- dcmetro a écrit:
- http://www.dhnet.be/actu/faits/tueries-du-brabant-et-si-bonkoffsky-n-etait-pas-le-geant-59f76138cd705114f0077c03
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Tueries du Brabant: Et si Bonkoffsky n’était pas le Géant ?
Si la piste doit être suivie jusqu’au bout, les enquêteurs ne sont pas au bout de leurs
peines.
Sur la fin de sa vie, Bonkoffsky pesait 48 kg. Celui qui serait le Géant n’était plus que l’ombre de celui qu’il
avait été. Rongé par le remords ? Ou rongé par l’alcool bu sans modération.
Depuis trois ans, Bonkoffsky ne quitte plus beaucoup son canapé. Entré au Groupe Diane en 1977, à 23 ans,
Christiaan Bonkoffsky n’en a pas été éjecté "peu avant" le début des tueries en 1982, mais bien plus tôt, déjà
en 1979. Motifs ? Écarts disciplinaires à répétition.
Affecté à Brussels Airport dans le service chargé de la sécurité d’El Al, Bonkoffsky se distingue par sa
propension à manipuler mal son arme de service. Tir accidentel dans une armoire, puis un autre presque dans
son pied.
Bonkoffsky, pur Flamand de Termonde, connaissant mal Bruxelles, est muté à la brigade de gendarmerie
d’Alost.
Ruinée par l’alcool, sa vie privée est un désastre. Son mariage dure trois mois puis la patronne de bar qui le
suit par dépit le plaque vite fait. Nicole craint trop sa violence. Franchement, comment la police d’Alost a-telle
pu fin 2015 rendre hommage à un flic comme lui ?
Bonkoffsky est cité dans l’enquête en 1999 et la vérification consiste alors à prélever ses empreintes et sa
salive en vue d’un test ADN. Et si cette vérification en 1999 était à l’origine d’un malentendu ? Nous y
reviendrons.
Son nom est cité en 1999 par le même ami d’enfance qui revient avec lui en 2016 en en parlant cette fois à
David Van de Steen dont la famille a été décimée au Delhaize d’Alost. De Van de Steen, le nom arrive au
commissaire Vos qui a été écarté de l’enquête en 2010 après avoir dirigé le volet flamand, et Eddy Vos le
communique par e-mail à Christian De Valkeneer.
En réalité, ce que Christiaan Bonkoffsky a dit exactement n’est pas connu. On n’a que la version du frère.
Selon Patrick, il a fait partie de la bande. Mais sont-ce les mots exacts ? Il n’a en tout cas pas dit qu’il était le
Géant. Ni avec qui. Ni à quelles tueries. C’est beaucoup moins circonstancié qu’un Jean-Marie Tinck.
Avec sa fracture du pied diagnostiquée en octobre 1985, on exclut déjà sa présence à Alost le 9 novembre
suivant. On répond ainsi à l’objection qu’étant gendarme depuis des années, les témoins l’auraient reconnu.
Le Géant d’Alost, qui était à visage découvert, a perdu son bob sur le parking du Delhaize.
Quant aux tueries de Braine-l’Alleud et Overijse le 27 septembre 1985, Bonkoffsky, en congé maladie,
pouvait être le Géant. Blessé à un pied, il claudiquait. Sa stature, les lunettes, les traits du visage peuvent
correspondre. Mais le fameux portrait-robot 19, outre qu’il a été réalisé après des années et sous hypnose, a
été collé à combien de dizaines de suspects, et combien de mythomanes qui ont prétendu avoir fait partie de
la bande ou connaître la vérité ?
Le voir à Braine et Overijse et pas à Alost, c’est aussi accepter l’idée de Géants interchangeables.
Les tueurs parlaient français - et si des mots flamands ont été prononcés (peu), c’est avec un fort accent de
francophone, pas d’un pur Flamand comme Bonkoffsky. Son ADN prélevé en 1999 vient d’être vérifié : et
c’est négatif.
Ensuite, il y a ce côté spectacle qui dérange avec son frère. Quand il nous confirme la piste en scoop le 27
octobre, Christian De Valkeneer supplie de ne pas mentionner le nom de Bonkoffsky. "Son frère nous a dit
que si le nom paraissait, il se suiciderait." Le lendemain, Patrick Bonkoffsky était sur toutes les chaînes.
L’air de rien, les tueries ont quand même rapporté 8 millions de francs de l’époque - 500.000 € actuels.
Personne n’a signalé un changement de train de vie notable chez Bonkoffsky.
Alcoolique profond , Bonkoffsky vidait tous les jours une bouteille de porto et une autre de vodka ou de
whisky. Or Bonkoffsky sait depuis qu’on lui a prélevé de la salive en 1999 que son nom se trouve dans le
dossier. Cet alcoolique, qu’a-t-il dit au juste ou voulu dire à son frère ? A-t-il voulu exprimer qu’il "était
impliqué" et Patrick a-t-il compris qu’il "avait appartenu" à la bande ? Y a-t-il eu ce malentendu ?
Ajoutons que son frère a été entendu trois fois, en février, en avril et en mai. Et que lors de la première, en
février, il n’aurait quasi rien dit. En avril et mai, il en rajoute, ce qui amène en juin Christian De Valkeneer à
finalement demander des renforts. Deux enquêteurs supplémentaires que Claude Fontaine, le directeur de la
police fédérale, lui accorde en septembre.
Pour son plus proche collègue au Groupe Diane, il est tout simplement invraisemblable que Bonkoffsky ait
été un des tueurs. Si l’ancien gendarme a croisé Beijer et Bouhouche, c’est tout au plus à la cantine. Quant à
l’idée d’un coup d’État ou de manipulations machiavéliques, faut-il les trouver chez Bonkoffsky ?
Gilbert Dupont