- HERVE a écrit:
Père Ubu n° 602 (18 juillet 2002)
Voilà ce que je retrouve dans mon ordi :
Lettre Dutroux à Frisque :
La lettre de Dutroux à Frisque Exp : DUTROUX Marc Arlon, le 14/09/02 Cher monsieur FRISQUE Veuillez excuser mon long silence, mais vous comprendrez que je ne peux pas travailler plus que je ne m’impose déjà. Je dois d’ailleurs vous faire part de mon regret de ne pas avoir pu consacrer le temps nécessaire à la maman de Mr TAMINIAU Jean-Pol, mais je compatis sincèrement à sa douleur. Cependant, je pense que ce qui suit peut vous intéresser, comme cela doit l’intéresser elle-même. En effet, Mr. CROCCO Diego, cousin par alliance, témoigne de ce qu’il avait eu en dépôt deux BMW appartenant à Mr. TAMINIAU Jean-Pol. C’est Mr. VARGA Alexandre qui avait accidenté la BMW 325 FEU 999. Peu après la disparition de Mr. TAMINIAU, Mr. VARGA est venu à l’atelier de Mr. CROCCO pour réclamer la BMW 325 FEU 999. Mr. CROCCO n’a pas voulu la lui remettre, et pour éviter des ennuis avec Mr. VARGA, il dit avoir prévenu l’enquêteur LAITEM, en charge de cette «disparition TAMINIAU» qu’il déposait les deux BMW de Mr. TAMINIAU (vers juin 95) chez le dépanneur Daniel PHILIPPRON à Ransart.
Le moteur BMW M3 qui se trouvait dans la BMW 325 FEU 999 a été contrôlé chez le dépanneur PHILIPPRON Daniel par la BSR Brux 2SRC; il est réputé volé (dossier 71/95 «Porsche de DEMANET»). Mr.CROCCO dit avoir remis à Mr.LAITEM l’arme de Mr. TAMINIAU. Selon Mr. CROCCO, vers octobre 95, ZICOT Georges examine la BMW en question; il fait appel au dépanneur DECENDRE pour embarquer cette voiture qui se trouvait pourtant déjà chez le dépanneur PHILIPPRON Daniel. Le soir même, Mr. CROCCO est prévenu par un ami de Mr. TAMINIAU, Mr.Bernard ZANETTE, qu’il avait vu cette BMW circuler à FARCIENNE (région de ZICOT) avec plusieurs personnes à bord. Au delà de cela, il faut savoir que PHILIPPRON Daniel a loué un hangar à DIAKOSTAVRIANNOS Michaël, associé à LELIEVRE Michel; et qu‚il était ami avec Mr.Bernard WEINSTEIN, entre autres. Le lendemain de l’enlèvement de Julie et Mélissa, Mme JAUPART Fabienne, épouse de feu TAGLIAFERO Bruno, aborde DIAKOSTAVRIANOS Michaël, qui se trouve avec NIHOUL dans une station à carburants. Elle affirme que le véhicule ayant servi à l’enlèvement des enfants avait fini sa carrière dans le chantier de son époux. Personne n‚a jamais retrouvé la Ford Fiesta rouge de DIAKOSTAVRIANOS, qu’il dit avoir prêtée à LELIEVRE, alors que LELIEVRE en a accidenté une le 14/8/95; Fiesta rouge qu’il dit avoir déposée chez TAGLIAFERO, en contradiction avec DIAKOSTAVRIANOS, qui l’aurait donnée à un autre. Le 21/8/95, WEINSTEIN assure une Fiesta portant le n° de châssis de la Fiesta rouge de ROCHOW Pol, soit sept jours après le 14/8/95 ! La leçon de ces renseignements et de nombreux autres qui font liens entre eux, démontre que l’enquête a refusé d’enquêter dans des directions qui mettraient à mal des «vérités» convenues d’avance. Tout converge vers le repère de PINON Gérard, (garage 10, 21, le hangar, sa société bidon de vente de machines et véhicules). PINON jouait sur tous les tableaux, protégé notamment par ZICOT. La volonté de faire croire que LELIEVRE intervient après le 24/6/95 et cela par mon intermédiaire, ne vise qu’à empêcher de relier les différents niveaux de chefs intermédiaires d’un réseau polycriminel complexe (notamment NIHOUL et PINON). En effet tous ces individus n’ont aucun intérêt à avouer des liens délictueux plus graves. Je continue mes recherches. Veuillez agréer cher monsieur FRISQUE, l’assurance de ma considération distinguée.
Le député socialiste Claude Eerdekens, qui s’est considérablement assagi depuis, déclara à la télévision, à l'époque de la commission parlementaire d'enquête sur l'enquête DutrouxNihoul et consorts, « Le juge Connerotte a donné, lors d’une séance à huis clos devant notre commission, le nom de personnalités, notamment du monde politique, qui ont apporté un soutien à Marc Dutroux et Michel Nihoul », ajoutant « nous touchons à un volet de protections à ce point important que j’ai le sentiment que certains membres de l’appareil de l’Etat s’organisent pour nous empêcher de continuer. »
Qui a rendu visite à Dutroux pendant ses années de prison, notamment à Mons ?
Les auditions à huis clos.
La demande de changement de nom en Dunroux est introduite 13 jours après l’enlèvement de Julie et Mélissa. Faut-il y voir un lien entre les deux ? Si oui, cela signifierait que Dutroux n’ignorait rien de leur enlèvement, s’il n’en est pas l’auteur.
Analyse des photos de l’autopsie.
La voiture de Nihoul, Léon-François Deferm.
avril 1996, il a hébergé un prêtre mexicain. Un ami hollandais du prêtre est venu le chercher. Le hollandais a cité le château des Amerois comme lieu où se déroulent des soirées de type satanique avec sacrifices d'enfants. L'information lui a été donnée par un américain de l'OTAN qui a participé à l'une de ces soirées.
. Tout a fonctionné comme si l’affaire jugée là ne trouvait ni résonance ni écho dans de multiples dossiers judiciaires sur lesquels plane l’ombre terrifiante de la criminalité institutionnelle.
Depuis janvier dernier, le Premier président de la cour d’Appel de Liège cherche à établir les chemins de diffusion de ces DVD, en commençant par l’examen de la liste des avocats et magistrats qui en avaient reçu officiellement copie
Journal du 6 n° 32 :
Maître Magnée, un avocat isolé ? Lettre ouverte à Maître Xavier Magnée, avocat de Marc Dutroux :
Maître, Je viens de terminer la lecture de votre livre "Marc Dutroux, un pervers isolé?". Avec mes amis de "dignaction.org", nous avions déjà, l'an dernier, souligné la pertinence de vos interrogations lors du procès d'Arlon, tout en posant quelques questions à propos de la stratégie des procès de rupture. Vous lirez, si vous ne l'avez déjà fait, dans notre synthèse intitulée "Dutroux dans le siècle", notre compréhension de votre action, résumée par ce passage: "La raison d’Etat affleure toujours lorsque la cause soumise aux juges touche à l’équilibre occulte et délicat des corruptions, des compromissions et des connivences. Le terrain du procès reste en apparence celui de la procédure alors qu’il s’est déplacé au plan politique. Dreyfus et sa famille furent effarés de la défense offensive de Zola lorsqu’il déchira le voile de l’hypocrisie par son «J’accuse». Zola a mis sur la place publique les noms des généraux félons, les couvrant de leur ignominie. Zola a ouvert le vrai procès dans la rue. Qui donc aujourd’hui l’accuserait de démagogie et de «poujadisme» avant l’heure ? La leçon de Zola fut comprise, Arlon vit l’avocat de Dutroux singer son maître Vergès en un faux-semblant de procès de rupture, répondant à une pensée juste du ténor français «c’est en paraissant obéir à l’opinion que le pouvoir la domptera»." Vous aurez certainement lu quelques-uns de nos journaux du 6, dont plusieurs numéros exposent le scandale de l'affaire Héléna Lemire, dossier qui vous fut transmis à notre initiative. Vous aurez vu que nous n'avons pas hésité à citer les noms de "généraux félons" , ce dont vous vous gardez explicitement dans votre ouvrage, par ailleurs excellent. Notre synthèse "Dutroux dans le siècle" fut mise en ligne en juillet 2004. La lecture de votre livre, publié cette année, nous confirme dans le jugement que nous portons sur les limites de votre action à Arlon. La dénonciation de l'Etat délinquant dont parle le juge Connerotte attend toujours son Zola. Il ne s'agit pas de littérature mais de l'action des personnes qui occupent une fonction notable dans la société qui a jugé Dutroux. Le juge Connerotte, le procureur Bourlet, les avocats des parties civiles, les parties civiles elles-mêmes n'ont pas osé agir, nul n'a eu le courage "d'aller jusqu'au bout", même si on ne le laissait pas faire. C'est vous qui êtes allé le plus loin. C'est dire si les autres, tous les autres, se sont arrêtés à michemin, abandonnant là les enfants promis aux trafiquants. Mon ami Jean-Pierre Bloch aurait pu se trouver dans la position des parties civiles d'Arlon, si la Justice française avait été contrainte, comme le fut l'Etat belge, de poursuivre les investigations sur l'assassinat de sa fille, Cécile. Si Jean-Pierre s'était alors trouvé face à un Xavier Magnée républicain, il n'aurait pas hésité à le soutenir dans sa recherche publique de la vérité. Soutenu par l'une ou l'autre des parties civiles, peut-être eussiez-vous osé ce que votre position de défenseur de Dutroux, votre position de bâtonnier, membre du Cercle de Lorraine de surcroît, aurait pu vous permettre, aurait dû vous permettre par la ligne d'action que vous aviez choisie pour conduire cette défense: faire le procès public des "généraux félons". Au lieu de quoi, vous maquillez les noms. Le talent de Zola n'aurait été d'aucun secours à l'humanité, s'il avait maquillé les noms. Nous restituerons ces noms, dans la mesure de nos connaissances. Pour terminer, je ne peux laisser passer que vous me citiez en attribuant ma pensée à d'autres qui se sont bien gardés d'en formuler l'une ou l'autre qui rendraient la mienne heureusement superflue. A la page 154, vous dites tirer de l'ouvrage collectif "L'affaire Dutroux, la Belgique malade de son système", la phrase suivante: "La conduite du procès Dutroux, non seulement par la justice belge mais aussi par l'action citoyenne, décidera au premier chef de l'avenir de ses enfants promis aux trafiquants". Vous l'avez, en réalité, trouvée sur notre site "dignaction.org". Je l'ai écrite pour situer l'enjeu fondamental du procès d'Arlon. Ce n'est pas une phrase d'espoir, ce serait plutôt l'inverse mais c'était surtout un appel à la dignité des institutions et à celle de la population, à celle des gens qui se sont arrêtés à mi-chemin, qui n'ont plus fait le moindre pas en avant depuis 1997. Or , vous dites sortir cette phrase d'un ouvrage édité en 1997. C'est un anachronisme. A l'époque, il ne pouvait être question de fournir cette synthèse anticipée du procès. Vous êtes trop précis dans votre travail, votre livre en témoigne, pour commettre cette double erreur, erreur d'attribution, erreur de chronologie. Veuillez croire, Maître Magnée, à mon estime pour avoir été le seul à avoir eu quelque courage à Arlon, Nous saurons nous servir de votre travail, Frédéric Lavachery.
«Marc Dutroux, un pervers isolé ?» éditions Calman-Lévy. L’ouvrage fourmille de précisions qui méritent recoupements et mises en hypothèses diverses, ce que chacun peut réaliser à partir des documents qui circulent dans le public depuis 1997, articles, revues, livres, dossiers disponibles sur Internet. Avertissement de Xavier Magnée: «les noms des tiers non cités publiquement à ce jour ont été modifiés et sont ici purement fictifs», il ajoute «le récit de ce drame ne reprend que les informations divulguées en cours d’audience lors du procès public qui s’est déroulé en 2004 à la cour d’assises d’Arlon, ainsi que les éléments dont quiconque a pu avoir connaissance par d’autres publications.» Conséquence fâcheuse de ce choix, le citoyen est invité à opiner, pas à agir. Toute cette affaire est passée, de 1996 à 2004, d’une affaire du peuple à une affaire d’Etat, puis d’une affaire d’Etat à une question d’opinion. Exemple : le cas d’Héléna Lemire, appelée Lavire par Xavier Magnée, alors même que chacun peut prendre connaissance de ce dossier sur le site dignaction.org, maître Magnée lui-même ayant été alerté sur l’affaire Lemire à notre initiative. L’ex-patron, mafieux, d’Héléna Lemire, Antonio Squittieri, devient Luciano. Saluons néanmoins la mention par Maître Magnée de l’affaire Lemire/Squittieri, c’est une garantie de plus pour la vie d’Héléna. Autres exemples de noms tus, qui forcent une lecture passive de l’ouvrage : le pjiste Zicot devient le «policier Van de V.», l’informateur Claude Thirault donne Girault. Puis on trouve les petits truands Philippe Divers (Philippe D.) et Pierre Rochot (Pierre Z.), le
trafiquant de drogue Casper Flier (Prosper V.), le très influent trafiquant français de jeunes filles et de jeunes femmes, Lucien Vial, devient «un certain M.Y.», le «Coin bleu», c’est le «Carré blanc» etc. Relevons encore que Raemaeckers, qui faisait réaliser ses cassettes de viols d’enfants chez Schulman, devient chez Magnée Reumaken. Il faut dire que nous touchons ici à la très respectable société bruxelloise dont le bâtonnier Magnée est un fleuron. Le frère de ce Schulman, grand patron de la médecine bruxelloise, chef du service d’urologie de l’hôpital universitaire Erasme, a épousé la sœur de Bernard Weinstein, le complice assassiné de Dutroux. C’est lui qui a procuré du travail à ce beau-frère qui fait tâche, chez Vidéo-Promotion, la société de son frère qui a «Reumaken» comme client. Magnée, cependant, fait état, page 217, de l’étrange destin de cassettes un moment saisies chez les Schulman , dont il tait le nom, l’épisode par cette question qui dit tout :
«Comment Marc Dutroux ne serait-il pas un «pervers isolé», si on l’isole ?» Page 35, ce portrait : «Le bâtonnier Edouard Jakhian, dont je ne dirai jamais assez l’estime que je lui porte, rappelait le procès d’Antigone. (...) Et si, envers et contre tout, chacun peut compter sur un avocat pour le secourir (...)» L’estimé Jakhian est pourtant l’auteur de ces lignes digne de l’Europe constitutionnelle qui entrera à coup sûr par la fenêtre si le lecteur de Magnée reste passif et si les opposants à l’ultra-libéralisme persistent à ignorer la réalité structurelle de la corruption mafiaffairiste des institutions : «Les avocats ont cessé d’être exclusivement les défenseurs de la veuve et de l’orphelin pour devenir des partenaires des opérateurs économiques (...) L’éthique n’a rien à y voir, c’est une affaire de déontologie, c’est-à-dire de règles circonstancielles et temporelles.» Pages 44, 45, 119, 120, 139 et 209 Xavier Magnée nous parle de Jean-Louis S. Il s’agit en fait de Michel Férette, ce «suspect qui se serait vanté d’avoir caché les petites avant qu’elles ne soient expédiées ailleurs. Et chez lequel les parents ont été jusqu’à découvrir des sous-vêtements de l’une ou l’autre disparue». Comme pour Héléna Lemire, victime, elle, le nom de Ferrette fait partie de ces «éléments dont quiconque a pu avoir connaissance par d’autres publications». Est-il l’auteur de cette indication dans le cahier de la petite Julie Lejeune ? «Julie 17h on nira au manaige» Il n’y a pas eu d’expertise graphologique, ce dont se sont inquiétés successivement, au fil des ans, l’avocat des parents Russo et Lejeune, Maître Victor Hissel, puis l’avocat de Dutroux, à l’audience de la cour d’assises. Page 52, à propos de l’enlèvement de An et Eefje et des relations de Dutroux avec le patron de l’hôtel de passe d’Ostende : «Voilà qui fera concéder à l’avocat général Andries, en pleine cour d’assises à Arlon, que cet épisode nous offre neuf coïncidences troublantes.» Dans l’affaire Taminiau, nous relevons, avec la maman de la victime, Jeannine Deulin (voir journaux du 6 numéros 3, 12 et 20), treize coïncidences troublantes qui conduisent au croisement des affaires Dutroux/Nihoul, Taminiau, viol d’Obaix et du sabotage de leur traitement par les autorités judiciaires. Relevons qu’une fois de plus Xavier Magnée privilégie la lecture passive de son ouvrage, en ne livrant pas, page 116, le nom de Jean-Pol Taminiau («le jeune T.»), pourtant cité des douzaines de fois dans la presse et quelques livres. Pour le viol d’Obaix, en page 59, Magnée disculpe Dutroux, et là, pour une fois, il assure la défense de son client d’une façon classique. Mais, à l’encontre de son objectif d’éclairer la nuit judiciaire, il omet de préciser que c’est le professeur Cassiman qui a permis de laver Dutroux dans cette affaire. Cassiman a conclu que les empreintes génétiques prélevées n’étaient pas celle de Dutroux, alors qu’une expertise conduite par le Centre national de criminologie et de criminalistique avait désigné Dutroux.
C’est du moins ce qu’affirme Jeannine Deulin sans avoir été démentie (voir «Dossier pédophilie, le scandale de l’affaire Dutroux», page 185), qui fut elle-même victime des «erreurs» opportunes de Cassiman. Xavier Magnée a manifestement lu ce livre. Il aurait dû en contester les affirmations pour établir l’innocence de Dutroux dans cette affaire. Les pages consacrées au dossier An et Eefje sont limpides. Elles suffisent à convaincre toute personne honnête de la corruption structurelle de la Justice et des forces de l’ordre, donc du régime belge. Au titre de son incompétence notoire, le petit gendarme René Michaux portera méritoirement le chapeau pour sa hiérarchie et la monarchie. Blanchi de toute faute professionnelle, il prendra du galon au sein des équipes chargées de la lutte contre ... la mafia. Le lecteur de Magnée sera bien inspiré, s’il est animé du sens de la citoyenneté active, de lire –ou relire- dans la foulée le rapport publié par la diplomate Myrianne Coen sur la pénétration mafieuse des structures européennes. Une critique de ce rapport est en ligne sur le site dignaction.org à la page Synthèse SVP et "Dutroux dans le siècle" . Citations du rapport Coen : «Paralyser les structures judiciaires parachève l’infiltration dans les institutions démocratiques. À ce stade, la voie devient libre pour s’y substituer sans entrave. "Non seulement les dirigeants de cette organisation de la mafia italienne ont réussi à acquérir une position respectable et honorable dans la société, mais ils se sont rendus intouchables en ayant publiquement des contacts avec des hommes politiques, des magistrats, des avocats et des agents de police. Les Commissions d'enquête parlementaire dans la plupart de nos Etats ont mis en lumière nombre d'anomalies et d'incohérences dans la manière de traiter des dossiers judiciaires et administratifs. (...)On constate que le repérage des faits en eux-mêmes ne permet pas de juger si ceux qui posent les actes ont agi de leur propre initiative et sans malice, s'ils ont été manipulés ou s'ils participent sciemment à des enjeux plus larges potentiellement révélateurs de protections criminelles. On ne peut en effet induire d'un seul fait suspect la présence d’une intention criminelle. Cependant, lorsqu'on constate des récurrences ou combinaisons avec d'autres faits jetant un éclairage cohérent et suspect sur une situation, la vigilance s'impose.» L’instruction du juge Langlois, qui refusait de «donner un coup de pied dans la fourmilière mafieuse de Charleroi», répond au portrait dressé dans ce passage du rapport Coen : «Ainsi, le (futur) dirigeant de réseau, fût-il encore de grade peu élevé suggèrera à un collaborateur. oralement et en vertu de son autorité structurelle ou informelle: - de rester vague et imprécis (pour miner l'exigence de crédibilité d'un dossier, par exemple,...); - de minimiser les faits, si c'est utile, d'en mettre d'autres en exergue; - d'évacuer des faits sous prétexte d’une absence de pertinence à ce stade du dossier (sans souci de leur utilité potentielle future,... ou s'en souciant de trop); - d'omettre de transmettre une information, ou de la diffuser prématurément; - de restreindre son champ d'action sur le sujet sous prétexte d'autres priorités,... ; - d'orienter le dossier vers une voie plausible, mais qu'il sait déjà erronée;(...) - faire gagner ou perdre du temps ; - déstructurer l’action ; - organiser le désordre ; - organiser les blocages ; - susciter de mauvaises orientations ; - organiser des fuites ; - obtenir le silence. Dans bien des cas en effet, l'enlisement, avec ce qu'il suscite de démotivation, de découragement, d'oublis, de blocages de toutes natures, est suffisant en termes de protection.» «Les dysfonctionnements des institutions deviennent alors signes de l’emprise de réseaux criminels sur la société» «le contexte, d'une part, mais aussi les victimes, comme on l'observe particulièrement en matière de traite des êtres humains, sont, en réalité, les principaux vecteurs d'identification des réseaux criminels. (...) ...on ne tient pas compte de cette caractéristique fondamentale d'un réseau criminel, à savoir qu'il se révèle d'abord par l'ombre qu'il laisse de lui-même.»
A la lumière du rapport Coen, il faudra revenir sur le rôle des avocats des victimes de Dutroux et consorts. Déjà bien isolé lui-même dans cette affaire, Maître Magnée ne pouvait guère, pages 234 et suivantes, que déplorer leur attitude, dans le respect dû aux confrères. Ce respect nuit considérablement aux victimes à venir qui, publicité arlonnaise faite, choisiront les Beauthier et autres Rivière comme défenseurs. Page 88 : «Après les assises, j’ai demandé au juge Langlois l’exécution de quatre-vingt quinze enquêtes complémentaires. Refusé. Refusé aussi par la cour d’Appel de Liège, qui considérait que Marc Dutroux n’était plus inculpé. Il n’était plus rien dans le dossier bis. Il n’avait donc pas d’exigence à formuler, ni son défenseur. Cet arrêt du 22 novembre 2004 précédera de vingt-quatre heures un autre arrêt de la même cour décrétant que le dossier bis était définitivement refermé.» Alors que «l’analyse des cheveux prélevés cinq ans plus tôt, commençait à donner des résultats» (page 154). Page 74 : «dans ses Carnet d’un commissaire, le député Patrick Moriau fait un saisissant raccourci : «Novembre-décembre 1995 : la police communale de Charleroi est sur Dutroux pour vol avec séquestration. Les gendarmes de Charleroi, Thuin, Namur, GrâceHollogne et Seraing sont sur Dutroux pour Julie et Mélissa (c’est l’opération Othello). La PJ de Charleroi est sur Dutroux pour le viol d’Obaix. Donc, toutes les forces de police de Charleroi sont sur Dutroux. Pourtant, il passe entre les mailles du filet. En outre, début décembre, il est arrêté pour le vol avec séquestration. Il passe quelques semaines en prison. Mais personne ne va l’interroger. C’est incroyable !» Le procès fut perdu par tout le monde, sauf par Nihoul, par la gendarmerie, par l’Etat et par la monarchie. Il ne pouvait plus être question ni de dossier bis ni du procès de Nivelles, où l’inspecteur ripoux Zicot fut presque totalement blanchi, lui qui avait tenté d’intimider le juge Connerotte, en août 1996, par cette menace «si vous m’inculpez et m’arrêtez, vous allumez une mèche que vous ne saurez jamais éteindre» (Magnée, page 244). L’inspecteur de la PJ Georges Zicot louvoyait au cœur des trafics de voitures, avec la gendarmerie, la magistrature et le pouvoir politique de Charleroi. En 1997, le journaliste d’investigation José Dessart, l’une des figures permanentes des comités blancs, affirmait devant témoins que le trafic de voitures était au centre des affaires criminelles de Charleroi et que le bourgmestre d’alors, le socialiste Jean-Claude Van Cauwenbergh, devenu depuis ministre-président de la Région Wallonne, en était le verrou. Page 271, Xavier Magnée cite ce passage de l’audition du gendarme René Michaux par la commission parlementaire d’enquête (Michaux parle d’une information reçue): «Sur le parking du palais de justice de Charleroi on recense au moins une dizaine de voitures achetées auprès d’un garagiste soupçonné d’être un trafiquant. Il cite des magistrats, voire des hommes politiques qui fréquenteraient des bordels. Il ajoute que certains d’entre eux auraient été immortalisés en fâcheuse posture sur vidéo. Objectif avoué : les faire chanter. Il soupçonne encore l’extrême-droite d’être mêlée dans tous ces dossiers via la formation de troupes de choc.» Pour une affaire Dutroux qui a dérapé sur la voie publique du contrôle direct par une population un temps réveillée, combien d’affaires, combien de victimes dans les placards de l’Europe de Bruxelles ?
Juge Monin
Magnée à Bouffioux :
« Il est certain aussi que je suis sorti meurtri et judiciairement cocu de ce procès et que j’ai bien l’intention de ne pas laisser le dernier mot à une vérité officielle et caricaturale. Je veux prouver que je ne voulais pas faire du brouillard, que mon honneur et ma sincérité c’était de voler au secours des victimes qui demandaient une vérité pour faire leur deuil. » (…) « Au moment où j’interrogeais Michaux et qu’il parlait de sa hiérarchie en remontant jusqu’au magistrat national, on m’a interrompu » (…) « La chambre des mises en accusation de Liège a demandé au juge Langlois de clore le «dossier bis» et le renvoyer au parquet de Neufchâteau. Il est donc chez le procureur Bourlet. Celui-ci peut attendre. Des semaines, des mois ou des années. Où il peut aussi ordonner des nouveaux devoirs au juge d’instruction. Mais s’il le fait, M. Langlois qui considère depuis longtemps qu’il n’y a plus rien à chercher, va prononcer une ordonnance négative et cela deviendra de la compétence de… la chambre des mises en accusation de Liège. On sait d’avance le résultat. Elle donnera tort à Bourlet et ce sera fini officiellement.
N’y a-t-il pas moyen de sortir de ce cercle vicieux ?
Ce pourrait être différent si l’opinion publique se dressait contre cela, si il y avait des questions parlementaires, si il y avait une injonction positive du ministre de justice, si le nouveau Procureur Général de Liège, qui m’apparaît être un homme indépendant, modifie la politique des poursuites.J’espère qu’à cet égard, mon livre puisse déboucher sur une prise de conscience. » (…)
« C’est pour cela que si quelqu’un me fait un procès pour mon livre, ce ne sera pas classé comme le dossier bis!
- Que voulez-vous dire ?
- Je veux dire que j’exercerai mes droits de défense et qu’alors on parlera de l’affaire à fond. De toute l’affaire! »