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Waarom de tv-serie ‘1985’ zo duister is (deel 7): toen België een bende werd
L'esprit de corps de la gendarmerie a conduit à sa chute.
(traduction)
Pourquoi la série télévisée "1985" est si sombre (partie 7) : quand la Belgique est devenue un gangIl n'y a pas que des gangsters qui ont fait trembler la Belgique dans les longues années 1980. Le mal a également été commis par des hommes en uniforme, ainsi que par des fonctionnaires dévoués qui avaient souvent à cœur les intérêts de ce pays.
Épisode après épisode, les téléspectateurs de la série "
1985 " de la VRT - une fiction obsédante mais pas l'histoire - sentent que quelque chose de maléfique couve au sein de la gendarmerie. Même si le public ne le voyait pas clairement dans les années 1980 : lorsque des gendarmes en uniforme se tenaient en rang, la gendarmerie avait fière allure.
Chaque fois que le commandant - dans la série - s'adressait à ses hommes, ses mots venaient détruire un peu plus cette image : "Tout ce qu'on dit de la gendarmerie est vrai, messieurs. Que nous sommes des salauds qui frappent les manifestants plus fort que nécessaire. Que nous sommes des racistes qui contrôlent toujours les mêmes personnes dans les rues. Que nous sommes des barbares qui ne savent même pas écrire leur nom. Et, bien sûr, que nous sommes l'État dans l'État. Mais messieurs, tant que ces fables seront racontées, nous gagnerons. C'est leur façon maladroite de nous témoigner leur respect. Leur façon de dire qu'ils sont heureux que nous les protégions de la racaille qu'ils craignent. Et plus ils crient, mieux nous nous en sortons. Parce que nous sommes l'incarnation parfaite de ce qu'est une démocratie. Bienvenue à l'élite. Bienvenue à la gendarmerie".
Un corps, un groupe comme une élite. C'est aussi ainsi que se voyait le Front de la Jeunesse (FJ) raciste. Il en va de même pour les rédacteurs bourgeois du Nouvel Europe magazine (NEM) et ses associations de lecteurs, les clubs NEM. Et certainement le méli-mélo qui, en 1973, mettait en pratique ses fantasmes d'un régime nouveau et meilleur en préparant un coup d'État. Les dangereux cinglés du Westland New Post (WNP) se considéraient comme les libérateurs de l'Occident. Ils avaient donc été choisis parmi les éléments les plus radicaux de la FJ - il est alors difficile de se considérer comme autre chose que "l'élite de l'élite" ayant le droit de sévir contre les institutions étatiques inférieures.
Paradoxalement, c'est aussi l'avis de l'étrange groupuscule qui s'est baptisé Cellules Communistes Combattantes (CCC) - au pluriel - alors qu'il n'avait même pas assez de membres pour former une cellule. Et pourtant, quatre jeunes anonymes d'extrême gauche ont pu donner le coup de tonnerre à tout le pays (voir encadré ci-dessous).
Peut-être s'agissait-il de réactions à une société et à une démocratie qui avaient soudain profondément changé à la fin des années 1960 ? Même les responsables de Gladio, organisation internationale créée précisément pour défendre l'Occident libre, estimaient que les hommes politiques démocratiques ne devaient pas se mêler de leurs opérations ou en être informés.
Tout cela a été toléré, voire encouragé par les politiciens à la Paul Vanden Boeynants. Avant et après VDB, ce pays n'a pas connu de Premier ministre aussi folklorique. Aucun homme politique belge ne s'est autant rapproché de Donald Trump que Vanden Boeynants.
Il a fait et osé quatre ou cinq décennies plus tôt tout ce qui rend Trump si difficile à combattre aujourd'hui. Être imbattable à la télévision. S'adresser à des intellectuels d'extrême droite, mettre les idées de l'extrême droite au centre du débat social. Qui restent en contact avec des voyous extrémistes par le biais d'intermédiaires : FJ et WNP en tant que précurseurs belges des Proud Boys, et le "coup d'État" de 1973, heureusement jamais réalisé, en tant que variante précoce de la prise d'assaut du Capitole. À l'époque également, le premier objectif des insurgés était l'occupation physique des hémisphères de la Chambre et du Sénat. Ils sont semblables, VDB, Trump et leurs clans : des parvenus pleins de mépris pour le peuple souverain.
Heureusement, toutes ces tentatives d'abolition ou de contournement de la démocratie n'ont finalement pas porté leurs fruits. Dans la gendarmerie, l'esprit de corps a conduit à la disparition de son propre corps. La mort de la réfugiée nigériane Semira Adamu en 1998 a été la dernière fois que les gendarmes ont eu le sentiment que les règles et les procédures ne s'appliquaient pas à eux.
Pour la première fois, le commandant en chef de la gendarmerie a dû démissionner, un général portant le nom malheureux de De Ridder, et l'on est passé en droite ligne à l'absorption de la gendarmerie dans la nouvelle unité de police.
Mais à quel point la société était-elle aveugle à ce danger qui couvait ? Les journaux étaient remplis de témoignages et d'interviews inquiétants. Ils ont été lus avec attention et même avec un certain amusement, puis nous avons tous repris nos activités habituelles. C'est pourquoi il est bon de relire ce que disait par exemple l'ancien gendarme Martial Lekeu dans La Dernière Heure en 1989 à propos de "la culture" de la gendarmerie :
[traduction de la traduction]
En entrant dans la gendarmerie, je suis devenu un fasciste convaincu. Dans le groupe Diane, j'ai rencontré des gens qui avaient les mêmes idées que moi. Nous nous saluions comme des nazis. Lorsque nous faisions claquer nos talons à la cantine ou dans les couloirs du bâtiment de la BSR, rue de Louvain à Bruxelles, nous entendions les autres faire de même. C'était un signe de solidarité. Nous avons ri des migrants dont nous avons détruit les visages. Chaque fois que nous avons participé à une action dans un quartier de migrants, nous nous sommes acharnés. Je me demande aujourd'hui ce que nous aurions fait si nous avions reçu l'ordre de tirer sur ces personnes à un tel moment. En y repensant, j'ai honte. Avec une douzaine d'autres gendarmes, nous avons écouté la musique de marche de la Waffen SS. Des drapeaux nazis étaient accrochés aux murs".Pourtant, ces chansons allemandes nous étaient familières, de l'innocente
Erika au
Lied de Horst Wessel ("Die Fahne hoch") en passant par le
Panzerlied, carrément belliqueux. Nous savions sûrement ce que les hommes qui chantaient ces chansons faisaient au même moment.
https://www.youtube.com/watch?v=LzCjrZ4lF5I
Selon l'ancien gendarme Martial Lekeu, des drapeaux nazis étaient accrochés dans la gendarmerie dans les années 1980, et les hommes écoutaient des chants de guerre allemands. Parmi eux, ce
Panzerlied.Telle était la réalité crue, non seulement dans les clubs rances, mais aussi dans les organisations dont les dirigeants auraient dû être plus avisés. À l'extérieur, le silence était élevé au rang d'art. D'ailleurs, n'était-ce pas la devise officielle de Gladio, "Silendo libertatem servo", "Je sers la liberté en silence" ?
On en arrive alors à des situations telles que le sommet du renseignement militaire est furieux contre le ministre de la défense nationale, uniquement parce que Guy Coëme (PS) a osé demander la liste des noms des agents secrets de Gladio, afin de vérifier discrètement s'il n'y avait pas de chevauchement avec la bande, le FJ ou le WNP. Non, le colonel Bernard Legrand, chef du SDRA-8 (la branche militaire de la branche belge de Gladio), a alors ostensiblement levé le majeur vers le gouvernement belge.
En 1990, il réussit (par l'intermédiaire d'une taupe de la rédaction ?) à faire publier en première page du Soir, en deux langues nationales, un article destiné à envoyer un message à peine codé aux agents du Gladio. Le ton rappelle les rapports de guerre de Londres - ou leur satire dans la série télévisée 'Allo 'Allo !
"Ici Radio Bruxelles. Chers amis Staybehind, la section SDRA-8 vous exprime sa plus haute appréciation et vous remercie tous pour votre dévouement au pays. Nous vous assurons que toutes les pressions et menaces sont vaines et que nous donnons tout son crédit à la parole donnée. Adolphe se porte bien". (Adolphe est un nom de code, mais de qui ?) C'était littéralement la première page du principal journal francophone du pays en 1990.
Le colonel Legrand (à droite), dernier chef du SDRA-8, la branche belge du réseau staybehind connu sous le nom de Gladio, a lui-même participé à des exercices de plongée.
Au cours de ces longues années 1980, la démocratie a été simultanément érodée de l'intérieur (par exemple par la gendarmerie et Gladio) et menacée de l'extérieur (FJ, WNP, tueurs du Brabant, CCC). Une dangereuse collusion entre les attaquants internes et externes de la démocratie était imminente.
C'est pourquoi il ne faut pas encore devenir paranoïaque et voir des connexions partout, comme si un grand réseau terroriste noir était sur le point de prendre le contrôle de l'Europe occidentale, en commençant par la Belgique. Cela n'a jamais été le cas. La plus grande erreur que l'on puisse commettre est d'opter pour l'amalgame.
En réalité, l'homme politique Paul Vanden Boeynants et son acolyte Benoît de Bonvoisin étaient les ennemis jurés d'Albert Raes de la Sûreté de l'État : ils pouvaient boire le sang l'un de l'autre. Mais ils partageaient une même mentalité : la loi ne pouvait pas déterminer et limiter leurs actions, ils fixaient eux-mêmes les lois. Cette attitude se retrouvait aussi bien chez les gens en bottines et en vestes de camouflage, chez les types qui se croyaient intouchables parce qu'ils appartenaient à un corps, que chez les messieurs en tenue de soirée qui siégeaient au Cercle des Nations.
Les habitudes ont la vie dure. Jusque dans les années 1990, cette attitude a continué à causer des dégâts incalculables. Combien de souffrances ont été causées par l'enquête secrète parallèle que la gendarmerie, entre 1994 et 1996, a voulu mener seule, si nécessaire, sur les enlèvements de Marc Dutroux ? Et ce, à l'insu des autres services de police, et surtout sans communiquer leurs propres conclusions à la justice. C'est finalement un simple procureur et un juge d'instruction des Ardennes profondes qui ont mis la main sur Dutroux. Malheureusement, il était trop tard.
Ils ont mené la Belgique au bord du gouffre dans ces fatales "longues années 80", tous ces gens et ces organisations qui pensaient savoir et pouvoir faire mieux que nos institutions démocratiques et nos politiciens élus.
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Le magazine étudiant Veto et les CCC de LouvainPour les personnes en uniforme, les "années de plomb" étaient synonymes de journées pleines de stress. Parfois, c'en était trop pour quelqu'un.
Dans les grands magasins, des clients se font tirer dessus. Dans les banques, des bombes explosaient. Des hommes politiques ont comparu devant les tribunaux. L'ancien premier ministre Paul Vanden Boeynants a même été décrit dans un verdict comme "un fraudeur profondément enraciné, invétéré et incorrigible". Dans les années 1980, l'État belge est au bord de l'éclatement. L'image du pays et l'image de soi des Belges sont déjà en lambeaux.
Lorsqu'un Français trouve quelque chose de "typiquement français", il fait l'éloge d'un vin ou de la haute couture. Les Français sont fiers de ce qui est typiquement français. En cela, ils ne sont pas différents des Américains, des Italiens ou des Turcs. En revanche, lorsqu'un Belge utilise l'expression "typiquement belge", il s'agit de défauts improbables ou de lois et règlements surréalistes. Même l'expression "météo belge" signifie invariablement "mauvais temps". Pluie sur la côte.
Des livres intitulés "
La fumée de la rue de la Loi" et "
Le pays des mille scandales" ont été publiés. Il en va de même pour le "
Le livre belge des gaffes". En fait, il s'agissait du rapport annuel de la vénérable Cour des comptes. Dans ce pays, il a été lu comme une nouvelle confirmation de ce que nous savions déjà : "Quels abrutis sont nos politiciens et nos fonctionnaires".
C'est la maladie des années 1980. Et nous, Belges, n'en sommes toujours pas débarrassés.