Je me permets ici de rendre hommage au juge d'instruction Jean-Claude Lacroix qui va bientôt quitter l'enquête en emportant avec lui le goût amer de l'échec. Cet homme remarquable s'est beaucoup investi dans cette enquête et dans les contacts avec les parties civiles. Puisse son travail profiter à ceux qui auront la tâche de lui succéder...
http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=90&art_id=270333
Vers de nouvelles auditions pour les «tueries»
Roland Planchar
Mis en ligne le 22/02/2006
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On apprend le futur départ du patron de l'enquête, alors que le «profiling» progresse.
Jean-Claude Lacroix préside le tribunal de première instance de Charleroi mais dirige également l'enquête sur les «tueries du Brabant» (28 morts entre 1982 et 1985). Il a annoncé la semaine passée à ses collègues qu'il ne demandera pas le renouvellement de son mandat (vacance publiée le 16 février au Moniteur). L'intention est, pour celui qui aura alors 61 ans, de partir à la retraite le 1er avril 2007.
Nous lui avons demandé s'il s'agissait de raisons professionnelles - qui sait liées au dossier des tueries qu'il connaît depuis 1987 et dirige depuis 1996?
«Pas du tout. Le tribunal de Charleroi a reçu un rapport favorable du Conseil supérieur de la justice et Charleroi est choisi (avec Gand) comme site pilote pour la réforme du plan Thémis.» Bon bilan, donc. Et on va voir que, côté tueries aussi, le dynamisme est là. «Mon choix provient de circonstances personnelles difficiles, qui font réfléchir sur «comment profiter de la vie», explique celui dont l'épouse est décédée de façon singulièrement pénible, à l'été dernier.
Mais quel impact pour l'enquête «tueries»? «Je vous rappelle que le juge Jean-Pol Raynal instruit également ce dossier.» Transition assurée.
Et puis, le «profiling», réalisé avec des spécialistes canadiens et qui comporte l'analyse géomatique du dossier (annoncée l'an dernier; voir LLB 26/10), progresse-t-il? «Oui. Je peux vous annoncer que nous avons reçu cette analyse géomatique. Et que nous avons commencé à l'examiner la semaine passée.»
Analyse géomatique
Intéressant? «A première vue, assez fort. Mais il se trouve que nous réalisons aussi une synthèse d'autres travaux d'enquête», d'où ressort une liste d'éventuels suspects. «En comparant, on voit ceux qui ont une attache dans la «zone de confort», bien délimitée par la géomatique.»
Cette zone géographique est calculée par informatique. Et les auteurs sont précisément censés y avoir eu des attaches, sans nécessairement y avoir perpétré de crimes (afin de ne pas éveiller les soupçons). Bref, cela peut d'une certaine façon désigner les intéressés. Or, en l'occurrence et effectivement, aucune «tuerie» ni abandon d'indices n'ont été commis dans la zone qui vient d'apparaître. Alors qu'elle comporte des bois, ce qui correspond à un critère apparemment nécessaire.
M. Lacroix ne peut en dire davantage, secret oblige, mais il ne nous cache pas non plus qu'on va, à moyen terme, «reprogrammer toute une série d'auditions».
Avec des espoirs renouvelés à la clef...