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 25 ans avec Thierry S.

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CG287




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MessageSujet: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyMer 24 Juil 2024 - 3:32

25 ans avec Thierry S. 25ans_10


Préambule

Les tueries du gang du Brabant Wallon et l’affaire Dutroux furent les plus grandes affaires criminelles du XXe siècle.

À elles deux, ces affaires ont fait pas moins de 60 morts, pour autant de blessés. Les tueries du Brabant Wallon se sont déroulées entre 1982 et 1985 dans la province du Brabant Wallon.

La police n’ayant jamais pu les identifier et agissant toujours à trois, des surnoms leur ont été donnés : le Géant, le Vieux, le Tueur, qui, lui seul, a fait 24 morts.

L’affaire Dutroux, quant à elle, s’est produite entre 1993 et 1996. Des fillettes ont été enlevées et séquestrées par Marc Dutroux.

Un livre intitulé « 30 témoins morts » écrit par Douglas De Coninck et édité chez Mols explique comment ces 30 témoins ont perdu la vie.

La mort de mon père

Certains vous diront que tous les jours se suivent et se ressemblent !
Mais, ce jeudi 9 octobre 1980, j’étais loin de me douter que j’étais à la veille du tournant le plus important de ma vie, alors que je fêtais mes 23 printemps avec mes potes !!! …
Bref, un grand week-end s’annonçait ! C’était ce que je pensais !
Mais la vie en a décidé autrement ce fameux dimanche 12 octobre 1980.

Alors que j’étais chez moi au 31 rue des Pivoines à Charleville, à 11 h du matin, on sonne à ma porte. Je regarde par l’œilleton, et je vois mon oncle R. J’ouvre, bien sûr, et là… l’information me tombe dessus !
« Ton père vient de se suicider, il s’est tiré une balle de 22 Long Rifle dans la tête ! »
Ni une ni deux, je file chez mes parents à la Francheville, un petit village au sud-ouest de Charleville-Mézières.

Ma mère, ma sœur, mon beau-frère, mes oncles et tantes étaient déjà sur place. Mon père, allongé sur un lit avec de la ouate dans les oreilles, dans le nez et la bouche.
Eh oui, une balle dans la tête, même de petit calibre, cela avait fait des dégâts !
Sans le vouloir ni le savoir, j’allais me retrouver au milieu d’un conflit familial entre ceux qui voulaient l’enterrer à l’église et ceux qui voulaient faire des obsèques civiles. Finalement, c’est à l’église que ça s’est passé.

J’ai oublié de vous dire une chose qui a beaucoup d’importance : seul avec mon père, je lui avais glissé entre les mains ma gourmette avec mon prénom dessus et je lui ai fait la promesse de le venger !
Surtout, je venais de réaliser qu’un homme qui avait travaillé pendant 37 ans se retrouvait à la rue.  
À 53 ans, mon père s’en allait, non sans avoir essayé de trouver un appartement ou une maison dans son village, là où il avait grandi avec ses deux frères et sa sœur.
Rien, il ne trouva rien !

Il avait également essayé d’en parler à la banque pour acheter la maison, mais il était trop tard !
53 ans, l’usine ferme ! Aucune banque ne lui prête de l’argent !

Le petit chauffeur de bus venait de décider de venger son père. J’étais rempli de haine. J’en voulais à ces banques, à tous ceux qui n’avaient rien fait et qui auraient pu ! Et surtout, j’étais convaincu que ce n’était pas en travaillant que l’on devenait riche ! À tort ou à raison ! Je n’en sais rien !
Alors que je commence une nouvelle vie, après avoir été licencié de la RDTA pour faute grave, je m’inscris pour la première fois à l’ANPE et j’obtiens satisfaction dans la mesure où les week-ends, je commence à être videur dans les discothèques, ce qui constituait un revenu intéressant.

Moi, à ce moment-là, ce n’était pas l’argent mon problème, mais plutôt de continuer à travailler, comme si cela était normal. Non, il me fallait faire un choix, j’avoue que le geste de mon père n’était pas très encourageant pour moi. Le choix, je le fis, c’était la vie nocturne qui m’attirait ! Et je l’assume, car c’est ce qui m’a fait grandir.

C’est donc le cœur rempli de haine que je sortais pour la première fois le soir ! Je découvrais le monde de la nuit « Carolo ».

C’est chez M. C. [nom à trouver] que je me rendis, un petit rade qui se situait rue Victor Hugo dans le quartier de Mohon à Charleville-Mézières nommé le Bateau Ivre, comme le poème d’Arthur Rimbaud.
Quand je pense à V.[nom à trouver], ce notaire de merde qui avait déposé la pancarte « À vendre » sur notre maison alors que mon père n’était même pas encore enterré. C’est l’image que je gardais de ce V. !
Mais dans ce bar, autre chose m’attendait !
Il y avait du monde ce jour-là au « Bateau Ivre » : des voyageurs avec qui je m’entendais assez rapidement, ils me faisaient rire ! B. K. ne pouvait pas faire une phrase sans ajouter « sur mes morts ! ». J’étais vraiment bien et mon but, toujours en ligne de mire, était de venger mon père.
Il y avait aussi des jeunes du quartier, tous des délinquants, agressions, cambriolages, trafic de voitures (M. M., P. M., G., etc.)  
     
Mais mon regard se porte sur un homme pas comme les autres ! Déjà, son habillement : un long manteau noir, pantalon tergal, des petites lunettes, il était calme, très calme. Chose étonnante, c’est que ce petit homme d’environ 1,73 m pour 73 kg, tout le monde le respectait !
Je dirais même que tout le monde avait peur de lui. C’est avec lui que je voulais m’associer !
Je mettrai le temps, mais c’était lui et cela, je le savais ! Thierry S. était souvent en compagnie de son frère X., pareil, manteau de cuir noir et, idem, un respect de rigueur.

Ces deux-là, c’étaient des mecs !
Bien sûr, je me renseigne sur ces deux hommes, et j’apprends que Thierry S. vient de sortir de prison suite à une série de braquages.
Quant à son frère, X, si tu voulais une arme, c’était à lui qu’il fallait s’adresser.
Personnellement, je n’en étais pas là, tout du moins pas si vite.
La première approche avec Thierry S., c’est lui qui l’a faite quelques semaines plus tard. Bien sûr, à force de fréquenter cet établissement, je commençais à être connu, à me faire des potes et un soir, Thierry S. vient vers moi et me demande si c’est vrai que je fume des pétards. Je lui répondis que oui cela m’arrive.

Et là, surprise, il me demande si j’en ai sur moi.
— Oui, je lui réponds !  
Alors d’un regard, il me fait comprendre qu’il aimerait fumer un pétard avec moi.
— OK, Thierry !
— Viens avec moi !  
Et nous partîmes en 2 CV6 avec un troisième garçon : J.-C. C. Nous fîmes quelques kilomètres pour arriver finalement sur la place du village de La Francheville, là où j’avais grandi. C’était la grande énigme, était-ce une coïncidence ?
Et là, surprise ! Thierry se lâche. Rires. Délires. Super. Perché. C’était bon !!! Thierry S. devient mon ami.

Nous retournons au « Bateau Ivre » pour terminer la nuit et chacun rentre chez lui.
Ensuite, je suis videur au « Don Quichotte », une discothèque située à Poix-Terron, un petit village ardennais. Là, je rencontre une fille, très jolie, grande brune. Quel canon ! Elle est mannequin chez Ted Lapidus.

Beaucoup de garçons avaient voulu sortir avec elle, mais ils avaient tous échoué. C. D. avait fait son choix et ce choix, c’était moi. C’est donc naturellement que nous nous mettons ensemble. Deux ans comme cela, puis nous décidons de reprendre le « Bateau Ivre » que M. C. tenait.

Il cherchait justement quelqu’un pour le reprendre. Je suis allée voir M. pour lui demander combien il en voulait exactement, après nous être mis d’accord, C. D. et moi reprîmes le bar.
Après quelques jours d’ouverture, qui voilà ? Thierry S. Il avait disparu quelques semaines, car il avait rencontré C. H. Une superbe femme surnommée la « Dédée D’Anvers ». C’était la plus grande michetonneuse de la ville. Elle a ruiné quelques michetons ardennais dont certains ne se sont jamais remis.

Il faut que je vous dise : avant d’avoir le « Bateau Ivre », je faisais également la sécurité la semaine dans un bar à hôtesses situé à Sedan. Et dans ce bar travaillait C. H. , compagne désormais de Thierry S. Je connaissais bien Chantal.

Donc C. et Thierry arrivent chez nous au « Bateau Ivre » pour nous féliciter de notre nouvelle acquisition, après quelques mois d’ouverture. J’allais être confronté à un nouveau problème !
C. D. étant très jolie, les clients, il y en avait beaucoup, ne venaient pas pour moi, mais pour elle, qui était très jeune, à peine 17 ans, et elle finit par me tromper. Et là, chamboulement dans ma vie, nous nous séparâmes et le « Bateau Ivre » devint un bar à hôtesses, après quelques travaux.

Bien sûr, c’était une période où je n’étais pas très bien, perdre C. était un coup dur pour moi ! Et c’est à ce moment que Thierry S. est venu me voir pour me réconforter et surtout me faire comprendre que si j’avais besoin de lui, je pourrais compter sur lui, et qu’il serait là !
Il croyait que je voulais faire une farce à celui qui était avec C. Merci, Thierry, mais aucune femme ne mérite que l’on fasse ça pour elle.

Finalement, un an et demi après, je rencontre P. D. , une grande blonde aux yeux bleus, je sens que quelque chose m’attire chez cette fille. Elle allait devenir la mère de ma fille !
Je revends le « Bateau Ivre » pour ouvrir mon premier établissement en Belgique. C’est à Bièvre que j’atterris. Je reprends le bar « La Cigale », un bar « montant », situé dans la province de Namur.
Thierry S. est de plus en plus présent, il a quitté C. H. pour N. F.  Mais c’est avec P. et N. que j’ouvre ce bar, l’argent coule à flots !

Malheureusement, Thierry était absent, car incarcéré pour une affaire de proxénétisme, il a fait 21 mois de prison. À sa sortie, je suis allé le chercher à la maison d’arrêt de Châlons-en-Champagne pour le ramener en Belgique et retrouver N. F.

Quelques mois plus tard, rupture avec P. D. et là, double coup sur la tête, elle me quitte pour qui ? Thierry S.

N. F. était avec quelqu’un quand Thierry S. est sorti, ce que je ne savais pas.
Bien sûr, cela donna lieu à une embrouille avec Thierry S., c’est tout d’abord mon véhicule, une CX Palace, qui brûla. Quelques semaines plus tard, c’est le bar « La Cigale » qui était incendié. Plusieurs coups de feu dans Charleville à l’encontre de B. D. qui avait profité de la situation. C’est-à-dire qu’il voulait absolument régler ses comptes avec Thierry S.

Thierry S. n’a jamais admis que B. D. essaye de me monter contre lui. Bref, Thierry S. et moi, nous ne nous sommes plus fréquentés pendant deux ans.

Je pars m’installer à Mons dans le Borinage, en Belgique, et me marie avec D. L. , une patronne du bar « L’Adriatique », situé Chaussée de Binche à Mons.

Un an après cela, j’apprends que Thierry S. et P. D. sont à Hirson, dans une caravane et que Thierry S. veut me voir. Donc, je vais à Hirson. Et là, je le rencontre, P. n’est pas là. Il m’offre un café et se met à pleurer.
   
Il me demande de lui pardonner et veut que je le ramène à Charleville avec ses affaires. N’ayant pas le temps de faire l’aller-retour, c’est X. qui vient le récupérer à Maubert Fontaine. Thierry S. n’était plus avec P. D. et nous nous revoyons régulièrement jusqu’à l’affaire Piro.
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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyMer 24 Juil 2024 - 5:11

Au milieu du blablabla-blablabla, UNE information
https://www.google.com/maps/place/Chau.+de+Binche,+Mons,+Belgique/@50.4387817,4.0293066,13z/data=!4m6!3m5!1s0x47c24f8b83840f55:0x3a85e2e29a494a7b!8m2!3d50.4515376!4d3.9820997!16s%2Fg%2F1tggmt44?entry=ttu
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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyMer 24 Juil 2024 - 21:14

Le « Baby Bar »

La première affaire judiciaire, c’est en 1987 que nous allions la connaître.
Un soir de juillet 87, aux alentours de 23 h, deux coups de feu résonnent dans le chef-lieu ardennais. Un homme ou deux, masqué(s), tirent deux coups de feu sur la personne de F. R.
Touché à la jambe et à l’oreille, F. R. vient d’être victime d’une tentative d’assassinat, c’est établi. On a voulu tuer le patron du « Baby Bar ».

L’enquête est confiée au SRPJ de Reims et dirigée par le commandant D. B. Les indics étaient sur le coup dans les bars de la ville. On ne parlait que de cela !
Mais qui avait pu tirer sur F. R., et surtout, pourquoi lui ? Avait-il une double vie ?
Toutes les questions se posent le lendemain de cette fusillade.
On voit F. R. dans le journal « L’Union » sur son lit d’hôpital. Nous, c’est chez B. T., tenancier du bar-café « La Bohème », que nous apprenons la nouvelle par un chauffeur de taxi, M.
— Vous ne savez pas, les gars ?
— On a voulu descendre F. ! Cela va faire du foin !

Parmi les nombreuses choses qui se disaient, voici celle qu’on entendait le plus souvent : « C’était, paraît-il, un indic de la PJ et la PJ n’aime pas que l’on tire sur ses indics. »
Ensuite, les contrôles et les gardes à vue se multiplient. Enfin bref, c’est le bordel à Charleville-Mézières pendant l’été 87.
Mais qui sont les responsables ? Où sont les tireurs ? Sont-ils de Charleville ? Sont-ils de passage ?
RIEN ne transpire, et les conneries continuent de circuler.
La police n’avance pas d’un pouce et tout le monde ressort.
Invités à diner par deux frangines, M. P. et N. R. , hôtesses à Charleville, c’est des spécialités asiatiques qui nous sont proposées, c’est un grand plaisir de manger des nems dans un « clac » avec deux frangines !

Et bien sûr, le sujet du jour, c’est notre cher F., le pauvre, qui est à l’hôpital. On a voulu le tuer et personne n’est arrêté ?!

Tout à coup, la porte du bar s’ouvre, deux inspecteurs de la sûreté urbaine nous arrêtent. Nous sommes soupçonnés d’être les auteurs de cette tentative d’assassinat.
Notre garde à vue nous est signifiée à 1 h 30 du matin.
« Mettez tout ce que vous avez dans les poches dans le tiroir et retirez vos lacets. »
Pour moi, c’était un dépucelage : première garde à vue criminelle.
Cela, c’était le lendemain que l’on allait me faire la remarque !
— Cette fois, Patrick, c’est criminel ! me dit l’inspecteur Thirion. Tu en es conscient ?
— Bien sûr ! je lui réponds.
— Où étais-tu il y a 36 h ? Tu te souviens, bien sûr !
Tout a été contrôlé, détecteur de poudre sur mes vêtements, mon avant-bras, dans la voiture, l’emploi du temps est étudié à la minute près et là, tout est bon. Tellement bon que le procureur de la République n’a même pas souhaité nous rencontrer.
Fin de la garde à vue !
« Messieurs, vous êtes libres ! »
On nous rend notre fouille. Nous voici libres. Non ! Ce n’est pas eux ! Thierry S. et Verdin ne sont pas les auteurs de cette tentative d’assassinat.

Pourtant, la flicaille a essayé de nous piéger en nous mettant tous les deux dans la même cellule. On peut imaginer que cette cellule était piégée avec des micros.
Sinon, vous pensez bien que l’on aurait été séparés !

Alors que ça se tassait, Thierry S. se fait arrêter de nouveau pour cette affaire. Thierry s’était vanté d’être l’auteur des coups de feu au « Baby Bar », et cela, plusieurs témoins le confirmaient.
À la maison d’arrêt de Charleville-Mézières où j’étais incarcéré pour d’autres faits, je vois Thierry S. arriver.

— Mais qu’est-ce que tu fais là ? je lui demande.
Et là, tenez-vous bien ! Il m’embrasse et me dit :
— Je suis venu te dire bonjour, je m’emmerde dehors !
— Mais tu es là pour combien de temps ?
Il rigole et me répond :
— Je sors quand je veux !
— Comment ça ? Explique ?!
Et là, il me regarde en riant et me raconte.
En fait, il avait fait un deal avec F. R., la victime du « Baby Bar », qui lui avait demandé d’enquêter pour savoir qui lui avait tiré dessus. Thierry S. avait accepté, mais avec comme garantie un petit mot signé de sa main disant qu’il lui demandait de chercher les auteurs.
Avec ce papier signé par F. R., Thierry pouvait sortir quand il voulait, il suffisait de demander à son frère, X., d’amener ce papier au juge en charge de l’affaire.

Thierry S. a effectivement reconnu avoir dit que c’était lui le coupable dans l’espoir que le véritable auteur lui dise : « Non, T., c’est moi, ce n’est pas toi, tu es un menteur. »
Et après être passé me saluer, il ressortit libre dans cette affaire.
Étant sorti aussi, nous nous retrouvons enfin tranquilles en attendant d’autres aventures, car là, ce n’était que le début, un dépucelage en quelque sorte.

En 1986, tout va pour le mieux pour nous !

Cartes bancaires

À peine la trentaine : l’argent, les femmes, l’amusement !... Tout est à son comble !
Il faut dire que nous avons trouvé la solution pour passer de très bons moments gratuitement !
Thierry S. et moi avions à faire comprendre à des gens que nous connaissions que s’ils nous donnaient leurs cartes bancaires, ils avaient 24 h pour la déclarer perdue. Aucuns frais ne leur seraient demandés, et hop, certains nous laissaient leur carte, par contre, d’autres voulaient venir avec nous. Dans ce cas, nous nous arrangions pour les en dissuader. Alors que les plaintes pour vol ou perte de cartes bancaires s’entassaient sur le bureau du commissariat de Charleville-Mézières, nous nous la faisions crapuleuse dans les bars avec les « frangines ».

Les meilleurs restaurants, les meilleurs vins. Thierry S. était assez fier de me faire découvrir les grands vins. C’est le Bourgogne que nous préférions ! Nuits-Saint-Georges, Gevrey-Chambertin et le fameux Sancerre blanc pour nous accompagner quand nous allions dans les restos spécialisés dans les fruits de mer.

Je dois avouer que c’est pendant ces moments de bien-être que Thierry S. se lâchait le plus.
Nous commencions à parler de choses dont Thierry S. ne m’aurait jamais parlé avant.
Tout d’abord, il m’apprend qu’il était membre du SAC, et que ce SAC avait été fondé en grande partie par Jacques Foccart et Charles Pasqua, sous l’égide du Général de Gaulle.

Nombreuses sont les fois où Thierry S. et moi avons vécu des moments inattendus et, chaque fois, nous restions ensemble, solidaires !

Pourtant, cette fois, Thierry S. me demandait de partir et de le laisser seul, pourquoi ?
Il faut dire que, là, les choses se sont un peu gâtées. Alors que nous faisions la fête dans un bar, « L’Auberge du Sanglier », à Dinant , au moment de régler l’addition, la carte a été refusée.
L’appareil signale au commerçant qu’il faut saisir la carte. Les deux frangines, très gênées, nous ont demandé du liquide.

Hors de question de payer avec notre argent, d’autant plus que l’addition était très chargée. N’ayant aucune solution à ce moment, les filles sont obligées d’appeler le patron et 15 minutes plus tard, un molosse de 2 mètres avec un chien dogue allemand arrive ! J’avoue que cela m’impressionne et me scotche sur place.

Thierry S., n’ayant aucune crainte, lui dit : « Mon copain s’en va et moi je reste. » Donc le patron me laisse partir. Je me retourne sur Thierry et je lui demande si je dois bien partir, celui-ci me le confirme et m’informe qu’il m’appellerait le lendemain.

Le lendemain, le téléphone sonne vers midi, c’est Thierry qui me dit : « C’est bon, je suis à la douane de Givet. »
Je vais donc le rechercher, certain que Thierry avait beaucoup de choses à me raconter, et bizarrement, RIEN ! Il ne me dit rien ! Pas un mot !
Je lui demande de me raconter. Il me répond : « Roule ! C’est bon ! Ne t’en fais pas ! »
Cet instant était incompréhensible pour moi, mais connaissant l’oiseau, je n’ai pas insisté !
Aujourd’hui, presque 35 ans après ces faits et étant informé par des journalistes de la RTBF, je me demande si ce comportement n’était pas lié aux tueries du Brabant Wallon.

Nous étions à Dinant, en 1986, Thierry avait-il eu peur que je reste et que j’apprenne des choses ? Ou est-ce qu’il ne voulait pas me mêler à cette histoire et il avait préféré que je parte ?!
Je dois vous avouer que des scènes comme celles-ci, nous en avons vécu d’autres, et Thierry ne m’avait jamais demandé de partir ! Donc pourquoi l’avoir fait, là ?
Comme toujours, il y a eu la fois de trop ! Celle qui nous a coûté notre arrestation en 1989. Quatre ans de folie pour huit mois d’emprisonnement pour moi et cinq mois pour Thierry.
C’est en traînant dans les bars du chef-lieu ardennais que nous trouvions nos proies. Un grand homme complètement bourré qui voulait absolument aller voir les filles dans les bars en Belgique, il ne pouvait pas mieux tomber ! Et boom ! Ni une ni deux, voilà le grand bonhomme allongé sur la banquette arrière et plongé dans un sommeil profond. Nous prenions alors la direction de Liège pour les vitrines. Alors qu’il nous avait laissé sa carte, nous décidions de laisser dormir notre ami dans la voiture.

Vers les midi, alors que nous étions toujours dans le bar, qui voyons-nous passer ? Notre ami, qui avait décidé de nous laisser et de repartir en train. Nous, c’est à Maastricht que nous nous retrouvions pour une nuit blanche ! Imaginez, le premier pétard dans le premier coffee shop ouvert !
Pendant ce temps, notre ami avait porté plainte pour vol de carte bancaire, c’était une manœuvre compréhensible, car il n’allait pas dire à sa femme qu’il était consentant dans cette affaire !
Interpelés en France, nous sommes relâchés quelques heures plus tard ! Tout se serait bien passé si nous nous étions arrêtés la ! Mais pensez-vous ! Ayant affranchi un ami à nous, P. M. , celui-ci nous contacte en nous faisant comprendre au téléphone qu’il en avait une.

Vous pensez, évidemment, Thierry S et moi sautons dans notre voiture, direction P. M. Eh oui ! Une belle bleue ! Nous prenons la direction de Charleroi et, encore une fois, toute la nuit dans les bars ! Le lendemain, nous mangeons à la « Botte d’Yves », à Yves-Gomezée.

Pierrot nous laisse quelques instants pour passer un coup de téléphone. Après le repas, nous reprenons la nationale 5, celle que J.-P. A. dit « être sans risque », alors que cette route est très dangereuse. À la frontière de Gué-d’Hossus, nous sommes contrôlés par la PAF et, là, nous nous voyons informés que nous avons deux mandats d’amener au juge, chose qui sera faite le lendemain et, bien sûr, Thierry S. et moi sommes incarcérés à la maison d’arrêt de Charleville-Mézières.
Comme je vous l’ai dit, je ne regrette rien. Thierry S. et moi étions alors de véritables amis.

Je me souviens qu’un matin, en rentrant à Charleville, après une nuit d’enfer comme tant d’autres, Thierry prit soudain un air sérieux et me dit : « Tu vois, Patrick, un jour tu sauras ! Dans la vie tout se sait ! On viendra te voir pour te parler de moi, s’il te plaît, Patrick, je compte vraiment sur toi pour leur dire que je n’étais pas un fou ! »
Bien sûr, pour moi, à cet instant, cela ne voulait rien dire. Mais aujourd’hui, cette phrase n’était-elle pas un message ?

Ne voulait-il pas parler des tueries du Brabant Wallon ?!
Sincèrement, je le pense aujourd’hui.
Ajoutés à cela son fameux comportement à Dinant ainsi que l’identification des portraits robots du témoin anonyme à la gendarmerie de Hastière plus le témoignage de cette femme à Dinan, tout ça conforte mes idées.

Tous ces petits détails me font penser qu’effectivement, il pourrait être le tueur fou.
Vous découvrirez d’autres petits indices tout au long de ce livre qui vous permettront de vous faire votre propre opinion.
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CG287




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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyMer 24 Juil 2024 - 21:18

Affaire Patrick Lacaze

En 1989, ça bouge beaucoup à Charleville-Mézières. En une belle après-midi de printemps, aux alentours de 17 h, le téléphone sonne et au bout du fil : Thierry S.
— Que fais-tu ? me dit-il.
— Tu es occupé ?
— Non, pourquoi ? je lui réponds.
— Je t’invite au resto ! Viens vers 18 h, on prendra l’apéro avant !
— OK, Thierry ! À toute !

Et comme d’habitude, je le prends en bas de chez lui, au 86 rue du 11 novembre. Ce jour-là, c’est un Thierry rayonnant qui arrive, il monte dans la voiture avec le sourire d’un homme heureux, sans doute la satisfaction du travail accompli ?
On se fait la bise et il me dit :
— Patrick, j’ai pensé à toi il y a trois jours !
— À quelle occasion ? je lui demande.
Et là, comme à son habitude, plus rien ! Et moi, comme à chaque fois, je n’insiste pas !
Bizarre, ce comportement ?!

Mais je commence à comprendre Thierry S., quelque chose s’était passé trois jours avant, mais quoi ?
Comme il le faisait depuis deux ans, Thierry essayait de me faire comprendre quelque chose. Une chose qu’il ne pouvait pas me dire clairement, donc quelque chose de grave !
Mais que pouvait-il vouloir me dire ? J’en étais encore là.

Après, avoir passé une soirée agréable, je ramène Thierry S. à son domicile, puis je rentre chez moi.
Une semaine après cette soirée, alors que je buvais un café chez ses parents, Thierry me demande :
— Tu as vu le journal ?
— Non, je lui réponds, pourquoi ?
Et il m’annonce :
— Ils ont retrouvé un corps au lac des Mazures ! Mais, ajoute-t-il, il n’est pas identifié, lis l’article.
Je lis l’article et j’apprends qu’effectivement un corps a bien été retrouvé, mais la police scientifique n’avait pas encore identifié le cadavre. Mais l’article disait qu’il se prénommait Patrick et que la mort remontait à tel jour.

Je n’ai pas mis longtemps pour comprendre le fameux message de Thierry. D’autant plus, que la date correspondait au jour où Thierry S. avait pensé à moi. Je vous rappelle que la victime se prénommait PATRICK.
Est-ce que c’est le hasard ou Thierry venait de me faire comprendre que c’était lui le tueur de cette personne ?
Il était trop tôt pour avoir des certitudes, d’autant plus qu’on ne savait pas qui était la victime. Une semaine après, dans « L’Union », son nom fut révélé : un certain Patrick Lacaze, que je connaissais bien personnellement, pour lui avoir acheté quelques barrettes de shit.

Mais pourquoi Thierry S. aurait-il tué Lacaze ?
Aujourd’hui encore, je ne peux répondre à cette question !
Et Thierry, souvent, lorsque j’évoquais cette affaire, me regardait en souriant, avec un sourire qui en disait long, une certaine façon pour lui de me faire comprendre que c’était lui, mais pourquoi ?
Cette question, il ne fallait surtout pas la lui poser. Car il ne se mettait jamais en danger, donc, jamais il ne me donnait d’éléments sur cette affaire.

« Oui, Patrick ! C’est moi, mais tu n’en sauras pas plus ! »
Telle était sa façon de me faire comprendre les choses sans jamais me donner l’occasion de la lui faire « à l’envers ».

Mais cette affaire Lacaze allait nous apporter bien des soucis.
En 1989, j’ouvrais mon premier bar en Belgique, à Bièvre, un petit village situé à une dizaine de kilomètres de la frontière française, un bar « montant » comme disent les Belges !
Pascale D. étant ma compagne et N. F. étant celle de Thierry S., nous avions nos hôtesses.

On pouvait donc ouvrir « La Cigale ». L’argent coulait à flots, je pensais que Thierry allait me rejoindre et BOOM BADABOOM, l’affaire Lacaze nous rattrape !
Il faut dire que l’affaire avait été confiée au commandant V. de la BRB de Reims. Les lardus encore une fois sur le dos, cela s’annonçait terrible !

Moi, de mon côté, je savais que c’était Thierry, c’est tout ! Pas de mobile, pas de preuves, aucun élément !
Je savais que j’allais passer des moments très désagréables, car, comme souvent, police et gendarme avaient le même avis.

Verdin sait mais ne parlera pas !!! Alors, allons-y, P. D. et moi-même fûmes convoqués à la gendarmerie après une garde à vue très désagréable.
Je me retrouve sous mandat de dépôt, pas pour l’affaire Lacaze, car rien ne m’implique, mais ils s’étaient aperçus que j’étais sous contrôle judiciaire dans le cadre d’une autre affaire et que je n’avais pas le droit d’être en Belgique.

Pour P. D., ma compagne, pareil, mandat de dépôt pour une affaire d’escroquerie datant de quatre ans auparavant.

Et enfin, Thierry S. est placé sous mandat de dépôt également, mais dans le cadre d’une affaire de proxénétisme, pas pour celle de Lacaze.
En effet, la gendarmerie avait remarqué durant les filatures que tous les vendredis et les mardis, Thierry S., en compagnie de G., prenait la direction de Charleroi pour un bar situé sur la chaussée de Philippeville.

Ils emmenaient ou allaient chercher une fille qui travaillait dans ce bar. Le commandant Vaillant ne pouvant pas nous poursuivre dans l’affaire Lacaze se vengeait autrement. P. D. fut libérée une semaine plus tard, après que la mère à Thierry eut laissé une caution de 50 000 francs soit 7500 euros.

Pascale D. ressortie, j’étais un peu mieux dans ma tête, car notre fille avait besoin de sa mère.
Quant à moi, je fus libéré 15 jours après par la cour d’appel de Reims qui avait trouvé que mon incarcération était abusive. Quant à notre ami Thierry S., il fut condamné à deux ans d’emprisonnement, pas comme tueur, mais en tant que « julot ».
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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyMer 24 Juil 2024 - 21:44

Apparemment La Cigale rue de Bouillon,167 5555 Bièvre
et l'Adriatique chaussée de Binche,167 7000 MONS (167 numéro fétiche ?)
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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyJeu 25 Juil 2024 - 3:40

Les frères de la Côte

De 1991 à 1993, Thierry S. et moi ne nous voyons plus suite à une affaire de fesses. De mon côté, j’étais loin d’être inactif, en effet, B. D. profitant de la situation proposa de me présenter des amis à lui basés à Ostende. C’est au cours de cet été 91 que j’ai franchi encore un pas, et sans Thierry S. cette fois !

Quand nous arrivons à Ostende avec B. D. et sa fille K. qui travaillait, elle, déjà, en vitrine, nous sommes reçus par une bande de Français, tous natifs du sud de la France : M. S. , G. C., S. S., D. V. etc., et tous tricards en France !

C’est G. C. qui vient vers moi le premier pour me parler de Thierry S. ; B. D. avait raconté l’histoire ! G. C. et Thierry S. se connaissaient ! Ils s’étaient croisés à la ratière de Loos-lez-Lille. Après quelques semaines, je suis allé à Ostende seul, plus besoin de B. D., et là, je me souviens des longues conversations que j’ai eues avec Thierry S. qui m’expliquait que pour être admis dans le milieu, il fallait être respecté, et pour être respecté, il fallait passer de l’autre côté du miroir !

Après être passé de l’autre côté du miroir, en effet, les choses n’étaient plus les mêmes !
Quant à G. C., il insistait pour revoir Thierry. Mais pour cela, il fallait à tout prix rendre B. D. tricard à Ostende ! Car B. D. ne devait surtout pas se retrouver face à Thierry S.

G. C. ayant plus de sympathie pour Thierry S. que pour B. D., il s’en était occupé et quelques semaines plus tard, la bande avait fait comprendre à B. D. qu’il ne fallait plus qu’il vienne à Ostende.
La voix étant libre, et étant réconcilié avec Thierry S., c’est sans surprise qu’en 1993, lui et moi fûmes invités à passer quelques jours sur la côte belge.

À notre retour, Thierry S. me parla comme jamais ! Il me dit :
— Patrick ! Bravo ! Je sais, j’ai compris ce qu’il y avait de changé en toi ! Tu es passé de l’autre côté du miroir ?
— Oui, Thierry ! lui répondis-je.
Alors que nous nous revoyions de plus en plus régulièrement, je l’invitais assez souvent à venir passer quelques jours chez moi à Boussu, dans le Borinage.
La première fois que Thierry est venu chez moi, à Boussu, un événement que j’avais oublié s’est produit, mais en me documentant sur l’affaire des tueries du Brabant, ça m’est revenu.
Je m’explique : lorsque je me suis marié en 1993 à Mons avec D. L. , elle avait un bar à Mons. Quelques mois plus tard, nous remettions ce bar pour nous installer à Boussu afin d’y reprendre un commerce, et l’un des gérants de ce commerce n’était autre que M. B. qui venait quelques années auparavant, en 1988 exactement, d’être acquitté dans l’affaire du Brabant Wallon.

M. B. faisait partie de la bande des Beauraing . Lorsque Thierry est venu, je lui ai bien sûr raconté cette histoire et je lui ai demandé s’il connaissait ce gang des Brabant Wallon, et là, d’un geste sûr de la tête, il me dit : « NON ! »

Aujourd’hui, c’est ce « NON » qui résonne encore dans ma tête et qui voulait dire OUI !
Pourquoi ne m’avait-il pas dit que X. avait été entendu dans cette affaire ?
Aujourd’hui, je sais que X. fut entendu dans cette affaire. Par conséquent, pourquoi Thierry m’avait-il menti ?

Il connaissait forcément cette affaire !
Le tout était de connaître la raison de ce mensonge.

Extorsion de fonds

Nous faisions les allers-retours Mons-Charleville, car Thierry S. et moi avions repris un de nos exercices anciens, c’est-à-dire les nuits dans les bars à filles à n’en plus finir grâce à une technique que les amis de la Côte avaient mise au point. Thierry S. était super bien, mais vraiment bien, moi qui le connaissais, je l’avais rarement vu aussi bien !
Et une nuit, fidèle à ses petites habitudes, il me lâche quelques infos.
— Patrick ! J’ai parlé de toi au colonel !
Et là, il marque un temps d’arrêt. Certainement le temps pour lui d’observer ma réaction.
— Quel colonel, Thierry ? je lui demande.
— Les services ! me répond-il.
— Mais quels services ?
— La piscine ! me dit-il en riant.

Il m’explique qu’en fait, en tant qu’ex-membre du SAC, il est devenu « barbouze ». Il prend le temps de m’expliquer ce que signifie une barbouze et il me donne aussi la définition du terme « piscine ». À ce moment, je comprends avec certitude que Thierry S. n’est pas un voyou ordinaire !
Et comment se fait-il qu’il ait cette culture, cette intelligence ?

J’ai compris également que Thierry S. était investi dans la vie politique lorsque Jacques Foccart est décédé.
Je suis allé chez lui ce jour-là. Moi, je ne connaissais pas ce nom.
Thierry me regarde et me dit :
— Patrick, aujourd’hui, je suis en deuil !
— Qui est mort ? je lui demande.
Et là, il me répond : « Jacques Foccart ! », en me précisant que c’était le Mr Afrique du Général de Gaulle, celui avec qui Charles Pasqua avait créé le SAC. Et toute la soirée, il me prend la tête avec Jacques Foccart.

Le lendemain, une fois la fièvre retombée, je le ramène à Charleville, en partant de chez moi à Boussu, il me dit : « Je l’ai fait couler le sang dans ce pays, va ! » Et plus rien de tout le voyage !
La mort de Jacques Foccart n’était toujours pas digérée.
Arrivés à la hauteur de la gendarmerie de Charleville-Mézières, il me dit pour la seconde fois en trois ou quatre ans : « Patrick, on viendra te voir pour te parler de moi un jour ! Tu sauras, tout se sait ! Toi, tu sauras ! Dis-leur que je n’étais pas un fou, va ! »
Je le connaissais bien, Thierry, dans les moments où il partait dans des monologues, je le laissais parler tout seul.

Un soir parmi tant d’autres, mais pas comme les autres, il m’invita à boire un verre chez F. R. (celui qui avait pris deux coups de fusil en 1987 et qui lui avait fait la lettre en lui demandant d’enquêter et de trouver les coupables de ces coups de feu). Et là, je tombe des nues, Thierry s’en prend directement à R. et lui dit : « Si tu ne veux pas finir entouré de craie (faisant comprendre à R. que la craie sert à dessiner le corps d’une victime au sol), maintenant, c’est tant par mois ! »
« Oufff ! » R. est sidéré.
« Qu’est-ce qui te prend, Thierry ? », lui demande-t-il.
Et Thierry de récidiver : « C’est tant par mois, maintenant ! »
Puis il commence à casser les verres !
Renoit en panique crie : « Arrête, Thierry ! On en reparlera plus tard ! »
Moi, à ce moment précis, je suis sur le cul, je ne m’attendais pas à cela.

Et nous repartîmes, Thierry et moi. Sur le chemin, il me faisait comprendre que des commerçants payaient une taxe de sécurité à des voyous de la ville et qu’il ne comprenait pas comment certains pouvaient avoir peur de petits malfrats et pas de lui.

Cela le contrariait, car il estimait que les parrains de Charleville à cette époque, c’était nous !
Quelques jours plus tard, il me présentait un ami à lui : É. B. Un fondu de chez fondu !
Ce mec avait attaqué un patron de bar qui lui avait tiré dessus à trois reprises avec de la gomme cogne pour le stopper.
— Ouf ! dis-je à Thierry, celui-là, il faut le gérer.
— Je me doutais que tu allais me dire ça, Patrick, mais t’inquiète, je vais le former !
— OK, Thierry, mais pour quels travaux ?
— Tu sauras bientôt ! me répondit-il.

Moi qui étais à Boussu, tranquille, je ne savais pas ce qui se passait en mon absence, mais je n’ai pas mis longtemps à le savoir.

Un soir d’hiver, Thierry m’invite à boire un verre au « Tiercé », une brasserie située avenue Leclerc à Charleville.

Et là, à peine j’arrive, le patron est pris de panique et se sauve dans les WC. Encore une fois, Thierry ne m’avait rien dit. Après quelques minutes, le patron revient terrorisé ! Thierry lui demande ce qu’il se passe. Alors le patron lui annonce : « Un cinglé est venu me mettre à l’amende et il m’a dit qu’il était ton soldat ! C’est vrai ? »

À ce moment, Thierry le regarde et lui répond : « Écoute bien, si tu as un caillou dans ta chaussure qui t’empêche de marcher, je peux te retirer ce caillou ! Mais c’est tant par mois ! » Le patron a compris le message et a accepté.

Le caillou étant retiré, ce n’est pas l’argent que l’on reçoit, mais la PJ de Reims ! En effet, le président du syndicat des cafetiers chez qui les commerçants se sont plaints est allé à la police.
Le syndicat se porte partie civile et Thierry S. et moi sommes arrêtés puis condamnés à trois ans d’emprisonnement ferme pour Thierry et deux ans ferme aussi pour moi.
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KeBiesse




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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyJeu 25 Juil 2024 - 17:59

Il faut du courage pour lire un texte écrit de cette manière, pour rester poli.

Et ça ressemble à un recueil d'aventures de gamins...
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CG287




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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyVen 26 Juil 2024 - 1:16

Les liens Piro - Dutroux

De 1993 jusqu’à 1997, c’est-à-dire l’année où Thierry et moi sommes réunis, et aussi celle de notre arrestation dans le cadre du dossier extorsion de fonds, « racket ».
Nous sommes dans le confort. Lui vit avec une professeure dans une très belle propriété située dans un village à quelques kilomètres de Charleville-Mézières. Moi, de mon côté, j’ai un club spectacle dénommé le « Rétro » qui tourne très bien, tenu par une main de maître en la personne de D., mon épouse.

L’argent est là, Thierry S., mon ami, est de nouveau avec moi et, bien sûr, il y a mes amis du Sud. C’est avec eux que je suis le plus souvent. Il faut dire que depuis le temps, nous commençons à bien nous connaître.

Cette équipe était la plus grosse équipe française installée en Belgique. G. C. a retrouvé Thierry S., et moi, c’est avec M. S. dit le « gros », que je m’entendais le mieux.
Il m’invitait souvent chez lui à Anvers au « Daddy’s Home », son cabaret avec des filles d’un autre monde ! (Jacuzzi, etc.)
Des ministres venaient chez lui par une petite porte spécialement aménagée depuis un immeuble voisin qui donnait dans le cabaret.

À force de fréquenter cette bande, je finis par découvrir que l’un d’entre eux avait été associé bien des années plus tôt à J.-P. M. et le petit M. , abattus tous les deux à un barrage de gendarmerie sur l’autoroute A4, à la hauteur du péage de Gueux.

Thierry connaissait cette histoire et m’avait prévenu que les amis du Sud n’étaient pas n’importe qui et que par conséquent, il fallait marcher droit. Tout cela ne me freinait pas, j’étais bien dans mes bottes. Le business avec « le gros » me rapportait beaucoup d’argent pour un minimum de risque.
Il fallait juste avoir un bon véhicule, car bouger était notre seule obligation. La Belgique, la France et la Suisse étaient les pays où nous travaillions le plus !

Il fallait trouver des commerçants qui acceptaient de traiter avec nous à 50/50, ce qui n’était pas un problème vu l’argent que cette affaire rapportait.
En parallèle à tout cela, mon épouse D., issue d’une famille nombreuse, avait trois frères et quatre sœurs, dont l’une se prénommait V., elle était l’épouse de Michel Piro.

On en vient à cette fameuse affaire Dutroux.
Michel et V. avaient transformé l’ancien « Miss Bar » en une brasserie appelée la « La Terrasse » et attenant à cet établissement se trouvait le fameux restaurant « L’Arche de Noé ». On pouvait y manger gastro dans un cadre sauvage, car ce restaurant faisait aussi zoo, des lions, des pumas, des tigres, etc., étaient derrière des vitres renforcées, à deux mètres de vous pendant que vous mangiez, sans aucune odeur dans le restaurant.

Je m’y rendais souvent à « L’Arche de Noé », j’en ai vu des choses dans ce resto et vous, mes amis, vous qui voulez savoir s’il y avait un lien entre Piro et Dutroux, la réponse est : « oui », et même plusieurs liens. Tout d’abord, L. P. le fils de Michel Piro, faisait du trafic de voitures, avec qui ? Je vous le donne en mille : W, Z, O, N… Tous ces noms, vous les retrouverez dans l’affaire Dutroux.

Les voitures étaient exposées sur le parking du restaurant de « L’Arche de Noé », si cela n’est pas un lien avec l’affaire Dutroux, qu’est-ce que c’est ?

Il y a un deuxième lien entre Piro et l’affaire Dutroux, c’est ce fameux R. D. Mr Charleroi, patron des « cars wash » de la ville, des brasseries, mais également des boites de nuit. R. D. avait chez lui 16 écrans télé ou il pouvait contrôler tous ses établissements.
Il était le grand ami de Michel Piro, ils allaient ensemble acheter des fauves aux Pays-Bas pour leur zoo personnel.

Ce R. D. était tellement puissant qu’un jour, il est allé chercher V. L. qui était en plein interrogatoire à la PJ de Charleroi.
Il est arrivé et il a dit à V. : « Prends tes affaires, allez, je te ramène chez toi ! » Et il a raccompagné V. chez elle.
Tellement puissant que 15 ans après sa mort, les journalistes belges écrivent toujours « RD » quand il parle de lui. Vous vous rendez compte ?

Plusieurs témoins dans l’affaire Dutroux affirment avoir vu J. et M. , deux fillettes enlevées par Marc Dutroux, devant la discothèque « Le Carré », à Charleroi, et à votre avis, à qui appartenait cette boite ? À R. D.

C’est en ce bel été 1996 que, tout d’un coup, on apprend par un flash d’information que les auteurs de plusieurs enlèvements de jeunes filles viennent d’être arrêtés.
Il s’agit d’un certain Marc Dutroux, habitant Marcinelle, une petite commune située dans la banlieue de Charleroi. Ce soir-là, avec mon épouse et les enfants, nous avions prévu d’aller manger chez sa sœur, V. , à « L’Arche de Noé ».

À notre arrivée, surprise !!! V. est en larmes et Michel, sans arrêt au téléphone !
Mais que se passe-t-il ?
Michel arrive et nous dit : « Bonjour, on est dans la merde ! », puis il repart.
Véronique nous installe et prend place avec nous, toujours en pleurant, « Les pauvres gamines », dit-elle, et elle ajoute d’un air soucieux : « Ils viennent tous ici, j’espère qu’on n’aura pas de problèmes. » Et bien sûr, elle nous explique que Marc Dutroux était un habitué des lieux, ainsi que « toute la bande », précise-t-elle.

« On attend R. D. , il va nous sortir de là ! »

Quelques semaines plus tard, alors qu’en Belgique on ne parle plus que de cela, je lis un article dans le journal « Le Soir » disant que les complices de Marc Dutroux ont été arrêtés. Il s’agit de W, O, Z et un certain M. N. qui seraient les voleurs de voitures qui ont servi à enlever les fillettes.
À l’annonce de cette info, je fonce chez Michel et V. afin d’en savoir plus !
Et là, j’apprends que les personnes arrêtées sont les associés du fils de Michel Piro, L.
Michel m’explique que L. ne savait pas que cette équipe était complice dans l’enlèvement des gamines et que la police allait certainement leur poser quelques questions, de futurs problèmes allaient arriver.
L’affaire Piro

Des problèmes, Michel Piro allait en avoir en cet été 96. Il allait être victime d’un assassinat. C’est en décembre 1996 que Michel Piro fut abattu de deux balles de fusil sur le parking de Luttre à Pont-à-Celles.

Avant sa mort, Michel voulait organiser un repas et faire des aveux aux familles des gamines enlevées par Marc Dutroux.
Il avait pris contact avec l’association « Marche blanche » et invité les parents des victimes. C’est en allant au marché de Bruxelles, ce 4 décembre 1996, qu’avait eu lieu ce drame.

Les obsèques de Michel passées, V., un peu désorientée, multipliait les « n’importe quoi ». Tantôt avec l’un, tantôt avec l’autre ! Elle semblait perdue sans Michel.
La famille, ses sœurs, ses frères essayaient de l’entourer au mieux !

Pendant un an, les choses se passaient plus ou moins bien, jusqu’au jour où en compagnie de ma mère et de ma fille, je me rends dans un supermarché à Bavay, une ville Française située dans le département du Nord, afin d’y faire des courses, et j’entends que l’hôtesse d’accueil annonce au micro le numéro d’immatriculation de ma voiture, celle-ci était gênante, il fallait la déplacer.

Je sors pour bouger ma voiture en compagnie de ma fille et là, je me fais serrer par la PJ de Reims dans le cadre de l’affaire d’extorsion de fonds. Ils me ramènent à Charleville dans leurs locaux afin que j’y sois entendu. Lorsque j’arrive dans les locaux de la PJ, je constate que Thierry S. a été arrêté en même temps que moi et que lui aussi est placé en garde à vue.

Après quelques heures, nous sommes présentés au parquet et placés sous mandat de dépôt puis incarcérés à la maison d’arrêt de Reims pour Thierry et à Châlons-en-Champagne pour moi.
Après quelques mois au placard, et suite à la visite de mon avocat maître C. , nous décidons d’introduire une demande de remise en liberté, car, après tout, ce n’est pas une affaire aussi grave que cela. Trois jours après avoir adressé cette demande à la juge M., je reçois un télégramme de maître C. me certifiant qu’il a vu la juge et qu’elle s’apprête à me remettre en liberté et il me demande de prendre contact avec lui dès ma sortie.

Je suis dans l’attente de l’ouverture de ma cellule pour m’entendre dire : « Verdin, vous sortez ! »
C’est le lendemain matin que ma cellule s’ouvre, mais pas pour me dire : « Verdin, vous sortez ! », mais plutôt : « Verdin, extrait PJ. » J’avoue que je ne comprenais pas dans la mesure où la police n’avait plus le droit de m’entendre dans l’affaire de racket, puisqu’ils avaient terminé et que ce dossier était dans les mains du juge.

Que se passe-t-il donc ? J’y vais ! Nous verrons bien ! Effective- ment, la PJ, sous l’autorité du commandant D. B. en tête d’escadrille, me passe les pinces et m’emmène à Reims, afin de me signifier ma garde à vue.

Dans le cadre de quelle affaire ? Je vous le donne en mille : l’affaire Piro !
Et là encore, Thierry S. était déjà entendu. Mes premières auditions commencent : le commandant B. me présente quatre inspecteurs de la PJ de Charleroi et il m’informe que ma culpabilité repose sur le témoignage de V. L. qui, un an après la mort de son mari, se souvient qu’elle m’avait demandé de le tuer pour la somme 600 000 francs belges, 100 000 francs français (15 000 euros), et que je lui aurais présenté Thierry pour conclure le contrat.

Après cette garde à vue, nous sommes, Thierry S. et moi, placés sous mandat de dépôt criminel. C’est en novembre 1998 que nous sommes jugés pour extorsion de fonds par le tribunal de Charleville-Mézières. Thierry S. est condamné à trois années d’emprisonnement et moi à deux années.
Étant placé sous mandat criminel, cela ne voulait pas dire grand-chose. Bref, ramenés chacun à sa maison d’arrêt respective, nous nous donnons rendez-vous, Thierry et moi, pour l’autre procès, plus important, le procès d’assises pour l’assassinat de Piro.

C’est les 11, 12 et 13 avril 2001 que nous nous retrouvons à la maison d’arrêt de Charleville ou nous avons été transférés afin d’éviter les déplacements pour le futur procès.
Ayant été transféré une semaine avant l’ouverture de notre procès, je suis arrivé le premier à la maison d’arrêt de Charleville et, à peine installé, la porte de ma cellule s’ouvre et Thierry S., tout sourire, me dit « être heureux de me revoir ». Je demande au maton si nous serons dans la même promenade et là Thierry me dit : « Oui, j’ai déjà demandé ! »

J’attends donc la promenade en buvant un café, enfin une Ricorée ! Je suis heureux d’avoir retrouvé mon pote et surtout de marcher avec lui pendant une heure. La porte s’ouvre : « Promenade ! »
Je bondis, et en un clin d’œil, je suis avec Thierry dans la cour, et là, pendant une heure, on papote sans même évoquer l’affaire qui nous rassemble.

C’est à la promenade de l’après-midi que nous parlons de l’affaire. Les dés étant jetés, après quatre ans d’instruction et quatre ans sans nous contacter, ce que nous pouvons dire n’est plus important maintenant !

La veille de notre procès, le 10 avril 2001, maître C. est venu à la maison d’arrêt afin de préparer notre défense. « Mr Verdin, me dit-il, dans le dossier, il n’y a rien qui vous accuse ou qui vous mette en danger ! La seule chose qui me fait peur, c’est Mr S. ! Comment va-t-il se comporter dans le box ? Dites-lui de rester calme surtout et de bien répondre aux questions du président ! Je m’occupe du reste ! À demain, Mr Verdin. Surtout, dites à Mr S. d’être calme ! »

De retour en promenade, je fais la commission à Thierry S., celui-ci comprend la mise en garde de C. Surtout que Thierry avait conscience que maître C. était un avocat crédible et très fort, alors il me dit : « OK ! Pas de souci, si je dérape, mets-moi des coups de pied, je comprendrai ! »

La seule chose qui me restait à faire était de garder Thierry S. concentré pendant ces quatre jours de procès. Ce ne fut pas difficile, le premier jour du procès, Thierry S, en veste bleue, se tint remarquablement bien. Il respecta ses engagements, il fut digne et élégant. Il répondit aux questions du président avec assurance et en employant un langage soutenu.

Ce premier jour du procès, nous fûmes surpris de voir maître I. , avocat au barreau de Liège et représentant les familles R. et L., respectivement parents de J. et M., les petites filles enlevées par Marc Dutroux.

La cour d’assises n’avait pas pu accepter leur demande dans la mesure où le dossier Dutroux et le dossier Piro étaient deux dossiers différents et que là on jugeait ce dernier. Déçues, les familles R. et L. étaient restées pour assister au débat en faisant des signes de tête chaque fois que des choses inexactes étaient dites.

Lorsque le président me demanda si je souhaitais qu’ils participent au procès, je répondis que oui, que cela nous rapprocherait de la vérité.

Le deuxième jour, c’est V. qui était présente pour apporter son témoignage et lorsque je lui ai demandai si elle ne protégeait pas quelqu’un, elle me regarda et répondit : « Je n’ai pas envie d’un deuxième procès ! »

Il faut dire que ce procès avait quelque chose d’anormal pour un procès d’assises ! Et cela n’a jamais été dit dans les médias. Il n’y avait pas de partie civile ! Aucun membre de la famille Piro n’était présent. C’est donc dans ce contexte particulier et au vu de l’absence d’éléments que la cour d’assises des Ardennes nous a acquittés dans l’affaire Piro !

La mort de Thierry S.

Une fois l’euphorie de l’acquittement passée, l’heure des constats était venue. Pour Thierry S., cela ne changeait pas grand-chose à sa vie d’avant l’affaire Piro.

Pas marié, personne ne l’attendait ! Pas de travail ! Pas d’enfant ! Pas d’appartement ! Thierry vivait chez ses parents, sauf les quelques fois où, en amoureux, il squattait chez une « mousmée », donc il n’était pas si perdu que cela.

Quant à moi, je ne peux pas en dire autant. D. , mon épouse, était avec un homme, ma fille avec sa mère, je n’avais ni appartement ni voiture. Ouf !!! Il y avait du boulot !
Mon premier chantier, si je puis dire, c’était de trouver une voiture, car sans voiture, impossible de bouger ! Compliqué pour quelqu’un qui doit se refaire !
La solution, c’est mon beau-frère qui me l’apporte, en me cédant une 309 pour 500 euros en 5 mensualités. Je ne pouvais pas trouver mieux !

C’est bon, j’ai une voiture.
Mon premier déplacement, c’est à Boussu que je le fais.
Je rencontre D., mon épouse, nous étions toujours mariés à cette époque. Sans histoire, nous nous séparons, car je comprenais sa position : être la femme du type qui avait été accusé d’être l’auteur de la mort de l’époux de sa sœur, j’avoue que cela n’avait pas dû être très inconfortable durant ces cinq ans.

Ensuite, étant titulaire du permis poids lourds, c’est l’entreprise Urano qui m’engage, et surtout qui me remet à niveau socialement, car avant d’être arrêté dans l’affaire Piro, j’avais quitté la France depuis 1989, date à laquelle, nous avions P. D. et moi ouvert « La Cigale », un bar montant situé à Bièvre , dans les Ardennes belges.

Thierry S., de son côté, avait repris les bonnes habitudes : l’apéro au bar le « Come Back » à 18 h jusqu’à 20 h, puis resto et 22 h chez « Vivi », un clac, et quel clac, le « Baby Bar » de F. R. , qui avait jeté l’éponge et remis son bar à V. Toujours est-il que Thierry S. était comme un poisson dans l’eau dans ce bar, comme s’il était chez lui, peut-être, y était-il ?

Thierry S. n’aurait-il pas forcé la main à F. R. pour qu’il lâche son bar au profit de cette fameuse V., cette femme qui, il faut bien le dire, mangeait dans les mains de Thierry.
Quant à moi, étant un garçon instable, je quitte mon boulot de chauffeur poids lourd pour rejoindre un club de boxe.

Surtout qu’une opportunité m’était offerte ! Dans ma jeunesse, je veux dire entre 18 et 25 ans, j’étais ami avec un jeune Kabyle de Nouzonville, un petit village situé dans la vallée de la Meuse, à quelques dizaines de kilomètres de Charleville-Mézières.
Cet ami se prénommait R., il était l’aîné de huit garçons tous âgés à l’époque de 8 à 13 ans. En 1977, l’année où je l’ai connu et 2001, l'année où j’ai retrouvé R., il s’était passé plus de 20 ans, et ses petits frères étaient devenus grands. Ils étaient tous des champions de boxe et le plus jeune, M., était aux portes d’un championnat de France professionnel.

Ces gamins, devenus des hommes, se sont souvenus que 20 ans auparavant, j’avais défendu leur grand frère. Ils m’invitèrent à les rejoindre et c’est ainsi que je découvris le monde associatif.
Du travail, il y en avait encore beaucoup à faire pour remonter la pente, mais ce n’était pas chauffeur poids lourd que je voulais faire, sinon dans ce domaine, du boulot, j’en avais.

Moi, ce que je voulais, c’était ouvrir un bar à hôtesses dans ma ville, et pour cela, il me fallait opérer en trois étapes.
D'abord redorer mon blason, essayer de donner une autre image de moi. Ayant eu une conversation avec les frères Z, les petits frères de R., mon copain de 30 ans, ils m’ont fait comprendre que ce milieu m’ouvrirait les portes de nouvelles rencontres et que c’était à moi de faire le reste. C’est bon ! J’avais compris !
Quelques jours plus tard, H. Z. me demandait de démarcher des sponsors et de m’occuper du marketing du CSNA.

Il est vrai que c’était le moyen pour moi de faire de nouvelles rencontres. Après ce travail satisfaisant de trois ans avec les frères Z , je fis comprendre à H. qu’il était temps pour moi d’ouvrir mon bar .C’est ce que je fis en juillet 2003, grâce à un retour d’ascenseur de la part des frères Z., qui me mirent sur orbite avec la création de cet établissement.

Les choses se passaient bien jusqu’à ce qu’un infarctus vienne me stopper. Hospitalisé dans le service cardio de l’hôpital de Corvisart, j’y fus soigné durant une semaine.

Thierry S. apprenant la nouvelle fut le premier à me rendre visite. Il était ému, n’arrivant presque pas à parler, mais, cependant, je comprenais ce qu’il disait : « Non ! Pas toi, Patrick ! », visiblement il ne voulait pas que je meure.

Remis de cet accident vasculaire, je suis retourné au chagrin !
J’ai demandé à des amis parisiens une ou deux hôtesses, car tous étaient des tenanciers de bar à Paname !

Une très jolie fille s’est présentée :
— Je me nomme R. , je suis Marocaine, et c’est monsieur X qui m’envoie, est-ce que je vous intéresse ? me demande-t-elle. — Oui, bien sûr ! je lui réponds.
Et hop ! R. s’installe !

La chose qui m’a tout de suite plu chez R., c’était sa douceur, toujours calme, pas de produits stupéfiants, ce qui est rare chez les hôtesses, vraiment, cette fille me plaisait ! D’autant plus que j’étais en période de convalescence pour le cœur.

Cette R. arrivait bien, mais là où j’ai été impressionné, c’est lors- que je l’ai vue travailler ! Je n’avais jamais vu cela ! Une tueuse !!! Wouaahhhhhh !!!!!! Je la garde ma Berbère ! Oui, R. était d’Agadir.
Étant de plus en plus proches l’un de l’autre, R. m’explique que sa carte de séjour allait expirer dans les quatre mois et qu’elle serait obligée de rentrer au bled.
Elle voulait absolument un mari français !

Quelques jours de réflexion plus tard, je consens à l’épouser. Après quelques compromis, nous nous marions. J’appelle mon vieux copain Thierry S. afin qu’il accepte d’être mon témoin, ce qu’il fait avec grand plaisir !

Me voilà refait !!! De l’argent, une Mercedes 330D, un bar qui marche très bien, la concurrence est à genou. Aucune fille travaillant au « Gavroche » ne venait de Charleville. Il y en avait sept qui y travaillaient : blondes, brunes, rouquine, deux blacks, et en plus de cela, ma femme, qui se faisait passer pour une eurasienne, tant elle était belle, maquillée, avec sa perruque.

Seulement voilà, quand on s’appelle Patrick Verdin et que l’on vient d’être acquitté dans une affaire d’assassinat, cela embête beaucoup de monde. Et ça parle beaucoup !
« Ça baise là-dedans ! C’est pour cela qu’il y a beaucoup de mon- de ! » Voilà le genre de phrases qu’on entendait dans la ville !

Il n’en fallait pas plus pour réveiller le commandant d’escadrille D. B. et son SRPJ de Reims qui était sur mes « andos », en effet, X. S., le frère de Thierry S., avait un capteur , et nous écoutions l’équipe de D. B, j’étais prévenu, il fallait faire attention. Ce qui est intéressant quand tu sais que tu es fliqué, c’est de découvrir leur façon de travailler.

Alors, le soir, le « Gavroche » fermé, avec des jumelles infra- rouges, je m’installais devant les carreaux toute lumière éteinte et je regardais les inspecteurs en train de faire les planques.
D. B. , le commandant du SRPJ, n’avait pas digéré que deux coupables soient en liberté et que l’un d’entre eux se gave. Oui, pour D. B., nous étions coupables de l’assassinat de Michel Piro.
C’est donc sans surprise pour ma part que le 26 septembre 2006, l’équipe du commandant B. envahit les lieux et procède à mon arrestation.

Arrivé dans leurs locaux où je suis placé en garde à vue, ma première audition peut commencer. Mais voilà, nous n’étions plus en 1987, et j’étais un affranchi comme disait Thierry S. Au bout de quelques heures, je constate un gros problème, D. B. venait de placer les filles en garde à vue après les avoir entendues.

J’apprendrai plus tard que les auditions des filles n’avaient pas plu à D. B. La prostitution n’est pas un délit, seul le proxénétisme l’est, donc rien ne permettait à D. B. de placer ces filles en garde à vue tant que leurs témoignages n’iraient pas dans son sens, c’est-à-dire tant qu’elles ne m’entasseraient pas.

Les filles étant en garde à vue, elles ont toutes changé leur déposition pour suivre D. B. et pouvoir rentrer chez elles.

Les lardus ayant ce qu’ils voulaient, j’étais donc présenté au parquet avec des témoignages accablants, mais tirés par les cheveux.
C’est donc fort logiquement que le tribunal de Charleville me relaxe trois ans plus tard, car toutes les filles s’étaient rétractées durant l’instruction. Encore une fois, D. B. venait d’essuyer un échec avec moi.

Après trois ans de contrôle judiciaire, ce qui est beaucoup pour une affaire de droit commun, le jour du tribunal arriva.
Thierry S. était venu me soutenir, me prévenant que je n’aurai plus affaire à D. B., car celui-ci était à la retraite.

À ma sortie de prison, cette affaire m’a coûté 13 mois d’emprisonnement, c’est en Belgique que je me retrouve.

À ma sortie, Thierry S. m’informe que N. F. , son ex (souvenez-vous, N. F. était avec P. D. lors de l’ouverture de « La Cigale » à Bièvre en 1989), remettait son bar situé à Florenville, en Belgique.
Je me rends donc à Florenville afin d’y rencontrer N. F. qui me confirme qu’effectivement elle remet son bar « Le Rolls », qui était un bar montant qu’elle tenait depuis 12 ans.

Installé à Florenville, de nouvelles aventures m’attendaient. Je n’ai pas attendu longtemps pour voir la PJ d’Arlon débarquer et me refaire le même coup que D. B. deux ans plus tôt au « Gavroche ».
La différence, c’est que nous sommes en Belgique, et en Belgique, rien ne va comme en France, même inculpé dans une affaire de proxénétisme, tant que tu n’es pas jugé, tu peux ouvrir ton établissement, c’est ce que j’ai fait en attendant mon nouveau procès.

C’est en 2011 que cela se passe, au tribunal d’Arlon, je prends un an de prison de ferme, voilà ma condamnation.

Après avoir interjeté l’appel, je remets « Le Rolls » et je décide de rentrer chez moi, à Charleville. Nous sommes en octobre 2011 et à ce moment précis, je pense à aller voir Thierry S. afin de l’informer de mon retour en France, hélas, gravement malade et hospitalisé, il est en fin de vie.
C’est deux mois plus tard, le 28 novembre 2011, que Thierry S. décède, et c’est ainsi que nos aventures se terminent.

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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyVen 26 Juil 2024 - 1:22

Les tueries du Brabant Wallon

Les obsèques de Thierry S. passées, je croyais bien ne plus parler de lui et rester avec mes souvenirs, mais au fait, quand il me disait : « Tu verras, Patrick, des gens viendront te voir pour te parler de moi », était-ce un bobard ? Et si Thierry s’était moqué de moi et que rien de tout cela n’arrivait ?
Mais Thierry S. n’était pas le genre à raconter des mensonges, c’est neuf ans après sa mort, qu’enfin, ce qu’il m’avait prédit arriva.

Alors que je pêche par cette belle journée de septembre 2020, une voix féminine résonne dans la campagne : « Mr Verdin ! Mr Verdin ! »
— Oui, je réponds.
— Vous êtes bien, Monsieur Verdin ?
— Oui, que se passe-t-il, Madame ?
— Voilà, Mr Verdin, je me présente : je suis Martine Ernst, journaliste à la RTBF.
— Nous préparons un reportage sur Thierry et Xavier S. ? C’étaient vos amis, Mr Verdin, vous les avez bien connus ?
— Oui, bien sûr, je réponds.
— Nous aimerions savoir si vous accepteriez d’apporter votre témoignage et de nous parler de Thierry S., vous étiez particulièrement amis, il me semble !
— Mais en quel honneur une émission sur eux ?
— Est-ce que vous connaissez les tueries du Brabant Wallon ? me demande-t-elle.
— Oui, un peu ! je lui réponds, mais quel rapport y a-t-il entre les tueries du Brabant et Thierry S. ?
Elle m’explique que certains éléments prouvent que Thierry S. est le tueur fou du gang !

À ce moment, tout se bouscule dans ma tête. Je lui demande :
— Vous avez dit : « le tueur fou » ?
Et là, je me suis souvenu de tous les petits indices que m’avait laissés Thierry S. sans jamais me parler du gang du Brabant Wallon.
Je me suis rappelé son : « Tu verras, Patrick ! Des gens viendront te voir pour te parler de moi ! Dis-leur que je n’étais pas un fou ! Je compte sur toi !!! »
Était-ce parce qu’on l’appelait « le tueur fou » ?

Et cette fameuse fois, quand il était énervé, après la mort de Jacques Foccart, où il m’avait dit : « Je l’ai fait couler le sang dans ce pays, va ! »
N’était-ce pas des tueries du Brabant qu’il parlait ?

Pour ma part, aujourd’hui, j’en suis convaincu, mais à froid, comme cela, devant la journaliste, il me manquait des éléments à propos de cette affaire. C’est donc sans éléments ou presque que j’ai participé au tournage de ce reportage.

L’enregistrement de cette émission avait lieu le lendemain, pas le temps pour moi de me documenter et je n’avais pas grand-chose à dire sur cette affaire, j’ignorais à ce moment ce qui pouvait accuser Thierry S. À vrai dire, j’avais du mal à comprendre !

Il fallait me renseigner, en savoir un peu plus pour me faire mon idée. C’est grâce à YouTube que j’ai eu les premières réponses.

Un certain J.-P. A., ex-commissaire de police belge à la retraite, avait décidé de sortir de son silence et d’expliquer publiquement qu’en 2000, il avait en charge l’affaire Dutroux et que l’enquête l’avait emmené à venir en France auditionner les deux Français accusés de l’assassinat de Michel Piro.
Il avait été établi que Michel Piro s’apprêtait à faire des révélations dans l’affaire Dutroux et J.-P. A. voulait savoir si j’étais au courant de ces révélations et quelles étaient ces révélations.

J'ai appris durant cette enquête que Thierry S. avait été reconnu par un témoin anonyme comme étant l’auteur de l’attaque de l’armurerie Dekaisse à Wavre, causant la mort d’un policier, par le gang de Brabant Wallon.

J’apprenais également que la première attaque du gang avait eu lieu à Dinant, mais sans faire de victimes.
Mais à Dinant, cette soirée dans le bar avec Thierry S. pendant laquelle il m’avait demandé de partir et de revenir le lendemain pour le ramener, son comportement n’avait-il pas un lien avec l’attaque de l’armurerie en 1982 ?

D’autant plus que ce jour-là, le tueur fou du gang était à visage découvert et que la dame l’avait reconnu devant les caméras de la RTBF dans l’émission « Investigation » en novembre 2020.
J.-P. A. continue, il explique aussi que si les tueries ont marqué un temps d’arrêt entre 1983 et 1985, c’est parce que Thierry S. était en prison pendant cette période.

Et que si les tueries ont cessé en 1985, c’est parce qu’il était incarcéré entre 1986 et 1990. Or il se trouve que toutes les années où il prétend que Thierry était en prison, nous étions en train d’écrire les histoires de ce livre, vous comprenez ?!

Je redescendais de mon nuage en me disant que ces accusations étaient fausses et cela remettait en question toute ma vérité. C’est alors que j’ai décidé de défendre Thierry S. Surtout que j’ai compris le but de J.-P. A. Est-il en mission ou pas ?

L’ex-commissaire veut vous faire croire que Thierry S. et son frère ainsi que d’autres membres de la bande M : M. et P. M. , sont à eux quatre le gang du Brabant Wallon et qu’il ne s’agit que de petits truands français attirés par l’appât du gain et du plaisir immédiat. Comment cette thèse peut-elle être retenue ?

Il me fallait plus d’informations et plus d’éléments pour étayer ma vérité. Je savais que j’étais sur la bonne voie, mais quelque chose coinçait. Il me fallait trouver, je m’y suis employé, je suis retourné sur internet et je me suis mis au travail.

Je découvre que plusieurs témoins ont remarqué des manœuvres étranges des voitures des tueurs du Brabant, une Golf et une Mercedes avec plaques françaises, des véhicules qui correspondraient avec la voiture de X.

Avec ces éléments supplémentaires, je suis, à ce moment, persuadé que c’est eux !
Mais pourquoi J.-P. A. veut-il nous faire croire que ce sont des voyous classiques ?
C’est impossible, car dans mes recherches, je découvre que le gang est entré dans la caserne du groupe DIANE (équivalent du GIGN) pour y dérober des armes nouvelles que seules les brigades d’interventions allemandes possèdent.

J’apprends également que le GBW a attaqué une fabrique de gilets pare-balles, tout ceci est irréalisable sans appuis solides. Je suis maintenant sûr de moi, c’était eux, mais ce n’était certainement pas des voyous traditionnels et ils n'étaient pas tous de Charleville-Mézières. Je me replonge dans la documentation de cette affaire et j’écoute avec beaucoup d’attention le témoignage de Monsieur X , ex-agent des services secrets, et là j’ai compris !

Les tueries du BW avaient été commises par des barbouzes, ce qui se tenait avec Thierry et surtout X. S., qui, quelques années plus tôt, m’avait fait comprendre que parmi les clients de son entreprise de brocante, il y avait un ancien gendarme, sans en dire plus !

J’ai toujours pensé qu’il s’agissait d’un gendarme français à la retraite, mais en écoutant Monsieur X, j’ai compris que cela pouvait aussi être un gendarme belge, non retraité, mais limogé pour avoir placé des micros dans les cabinets de certains ministres.

Je comprenais également que le Géant pouvait être l’ami de M. B. qui était grand et boitait (référence : le témoignage de Monsieur X sur YouTube).

J’avais donc là ma vérité qui tenait la route, pour moi, le gang était composé de voyous et de gendarmes et les TBW étaient des actes d’État.
Ce qui explique toutes ces magouilles au niveau de l’instruction (des procès-verbaux et des rapports balistiques qui disparaissent, une expertise balistique qui innocente les Beauraing [lire BORAINS] et qui réapparait… voilà l’instruction de cette affaire).

Cependant, il me fallait une autre information qui serait capitale pour moi.
Si c’était eux, si c’était un acte d’État, il y avait forcément le colonel, car c’était à Bouillon au café de la Poste que Thierry S. et le colonel se rencontraient. Je devais donc trouver ce colonel.
Le jour où j’ai découvert qui était le colonel, mon sang s’est glacé !!!

En effet, Christian S., colonel commissaire à la sûreté de l’État, n’était autre que le numéro 2 du WNP, un groupe d’extrême droite où étaient réunis malfrats, gendarmes, magistrats. Quand L. R. [Lionel RUTH], chargé de l’enquête sur les TBW, demande à Christian S., dit le colonel, quel était son rôle au sein du WNP, celui-ci répond qu’il est en infiltration.

La réponse du colonel est crédible et improuvable et on le laisse tranquille.
Selon moi, c’est ma vérité, c’est à cela que Thierry faisait allusion en me disant : « Tu verras, Patrick ! Ce sera mon cadeau, ce sera à toi d’écrire un livre ! »

« Dis-leur que je n’étais pas un fou ! » Cette phrase, que Thierry m’a chargé de vous dire signifie pour moi deux choses :
– Que c’était bien lui le tueur fou du Brabant.
– Qu’il n’avait pas commis ces actes pour rien, mais qu’il y avait autre chose là-dessous.
Je vous laisse comprendre, quant à moi, je suis certain qu’ils ont participé à ces tueries avec des gendarmes, membres ou pro WNP, et sur les ordres du colonel.

C’est ma vérité, cela n’engage que moi et, bien sûr, aucune preuve ne peut confirmer ma thèse.
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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyVen 26 Juil 2024 - 3:18

...ou comment terminer son histoire en se prenant les pieds dans le tapis (vol à l'ESI ! Monsieur X...) et, ce faisant, réduisant à rien le crédit que l'on aurait éventuellement pu accorder à Patrick Verdin à la lecture des premières pages de son livre ....

Je pensais sincèrement que tant qu'à sortir un "livre", il viendrait avec quelque chose de plus solide que la petite histoire "bricolée" qu'on connaissait déjà...
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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyVen 26 Juil 2024 - 4:18

C'est pas fini!

L’analyse de ma vie

 Aujourd’hui dans ma 64e année, à la retraite anticipée pour cause de handicap, je fais le point sur ma vie :

Bien sûr, la famille, les proches, les amis me posent souvent ces questions qui ne sont pas pour moi les bonnes :
« Est-ce que tu as des regrets ? »
« Est-ce que tu as des remords ? »
« Si c’était à refaire, est-ce que tu referais la même chose ? »

J’avoue que ces questions posées ainsi m’embêtent un peu. Répondre par oui ou par non est insuffisant !
La vraie question serait de savoir si j’aurais pu faire autrement.

Suis-je un père ou un mari exemplaire ?
La réponse est : NON !
Comment aurais-je pu être d’un côté sur les routes, faire mon business, tenir mes établissements de nuit, et être un papa. NON, ce n’était pas possible ! Je dirais même que c’est incompatible. Alors, NON, aucun remords, aucun regret…

C’est ma vie, un point c’est tout !
À la mort de mon père et dans les circonstances que l’on connaît, j’avoue que cela m’avait mis un coup, car à 23 ans, j’avais encore besoin de lui pour me conseiller et les choses auraient certainement été différentes s’il n’était pas mort si tôt.

Un tel drame marque un jeune, c’est normal. Quand j’étais enfant, j’aimais beaucoup regarder Zorro à la télé et vous allez être surpris, mais ce qui me plaisait dans ce feuilleton, c’était que Zorro ne se faisait jamais attraper et qu’il était masqué.

Était-ce un signe ? Une attirance pour le danger ?
Quant à mon niveau professionnel, je réalise que je n’ai fait que trois choses : chauffeur routier, tenancier de bar, et prison… et ça a été comme ça pratiquement toute mon existence.
L’opportunité était le maître-mot, il fallait être à l’écoute et prêt à sauter sur tout ce qui bougeait.
C’est d’ailleurs de cette façon que le « Bateau Ivre », le « Gavroche », « L’Adriatique », « Le Rétro » et « La Cigale », sont devenus mes affaires.

La vie d’artiste se paie cher et fait des dégâts familiaux, c’est inéluctable. J’admire mon beau-frère qui a travaillé toute sa vie pour obtenir tout ce qu’il a et qui a su être là quand ses enfants avaient besoin de lui. Vingt ans après mon acquittement dans l’affaire Piro, ma fille ne veut toujours pas me voir, et elle me dit que je suis un « assassin » au téléphone et que je ne verrai jamais ma petite-fille. Bien sûr, c’est dur, mais je ne veux pas me plaindre, c’est comme cela !

Lorsqu’on a la chance d’être en vie à 64 ans et que l’on regarde derrière, on s’aperçoit que bien des copains ne sont plus là, que beaucoup sont partis vers l’au-delà.
J’aimerais aussi me servir de ce livre pour dire à toutes celles qui ont partagé un bout de route avec moi que c’est moi le problème et pas elles, c’est moi qui suis très instable. C’est comme cela, je n’y peux rien !

Pourtant, il y a une chose de paradoxale là-dedans, c’est que j’ai toujours fait attention à ne pas éclabousser ma famille et les gens que j’aimais.
Combien de fois, invité à Noël ou pour le jour de l’an, j’ai préféré m’abstenir sachant que j’avais les lardus sur les « andos » et je ne voulais pas les emmener là où j’étais invité. Évidemment, ma famille n’a jamais compris mon comportement.

Aujourd’hui, ils vont comprendre que cela était pour les protéger, car, bien sûr, je les aime.
J’espère qu’ils comprendront mon attitude après la lecture de cet ouvrage. J’en profite pour remercier toutes celles et ceux qui m’ont apporté leur soutien et qui ne m’ont jamais lâché :
Mon beau-frère, ma sœur, mes nièces et neveux, ma mère, la famille Z. qui m’a aidé à me remettre en selle, comme on dit, en juillet 2001, deux mois après mon acquittement et ma sortie de prison, et É. G., la nièce de ma sœur, qui est venue en tant que Miss Europe assister au championnat de France de boxe dans le petit village de Les Mazures, dans les Ardennes.

Et cela, contre l’avis de Mme de Fontenay qui m’a fait remarquer au téléphone que ja mais une Miss France et encore moins une Miss Europe n’avait été dans des galas de boxe.

Mon beauf et ma sœur m’avaient invité pour les fiançailles d’une de mes nièces et là, surprise : É. G., fraîchement élue Miss France, était présente avec ses parents et ses frères et sœurs.
— Comment vas-tu, Patrick ? me dit-elle.
— Bien, merci ! répondis-je !
— Que fais-tu maintenant ?
— Je suis responsable marketing de boxe !

Dans la foulée, j’en avais profité pour lui demander si elle pouvait être présente le 31 mai 2002, date à laquelle le CSNA organisait un championnat de France. Et là, à ma grande surprise, É. G. me dit : « OK, j’y serai ! »

Moi qui voulais avoir une autre image, É. G. m’en donnait l’occasion.
D’un geste rapide, elle avait arraché un morceau de la nappe en papier de la table qu’avait dressée ma sœur, elle avait saisi un stylo dans son sac à main et m’avait donné son numéro de portable afin que je puisse l’appeler à l’approche du 31 mai 2002.

Je n’écris pas cela pour donner plus de valeur à ce livre, mais c’est tellement dur de vivre après un acquittement que nous avons besoin d’être soutenus et que les encouragements sont si rares que cela mérite d’être souligné.

En fait, les choses positives sont rares, mais lorsqu’on y réfléchit bien, on s’aperçoit que seuls les vrais sont là, ce sont ceux qui nous aiment et c’est le plus important, ceux qui ont disparu en cours de route ne représentent finalement pas grand-chose pour moi. Le tri est fait naturellement, cette aventure m’a beaucoup appris, oui ma vie m’a beaucoup appris alors, difficile d’avoir des regrets aujourd’hui. Aujourd’hui, si je devais demander pardon à une personne parce que je l’ai fait souffrir, c’est à ma mère que je le ferais, cette femme qui m’a toujours suivi dans mes aventures et qui a toujours été là : courriers, mandats, parloir, oui, pardon, maman, je t’aime et au- jourd’hui, alors que c’est elle qui a besoin de moi, je suis là et je serai là jusqu’au bout, comme elle l’a été pour moi.
Il est vrai que mon parcours fut exceptionnel, ou, en tout cas, peu ordinaire, et bien que je sois conscient d’être quelqu’un à part, comme on dit, sachez que je ne me suis jamais pris pour un héros ni pour un grand, au contraire ! J’étais un petit, mais dans le monde des grands !

La lettre à Thierry

Mon ami,

Dix ans après ton départ, les choses se déroulent exactement com- me tu les avais imaginées. Je t’avoue que je commençais à douter et que je pensais que tu t’étais moqué de moi.Alors, à l’arrivée des journalistes neuf ans après ta mort qui vien- nent m’annoncer que tu es le tueur fou du Brabant, quelle claque dans la gueule ! Dans un premier temps, je ne le croyais pas, d’autant plus que celui qui te dénonce avance des trucs complètement faux.

Tu me connais, j’ai voulu savoir, je me suis donc documenté à propos de cette affaire et là, petit à petit, j’ai fait le rapprochement et j’ai surtout relié tes petits indices à certains témoignages, alors j’ai compris tes messages.

Tu m’as demandé de leur dire que tu n’étais pas un fou. En me disant cela, tu m’as éclairé sans me mettre en danger.
Tu voulais que je sache, mais le plus tard possible, pour ta sécurité et la mienne !
Merci à toi !

Je te promets solennellement que ton message sera entendu et transmis. Quant à moi, je te remercie de m’avoir mis à l’écart de tout cela, merci d’avoir été mon ami, merci de m’avoir soutenu dans les moments difficiles, merci de tes petits conseils pour avoir amélioré mon français, merci d’avoir fait de moi un « affranchi », et merci de m’avoir donné de la matière pour écrire ce livre.
Je ne peux te dire adieu et repose en paix, car j’aimerais tant que tu te réveilles !

C’est donc la raison pour laquelle, je te dis :  
Patche e saloute Robinson.

Glossaire :
ANDOS : le dos
ANPE : agence nationale pour l'emploi
BAR MONTANT : maison de passe
BARBOUZE : homme de main au service de l’Etat
BRI : brigade rapide d’intervention
CAROLO : habitant de Charleville-Mézières
CLAC : bar avec des filles
FILATURE : suivre quelqu’un
FRANGINE : prostituée
GIGN : gendarmerie d’élite française
GBW : gang du Brabant Wallon
LA FLICAILLE : la police
LA PISCINE : bureau des services secrets
LARDUS : policiers
LE GROUPE DIANE : gendarmerie d’élite belge
MICHTONNEUSE : entraineuses
PAF : police de l’air et des frontières
PANAME : Paris
RADE : débit de boisson
RACKET : extorsion de fonds
RDTA : régie départementale des transports des Ardennes
RTBF : radio-télévision belge francophone
SAC : service d'action civique
SRPJ : service régional de la police judiciaire
TBW : tueries du Brabant Wallon
Sources :
Vidéos YouTube : « Les tueurs fous du Brabant : rendez - vous avec Mr X du 27 mars 1999 Bende van Nijvel Belgique »
« Les tueries du Brabant »
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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyVen 26 Juil 2024 - 6:23

Tant qu'à ajouter un glossaire à la fin, j'aurais opté pour l'emploi de formulations simples, accessibles, communes, insérées directement dans les lignes du livre. À quoi bon asséner des mots d'argot sans arrêt si ce n'est pour se donner de l'épaisseur ?
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KeBiesse




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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptyVen 26 Juil 2024 - 7:30

Un oubli dans le glossaire.

Beauraing : Borains
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totor




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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptySam 27 Juil 2024 - 0:12

Carolo : habitant de Charleroi, et non pas de Charleville
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MessageSujet: Re: 25 ans avec Thierry S.   25 ans avec Thierry S. EmptySam 27 Juil 2024 - 1:15

Habitant de Charleroi : CAROLOrégien
Habitant de Charleville-Mézières : CAROLOmacérien
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