Le prince Victor Emmanuel de Savoie, fils du dernier roi d'Italie, a été acquitté par un tribunal de Rome dans une affaire de machines à sous et de jeux truqués pour laquelle il avait été arrêté il y a quatre ans, a indiqué l'agence Ansa.
Victor Emmanuel et cinq autres personnes, qui ont toutes été acquittées, étaient accusées par le Parquet d'avoir mis sur pied "une association de malfaiteurs impliquée dans le secteur des jeux de hasard illégaux" et dont l'objectif principal était de fournir des autorisations d'installation de machines à sous "à travers le recours systématique à la corruption et aux faux documents".
Victor Emmanuel, 73 ans, avait été mis en cause en 1978 en France après la mort d'un jeune Allemand grièvement blessé par arme à feu. Le prince avait été condamné 13 ans plus tard à six mois de prison avec sursis pour détention et port d'armes. Au début des années 1970, il avait fait l'objet d'une enquête en Italie pour trafic d'armes international mais cette procédure n'avait donné lieu à aucune suite judiciaire.
Les mauvaises fréquentations du prince Vittorio Emanuele
Par Le Figaro Publié le 19/06/2006 à 06:00, mis à jour le 15/10/2007 à 17:36
HÉRITIER de la Maison de Savoie et seul fils du dernier roi d'Italie Umberto II, le prince Vittorio Emanuele de Savoie a souvent défrayé la chronique, dans les pages mondaines comme dans les rubriques judiciaires. Souvent décrié par sa propre famille, il a depuis quelques années alimenté les articles de journaux. Tant par ses maladresses politiques – comme son refus de faire repentance pour les lois raciales imposées par Mussolini et avalisées par son grand-père, le roi Victor-Emmanuel III – que par ses liaisons dangereuses dans les affaires.
Né le 12 février 1937, le fils du futur roi Umberto II d'Italie et de la princesse Marie-José de Belgique n'a que neuf ans lorsqu'il est contraint à l'exil en 1946. Après un règne court, le temps du mois de mai, le jeune roi Umberto succédant à son père Victor-Emmanuel III soumet à référendum l'avenir de la monarchie italienne. Le résultat reste controversé, mais la famille royale prend le chemin de l'exil. Dans un premier temps, le roi Umberto et la reine Marie-José s'installent avec leurs enfants au Portugal. Puis la reine, pour des raisons de santé, trouve refuge près de Lausanne en Suisse avec son fils.
Cette éducation chaotique n'a guère structuré le prince, livré à lui-même. Très tôt, il se lance dans les affaires pour subvenir à ses besoins, devient un intermédiaire pour la signature de contrats avec l'Iran où le Shah le prend sous sa protection. C'est d'ailleurs à Téhéran qu'il épousera le 7 octobre 1971 une ancienne championne de ski nautique, Marina Doria, contre l'avis du roi Umberto.
Suspicion de trafic d'armes
Dès les années 1970, les fréquentations douteuses du prince Vittorio Emanuele lui attirent des ennuis. On le soupçonne déjà de trafic d'armes. En 1978, d'avoir tiré un coup de fusil blessant mortellement un jeune Allemand de dix-neuf ans, Dirk Hammer, sur un yacht voisin du sien en Corse, à Cavallo. Incarcéré pendant cinquante-cinq jours, il sera finalement blanchi de l'accusation de meurtre au terme d'une longue bataille juridique. Le 18 novembre 1991, il écope de six mois de prison avec sursis pour port illégal de carabine de guerre !
Le prince Vittorio Emanuele de Savoie, qui vit avec sa famille au bord du lac de Genève, tente alors d'obtenir le droit de rentrer en Italie. Sa réputation de play-boy, passionné d'armes et de bolides, ne plaide guère en sa faveur et la presse italienne ne lui est pas favorable. Il alimente régulièrement la chronique des faits divers et même de nombreux monarchistes italiens se détournent de lui au profit de son cousin, Amédée, duc d'Aoste.
Grâce à ses liens avec Silvio Berlusconi, favorable à l'abrogation de la loi d'exil inscrite dans la Constitution, Vittorio Emanuele obtient la levée de cet obstacle en juillet 2002 au Parlement de Rome. De retour d'exil en 2003, il réserve ses premières visites au président du Conseil et au pape Jean-Paul II. Mais le prince, qui a accumulé les maladresses, ne jouira jamais en Italie de la popularité de son fils Emanuele Filiberto.
Victor-Emmanuel de Savoie, cousin germain d’Albert II, est mort
Le fils du dernier roi d’Italie s’est éteint à 86 ans.
Publié le 3/02/2024 à 11:41
Le dernier roi d’Italie Victor-Emmanuel de Savoie, fils d’Humbert II, est décédé à Genève (Suisse), entouré de sa famille, a annoncé samedi la Maison royale de Savoie. Il aurait eu 87 ans le 12 février.
Le lieu et la date des funérailles devraient être annoncés prochainement. Les descendants masculins de la famille royale ont été exilés après la fin de la monarchie en Italie en 1946. Le parlement italien n’a levé l’interdiction d’entrée qu’en 2002.
Le fils du roi Humbert II, Victor-Emmanuel, et son fils Emmanuel-Philibert, qui ont passé la majeure partie de leur exil en Suisse, ont renoncé à leur droit au trône.
Il était le fils du dernier roi d’Italie Humbert II. Sa mère était Marie-José de Belgique, fille du roi Albert Ier de Belgique.
Victor Emmanuel de Savoie, fils du dernier roi d’Italie, est mort
Le chef de la maison des Savoie, famille qui régna sur l’Italie unifiée de 1861 à 1946, s’est éteint en Suisse à l’âge de 86 ans.
Publié le 03 février 2024 à 14h31, modifié le 03 février 2024 à 16h07
Le prince Victor Emmanuel de Savoie, fils du dernier roi d’Italie, est mort samedi 3 février à Genève, en Suisse, à l’âge de 86 ans après un long exil, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) son avocat, Sergio Orlandi, confirmant une information des médias italiens.
« Son altesse royale Victor Emmanuel, duc de Savoie et prince de Naples s’est éteint paisiblement à Genève entouré de sa famille », dit un bref communiqué de la maison royale des Savoie cité par les médias, précisant que le lieu et la date des obsèques seront annoncés ultérieurement. Interrogé par l’AFP, Me Orlandi a confirmé : « Oui, il est décédé ce matin », a-t-il écrit.
Victor Emmanuel de Savoie, né le 12 février 1937 à Naples, était le chef de la maison des Savoie qui régna sur l’Italie unifiée de 1861 à 1946 et le fils du dernier roi, Umberto II, qui n’a occupé le trône que de mai à juin 1946.
Exil forcé à l’âge de 9 ans
Il avait quitté l’Italie à l’âge de 9 ans, banni avec tous les descendants mâles de la maison royale par la Constitution de 1946 pour sanctionner la collaboration de son grand-père, Victor Emmanuel III, avec le régime fasciste et la signature des lois raciales.
Il n’a pu revenir dans la péninsule qu’en décembre 2002, après la levée de l’exil votée par le Parlement italien. Pour l’obtenir, il avait dû jurer fidélité à la République, un geste auquel il s’est longtemps refusé.
Depuis la levée du bannissement, le prince continuait à résider la plupart du temps en Suisse, où il s’était fixé depuis de longues années, et il n’a rien fait pour gagner le cœur de ses compatriotes. Au contraire, lui et son fils, Emmanuel Philibert, avaient réclamé en 2007 dans une lettre au président de la République 260 millions d’euros de dédommagements moral pour l’exil subi pendant cinquante-six ans, ainsi que la restitution des biens de la famille, confisqués par l’Etat. Les deux hommes ont cependant renoncé face au tollé soulevé en Italie.
Une vie marquée par les affaires
L’héritier a vécu une existence prospère mais entachée d’affaires qui ont fait couler beaucoup d’encre. La plus grave est au cœur de la série documentaire Dans l’ombre du trône, diffusée à partir de juillet 2023 sur Netflix.
Victor Emmanuel y proteste de son innocence dans la mort d’un jeune plaisancier allemand en Corse en 1978, tué d’un tir de carabine. Jugé et acquitté pour ces faits en 1991, il est simplement condamné à du sursis pour port d’arme prohibé.
Le prince, qui résidait pendant l’été sur l’île de Cavallo, dans le sud de la Corse, avait reconnu avoir tiré à deux reprises pour effrayer des touristes italiens et étrangers qui lui avaient emprunté un petit canot pneumatique. Un projectile avait mortellement atteint Dirk Hamer, 19 ans. Le prince avait d’abord admis un tir accidentel, avant de se rétracter.
En 2006, il s’était retrouvé impliqué dans une affaire de proxénétisme et de machines à sous qui l’avait conduit une semaine en prison et un mois aux arrêts domiciliaires.
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Sujet: Re: loge P2/terrorisme/Berlusconi/mafia/... Mer 10 Avr 2024 - 10:30
Extraits de " Dans l'ombre du trône : Victor-Emmanuel de Savoie ":
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Victor-Emmanuel de Savoie a travaillé en Iran. Il était exilé mais a beaucoup travaillé pour des industries italiennes, dont Agusta.
Corrado Agusta était un entrepreneur italien reconnu, fabricant d'hélicoptères et de systèmes d'armement.
Il a fait de Victor-Emmanuel son représentant de commerce. C'était la personne idéale pour faire fructifier ses affaires parce qu'il avait beaucoup de relations et avait ses entrées chez toutes les têtes couronnées d'Europe. Il avait un lien étroit avec le shah d'Iran, un des hommes les plus riches au monde et qui pouvait devenir un client de choix pour Agusta.
Victor-Emmanuel de Savoie : "J'ai rencontré le shah à l'exposition universelle de Bruxelles, avec ma grand-mère la reine Elisabeth de Belgique. J'ai dit à Agusta qu'on devait faire affaire."
Corrado Agusta l'a envoyé en Iran pour essayer de faire affaire avec le shah.
Le shah, qui avait beaucoup de sympathie pour Victor-Emmanuel, lui a acheté 40 hélicoptères. Cela a été le début de la fortune pour Victor-Emmanuel.
Il s'est marié à Téhéran dans une petite église tenue par des moines près du palais royal. Il y avait très peu d'invités. Le shah était témoin.
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https://www.youtube.com/watch?v=6pwEf8Lh3ss&t=90s
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La franc-maçonnerie était l'organisation qui permettait de faire le lien entre les activités légales et illégales. Appartenir à un cercle exclusif comme celui de la P2 et avoir un pied dans ce monde, cela veut dire avoir des contacts, des liens avec des personnages importants dans la magistrature, dans l'armée, dans les services secrets et dans le monde des affaires.
Victor-Emmanuel faisait partie de ce système de pouvoir.
Qu'est-ce que cela implique ? Eh bien, si on a un problème, on sait à qui s'adresser. En France par exemple, la maçonnerie est très puissante.
HERVE
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Sujet: Re: loge P2/terrorisme/Berlusconi/mafia/... Mer 10 Avr 2024 - 13:36
Victor-Emmanuel de Savoie avait le grade de "Maître", relativement élevé, dans la loge P2.
Victor-Emmanuel de Savoie, prince de tous les vices
publié le 21 juin 2006 à 21h30
Accusé de trafic de machines à sous, de corruption et même de proxénétisme, le prince Victor-Emmanuel, incarcéré depuis vendredi au pénitencier de Potenza, a été pour la première fois interrogé, hier, par les magistrats. Dans le cadre de l'affaire qui concerne treize autres personnes, dont le porte-parole de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Gianfranco Fini, la justice soupçonne le seul fils du dernier monarque italien, Humbert II, d'avoir utilisé ses relations «institutionnelles et maçonniques» pour mettre sur pied une véritable «société criminelle». Au coeur de l'enquête : l'autorisation d'installer des machines à sous truquées, notamment dans les salles du casino de Campione d'Italia, une enclave italienne en Suisse. Autrefois inscrit à la sulfureuse loge P2 et inquiété pour trafic d'armes international, Victor-Emmanuel, qui n'a été autorisé qu'en 2002 à rentrer en Italie, n'aurait pas lésiné sur ses amitiés pour contourner la loi, rappelant au passage à ses interlocuteurs qu'ils devaient, pour cela, lui verser des commissions à «un prix royal».
Pots-de-vin. Les premières écoutes téléphoniques publiées par la presse sont accablantes. Dans l'une d'elles, le secrétaire de Victor-Emmanuel lui rappelle que le général de la brigade financière chargé de faciliter les procédures est un habitué des pots-de-vin. «Il faudra naturellement lui faire gagner un petit quelque chose», insiste-t-il. «Oui, là-dessus il n'y a aucun problème», rassure l'héritier des Savoie qui, avec ses complices, se serait également chargé de fournir des «paquets complets» de prestations jeux et prostituées aux riches clients du casino de Campione d'Italia.
A l'aide de grosses enveloppes et de petites madames, Victor-Emmanuel aurait été «le constant point de référence de l'organisation». Un enregistrement vidéo effectué par la police italienne montre notamment le prince en train d'empocher, en mars 2005, un paquet de 10 000 euros en liquide, remis par le propriétaire sicilien des machines à sous, Giuseppe Migliardi. Celui-ci a confessé, lundi : «Je lui ai donné en tout 50 000 à 60 000 euros.» Le mystérieux entrepreneur Ugo Bonazza a servi d'intermédiaire. Quelques mois plus tôt, en novembre 2004, celui-ci avait été contacté par l'héritier des Savoie. «Je viens à Milan et je dispose de trois quarts d'heure. Je voudrais en profiter pour aller chez les putes», lui confie le prince. Qu'à cela ne tienne, Bonazza lui fournit l'adresse d'une certaine Alice et lui précise qu'il n'aura pas besoin de payer. Mais, en contrepartie, il lui demande de le mettre en relation avec un général de la brigade financière pour «une très, très grosse affaire».
«Les indices sont très graves et relatifs à des faits extrêmement alarmants», ont insisté les magistrats, tandis que Victor-Emmanuel assure qu'il n'était «au courant de rien». Son fils, Emmanuel-Philibert, également accusé d'avoir tenté de pirater un site Internet qui s'en prenait aux dérives de la famille royale, dénonce, quant à lui, une erreur judiciaire.
«Pas si terribles». Les écoutes publiées confirment l'image d'un Victor-Emmanuel désinvolte et vulgaire, comme lorsqu'il avait, il y a quelques années, publiquement affirmé que les lois raciales contresignées en 1938 par son grand-père Victor-Emmanuel III «n'étaient pas si terribles». Celui qui aurait pu devenir roi d'Italie parle des Sardes qui «ne savent qu'enculer des chèvres [...] et puent de la même manière». Quand son secrétaire évoque une soirée de bienfaisance en faveur d'une association pour mineurs en lançant : «Espérons qu'il y aura de belles petites filles pour qu'on les sodomise», le prince réplique : «Oh oui, tout de suite !» Une prostituée n'a pas tenu ses promesses ? «Il faut s'en occuper à coups de gifles», conseille le prince, déjà inculpé, en 1978, pour la mort d'un jeune touriste allemand sur lequel il avait tiré, en Corse. Le procès s'était terminé par un verdict qui avait scandalisé l'opinion publique : six mois avec sursis pour détention d'arme.
Débat. Déjà fortement compromise, la réputation de la famille de Savoie est désormais ternie par ce nouveau scandale. Un scandale qui a, toutefois, relancé en Italie le débat sur la publication par la presse des écoutes téléphoniques.
HERVE
Nombre de messages : 21413 Date d'inscription : 08/12/2009
Sujet: Re: loge P2/terrorisme/Berlusconi/mafia/... Jeu 11 Avr 2024 - 8:42
. Focus. L'homme de la semaine. Victor-Emmanuel de Savoie, un gaffeur impénitent - Le Temps
Focus. L'homme de la semaine. Victor-Emmanuel de Savoie, un gaffeur impénitent
Les partisans de la famille de Savoie respirent. Victor-Emmanuel n'a pas gaffé.
Publié le 09 février 2002 à 01:31. .
HERVE
Nombre de messages : 21413 Date d'inscription : 08/12/2009
Sujet: Re: loge P2/terrorisme/Berlusconi/mafia/... Sam 13 Avr 2024 - 13:10
https://www.lemonde.fr/article-offert/mjfiibaqfhuw-788748/la-chute-de-la-maison-de-savoie La chute de la maison de Savoie
Victor-Emmanuel, héritier de la couronne d'Italie, a passé une semaine en prison. Une pénible épreuve pour son fils Emmanuel ainsi que son épouse, l'actrice Clotilde Courau.
Publié le 27 juin 2006 à 15h45, modifié le 03 février 2024 à 14h30
Cet été, il ne prendra pas ses quartiers à Cavallo. On ne verra pas le prince Victor en masque et tuba rapporter ses pièces de monnaie et ses trophées marins dans sa propriété accrochée aux rocs de cette île de rêve, au large de la Corse. On ne le croisera pas à Bonifacio devant une daurade grillée ou une douzaine d'oursins. Après une semaine à la prison de Potenza, petite ville du sud de la péninsule, Victor-Emmanuel de Savoie, héritier du trône d'Italie, a été assigné à résidence à Rome, le 23 juin, par les magistrats qui l'avaient interpellé par surprise huit jours plus tôt. A Varenna, sur les bords du lac de Côme, où il s'apprêtait à inaugurer une nouvelle cloche d'église.
Selon les juges, Victor-Emmanuel de Savoie aurait obtenu des licences pour des machines truquées de vidéo-poker. Il aurait aussi aidé à rabattre sur le casino de Campione - petite enclave italienne en Suisse, à côté de Lugano - des clients fortunés en échange de quelques "filles". Sur une vidéo de la police, on aperçoit le prince recevoir une liasse de 10 000 euros du patron sicilien des machines à sous, Guiseppe Migliardi, en 2005. Du coup, les magistrats lui ont interdit de quitter le territoire italien. Un comble pour ce souverain exilé en Suisse, qui a réclamé pendant plus d'un demi-siècle la fin du bannissement de sa famille...
Victor avait 9 ans lorsque, en 1946, il a été obligé de quitter le palais royal de Naples : son père, Umberto II, ne régnait que depuis un mois. La République naissante voulait faire payer à la famille le soutien au régime fasciste du grand-père Victor-Emmanuel III, en 1922, et sa fuite de Rome, en 1943. La nouvelle Constitution stipule qu'à compter du 2 juin 1946 "les ex-rois de Savoie et leurs descendants mâles ne peuvent pénétrer (...) sur le territoire national". Le capital de légitimité acquis par les Savoie en réalisant l'unité italienne s'est trouvé ruiné d'un coup.
Victor-Emmanuel rejoint la Suisse avec sa mère et ses soeurs, et coule à Genève une jeunesse dorée. Il s'ennuie à l'Ecole des sciences politiques, danse à Saint-Tropez et, comme les rois modernes, fonce comme un fou sur terre et sur mer. Les accidents de voiture sont les nouvelles blessures d'un siècle qui ne manie plus l'épée : le voilà plusieurs fois à l'hôpital, victime de sa Ferrari. Avec son 1,89 m et son physique d'athlète, il collectionne les armes et les filles, on le surnomme "Savoia Spring".
Umberto II fait savoir à son fils que, dans le cas d'une union avec une roturière, il désignerait son cousin Amédée de Savoie comme prétendant. Par précaution, on expédie donc le play-boy en stage aux Etats-Unis. Le prince devient courtier puis, à Genève, secrétaire d'administration chez des constructeurs d'avion. Avant de s'en aller poursuivre ses affaires en Iran : constructions de ports, ventes d'hélicoptères... qui vaudront plus tard à ce membre de la sulfureuse loge P2 des accusations de trafic d'armes.
Entre-temps, le prince héritier est tombé fou amoureux de Marina Doria, une ancienne championne de ski nautique, rencontrée en 1957 lors d'un thé de charité suisse à Crans-Montana. Elle a beau appartenir à une riche famille industrielle, papa s'oppose au mariage. "C'est une préoccupation absurde, car la famille de Savoie ne retournera jamais au Quirinal", soupire lucidement Marina Doria. En 1971, le mariage est finalement célébré à Téhéran. sans la famille, mais avec le chah.
Un an plus tard, un joli baigneur blond, Emmanuel, vient à bout des bouderies de son grand-père : Umberto II fait accrocher un ruban de tulle blanc à la grille d'"Italia", sa villa portugaise. Dans la maison de 800 m2 qui borde le lac Léman et semble sortie d'une série américaine, Point de vue photographie désormais les progrès de la collection de coquillages du prince - près de 300 000 -, celle des vases dauriens attiques de son épouse, et les progrès d'Emmanuel.
Il faut dire que le petit dernier des Savoie "fait le métier". "Emmanuel est sans doute l'adolescent le plus charmant que j'ai rencontré. Il était beau, gentil, intelligent et très cultivé : Tadzio, à côté, c'était un souillon", se souvient Frédéric Mitterrand, spécialiste des têtes couronnées et amateur de Visconti. Œil ombrageux sous son brushing mi-long, Emmanuel grandit dans le Monopoly de la jet-set. Hiver dans le chalet de la très chic station de Gstaad, où les Savoie partagent le vin chaud avec Johnny Hallyday. Eté à Cavallo, terre française découverte à la fin des années 1960 par l'ami Jean Castel, avant d'être soigneusement rackettée par les nationalistes corses.
A Cavallo, le soir, la belle Marina, toujours parfaitement maquillée, prépare pour ses hôtes du showbiz (Daniel Auteuil, Johnny, Bécaud) des moules au champagne, "le plat préféré de Victor", avec force rosé et blagues grasses de fin de banquet. "Arrête, papa", "papa, tu dis n'importe quoi", tente en vain le rejeton de la famille.
Régulièrement, Victor-Emmanuel de Savoie réclame le droit de rentrer : "Je suis italien par le sang, la naissance, le coeur et dans mon âme." D'"Aniram" - anagramme de Marina, le nom de la villa -, le prince raconte, la larme à l'oeil, à la presse people, qu'il peut observer à la jumelle la Sardaigne, "où a commencé l'histoire de la Maison de Savoie". Qu'importe que la maison lui tourne le dos et regarde en fait la Corse.
Mais voilà qu'un soir de l'été 1978 Victor-Emmanuel s'aperçoit qu'on a "emprunté" le youyou amarré à son yacht. Furieux, il s'en va récupérer son bien avec une carabine. Le prince de Naples a le sang chaud et le juron facile. Il tire pour "effrayer" l'Italien : sur un autre bateau amarré, un touriste allemand de 19 ans chancelle. Malgré une amputation de la jambe, le jeune homme meurt quatre mois plus tard.
L'héritier séjourne quelques semaines derrière les barreaux de la vieille prison d'Ajaccio. Il faut treize ans de procédure pour que le prince comparaisse, fin 1991, devant la cour d'appel de Paris. L'avocat général invoque un simple "geste de voyou". Victor est condamné à six mois de prison avec sursis pour... infraction à la législation sur les armes. "Si j'avais fait la même chose, on m'aurait envoyé en prison pour quinze ans et on aurait eu raison", soupire le père de la victime. En Italie, on s'indigne de cette relaxe obtenue par Me Paul Lombard, avocat de Gaston Defferre, l'ami du président de la République française, et dont l'épouse, Edmonde Charles-Roux, a déposé comme témoin de moralité.
Heureusement, à Cavallo, les Savoie rencontrent aussi des gens bien. Comme Lamberto Dini, ex-ministre des affaires étrangères italien. Grâce à ses liens avec le nouveau président du conseil, Silvio Berlusconi, le prince obtient en juillet 2002 du Parlement le droit de rentrer en Italie. Sur les photos, Victor, Marina et Emmanuel brandissent victorieusement leurs passeports. L'accueil, pourtant, manque de chaleur : des supporters légitimistes des Bourbons de Naples, lancent des tomates et crient : "Dehors, traîtres !"
Victor n'en rate pas une. Il avait retardé son retour en expliquant à la télévision, en 1997, que les lois antijuives paraphées par son grand-père en 1938 n'étaient "pas si terribles" : la famille avait dû tristement fêter le millénaire de la Maison de Savoie à Saint-Jean-de Maurienne. En 2004, au mariage du prince Felipe, il arrange de deux directs la mâchoire de son cousin Amédée, duc d'Aoste. Les journaux se déchaînent. Emmanuel, un libéral de droite qui rêve de politique, comprend que le salut de la maison ne peut venir que de lui. A 30 ans, il oublie sa jeunesse de clubber, les marches de Cannes au bras de l'ex-compagne de Paul-Loup Sulitzer, l'appartement genevois partagé avec la nièce d'Ursula Andress, sa passion pour le bodypainting - la peinture sur des corps de jeunes filles.
Le jeune banquier écrit un livre sur sa grand-mère Marie-José, résistante et forte femme, pose pour sa marque de lunettes ou des affiches de chaussures de luxe. Déjà, pour se faire connaître, il avait assuré depuis son exil genevois les commentaires de l'émission "Ceux du football", sur la RAI.
Le clou de sa réconciliation avec l'Italie, c'est son mariage dans la basilique romaine de Sainte-Marie-des-Anges, en 2003, avec la Française Clotilde Courau, qu'Albert de Monaco lui a présentée lors d'un gala de la Croix-Rouge. Une actrice, révélée dans Le Petit Criminel de Jacques Doillon. Une marrante, pas oie blanche pour un sou. Clotilde a aimé Guillaume Depardieu, n'a pas peur de montrer le tatouage qu'elle porte en haut de la cuisse et n'a évidemment jamais ouvert Point de vue. "Il était l'exact opposé de ce qui me faisait rêver", raconte-t-elle alors.
Mais elle l'aime, et, dans Libération, en février 2004, cingle les insolents : "A chaque fois que je sortais avec un garçon, je ne lui demandais pas si son grand-père avait été pétainiste." Elle est enceinte pour les noces, mais Jean Paul II passe l'éponge : il n'a pas oublié que c'est Victor-Emmanuel qui lui a finalement remis, en 1981 à Berne, le précieux saint suaire de Turin.
"Les rois, aujourd'hui, ne croient plus à la royauté. Le coup de pot, c'est qu'ils épousent des filles qui y croient encore", sourit Frédéric Mitterrand. Las ! La mise aux arrêts de Victor risque de balayer les efforts de Clotilde, qui se dépense sans compter pour redorer le blason des Savoie. "Au fond, analyse Pierre Milza, auteur d'une Histoire de l'Italie (Fayard, 2005), les Italiens n'ont jamais oublié la fuite du roi, en 1943. Comme les Français n'ont pas pardonné à Louis XVI sa fuite à Varennes." Cet été, la princesse voulait accoucher de son deuxième enfant en Italie. Tout compte fait, ce sera peut-être à Paris.
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