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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 1:33
Il est intéressant de noter qu'il existe un lien entre certains mercenaires et le Black.Bloc 'anarchiste':
Dernière édition par Et In Arcadia Ego le Jeu 30 Avr 2015 - 20:20, édité 4 fois
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 8:59
L'affaire dont on parle dans "Libération" ci-dessous (1988) pourrait impliquer la "mafia lyonnaise" de Bangkok avec laquelle Guillaume Vogeleer avait des liens...
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 9:13
Pour information sur Suzanne Labin, omniprésente dans la revue Damoclès ...
Lobster n°12, p.39-40
Post-war Disposal Problems: De Gaulle and Watergate
(...)
In the 1960s CIA clashes with SAC and SDECE had been frequent - specifically in Katanga and Haiti - and the 1970-73 U.S.-French anti-narcotics campaign coincides almost exactly with the dates (December 1970 - July 1973) of the clearly illegal collaboration of the CIA with the BNDD in the U.S.. (137) In this same period Charles Pasqua, founder of SAC, recruiter of SAC gangsters like Christian David, and the former overseer in private business of the narcotics trafficker Jean Venturi, emerged as President of the French Parliamentary Commission on Narcotics Problems (138). There he was joined by a veteran cold war warrior and participant in WACL-group meetings, Mme. Suzanne Labin. (...)
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 9:24
Il y a dix ans, les questions que soulevèrent l'affaire François étaient différentes. La bible du parquet était déjà de ne jamais laisser arriver de drogue jusqu'au consommateur, qu'il s'agisse de livraisons contrôlées (à laisser passer pour remonter la filière), ou de passages-test (laisser passer un petit envoi pour mettre le trafiquant en confiance). L'affaire François révéla l'incapacité des autorités de la gendarmerie et du parquet à appliquer cette bible et à contrôler les opérations. Les membres du Bureau national des drogues (BND) et de l'administration de l'information criminelle (BIC), deux services aujourd'hui dissous, furent dépassés et manipulés par les trafiquants. Certains d'entre eux étaient eux-mêmes devenus trafiquants.
Tout commença par un achat de cocaïne avec de l'argent de la gendarmerie. L'enquête échoua lamentablement et, pour rembourser la gendarmerie, le BND laissa ensuite passer à l'aéroport de Bruxelles-National des valises de drogue. Il ne s'agissait donc plus d'envois contrôlés ni de passages-test, mais de centaines de kilos de -haschisch qui échouèrent sur le marché noir.
Au cours de l'été 1981, alors que s'amplifiait l'instruction judiciaire sur «l'affaire François» (du nom du commandant du Bureau national des drogues), la gendarmerie constata le vol de divers objets dont une radio multicanaux Get équipant une voiture du groupe antiterrorisme Diane. L'incident passa quasiment inaperçu. Au début du mois d'octobre suivant, une Peugeot 404 de la BSR de Bruxelles fut endommagée par la demi-explosion d'un engin déposé dans le coffre. Le juge d'instruction M. Bellemans et ses enquêteurs retrouvèrent celui qui avait fabriqué la radiocommande du détonateur: un jeune Américain, Jean-François Buslik, intime de l'ancien gendarme Madani Bouhouche. Buslik, arrêté, donna l'identié (fausse) du client pour lequel il disait avoir bricolé un système d'ouverture de porte.
Un mois plus tard on découvrait, à la suite de l'attentat dont furent victimes chez eux, à Hekelgem, le major Vernaillen et son épouse, deux indices reliant ces affaires. Dans la voiture qui servit à l'attentat (une Mazda appartenant au «journaliste» arabo-syrien Faez al Ajjaz, un nom qu'on retrouvera en 1983 dans le dossier du WNP), les enquêteurs découvrirent un rouleau d'autocollant entamé qui avait servi à fixer la bombe dans le coffre de la Peugeot de la BSR. En outre, une cavité pratiquée dans le tableau de bord correspondait au gabarit du poste de radio Get volé l'été précédent.
Enfin, au cours de la nuit du nouvel an 1981-1982, des initiés subtilisèrent dans les locaux du groupe Diane des armes sophistiquées, ainsi que du matériel (torches, gyrophares etc).
En 1981, ces vols et attentats s'inscrivaient logiquement en marge des enquêtes sur les trafics de stupéfiants mis à charge du BND et de l'administration de l'information criminelle (BIC).
Il fallut attendre 1986, avec l'assassinat de l'ingénieur Mendez puis les arrestations des anciens gendarmes Bouhouche (1986), Beijer (1987) et Amaury (1988), pour voir resurgir certaines armes volées au groupe Diane: une mitraillette allemande HK chez Mendez, des traces de riot-guns chez Bouhouche, et d'autres armes déterrées en janvier 1988 sous le viaduc de Vilvorde, ou découvertes dans le coffre d'une Renault 25 planquée à Woluwe-Saint-Etienne dans un des garages du «réseau» découvert grâce à l'ordinateur de Beijer.
Ces dossiers avaient longtemps dormi à l'instruction, à l'exception du dossier de l'attaque contre le major Vernaillen, rapidement clôturé par un non-lieu à la demande de l'officier qui, sans cela, n'aurait pas pu être indemnisé.
(...)
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 11:47
Au début de sa carrière de gendarme (1974), Robert Beijer a été détaché au Bureau National des Drogues.
Difficile de savoir s'il avait déjà entendu parler de Guillaume Vogeleer et du bar Madrid de Bangkok à cette époque...
En tout cas, Robert Beijer est avec Eric Van De Weghe en Thaïlande.
Si je suis bien renseigné, Robert Beijer a toujours été lié avec la famille Van De Weghe ... d'abord avec le père qui l'a aidé quand il était en prison à Bangkok (flagrant délit avec un faux passeport).
Van De Weghe fréquentait le bar Madrid à Bangkok.
On entend souvent parler de Van De Weghe dans les dossiers.
Ce réquisitoire renvoie Rozenberg en correctionnelle, avec Sergeï Mikhaïlov. Au total, cinq membres de cette organisation criminelle se verront convoqués devant la justice belge, ainsi que deux autres Belges : Eric Van De Weghe, un intermédiaire, et Christian Amaury, un ancien gendarme. Ils devront répondre de corruption, blanchiment, faux et usages de faux, recel et association de malfaiteurs.·
(...)
_ _ _
Cela montre à mon avis l'intérêt d'en savoir plus sur l'aspect "trafic de drogue", en commençant dès le début (BND, Farcy, etc) ainsi que sur les attentats contre Goffinon et Vernaillen ...
L'occasion de relire aussi ce qui touche les "faux du KGB".
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 11:57
Quant au vol des armes du groupe Diane ...
(...) Il fallut attendre 1986, avec l'assassinat de l'ingénieur Mendez puis les arrestations des anciens gendarmes Bouhouche (1986), Beijer (1987) et Amaury (1988), pour voir resurgir certaines armes volées au groupe Diane: une mitraillette allemande HK chez Mendez, des traces de riot-guns chez Bouhouche, et d'autres armes déterrées en janvier 1988 sous le viaduc de Vilvorde, ou découvertes dans le coffre d'une Renault 25 planquée à Woluwe-Saint-Etienne dans un des garages du «réseau» découvert grâce à l'ordinateur de Beijer. (...)
L'enquête sur ce vol a été menée par Gérard Lhost (liens avec l'extrême-droite) qui a également exercé des pressions sur François Raes (qui a dénoncé les pratiques du Bureau National des Drogues) et qui sera engagé par le service de la sûreté des institutions européennes à Bruxelles, où il a retrouvé des personnes citées sur le schéma de Latinus (dont Eveillard, sans doute impliqué dans une fraude avec un directeur de Securitas...)
Cela justifie l'intérêt que les enquêteurs portent à la manipulation de Ronquières, dans laquelle Gérard Lhost a sans doute joué un rôle ...
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 12:24
Quant à Van de Weghe, il faut relire ce qui suit :
(...) Bref, rejoignant en cela les Russes, M. Delilez prétend que c'est son informateur, Eric Van de Weghe, qui est malhonnête et l'accuse injustement. L'affaire est complexe: ces Russes, d'anciens amis de M. Van de Weghe, ont indiqué au mois de mai dernier, via deux médias belges, nourrir des griefs personnels contre M. Van de Weghe.
Premier enjeu: si M. Delilez est honnête, son retrait (il a été suspendu) ouvre la porte aux mafias de l'Est; au contraire, s'il ne l'est pas, son retour bénéficierait plus encore aux mêmes. Un autre enjeu est que les Russes sont opposés, dans l'affaire Tractebel et ses annexes au Kazakhstan, à un trio de Kazakhs dont M. Van de Weghe est le lobbyman. Or on ne compte, en cette affaire-là, qu'en dizaines de millions de dollars (...)
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 13:40
Du côté belge, il faudrait se concentrer sur Van de Weghe et sur Chodiev ... ainsi que sur Armand de Decker dont il n'est pas idiot de penser qu'il a joué un rôle dans les Tueries du Brabant (sans doute via l'IEPS, avec Yves du Monceau de Bergendal et le général Close).
Du côté français, il faudrait se concentrer sur l'entourage de Charles Pasqua (J-F Etienne des Rosaies, Claude Guéant, Nicolas Sarkozy ...) et le SAC qu'il a contribué à créer.
Le volet "trafic de drogue" de cette "nébuleuse" ne peut être sous-estimé.
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 14:53
En ce qui concerne le trafic de drogue, il faut lire "La machine de guerre américaine" de Peter Dale Scott.
Page 193 :
La prise la plus spectaculaire fut celle d'avril 1971 à l'aéroport d'Orly à Paris, où furent saisis 60 kilos d'opium laotien de haute qualité. L'opium fut trouvé dans les bagages du prince laotien Sopsaisana, qui fut pendant longtemps le délégué de l'Asian People's Anti-Communist League / World Anti-Communist League et ambassadeur du Laos en France.
(...) En juin 1971, (le New York Times) publia un article sur les raffineries d'héroïne dans le Triangle d'Or, se basant sur des rapports classifiés lui ayant été remis par la CIA lorsque Helms était encore directeur. (...)
Il avait travaillé pour l'armée chilienne auparavant et connaissait des officiers ; il a eu l'autorisation de faire des photos.
Revenu en Europe, il a entendu parler de résistants en Birmanie, au quartier-général des Karens. Il aurait rencontré général Bo Nya, ancien président et chef de l'armée de libération karen (décédé en 2007) et leur a proposé une formation de commando pour leurs troupes. Il est devenu "Freedom Fighter". Après la Birmanie, il est passé au Laos.
UncleHo
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 16:18
HERVE a écrit:
Difficile de savoir à quel moment Guillaume Vogeleer est arrivé en Asie.
Après l'Afrique, il a été au Chili et était présent lors du coup d'Etat qui a renversé Allende (voir ce qu'il dit dans le reportage)
Il avait travaillé pour l'armée chilienne auparavant et connaissait des officiers ; il a eu l'autorisation de faire des photos.
Tout à fait, c'est exactement ce que je m'apprêtais à dire.D'après une interview réalisée dans les années 90, Jimmy était à Santiago au moment du coup d'état de Pinochet contre Allende (11 Septembre 1973). Il se vantait d'ailleurs d'être un des seuls étrangers à pouvoir circuler autour du palais présidentiel pour prendre des photos pendant le siège mené par les putschistes. "[j'étais] le seul Européen ce jour là qui avait l'autorisation de sortir pour prendre des photos, parce que j'avais travaillé un petit peu avec l'armée chilienne avant. Tu vois, à l'origine, je connaissais des officiers, ils m'avaient donné l'autorisation de sortir et faire des photos (...)"
Dans l'interview il dit être rentré en Europe juste après le coup d'Etat. Il ne donne pas la date exacte à laquelle il s'installe en Asie; mais même si il était déjà à Bangkok en 1974, son arrivée aurait été très récente. Si Beijer avait entendu parler de Jimmy à l'époque, cela s'expliquerait plutôt par ses activités en Belgique, plutôt qu'en Thaïlande.
Dernière édition par UncleHo le Jeu 27 Juin 2013 - 16:39, édité 1 fois
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 16:28
Dans le reportage, on le voit avec des membres de l' ELOL ...
The Ethnic Liberation Organization of Laos (ELOL), considered the largest opposition group, is comprised of remnants of a Hmong insurgency called the Chao Fa (Lords of the Sky) who came together in 1975 under Hmong leader Zhong Zhua Her (aka Pa Kao Her), previously a senior Hmong resistance fighter against PL and Vietnamese forces.
UncleHo
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 16:34
HERVE a écrit:
Difficile de savoir à quel moment Guillaume Vogeleer est arrivé en Asie. (...) Revenu en Europe, il a entendu parler de résistants en Birmanie, au quartier-général des Karens. Il aurait rencontré général Bo Nya, ancien président et chef de l'armée de libération karen (décédé en 2007) et leur a proposé une formation de commando pour leurs troupes. Il est devenu "Freedom Fighter". Après la Birmanie, il est passé au Laos.
En fait ce que Jimmy raconte aux journalistes me semble volontairement vague et imprécis. Je crois que les premiers contacts entre les mercenaires occidentaux et la guerrilla Karen datent du milieu des années 80; si on prend Jimmy au sérieux, il aurait donc attendu presque une dizaine d'années avant d'aller en Asie . Je pense que Jimmy vivait déjà en Thaïlande depuis plusieurs années quand il s'est intéressé à la Birmanie. Il est probable qu'il vivait déjà au moins "à temps partiel" en Thaïlande dans la deuxième moitié des années 70 (affaire de drogue mentionnée par Raes). Sa "chronologie" est volontairement floue pour éviter que les journalistes ne s'intéressent à ses activités les moins "glorieuses"...
Et juste une précision: il ne restait pas en permanence dans les maquis des pays mentionnés (Laos, Birmanie). Il faisait des séjours brefs, ou des incursions, mais il passait le plus clair de son temps en Thaïlande, soit dans des villes comme Bangkok, soit sur la "frontière" (frontière avec la Birmanie et les pays indochinois, parsemée de camps de réfugiés utilisés comme bases par les groupes armés). Il se présentait comme un homme d'action, mais il passait beaucoup de temps dans les bars. Il était plus souvent "à l'arrière" que sur le champ de bataille.
UncleHo
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 16:37
Pour mes hypothèses sur les possibles fournisseurs de Jimmy en matière de drogue (Thaïlande, Laos, Birmanie) et sur les liens guerrilla-drogue, voir les messages du 7 Juin.
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 17:07
L'affaire de drogue mentionnée par François Raes date probablement de 1979 car c'est cette année-là que Vienne s'est fait arrêter. Guillaume Vogeleer et le bar Madrid étaient donc connus du BND à ce moment... Difficile de savoir ce qu'il a fait de 1973 à 1979 ... mais il était déjà bien installé à Bangkok en 1979.
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 17:50
Beijer entre à la gendarmerie en 1974 et est parfois détaché au BND. Les attentats contre Vernaillen et Goffinon (voir Beijer, Bouhouche, Buslik) datent de 1981. Ils sont sans doute justifiés par le désir de ralentir l'enquête sur le BND et sur les gendarmes impliqués dans des trafics de drogue ... Le procès du BND date de 1982. Peut-on faire l'hypothèse que Robert Beijer a été impliqué dans des trafics de ce genre, peut-être avec Guillaume Vogeleer ?
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 17:55
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Jeu 27 Juin 2013 - 19:12
Un article et un blog très intéressants: Historiquement Logique!
Citation :
Le mystérieux mafieux Jack Ruby, dont le nom deviendrait mondialement connu quatre ans plus tard[5], se rendit à Cuba pour négocier la libération de certains mafieux, dont Lucien Rivard lui-même. Il semble que cette tentative ait été un échec, mais c’est Raymond Daoust qui parvint à faire libérer son dangereux client grâce à ses contacts au sein du gouvernement fédéral canadien. En fait, selon Jean-Pierre Charbonneau [6], Daoust s’est personnellement rendu jusqu’à Cuba. Charbonneau écrit d’ailleurs à ce propos : « quels arguments fit-il valoir? On l’ignore. Mais, le 19 juin 1959, le décret ministériel numéro 1514 ordonnait l’expulsion de Lucien Rivard pour complicité dans le trafic de cocaïne. Cinq jours plus tard, le trafiquant était de retour à Montréal». (...) Il est très hasardeux de seulement penser à la question, mais je la tenterai tout de même : Raymond Daoust aurait-il croisé ou même côtoyé Jack Ruby?
Quand on sait que parmi ces mafieux détenus à La Havane se trouvait également Santo Trafficante Jr, le parrain de la mafia de Tampa, en Floride, et que Daoust fut plus tard considéré comme un conseiller très influent de la Cosa Nostra, la question devient presque légitime. (...) En mars 1970, le journaliste de La Presse Michel Auger écrivait que Me Raymond Daoust avait été aperçu à Acapulco avec des dirigeants de la Mafia. La nouvelle eut l’effet d’une bombe et le jour même Daoust utilisa son pouvoir d’orateur pour se défendre à la télévision. Il menaça de poursuivre le quotidien montréalais, qui, malheureusement, se rétractera. Plus tard, des photos prouvèrent cependant que Daoust se trouvait bien à Acapulco en 1970 avec des hommes dangereux tels que Frank Cotroni et Claude Faber. (...) À cette époque, Daoust comptait déjà le criminel français Jacques Mesrine parmi ses nouveaux clients. Ce dernier était accusé d’avoir assassiné l’hôtelière Evelyne Le Bouthillier à Percé à la fin de juin 1969. L’association de Daoust et de Mesrine allait laisser une profonde trace dans l’histoire criminelle de deux continents. Le procès de Jacques Mesrine et de Jeanne Schneider débuta à Montmagny en janvier 1971. (...) La même année, Daoust prit également la défense de Joe Di Maulo, un mafieux accusé d’un triple meurtre commis à son cabaret de nuit de Montréal nommé Casa Loma. Di Maulo fut d’abord condamné puis acquitté par la Cour d’appel. Peu après, en novembre 1973, Di Maulo participait à New York à l’élection de Phil Rastelli à la tête du clan Bonanno. Il est aussi le beau-frère et le consigliere de Raynald Desjardins, arrêté en 2011 pour meurtre et dont le procès se fait toujours attendre. (...) Après que Jacques Mesrine et Jean-Paul Mercier se soient évadés du pénitencier St-Vincent-de-Paul en août 1972 et qu’ils assassinèrent deux gardes-chasse le mois suivant à St-Louis-de-Blandford, les deux évadés rendirent visite à leur avocat favori, Me Raymond Daoust, à sa résidence de l’île Bizarre. Peu après, les deux tueurs passaient la frontière pour se réfugier au Venezuela. Soulignons seulement que le passage clandestin de la frontière a toujours été une spécialité de la Mafia. (...) En 1978, le nom de son client Lucien Rivard refit surface devant le HSCA, un comité du Congrès chargé d’enquêter sur les circonstances de l’assassinat du président Kennedy. Par chance, le nom de Daoust resta dans l’ombre. En 1979, c’est Daoust qui se chargea de la publication du second livre de Mesrine intitulé Coupable d’être innocent, alors que celui-ci était toujours en cavale depuis un an. La même année, cependant, Mesrine fut abattu par les policiers parisiens, porte de Clignancourt.
Note:
A propos de l'île Bizarre, il s'agit en fait de l'Ile Bizard à Montréal. On se souvient aussi que Besse a été l'équipier de Mesrine.
Dans son livre, Besse évoque (p.75?) les contacts de ce dernier avec un "représentant-conseiller de la Mafia italienne à Montréal". Il est plus que probable qu'il soit passé par l'entremise de Daoust (s'il ne s'agissait pas de Daoust lui-même).
Besse indique aussi avoir été mis en contact avec des membres de la C.I.A., via des 'amis de Jacques, de Montréal'(p.114?).
Besse écrit encore qu'au lendemain de la mort de Mesrine "Des amis communs et tout spécialement son ami intime canadien me rencontrèrent à Palerme pour tenter de répondre à ces questions et essayer de trouver qui était directement responsable de sa mort."
En Belgique, Besse rencontra en prison un certain Hassan Hejli, lui-même en 'relation d'affaires' avec le milieu Farcy/Castris dont faisait partie un certain J.Vienne, qui fréquenta lui aussi le 'Madrid Bar' à l'une ou l'autre occasion...
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HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Ven 28 Juin 2013 - 8:50
Il est question plus haut de Trafficante.
Il en est aussi question (ainsi que de Nixon et de Haig) dans :
This chapter contains my personal interpretation of the great heroincoup. Errors are possible on any or all points, inasmuch as the clandestine operations treated in this book transpire in a closed world infested with lies and cover-ups. There will always be loose ends. The coup itself, which transferred control over the heroin gold mine from one part of the world to another, I regard as a fact of life. Similarly do I regard the involvement of elements of the White House staff. Just how high up it went the reader can decide for him or her self. Of the many heretofore mentioned details in the coup's planning andexecution, I find the following essential: 1) Prior to the coup, Lansky syndicate narcotics boss Santo Trafficante, Jr.had made the necessary arrangements in Southeast Asia and Mexico, and had started a war with the Corsican Mafia. 2) Trafficante's old partner, the CIA, had long since assumed control over Southeast Asia opium smuggling, following Ed Lansdale and Lucien Conein's defeat of the local branch of the Corsican underworld. 3) In 1971, when the coup's execution was seriously under way, Cuban exiles,a group with which Trafficante enjoyed a unique rapport, appeared in the White House's mysterious narcotics operation. They were tied especially to Conein and E. Howard Hunt. 4) Through a succession of bureaucratic reorganizations the White House assumed control over narcotics intelligence and enforcement. 5) U.S. narcotics officials waged an all-out war against the Corsicans'Turkey/ Marseilles/ U.S.A. network, while warnings of a serious heroin threat from Southeast Asia were all but dismissed. 6) When the Corsican Mafia was neutralized the narcotics enforcement apparatus was suddenly reorganized as the DEA, and shortly thereafter heroin began flowing into the United States from Southeast Asia and Mexico. 7) The CIA-infiltrated DEA grabbed control of Latin America's political repression apparatus, was accused of protecting major narcotics dealers, and was exposed as an accomplice to gun-running financed with the profits from the narcotics traffic. The White House protected Robert Vesco, who appears to be a central figure in the scheme of heroin smuggling and gun-running.
(...)
Nixon would have been ruining the Cuban Mafia, and to an extent the Syndicate as well—and thereby his friends in Florida. He would have been digging his own grave. Thus Nixon tackled the drug problem as he did every political problem—he followed the path of least resistance. And that meant ignoring his criminal allies in Florida and Southeast Asia while he hounded the Corsicans — who had no constituency — to death. That Nixon might have been involved in the heroin coup for his own personal gain is lent credence by the following quote from Dan Moldea's respected book, The Hoffa Wars (Charter Books, 1978): "A former Nixon aide, not privy to the Haig investigation, says that one of his associates in the White House mentioned to him sometime 'during the impeachment summer,' that someone highup, maybe [White House chief of staff, General Alexander] Haig,' was interested in Nixon's possible 'organized crime involvements.' That conversation involved 'a massive payoff 'from those in 'Army service club scandals in Vietnam' during 1969 or 1970. The aide says that the service club ripoffs 'involved the Mafia and millions of dollars' and that the mainfocusof the interest by 'someone high up' in the White House was on whether 'the top Mafia guy' who ran 'all these things in Southeast Asia' had made payoffs to Nixon. The crime figure, he says, was 'the one who was apparently known as the so-called mastermind or architect of the Southeast Asian drug trade...who was very powerful and very well known as a mob leader.... According to government narcotics experts, the central figure in the Indochina-Golden Triangle narcotics traffic was Santos Trafficante. "In my opinion the central manipulator in the whole narcotics scheme was the CIA, or rather a faction within it. It is erroneous to treat the agency as amonolith. Various lobby groups have their own agents in the company, generating internal power struggles that reflect political polarizations external to the CIA. There are, doubtless, CIA factions whole heartedly in favor of ending America's policeman and oppressor roles, and in favor of social democratic rather than right wing regimes.
(...)
_ _ _
Au sujet du général Haig (que l'on retrouve souvent, y compris dans l'IEPS) :
Comme porte parole d'Henry Kissinger, il aide le président sud-vietnamien Nguyễn Văn Thiệu à négocier un accord de cessez-le feu en 1972.
De 1973 à 1974, Haig est le chef d'état-major de la Maison-Blanche sous le mandat de Richard Nixon. Il est très rapidement nommé vice-chef d'État-major de l'armée en doublant plus de 240 généraux plus anciens. Puis, il est obligé de revenir à la Maison Blanche pour gérer les effets du scandale du Watergate, après la démission de Bob Haldeman, le bras droit de Nixon. Nixon sombrant la dépression et la paranoïa, Haig est celui qui exerce de fait le pouvoir. Il gère sans accident le départ de Nixon, qu'il a décidé à démissionner, probablement en échange de la promesse d'amnistie de son successeur.
De 1974 à 1979, Haig est nommé SACEUR (Supreme Allied Commander in Europe), le commandant suprême des forces alliées en Europe, à la tête du commandement intégré européen de l'OTAN.
HERVE
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Sujet: Re: Guillaume Vogeleer (Jimmy le Belge) Ven 28 Juin 2013 - 9:11