La gendarmerie

Bonjour à tous,

C'est vrai CC, mais comme vous dites, une filature. Il ne faut pas oublier qu'outre la porsche, il y avait aussi des motos très puissantes.

Donc, comme le dit Etienne, on a beau avoir les moyens, si on ne veut ou ne peut pas, à quoi bon.

C'est ainsi que j'ai décidé de quitter mon emploi après m'être dis, à quoi bon, je n'y crois plus alors mieux vaut partir.

Cordialement

falco a écrit:

C'est ainsi que j'ai décidé de quitter mon emploi après m'être dis, à quoi bon, je n'y crois plus alors mieux vaut partir.

Moi je me suis dis qu'il vallait mieux couper court au fait que je devrais refuser d'éxécuter tous les ordres que je recevrais de ma hiérarchie
Dès lors, il vallait également mieux partir et rejoindre "mon patron", à savoir, le peuple belge....

Cheshire cat a écrit:

falco a écrit:

Oui, elles facilitaient les interceptions.


Apparemment, elles ne facilitaient rien du tout puisqu'à Braine et Overijse on ne les a pas laissées démarrer, au contraire, on a interdit qu'elles démarrent. Invraisemblable.

Cordialement

Je peux comprendre qu'une interception aurait été délicate, mais une simple filature aurait été possible en attendant les renforts...

Une simple filature ? De quel véhicule ? Lorsque la police est avertie qu’un hold-up est en cours (ou a eu lieu), il est rare que son interlocuteur puisse lui fournir d’autres informations. Surtout que dans le cas présent, les tueurs ne stationnaient pas leur voiture devant la porte d’entrée du supermarché mais au contraire dans un endroit situé à l’écart.

Par ailleurs, il est important de se replacer dans le contexte de l’époque. En septembre 1985, la bande n’avait plus commis le moindre méfait depuis quasiment 2 ans.

Lorsque le dispatching de la police fut averti du hold-up au Delhaize de Braine-l’Alleud, les policiers ne pouvaient se douter que les auteurs de cette attaque étaient les Tueurs du Brabant, ni qu’ils avaient fait plusieurs victimes. Des attaques à main armée ont lieu quasi quotidiennement dans notre pays (sans pour autant faire la une des journaux), il est impossible à chaque fois de mobiliser tous les agents en service du royaume pour traquer leurs auteurs (surtout si le signalement des auteurs ou du véhicule en fuite n'est pas connu).

Bonjour,
Une Porsche non banalisée pour une filature?
Ça peut marcher si les méchants sont très distraits.
A mon sens, elles devaient plutôt servir pour les poursuites. Et même pourquoi pas aux arrestations.
Pour les salades le panier. Une 404 c'est bon.

A mon avis, les gendarmes ont travaillé en 1984, même en l'absence des TBW.

Le nombre et l'omniprésence sont des facteurs importants. Un fois, la cible identifiée, sa position et sa vectorisation (direction et vitesse) connues, la poursuite est engagée et les barrages placés en conséquence. Un sale moment pour nos souris.
En général. Pas avec les TBW. Qu'avaient-ils de spécial ?

Bonjour à tous

Chronos, vous dites:

"Une simple filature ? De quel véhicule ? Lorsque la police est avertie qu’un hold-up est en cours (ou a eu lieu), il est rare que son interlocuteur puisse lui fournir d’autres informations"

Ce n'est pas le cas dans cette affaire.

La police de la route effectue un contrôle d'alcoolémie. Durant ce contrôle, ils entendent par radio qu'un hold-up est en cours à Braine.
Ils demandent l'autorisation d'intervenir. Ils disposent d'une Porsche (2 hommes) d'une BMW
(2 hommes) d'au moins 2 motos rapides (2 hommes) et forcément d'un combi pour les écritures
(2 hommes).

On??? refuse qu'ils interviennent.

Peu de temps plus tard, puisqu'ils doivent continuer leur contrôle, ils entendent de nouveau par radio
qu'une autre attaque est en cours à Overijse. Ils réitèrent leur demande d'intervention qui de nouveau est refusée.

Dégoûtés, ils jettent les alcotests.

Bonne soirée

falco a écrit:

La police de la route effectue un contrôle d'alcoolémie. Durant ce contrôle, ils entendent par radio qu'un hold-up est en cours à Braine.
Ils demandent l'autorisation d'intervenir. Ils disposent d'une Porsche (2 hommes) d'une BMW
(2 hommes) d'au moins 2 motos rapides (2 hommes) et forcément d'un combi pour les écritures
(2 hommes).

On??? refuse qu'ils interviennent.

Peu de temps plus tard, puisqu'ils doivent continuer leur contrôle, ils entendent de nouveau par radio
qu'une autre attaque est en cours à Overijse. Ils réitèrent leur demande d'intervention qui de nouveau est refusée.

Je ne vous cache pas que autorisation (ou pas) je serais monté dans la Porsche.
Ce, pour motif que la loi prévaut dans tous les cas de figures et c'est amplement suffisant que pour requalifier cet ordre en "non assistance à personnes en danger de mort" et "complicité dans une affaire d’assassinat"
Bref, je n'aimerais pas être à la place de la personne qui a donné cet ordre....
D'ailleurs il serait bon de s'inquiéter de savoir qui a donné cet ordre...

Etienne a écrit:

Bonjour,
Une Porsche non banalisée pour une filature ?

Un hélicoptère aurait facilité les choses mais, dans l'urgence, on utilise ce qu'on a sous la main....

Etienne a écrit:

Le nombre et l'omniprésence sont des facteurs importants. Un fois, la cible identifiée, sa position et sa vectorisation (direction et vitesse) connues, la poursuite est engagée et les barrages placés en conséquence.

Ou ca "des barrages" ?

Chronos a écrit:

Par ailleurs, il est important de se replacer dans le contexte de l’époque. En septembre 1985, la bande n’avait plus commis le moindre méfait depuis quasiment 2 ans.

Et pour ces motifs je n’en tiendrais pas rigueur aux gens de terrain de ;
1. Avoir obéis aux ordres (bien qu'un peu d'initiative personnelle et de créativité auraient étés les biens venus dans cette affaire).
2. Je vous concède que c'était le boulot de la Sûreté de l'État de savoir ce genre de chose.

Chronos a écrit:

En septembre 1985, la bande n’avait plus commis le moindre méfait depuis quasiment 2 ans.

Coté "grande muette" on en était presque à envisager l'état de "guerre imminente" (du moins officieusement)

Bonjour CC

Je serais monté dans la Porsche aussi, mais sans demander d'autorisation. En cas de problème, j'aurais simplement dit qu'il me semblait plus important de tenter d'intercepter des tueurs plutôt que des buveurs.
Il y a toujours 2 manières d'intervenir, la première avec bitonal, feux bleus de manière à ce que tout le monde fiche le camp et la seconde sans bruit pour attraper les auteurs.

Cordialement

falco a écrit:

Bonjour à tous

Chronos, vous dites:

Citation :

"Une simple filature ? De quel véhicule ? Lorsque la police est avertie qu’un hold-up est en cours (ou a eu lieu), il est rare que son interlocuteur puisse lui fournir d’autres informations"

Ce n'est pas le cas dans cette affaire.

La police de la route effectue un contrôle d'alcoolémie. Durant ce contrôle, ils entendent par radio qu'un hold-up est en cours à Braine.
Ils demandent l'autorisation d'intervenir. Ils disposent d'une Porsche (2 hommes) d'une BMW
(2 hommes) d'au moins 2 motos rapides (2 hommes) et forcément d'un combi pour les écritures
(2 hommes).

On??? refuse qu'ils interviennent.

Elle aurait pu disposer d’une Ferrari ou même d’une Lamborghini, cela n’aurait absolument rien changé puisque le dispatching devait ignorer la marque du véhicule de fuite et la direction prise par les fuyards. A quoi bon dès lors leur donner une autorisation d’intervenir alors que la "cible" n’était même pas identifiée ?

Par ailleurs, il faudrait déjà savoir à quel endroit se déroulait précisément le contrôle en question. Il avait peut-être lieu bien loin de Braine-l’Alleud et d’Overijse. Ou au contraire sur l’un des itinéraires possibles de fuite, auquel cas le dispatching aurait jugé plus intéressant de laisser le dispositif en place que de donner ordre à des policiers de rouler sans but précis.

falco a écrit:

Peu de temps plus tard, puisqu'ils doivent continuer leur contrôle, ils entendent de nouveau par radio
qu'une autre attaque est en cours à Overijse. Ils réitèrent leur demande d'intervention qui de nouveau est refusée.

Dégoûtés, ils jettent les alcotests.

Bonne soirée

Voici une anecdote sans nul doute inventée de toute pièce. Où avez-vous trouvé cette (dés)information ?

Bonjour Chronos,

J'ai trouvé l'info ci-dessous.
Il n'est malheureusement pas précisé si le véhicule des auteurs était identifié dès le début, il n'est pas précisé non plus où le contrôle se déroulait.
Si on imagine des complicités de l'intérieur, on sait pertinemment que le contrôle ne se trouve pas sur le chemin de fuite. Et peut-être même qu'on a décidé de placer le contrôle là pour éviter toute interception.

http://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=4&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwjv1q7O-PfaAhWssaQKHYjoDZ8QFgg1MAM&url=http%3A%2F%2Fwww.7sur7.be%2F7s7%2Ffr%2F1502%2FBelgique%2Farticle%2Fdetail%2F3319433%2F2017%2F11%2F29%2FUn-ex-gendarme-balance-On-nous-a-interdit-de-les-suivre-avec-notre-Porsche.dhtml&usg=AOvVaw2MAzFzITy9XXiGV2Ke5s3A

Cordialement

Walter De Smedt, Het land van de onbestrafte misdaden

Kritak, 288 blz., 22,99 euro

Bron » De Morgen

(traduction)

(...)

"J'étais encore suppléant lorsque j'ai été confronté pour la première fois à un tel service de renseignement parallèle lors de l'affaire François. En 1971, le ministre socialiste de la justice de l'époque, Alfons Vranckx, a fondé le Bureau d'information criminelle (BIC). Avec leur Drug Enforcement Administration (DEA), les Américains ont mené une guerre mondiale contre la drogue, et le BIC s'y est joint sans problème. La DEA a utilisé des méthodes spéciales telles que le travail avec des informateurs et l'infiltration et le piégeage par des agents sous couverture. Le BIC employait également des agents infiltrés qui travaillaient entièrement en dehors du système judiciaire. Ils ont été mis hors la loi".

"La gendarmerie a également voulu quelque chose comme ça et a créé le Bureau national des drogues (NBD). Ils ont appliqué les techniques qu'ils avaient apprises des Américains. Mais cela n'a pas fonctionné : ces hommes sont devenus eux-mêmes des criminels. Cela s'est terminé en 1982 avec le procès François, dans lequel le commandant de gendarmerie, Léon François, a été condamné à un an de prison avec sursis pour 27 crimes, dont le trafic de drogue. Cela n'a pas empêché la gendarmerie de promouvoir l'homme au grade de major".

"En 1988, en tant que juge d'instruction à Anvers, j'ai découvert un nouveau service secret de renseignement de la gendarmerie, le Service d'information judiciaire (GID). Personne n'en avait jamais entendu parler".

(...)

«C'était une agence de renseignement créée par le personnel de la gendarmerie qui ne s'est pas limitée à la collecte d'informations, mais a également mené des opérations secrètes. La magistrature n'en savait rien et a été trompée avec des PV contrefaits. Je soupçonnais les sous-officiers. Avant même d'arriver à Van Mechelen, le procureur avait demandé le dossier "pour l'étudier". Ils ont intenté une "ultime action en justice", car aucun crime n'aurait été commis. Mon collègue de la salle du conseil n'était pas d'accord, le dossier a été porté devant la cour d'appel et nous n'en avons jamais entendu parler. »

(...)

Vous ne pouvez pas imaginer ce que ces gendarmes faisaient à l'époque. »

(...)

«Elle a changé de nom. L'organisation policière a été réformée, mais le vrai problème n'a pas été résolu: la collecte, le traitement et le stockage des informations. La connaissance, c'est le pouvoir. Il en a toujours été ainsi et cela pèse toujours comme un fardeau héréditaire sur la police. Dans tous les cas, vous rencontrez le problème de la collecte d'informations lors d'opérations secrètes. »

Serait-ce donc ici qu'il faut parler de "Harry" ? Très probablement la personne suivante...

https://www.facebook.com/Harrygustarys/about_work_and_education

Il faut rappeler que "Arys" pourrait être "Harry" qui a fourni le Uzi dont il est question dans le fil de discussion "Damse Vaart"...

_ _ _

https://www.facebook.com/hetverdwenenaffligem/photos/fc-eendracht-hekelgem-ergens-in-de-jaren-70-van-de-vorige-eeuwbovenaan-vlnr-will/5409953949030510/?paipv=0&eav=Afaaip0nLecWkXL43sp12ng7prfxXXz59u44k5LVrZbcLIYchEk6ZFEWX3HJpz3MIqI&_rdr

Note : je ne sais pas si c'est le meilleur fil de discussion vu qu'il y avait du monde dans un rayon de 500 m du 16, rue de la Loi...

https://www.dhnet.be/actu/faits/2023/02/16/la-juge-qui-enquete-sur-les-tueurs-du-brabant-doit-savoir-ceci-letrange-affaire-etouffee-des-micros-planques-dans-le-bureau-du-premier-ministre-PHPGJFSJUVCZDBMZ7SQSK2PGQM/

“La Juge qui enquête sur les Tueurs du Brabant doit savoir ceci” : l’étrange affaire étouffée des micros planqués dans le bureau du Premier Ministre

Après la série '1985' sur les Tueries du Brabant, les enquêteurs reçoivent des appels. Nous aussi. Des souvenirs remontent...

Publié le 16-02-2023 à 06h36





C'est une étrange histoire, réveillée par la série "1985" co-produite par la RTBF dont les derniers épisodes étaient diffusés dimanche passé.

L'histoire s'appuie sur des éléments matériels avérés: une note confidentielle et des photographies noir/blanc. La note, sur papier pelure jauni par le temps, est adressée un Premier ministre. Elle a été rédigée par Merry Hermanus, qui allait faire carrière en politique.

"À l'attention de Monsieur le Premier ministre.

"OBJET : Investigations visant à la recherche d'appareils d'écoute, installés dans les locaux du 16, rue de la Loi.

"Quatre recherches ont eu lieu :

a) Bureau du Premier ministre

b) Salle du Conseil des Ministres

c) Hôtel particulier

d) Bureau de Mme Jacques (secrétaire particulière du 1er Ministre, ndlr) et Bureaux des Chefs de Cabinet

"Deux appareils d'écoute ont été trouvés : l'un dans le bureau du Premier ministre, l'autre dans le bureau de Mme Jacques.

" D'après les experts, les émissions peuvent être captées dans un rayon de 500 mètres ".

Edmond Leburton est resté dans l'Histoire comme le dernier Premier ministre socialiste et wallon qu'ait connu le pays avant Elio Di Rupo trente-cinq ans plus tard.

Merry Hermanus est alors un jeune collaborateur dans son cabinet, au 16 rue de Loi. Il avait, à l'époque, vingt-huit ans. Alors qu'on reparle de la gendarmerie de ces années-là mise à mal par la série télé '1985', il s'interroge, nous dit-il quand nous le rencontrons, sur une affaire dont il a un témoin direct, sur laquelle il n'y a jamais eu d'enquête, restée mystérieuse. "Ne devrait-elle pas intéresser les enquêteurs du Brabant Wallon ".

Premier ministre

Nous sommes en janvier 1974, probablement le vendredi 25.

Le pays est en crise : Leburton, Premier ministre depuis l'année précédente, vient de tomber sur l''affaire Ibramco', sous la pression des catholiques flamands farouchement opposés à l'installation en Wallonie d'un méga pôle pétrochimique dont le CVP de Léo Tindemans ne veut pas entendre parler. Edmond Leburton est également très fragilisé au sein de son propre parti, par l'aile gauche du PS qu'emmène André Cools (assassiné, en 1991).

Au 16, Leburton a remarqué ce jeune collaborateur, Merry Hermanus, dont il sait qu'il a effectué son service militaire chez les MP où il était chef de peloton, spécialement chargé de la garde du Parlement.

Confidences

La suite a lieu dans les toilettes du Conseil des Ministres, qu'on appelle le 'Jardin d'hiver'. Edmond Leburton faisait signe à Hermanus de le suivre dans les toilettes où le Premier ministre expliquait au jeune homme abasourdi qu'il pensait être sous écoute. "Leburton savait que j'avais gardé des relations au BIC (ex-Administration de l'Information criminelle) et au SDRA (ex-Service de Renseignements de l'Armée). Il me chargeait de vérifier ses craintes".

Merry Hermanus contactait trois personnes : un certain André D. travaillant au BIC ; un autre au SDRA et un photographe en qui Hermanus avait toute confiance.

Les quatre attendaient que tout le monde soit parti, et vers minuit le vendredi soir, ils démontaient les prises téléphoniques, l'une après l'autre, au 16 rue de la Loi. L'un d'eux avait amené du matériel de détection.

Bingo! "Nous avons trouvé le premier micro dans le bureau de Leburton, un appareil rectangulaire de 3 cm sur 3, dissimulé dans une boîte téléphonique fixée au mur. Et un second identique chez sa secrétaire, Mme Jacques".

Il faut rappeler qu'à l'époque, Nixon se débattait aux États-Unis dans l'affaire du Watergate (la découverte d'un matériel d'écoute au siège du parti démocrate) qui allait provoquer sa perte. Tandis qu'à Paris éclatait l'affaire des Plombiers du Canard Enchaîné. À Bruxelles, ce fut le grand silence.

Qui ?

On est donc le samedi, il est à 3 h du matin et l'on vient de trouver des micros dans les bureaux du Premier ministre et de sa secrétaire. Merry Hermanus se souvient de la réaction des deux agents des services de renseignements. "Ils ont sorti leurs armes. Nous étions seuls dans le bâtiment et on réalisait soudain que ceux qui avaient placé les micros savaient que nous savions. Comment ceux-ci allaient-ils réagir."

Mais tout est resté calme.

Ils ont encore fouillé la salle du Conseil des Ministres et la Résidence privée du Premier ministre, sans plus rien trouver. La semaine suivante, des recherches avaient lieu dans un immeuble de l'avenue Baden Powell à Woluwe-Saint-Lambert, chez une grande amie de Leburton où celui-ci passait la nuit parfois, quand il ne rentrait pas à Waremme. Un troisième micro était trouvé à l'étage, dans le living, caché, comme les deux premiers, dans une fiche téléphonique.

Black-out total

L'important, c'est ce qui allait suivre. A l'étonnement de Merry Hermanus, le Premier ministre imposait le silence absolu. Il interdisait d'informer le procureur du roi de Bruxelles. "J'avais réveillé M Leburton pour lui exposer nos trouvailles. Je n'avais qu'une question : devais-je alerter les autorités judiciaires ? Sa réponse a été sèche : 'Non, Interdiction absolue. Vous m'amenez les micros à la Mutualité (aujourd'hui 'Maison de la Solidarité', rue Saint-Jean, où se tenait, ce week-end-là, un conseil général du PS). J'ai donc fait comme il demandait. J'ai mis les micros dans un mouchoir et je les lui ai apportés. Edmond Leburton n'a pas dit un mot ".

Hermanus raconte aujourd'hui qu'il n'y a tout simplement pas eu d'enquête officielle. Les médias n'ont rien su. Ou s'ils ont su, ont gardé le silence. 'Pan' a sorti deux entrefilets, et l'hebdomadaire Spécial, un article dont la lecture laisse pantois : "On ne s'y serait pas pris autrement pour enfumer l'affaire." Or les suspects ne manquaient pas.

Merry Hermanus écarte la sphère privée. Même si Edmond Leburton avait une vie agitée, une 'affaire privée' est, pour lui, "impensable".

Il y avait certes aussi l''affaire Ibramco' et derrière elle, d'énormes intérêts en jeu.

Mais pour Hermanus, "il y avait surtout une énorme suspicion sur la gendarmerie ".

En ce temps-là, la gendarmerie - BSR et brigade de Bruxelles - se trouvait rue de Louvain, à deux pas de la rue de la Loi, derrière la chancellerie du Premier ministre, à exactement 109 mètres. Les micros, comme l'indique la note sur papier pelure, avaient une portée limitée de 500 mètres.

Merry Hermanus avait son bureau près de celui de Leburton, à trois bureaux du sien. Les deux n'ont jamais évoqué le sujet. Ils se croisaient plusieurs fois par jour : "Je suis témoin que l'affaire a tout simplement été étouffée, à commencer par celui qui en était la. Pourquoi ?"

Leburton a même nié, ultérieurement, que des micros aient été trouvés dans son bureau.

Or, de doute il n'y avait pas, comme le prouve la note que nous publions, - et les photos.

État dans l'État

On est ici au niveau du contexte.

La série télé a réveillé des souvenirs. Elle donne du grain à moudre aux partisans des théories sur la gendarmerie (ces mêmes théories que d'autres qualifient d'absurdités, non sans arguments). L'affaire des Tueurs du Brabant débute en 1982. Les perquisitions et l'interpellation en Thaïlande de l'ancien gendarme Robert Beijer, attestent en tout cas que l'enquête cherche, sans œillère, dans toutes les directions. Il y avait des gens, à l'époque, dans cette gendarmerie qu'on considérait comme "un Etat dans l'État", dont la spécialité était de mettre des micros.