Roger Beuckels

Lucien Dislaire me fait parvenir ce texte au sujet de Beuckels :

Il y a cette éternelle habitude, quand on parle du mercenariat et des
mercenaires du Congo de mélanger deux périodes très distinctes :
1-La période KATANGAISE (les Affreux) couvrant la période
sécessionniste du 11 juillet 1960 date de la proclamation de l’Indépendance
par Moïse Tshombé au 15 janvier 1963 :
2-La période 1964 – 1967 de début en janvier 1964 qui voit les premières
rebellions au Kwilu (Mulele) s’étendre ensuite sur 3 mois - du 10 juillet au
10 septembre – sur plus de la moitié du territoire du Congo. Et qui se
terminera à Bukavu le 5 novembre 1967 lorsque le colonel Schramme, ses
katangais et ses mercenaires se replient sur le Ruanda voisin.
Si l’amalgame et la confusion s’installent c’est parce que, dans l’histoire
trouble qui a suivi l’indépendance, il est toujours fait mention de la
présence des soldats katangais du commando Kansimba de Schramme qui
trouvent leur origine dans l’armée sécessionniste du Katanga (1960-63) et
participeront à partir de 1964 à chaque étape de la libération du territoire
jusqu’à leur rébellion contre Mobutu fin 1967.
Les « gendarmes katangais » font partie de l’ensemble du drame congolais
jusqu’en 1978 et la prise de Kolwezi par Nathaniel Mbumba et ses « tigres »
katangais.
Et Roger Beuckels n’a jamais mis les pieds au Katanga sécessionniste !
Il était trop jeune en 61(né en 42 donc 19 ans et il fallait être majeur pour un
contrat mercenaire) Après sa mise à l’écart de l’école militaire à Arlon il aurait
suivi un traitement psychologique (ou psychiatrique) ce qui ne lui laisse guère
de temps pour être repéré, et surtout sélectionné, et opérationnel en 61 au
Katanga.
Pour rappel le circuit de recrutement de mercenaires et de militaires
professionnels se fit à partir de l’automne 1960, essentiellement en Belgique par
le canal d’une mission qui porte le nom d’un colonel en retraite, M.
Marissal* lequel présidait un club de parachutistes mais agissait, en principe, à
titre privé pour le recrutement. Le Colonel Marissal bénéficiait toutefois d’une
complaisance caractérisée des services de la Sûreté et de la gendarmerie belge
qui ne firent de difficultés à aucun mercenaire en partance pour le Katanga, et
aussi de la complaisance d’un service important, relevant de la Défense
nationale qui donna son "checking" pour chaque cas de recrutement.
On voit mal un mineur d’âge, viré de l’école militaire et traité en établissement
psychiatrique être sélectionné pour rejoindre le Katanga.
Pour ce qui est de ce prétendu groupe bleu mercenaire en poste à Kipushi, ici
nous entrons dans le fictionnel et le romanesque : et Beukels eût-il été à Kipushi
il n’aurait pas participé comme annoncé aux « combats de Kupushi » pour la
simple raison qu’il n’y a eu là aucun combat. Et que les Irlandais de l’Onu se
sont payé une balade tranquille jusque Kipushi sans un coup de feu.
Je n’ai jamais vu à Kipushi que des mercenaires en rupture de ban en train de
picoler et se construire des histoires matamoresque au mess UMHK (chez Jef) et
flamber leurs derniers francs katangais avec les Ba- n’bumbas avant de s’enfuir
piteusement du théâtre katangais, la frontière Rhodésienne étant à 200 mètres.)
Beukels n’apparait pas sur la liste des mercenaires recherchés par l’Onu après
Rumpuch 28/08/61
Il a indéniablement participé aux opérations mercenaires en 1965. Les preuves
sont là.