Tueries du Brabant: l’ADN comme dans l'affaire Grégory(25/11/2009)
BELGA
25 ans après,un profil ADN complet isolé par Bio.be
BRUXELLES Exactement comme dans l’affaire Grégory (qui date du 16 octobre 1984), des indices matériels conservés depuis un quart de siècle dans l’enquête sur les tueries du Brabant (1982-1985) sont examinés en ce moment par un laboratoire belge, lequel utilise les dernières technologies pour tenter d’isoler des traces d’ADN exploitables.
Le laboratoire auquel ces pièces sont confiées n’est pas l’INCC (Institut national de criminalistique et criminologie), mais Bio.be à Gosselies. Bio.be assure disposer de technologies performantes d’un niveau comparable à Biomnis à Lyon.
Et un résultat : selon son directeur Olivier Froment, Bio.be serait parvenu à isoler de l’ADN sur un mégot de cigarette et à établir un profil génétique complet alors qu’à ce stade l’ADN isolé sur ce mégot par d’autres techniques n’avait livré qu’un profil fragmentaire.
En 2003, quatorze indices matériels furent montrés au public. Selon Olivier Froment, de l’ordre de “vingt pièces” (armes, pièces de vêtements…) cette fois ont été remises à Bio.be, à la demande de la juge d’instruction en charge, Martine Michel. À ce stade, les résultats sont négatifs sur la plupart. Plusieurs analyses sont même terminées. Bio.be n’exclut pas que d’autres pièces lui soient soumises, poursuit M. Olivier Froment qui dit aussi avoir trouvé, sur certaine(s), des “mélanges d’ADN de trois ou quatre personnes […], donc inexploitables ” en l’état actuel de la technologie du moins.
Installé sur le parc scientifique de l’Aéropôle de Charleroi et proche du Biopôle ULB-Charleroi, Bio.be regroupe les activités de l’Institut de pathologie et de génétique.
Pour son directeur, le défi est certainement plus dur à relever que dans l’affaire Grégory : “Pour autant que je sache, le fameux timbre (sur la lettre du Corbeau) n’avait pas trop été manipulé et la partie collée avait pu être préservée. S’agissant des pièces à conviction des tueries du Brabant, certaines ont séjourné dans l’eau plus de 15 jours, beaucoup ont été manipulées à mains nues et rares ont été conservées dans de bonnes conditions. Ainsi, on ignorait à l’époque que des traces se conservaient mieux dans le papier que dans des sachets en plastique.”
Pour autant, un résultat déjà positif de ces examens discrets, mais que nous révélons, est donc le profil génétique complet au départ d’un ADN isolé sur un des mégots trouvés dans le cendrier à l’arrière du taxi Mercedes du taximan, M. Constantin Angelou, tué vers le 11 janvier 1983 entre Bruxelles et Mons et retrouvé à l’état de cadavre dans le coffre du véhicule, un assassinat matériellement indiscutablement lié aux tueries du Brabant qui ont fait au total 28 victimes tuées en Belgique entre le 30 septembre 1982 et le 9 novembre 1985.
Comme dans l’affaire Grégory, reste le plus ardu, le lier à un suspect.
Gilbert Dupont
La Dernière Heure 2009