité" auprès des autorités, commence à préparer le terrain pour l'arrivée de ses camarades.
Comme nous l'avons vu, les faits rapportés dans les documents joints à la demande d'asile ne correspondent pas toujours à la réalité. Le récit est auto-explicatif et l'image qui en ressort est celle de militants politiques persécutés uniquement et exclusivement en raison de leurs idées. Il est plausible de penser que derrière un tel récit se cachait une stratégie très précise. En l'absence d'une collaboration antérieure avec le régime, les militants avaient la charge de gagner la confiance des autorités locales afin d'ouvrir les portes du pays. Pour ce faire, ils se sont appuyés non seulement sur des recommandations institutionnelles, mais aussi sur une sorte d'"empathie anticommuniste", se décrivant comme des soldats de la lutte antimarxiste persécutée et utilisant la rhétorique du complot qui caractérise aussi bien la pensée du néofascisme italien que celle de la DSN. En outre, la sympathie du dictateur paraguayen pour les mouvements internationaux de la droite radicale n'était en rien un mystère.
En revanche, il est toujours considéré comme nécessaire de prendre en compte "l'état de nécessité" dans lequel se trouvaient les terroristes à cette période précise. En fait, l'année 1974 a vu la chute des régimes autoritaires du Portugal et de la Grèce. L'année suivante, c'est le tour du régime espagnol. Cet événement, qui mettait fin aux expériences dictatoriales en Europe méditerranéenne, signifiait, d'une part, la fin de tout soutien "logistique" sur le Vieux Continent qui pouvait donner refuge aux terroristes en fuite. D'autre part, elle a effacé de l'horizon toute possibilité d'un tournant autoritaire en Italie. Selon le juge Guido Salvini, en effet, ce n'est pas un hasard si l'action des groupes de la droite radicale s'est "raréfiée à partir du milieu des années 70 quand, [...] avec la chute des régimes de droite en Espagne, au Portugal et en Grèce, une réaction ouvertement autoritaire était devenue, pour l'Italie, anachronique et impraticable"". Des raisons considérées par les fugitifs comme plus que valables pour émousser leurs positions de troisième force, choisissant ce qui, à leurs yeux, apparaissait comme un moindre mal.
Repeupler le Chaco paraguayen
L'une des empreintes les plus profondes laissées par la présence néofasciste italienne au Paraguay se retrouve sans aucun doute dans la création d'une série de colonies dans la région du Chaco. Une lettre, envoyée aux autorités nationales en juillet 1979, demandait au gouvernement l'autorisation de créer une série de fincas dans la zone susmentionnée, qui était peu exploitée et presque inhabitée :
Nous sommes un groupe d'immigrants d'origine européenne et sud-africaine qui, pour des raisons politiques, sentimentales et économiques, ont choisi ce Paraguay hospitalier pour commencer une nouvelle vie. E...] tous, sans distinction, anti-communistes depuis toujours et pour toujours. I...] nous avons l'intention de fonder une colonie dans le Chaco paraguayen et de nous consacrer à des activités agricoles et d'élevage, éventuellement sous la forme d'une coopérative et chaque colon aura un droit de propriété sur sa ferme. À cette fin, nous avons besoin d'une quantité considérable de terres (au moins 100 000 ha) qui pourraient être acquises auprès du gouvernement du Paraguay par l'intermédiaire de l'I.B.R. (Instituto del Bienestar Rural, ndr) au prix le plus bas possible E...]. En effet, les immigrants auraient la grande opportunité de reconstruire leur vie et de progresser à partir de leur travail dans un pays de leur choix, hospitalier, pacifique et sagement dirigé par un président et un gouvernement anticommuniste. E...] Enfin, nous souhaitons mentionner que ces nouveaux colons, même s'ils sont des gens pacifiques, si le cas leur est offert et que le pays les appelle, n'hésiteront pas à défendre cette terre qui sera la patrie de leurs enfants et ce gouvernement qui leur a tendu une main amicale.
La lettre en question porte les signatures de Massagrande et d'un citoyen d'Afrique du Sud nommé Luis Mainardis. À première vue, si l'on considère les tons employés, l'utilisation redondante du mot "anticommuniste" et la conclusion dans laquelle se trouve la volonté de prendre les armes si le nouveau pays devait appeler, l'intention des postulants semble être de créer une sorte de refuge pour tous les exilés fuyant le communisme, où ils pourraient travailler la terre et se faire une nouvelle vie. La question de la colonisation du Chaco était cependant beaucoup plus complexe. Une fois le soutien du gouvernement obtenu et l'activité lancée grâce aux investissements initiaux, les entreprises du Chaco sont devenues, en peu de temps, un point de référence pour la partie des militants néo-fascistes qui, par le passé, étaient plus ou moins liés à ON.
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| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Ven 14 Mai 2021 - 16:23 | |
| (suite)
Une fois résolues les questions bureaucratiques liées à l'asile politique et démarrée l'activité de production, Massagrande a repris les contacts avec les anciens camarades, racontant la beauté, la prospérité et la stabilité politique de cette terre et communiquant la possibilité d'investir des capitaux dans les nouvelles entreprises qui naissaient.
Au cours d'une perquisition effectuée par la DIGOS de Vérone au domicile de Pietro Gunnella, ancien ordonnateur de la cellule de Vénétie, on a trouvé une série de lettres en provenance du Paraguay, dont l'expéditeur était Massagrande lui-même.
Les lettres étaient écrites sur du papier à en-tête portant les mots "Ma.Be. Srl", indiquant probablement les initiales de Massagrande et Besutti. Une missive, en particulier, datée du 4 septembre 1981, donne quelques informations sur le projet que le néo-fasciste et d'autres camarades réalisaient :
... de nombreux étrangers viennent au Paraguay pour investir, notamment dans l'agriculture et l'élevage. Il est certain qu'il existe également une volonté publique et privée pour l'installation d'usines. Ce pays, lorsque les turbines du barrage d'Itaipu (le plus grand du monde) seront en service, disposera d'une énergie à un prix très bas. Il m'est difficile d'expliquer en quelques lignes ce pays, que l'on peut comparer à la Suisse (du cône sud). La stabilité politique, le taux de change libre, le faible nombre d'habitants, sa position entre deux grandes puissances (Brésil et Argentine), font de ce pays un endroit idéal pour investir en toute sécurité. La loi favorise l'immigration et les capitaux étrangers (exonérations fiscales, etc., même si les taxes sont très faibles ou inexistantes). L'absence d'une classe ouvrière et l'homogénéité de la race (cholla) restent des facteurs positifs.
Ce premier extrait de la lettre fournit quelques données intéressantes. Si l'on exclut les allusions à l'absence de classe ouvrière et à l'homogénéité ethnique, l'élément politique est totalement absent de cette première partie. L'expéditeur de la lettre ne semble pas être un ancien membre d'une organisation terroriste caractérisée par une profonde dimension idéologique, mais plutôt un entrepreneur qui s'est installé au Paraguay à la recherche d'un marché nouveau et fertile.
Dans la conclusion de la lettre, Massagrande décrit le rôle d'intermédiaire qu'il jouerait auprès du gouvernement :
Je pense qu'il est important de mentionner que je collabore avec un groupe de personnes du gouvernement et des membres de la section locale de la Ligue mondiale anticommuniste (WACL, ndlr) pour la vente et le développement de terres dans le Chaco paraguayen (terres appartenant à l'État) à des étrangers, surtout des Français et des Allemands. Je suis censé m'occuper des Italiens. Je peux, si nécessaire, organiser un billet d'avion depuis Francfort ou Madrid (LAP) pour que quelqu'un puisse venir voir et parler. J'ai un projet pour que ce pays devienne une base économique et financière. Une sécurité pour ceux qui en ont besoin et mon assurance pour demain (si les choses empirent). En tout cas, je peux dire dès maintenant à tout le monde que je peux obtenir le billet avec une réduction de 25% et payable ici à l'arrivée ou en plusieurs fois. Je crois que nous devons mettre à profit le travail effectué ici et ma présence.
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| | | HERVE
Nombre de messages : 21558 Date d'inscription : 08/12/2009
| Sujet: Re: Massagrande, Elio Ven 14 Mai 2021 - 17:45 | |
| (suite)
Ce dernier passage met en évidence une autre série d'éléments qui traduisent l'ampleur du projet. Tout d'abord, il ressort du texte que le gouvernement paraguayen ne s'est pas limité à concéder les terres abandonnées du Chaco aux immigrants mentionnés ci-dessus, mais a vu la possibilité de créer un centre pour encourager les investissements de l'étranger, en utilisant les contacts que les néo-fascistes auxquels il avait donné asile avaient entretenus dans leur pays. La politique économique du régime plus fort, après tout, a toujours été encline à ouvrir ses frontières aux investissements étrangers, principalement en provenance des États-Unis et du Brésil. Mais les paroles de Massagrande, adressées à ses compatriotes, nous laissent penser que, par le biais de la mise en valeur des terres du Chaco, le gouvernement voulait utiliser les contacts des nouveaux colons dans leur pays d'origine pour tenter d'attirer également des investissements en provenance d'Europe.
L'ordinoviste véronais, donc, une fois qu'il avait obtenu la concession des terres, travaillait activement dans le projet de développement des terres de l'État et dans la gestion des investissements provenant de l'étranger en contact étroit avec les autorités locales. Preuve en est la possibilité pour Massagrande de fournir des billets d'avion à prix réduits, ainsi que des versements, de la compagnie nationale, publique et donc aux mains de l'État. Une installation qu'il serait difficile de proposer, sauf avec le placet du gouvernement.
Dans l'une de ses réponses, Gunella a suggéré l'arrivée d'un certain géomètre Zonin, une personne sympathisante des cercles néo-fascistes de Vérone, comme investisseur possible notamment dans le secteur du marbre. Selon un rapport des carabiniers, Zonin est arrivé à Asunción en janvier 1982, et Massagrande a été chargé d'organiser tout son séjour. Une autre confirmation de l'activité menée par l'ancien dirigeant ordinoviste provient d'un compte rendu de ses activités remis aux nouvelles autorités paraguayennes en 1990. Selon le document, cette année-là, Massagrande était administrateur de deux sociétés qui s'occupaient de trouver des capitaux étrangers pour investir dans les terres de l'État, se vantant au fil des ans d'avoir trouvé divers fonds en provenance d'Italie, de France et d'Espagne.
La nouvelle de l'existence d'une oasis anticommuniste en Amérique latine et de la possibilité de participer économiquement à son développement a dépassé les frontières de l'Italie. À partir de 1981, le mensuel allemand Nation und Europa a commencé à publier des publicités invitant les gens à investir de l'argent dans les nouvelles entreprises qui étaient créées au Paraguay. Si l'on considère le calibre du magazine en question, cet élément prend une importance non négligeable. Le magazine Nation und Europa était en effet l'un des principaux points de référence de la droite radicale européenne. Elle a été fondée en 1951 par l'ancien officier SS allemand Arthur Ehrhardt et l'écrivain Herbert Böhme, lui aussi étroitement lié au national-socialisme. Le magazine a rappelé son nom au concept d'une Europe comprise comme une seule nation, inspiré par les discours du néo-fasciste anglais Oswald Mosley. D'un point de vue politique, le magazine prône la création d'une Europe des peuples capable de représenter une troisième voie par rapport au capitalisme nord-américain et au communisme soviétique. Des idées qui caractérisaient, comme on l'a vu plus haut, également les mouvements de la droite radicale italienne, en particulier Ordine Nuovo. De nombreuses contributions au magazine provenaient d'idéologues des mouvements néofascistes nationaux européens, tels que Julius Evola, Oswald Mosley, Jean-Marie Le Pen.
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