En fait, on retrouve le PV en entier sur
https://tueriesdubrabant.1fr1.net/t1264-l-affaire-wnpPV 102069 du 27/02/1990
Verbalisants: Vandijck et Verlinden Eddy de BSR Nivelles
Objet: audition de SCHOLLAERT Nicoles Marie-Hélène .....
"Je désire m'exprimer en langue française et fais choix de cette langue en justice. Je vous ai accompagné durant la perquisition qui a été effectuée ce jour en mon domicile entre 09.35 heures et 11.00 hrs. Vous étiez accompagnés de monsieur Francis Dorpe du Comité supérieur du contrôle, lequle a également mis à exécution un mandat de perquisition délivré par monsieur le juge d'Instruction Collin à Bruxelles. Ayant pris connaissance du mandat de perquisition dont vous êtes porteur, je sais qu'ill a été délivré par Monsieur le Juge d'Instruction Hennart dans le cadre de son dossier numéro 2/86. Vous avez saisi un bon nombre de documents dont l'inventaire sera établi en fin d'audition en ma présence.
Q: Pouvez-vous nous expliquer, en détail, les circonstances de votre rencontre avec Paul Latinus? R:Durant l'année 1978, je crois, je me suis inscrite à un moment donné dans le club de rencontre
"Club de l'amitié" à Ixelles, rue Mignot Delstanche 2. Il s'agissait d'un club où régnait un esprit sympathique et une très bonne entente. A votre demande, je vous déclare que ce club était tenu par une certaine
Annibali Monique avec qui je n'ai plus de contacts. C'est à cette adresse que j'ai rencontré
Paul Latinus. Je ne sais pas vous dire si oui ou non il y était membre ou qu'il accompagnait quelqu' un. On s'est vu quelques fois et je sais vous dire qu'il travaillait à l'O.N.E.M. En ce qui me concerne, je le trouvais très sympathique et il a vraiment essayé de me procurer du travail. Cela n'a pas réussi. Je sais qu'il a vraiment essayé et je me souviens qu'il a tenté de me faire entrer dans un des ministères. Mon problème était que je n'avais pas de diplôme et c'était la raison pour laquelle il échouait à chaque tentative. Par contre je sais aussi que Latinus a aidé certaines autres femmes qui fréquentaient le même club. A votre question je dois vous dire que c'est effectivement dans le
"Club de l'Amitié" que j'ai aussi fait la connaissance de la nommée
Cambier Monique, ainsi que de
Barbier Marcel. Cambier Monique aidait beaucoup Monique Annibali. C'est ainsi que je me souviens que Cambier tenait le bar du club. Cambier Monique n'était pas une amie et je n'ai jamais eu de discussions avec son fils bien que j'ai vu ce dernier à plusieurs reprises.
Q: Est-ce exact que vous auriez revu Barbier par la suite au front de la Jeunesse et comment avez-vous commencé à fréquenter le Front? R: Cela est exact. C'était Paul Latinus qui m'avait demandé un service. Il avait besoin d'une femme pour parler à des jeunes filles de problèmes typiquement féminins tels que le contraception, la sexualité etc. Au départ je ne savais pas que c'était le Front de la Jeunesse et je ne connaissais pas leur idéologie. De toute façon j'ai rendu ce service, je suis allée au Front et petit à petit je me suis rendu compte de la tendance. En ce qui me concerne il s'agissait de rendre service à des jeunes.
Q: Il semblerait que Latinus vous aurait présenté à d'autres personnes. Qu'en est-il? R: Je dois vous dire que Paul Latinus n'expliquait jamais clairement les choses. Je me suis fait présenter par Latinus à un certain "Christian" dont j'ai appris longtemps après qu'il appartenait à la Sûreté de l'Etat. Paul était un garçon très secret et il est certain que j'ai vu des personnes en sa compagnie mais il disait qu'il s'agissait de copains et ou de connaissances. Il n'y avait jamais d'autres explications.
Q: Vous m'avez donné lecture d'une note du 3 février 88 émanant de la Sûreté de l'Etat et signée SMETS C.-commissaire. Il apparaît, d'après les dires de SMETS lui-même que vous auriez été "testée à des menus travaux". R: Je n'ai jamais effectué des travaux pour le compte de Christian Smets. Je suis affirmative. Par contre, pour Latinus bien et si cela était sur demande de Smets, je n'en savais rien.
Q: Quels genres de travaux vous a-t-on demandés ? R: Je devais préparer un début de fichier dont j'ignorais le but. Je ne sais pas où cela devait servir. Je ne me souviens plus d'autres travaux qui m'ont été demandés.
Q: N'avez-vous pas fait aussi la connaissance de Monsieur Bernard Estievenart ? R: Latinus m'avait fait rencontrer un prénommé Bernard mas je ne sais pas vous dire qu'il appartenait à la Sûreté. Je ne sais plus très bien ce que ce Bernard m'a demandé à l'époque. Je ne sais d'ailleurs pas vous dire à quand remonte ma rencontre avec Bernard.
Q: Ne vous a-t-on pas demandé à un moment donné de fournir à la S.E. des renseignements sur des organisations d'extrème droite ? Si oui, qui vous les a demandés ? R: Non. Par contre je suivais des cours de philosophie à la "Nouvelle Acropole" et je trouvais que cela sentait l'extrème droite à plain nez et je l'avais dit à Latinus. Je dois aussi vous dire que je me suis fait mettre à la porte de la "Nouvelle Acropole" parce que mes idées ne correspondaient pas aux leurs.
Q: Nous vous donnons connaissance d'une note datée du 01/03/88 - &1 - émanant de la S.E. où il est question de l'I.R.C. 2190 et de son interpellation par les gendarmes Moniens et Vega. Cette personne aurait été entendue dans le cadre de l'affaire "Mendez". Nous constatons que cela correspond à votre interpellation du 26/02/88. N'êtes-vous pas l'I.R.C. dont question ? R/ Je ne sais pas vous dire ce que signifie I.R.C. 2190. Après mon audition par vos services, j'ai effectivement été en contact avec un membre de la Sûreté qui se prénomme Alain. je lui ai relaté mon interpellation par les gendarmes dans le cadre de l'affaire Mendez. Je ne connais pas le nom de Alain et je ne savais pas à l'époque de Bernard que j'étais repertoriée à la S.E. A votre demande je ne sais pas vous dire exactement combien de temps je suis en contact avec Alain. Je crois que cela remonte à deux ou trois ans. Je tiens à préciser ici qu'au début je ne savais pas que par l'intermédiaire de Latinus, j'avais fait connaissance de certains membres de la Sûreté de l'Etat. c'est ainsi que j'ai effectivement connu Christian Smets, Bernard, Georges et puis Alain. Je maintiens qu'au départ, je ne savais pas que Smets appartenait à la S.E. Quand le prénommé Bernard m'a présenté à Georges, j'ai commencé à être rénumérée. C'est ainsi aussi que j'assiste pour eux à certaines conférences et, suivant le cas, je perçois alors une rémunération de 3.000, 4.000 ou 5.000 francs. La somme varie d'après le cas et en tenant compte qu'il y a eu des frais ou non. Cette somme m'est versée en argent liquide.
Q: Avez été un membre du WNP ? R: Oui, c'est effectivement vrai. De par mes relations avec Paul Latinus, j'ai fait la rencontre à un moment donné de
Michel Libert. Au fil de mes rencontres je me suis aperçue que, si au départ il avait l'air sympathique, il était en fait un fanatique dangereux. J'ai toujours eu un peu peur de lui et c'est d'ailleurs aussi un peu la raison pour laquelle je n'ai pas osé faire marche-arrière. Il avait créé des organismes comportant des services qui portaient eux des dénominations allemandes. Au départ je pensais que, comme il était jeune, il était extrémiste comme certains jeunes peuvent l'être. Sur l'entrefait j'avais perdu Latinus de vue et je n'ai pas eu l'occasion de lui en parler.
Q: Nous vous exhibons une photocopie d'une carte de membre du WNP et nous vous demandons si c'était la vôtre ? R: Je ne sais pas vous le dire. Un jour j'ai trouvé une carte semblable dans ma boîte aux lettres de l'avenue des Eperviers à Woluwé-St-Pierre. Cette carte était accompagnée d'une revue en langue allemande. J'ai déchiré tout pour les jeter aux ordures.
Q: Quelles étaient vos occupations aux WNP ? R/ Vous me dites que certaines personne ont déclaré que je m'occupais du secrétariat au WNP. Cela est totalement faux. Je ne sais même s'il y avait besoin de tenir un secrétariat. Je n'y ai jamais vu de papier ou de courrier. Il n'y avait même pas de machine à écrire.
Q: Où se passaient les réunions du WNP ? R: Je sais que Michel Libert faisait des réunions dans l'appartement de sa mère qui habitait près de la Porte de Hal. C'était dans l'avenue Jean Volders. Par la suite il a emménagé dans un falt au n°42 de la rue de Parme à St-Gilles. A cet endroit j'ai été le voir une seule fois. J'ai constaté qu'il avait décoré son flat avec des emblèmes nazis. J'ai souffert durant la dernière guerre et je n'ai plus jamais remis les pieds chez Libert.
Q: Avez-vous fait passer des auditions d'entrée à des candidats membres du WNP ? Nous pensons notamment à Saucez Frédérick. R: C'est vrai qu'à la demande de Latinus, j'ai fait passer des interviews à des jeunes qui voulaient devenir membres. Au départ cela n'était pas pour le WNP mais bien pour la première dénomination de cette organisation. Ce n'est que par la suite que c'est devenu le WNP. Comme dans ma vie professionnelle j'avais fait du recrutement, je trouvais que c'était dans mes cordes et j'ai accepté mais ce n'est que bien plus tard que j'ai su que ces gens étaient devenus des membres du WNP.
Q: Lors de son audition, Saucez Frédéric a déclaré qu'en compagnie de Libert, il a fait votre connaissance dans une maison de la Drève de Nivelles à Woluwé. Vous les auriez fait passer une interview à cet endroit. Avez-vous habité Drève de Nivelles ? Pouvez-vous nous expliquer ? R: Je connaissais
Jean-Francis Calmette qui habitait à cet endroit et j'y suis allée une fois. Je ne me souviens cependant pas avoir rencontré Saucez et Libert.
Q: Avez-vous connaissance que les membres et ou dirigeants du WNP auraient loué des flats et des boxes de garage dans le but de les utiliser durant certaines opérations ? R: Non, je n'en ai jamais entendu parler.
Q: Avez-vous eu l'occasion de rencontrer
Bouhouche Madani durant certaines réunions du WNP ? R: La dernière fois, les enquêteurs m'ont montré des photographies de l'intéressé et je peux vous affirmer que je ne l'ai jamais rencontré.
Q: Nous vous montrons dans notre album, la photographie n°38 (ndr: WEYKAMP Alain). R: Je ne connais pas ce personnage.
Q: Certaines personnes déclarent que Bouhouche était un auxiliaire du WNP. Est-ce possible ? R: Cela me semble étrange. Pour le peu que je fréquentais ces gens, on m'a "collé" une carte de membre effectif avec un grade que j'ai oublié maintenant. Avec l'esprit de Libert, si Bouhouche a fréquenté ces gens, il aurait du être membre. De plus, je n'ai jamais entendu parler d'auxiliaires au WNP."
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Commentaires de Michel Libert :
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C'est justement cet article inséré dans les colonnes du Blog qui m'a fait ressurgir un souvenir complètement enfui.
Le Club a été utilisé par Paul Latinus comme boite-aux-lettres "ouverte"/permanence. Je ne suis pas persuadé que la tenancière / responsable était au courant du système mis en place par celui-ci.
Une pratique identique (boite-aux-lettres "ouverte"/permanence) était de vigueur dans certains saunas (hétéros et homos) où les échanges de documents se produisaient dans les vestiaires en utilisant les casiers individuels par voie d'échange des clés.
TC
ML
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L'internet n'existait pas et tous les RV se fixaient préalablement par communications structurées ou "subtiles", en fonction des heures d'ouvertures, parallèlement à des permanences volantes dans les principales gares.
Comme précisé dans un précédent courrier, il était opéré de même façon dans des saunas ou des clubs échangistes.
Il y avait d'autres clubs du type Club de l'Amitié. L'hermétisme des échanges d'informations était particulièrement performant.
TC
ML