Pino Rauti : une figure de l’extrême droite italienne
31 mai 2013
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Le parcours et les motivations de Pino Rauti ont été mieux définis grâce au travail du juge Guido Salvini qui a reconstitué la plus grande part des faits constitutifs de la stratégie de la tension en interrogeant 547 témoins au cours de deux décennies [20]. Le travail du magistrat a permis la réquisition de plus de 47 dossiers dans les archives des services secrets italiens qui ont connu plusieurs réformes directement liées aux actes terroristes d’extrême gauche et d’extrême droite. Au sortir de la deuxième guerre mondiale est créé le SIFAR (Servizio Informazione Forze Armate) qui sera dissout en 1965.
Pour une meilleure compréhension, il convient de rappeler qu’un tel service s’occupera avant tout du renseignement politique, les corps d’armée terrestres, aériens et maritimes ayant leurs propres services dédiés au renseignement purement militaire : le SIOS (Servizio Informazione Operative e Situazione), l’équivalent de notre DRM (Direction du renseignement militaire) actuel. Le SID (Servizio Informazione Difesa) remplacera le SIFAR en 1966 et continuera son travail de surveillance politique malgré la création contingente de l’UAR (Ufficio Affari Riservati), service de sécurité civil dépendant des préfectures et uniquement dédiés à la surveillance intérieure contrôlé par Federico Umberto d’Amato, qui avouera à demi-mots dans la presse italienne au cours des années 1980 avoir pris une partie de ces décisions en accord avec la CIA. Le SID et L’UAR seront dissouts à la fin des années 1970, notamment en raison de leurs proximités avec les attentats de Piazza Fontana. En substitution de ces deux services, le SISMI (Servizio per le Informazioni e la Sicureza Militare) et le SISDE (Servizio per le Informazioni e la Sicurezza Democratica) verront le jour en 1977, respectivement services secrets militaire et civil. Un comité interministériel, le CESIS, aura la charge de les piloter et coordonner. En 2007, nouvelle réforme, l’AISI (Agenzia Informazione e Sicurezza Interna) sécurité intérieure et l’AISE ( Agenzia Informazione e Sicurezza Esterna) service de renseignement extérieur, supplantent les entités précédentes [21].
La somme des connaissances acquise sur l’Aginter Press (AP), basée à Lisbonne, et qui ont permit à de nombreux chercheurs [22] de reconstituer une partie du cadre de référence de « l’internationale noire » durant la guerre froide est le résultat des années d’instruction conduites par le juge Salvini. Celles-ci ont permis de mettre à jour les liens entre l’agence AP de Yves Guérin Sérac et Pino Rauti.
Répertorié par l’officine de Lisbonne avec le code H1 désignant ses journalistes collaborateurs opérant sous couverture dans leurs pays respectifs, Pino Rauti fit d’Ordine Nuovo la tête de pont d’Aginter Press en Italie suite à la rencontre des deux hommes vraisemblablement en Janvier 1968 [23].
Les conclusions rendues par le Juge Salvini décriront en substance « qu’il exista une chaine de commandement dont la base, c’est-à-dire les exécutants (les hommes d’Avanguardia Nazionale à Rome et Ordine Nuovo à Milan) reportait et obéissait aux dirigeants de ces structures ( Stefano delle Chiaie pour Avanguarda Nazionale, Rauti et Carlo Maria Maggi pour ON) pour ensuite se fondre dans une entité internationale, l’Aginter Press de Yves-Guérin Sérac, qui entretenait lui-même des rapports avec William Buckley à la tête du desk méditerranée pour la CIA et qui fut tué en 1985 au Liban » [24].
Cette convergence d’intérêt, entre les deux structures est aussi mise à jour par les rencontres de cadres intermédiaires. Une note de la Digos [25], autre structure de renseignement civile crée en 1978 et similaire à ce que furent nos Renseignements Généraux, fait état d’une entrevue en 1967 entre Robert Leroy et Carlo Maria Maggi, respectivement hommes de confiance de Yves-Guérin Sérac et Pino Rauti, lors d’une réunion organisée par le Nouvel Ordre Européen, dont le thème « La résistance des forces européennes en Afrique » est au cœur des préoccupations géopolitiques et géostratégiques de Aginter Press.
(...)
[20] Ordinanza Salvini 1995.Tribunal penal et civil de Milan. Ufficio Istruzione sez.20
[21] Giuseppe De Lutiis.I servizi segreti in Italia. Dal fascismo all’intelligence del XXI secolo.Sperling & Kupfer.2010
[22] Nous faisons ici référence de façon non exhaustive à : Giuseppe de Lutiis : sociologue et historien des services secrets et du terrorisme, chercheur à l’université « La Sapienza » à Rome. Aldo Gianulli dont le travail de recherche conduit dans les archives des services secrets italiens servira de corpus aux commissions d’enquêtes parlementaires italiennes sur le terrorisme (1994 à 2001), les archives Mitrokhin (2002-2006), chercheur en sciences politiques pour l’université de Bari. Giorgio Galli ; politologue à l’université de Milan. Son champ de recherches traite de l’influence de l’ésotérisme en politique. Gianni Barbacetto et ses recherches sur la division « Osoppo » intégrée aux réseaux Gladio suite au second conflit mondial constitue une référence majeure en complément du travail réalisé par le sénateur Flamigni qui possède l’archive privée la plus complète sur la période historique de la stratégie de la tension et notamment de l’affaire Aldo Moro et Gladio.
[23] Résultats de l’instruction conduite par le Juge Guido Salvini sur Yves-Guérin Sérac et Aginter Press 1998. Page 420.Part VI
[24] Gianni Barbacetto. Il grande vecchio.p110. Editions Rizzoli. 2009. Milan.
[25] La référence de cette note est reportée comme suit dans la publication des Résultats de l’instruction conduite par le juge Guido Salvini sur Yves Guérin Sérac et l’Aginter Press 1998. Page 373. Part VI : note du 6/6/1996, volume 6, fascicule 3, dossier 19.
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Il grande vecchio Gianni Barbacetto Editions Rizzoli 2009
(traduction)
Mais Salvini suit la piste indiquée par cette note. Et il trouve la confirmation du fait qu'il existait réellement une chaîne de commandement qui, des exécutants matériels (les hommes de Avanguardia Nazionale à Rome et de Ordine Nuovo à Milan) aux chefs de ces organisations (Delle Chiaie pour Avanguardia Nazionale, Rauti et Maggi pour Ordine Nuovo), remontait jusqu'à un niveau international, celui de Guérin-Sérac, en excellentes relations, par exemple, avec un personnage comme William Buckley, le chef de la CIA pour la zone méditerranéenne, qui a été tué en 1985 au Liban, où il avait établi sa propre base opérationnelle, couverte par une carrière tranquille de professeur à l'Université de Beyrouth.
Aginter Press à Lisbonne a fait office de centre international de guerre non orthodoxe pour le compte de la CIA. Elle disposait d'agents et de correspondants en Italie, comme en témoignent les dossiers retrouvés au siège de l'organisation à Lisbonne (parmi eux Giano Accame, Guido Giannettini, Pino Rauti, Giorgio Torchia, Piero Buscaroli, Michele Rallo, Gino Agnese), mais aussi en France, en Espagne, en Suisse et en Allemagne. Elle a organisé de nombreuses actions violentes en Europe et en Afrique. En Italie, elle a participé activement à la stratégie de la tension. Ainsi, presque vingt ans après Tamburino et D'Ambrosio, Salvini a rouvert la porte de l'enfer de l'Occident. Et au terme de sa descente aux enfers, il se retrouve devant la mère de tous les massacres, celui du 12 décembre 1969.
HERVE
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Sujet: Re: Aginter Press Dim 18 Déc 2022 - 10:26
Dans le message précédent (Gianni Barbacetto, Il grande vecchio) :
" il existait réellement une chaîne de commandement qui, des exécutants matériels (les hommes de Avanguardia Nazionale à Rome et de Ordine Nuovo à Milan) aux chefs de ces organisations (Delle Chiaie pour Avanguardia Nazionale, Rauti et Maggi pour Ordine Nuovo), remontait jusqu'à un niveau international, celui de Guérin-Sérac, en excellentes relations, par exemple, avec un personnage comme William Francis Buckley, le chef de la CIA pour la zone méditerranéenne, qui a été tué en 1985 au Liban, où il avait établi sa propre base opérationnelle, couverte par une carrière tranquille de professeur à l'Université de Beyrouth. "
Dans "Prelude to Terror", Joseph J. Trento écrit :
Il est intéressant de noter que William Francis Buckley a eu des contacts avec Yves Guérin-Sérac et Ted Shackley (Cercle member and contact of Safari Club)...
Ted Shackley a participé à au moins une réunion du Cercle (1983 à Bonn) en compagnie de Robert Close, Jacques Jonet, Luc Beyer et Nicolas de Kerchove.
HERVE
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Sujet: Re: Aginter Press Ven 3 Mar 2023 - 17:24
(2022)
(traduction)
Nous sommes à la fin du mois de mars 1974 et Vinciguerra restera en Espagne jusqu'en septembre 1975 lorsque, six mois après son acquittement en première instance pour le détournement de Ronchi dei Legionari, il décide de rentrer en Italie : "J'en avais assez, sinon de l'Espagne, du moins des soi-disant "exilés" italiens", écrit-il, en faisant référence aux différents Rognoni, Saccucci, Francia, Pomar et Orlandini. En revanche - et il ne pouvait en être autrement - le jugement sur le commandant Junio Valerio Borghese était différent, "dont j'ai tiré une impression très vive". Mais parmi ses connaissances, Vinciguerra cite également des transfuges de l'Armée révolutionnaire portugaise, des membres français de l'OAS, et même l'ancien colonel SS Otto Skorzeny, libérateur de Mussolini à Campo Imperatore. Sans oublier l'ineffable Yves Guérin-Sérac, le soldat français dont Aginter Presse a toujours été indiquée comme l'inspirateur (sinon le moteur) de la stratégie de la tension.
Comment les Italiens de cette "internationale noire" vivaient-ils en Espagne, protégés par la police et les services espagnols, avec lesquels ils collaboraient en tant qu'informateurs (mais participaient aussi à des opérations anti-basques sanglantes) ? Tout simplement en vendant des armes et des munitions dans le monde entier par le biais d'Eniesa, une société d'import-export dans laquelle Cicuttini lui-même travaillait comme employé et que Vinciguerra, le 27 août 1984, définit comme "une de nos entreprises".
HERVE
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Sujet: Re: Aginter Press Mer 26 Avr 2023 - 15:14
Note : intéressant article mais la phrase "Parmi les membres de la WACL, on retrouve d’anciens nazis, tel le SS Otto Skorzeny" devrait être argumentée.
La Guerre froide, les réseaux anticommunistes et la stratégie de la tension
Stéphane François
Dans Géopolitique des extrêmes droites (2022), pages 107 à 111
La lutte anticommuniste a pris une nouvelle couleur après la Seconde Guerre mondiale, avec le début de la Guerre froide. En effet, l’anticommunisme offre la possibilité de réutiliser rapidement d’anciens criminels de guerre, nazis ou fascistes, qui avaient un « savoir-faire » dans le combat contre le communisme. La dénazification devient superficielle. Ces nazis ou fascistes non repentis ont été utilisés par les grandes démocraties occidentales (française, britannique ou américaine), et ont permis aux vaincus (République fédérale allemande et Italie) de revenir dans le concert des nations. Surtout, cet anticommunisme a facilité la création de réseaux associant vaincus et vainqueurs de la guerre. Certains rescapés d’extrême droite sont en outre parfois protégés par l’Église catholique qui prend peur de la montée du communisme en Europe centrale. Elle les aide à se cacher (pensons à Marcel Déat, ancienne personnalité du socialisme français qui a évolué vers la Collaboration, qui se réfugie jusqu’à son décès dans un monastère de Turin) ou à fuir, notamment en Amérique latine.
L’un des réseaux les plus importants est la World Anti-Communist League (la Ligue anticommuniste mondiale – WACL). Il s’agit d’une organisation internationale pour lutter contre le communisme, fondée en 1966 à Taïwan et financée par le régime nationaliste et anticommuniste de ce pays. Son objectif était de fédérer les organisations anticommunistes et d’y associer des États, y compris les régimes autoritaires ou dictatoriaux. Parmi ses membres, on retrouve d’anciens nazis, tel le SS Otto Skorzeny, des fascistes comme le Roumain Horia Sima, ou des chefs religieux comme le révérend Moon, fondateur de l’Église de l’Unification (la tristement célèbre « secte Moon »).
De fait, le communisme, auréolé de son rôle durant la Seconde Guerre mondiale, devient, à la Libération, menaçant, et, cela d’autant plus rapidement que dès 1947, Staline soutient, ou impose, des régimes communistes en Europe centrale. Un climat de guerre civile domine en Europe, tandis que la bipolarisation du monde se met en place. Cette période voit à la fois se dérouler des guerres civiles (par exemple en Grèce) et se consolider des régimes autoritaires anticommunistes (l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar ou l’Argentine de Perón).
Cependant, cet anticommunisme n’est pas le propre de l’extrême droite. On le retrouve également dans une gauche anticommuniste, et plus logiquement à droite, dans les milieux conservateurs. D’ailleurs ceux-ci, en lien avec des militants d’extrême droite, ont été à l’origine de certaines grandes tentatives anticommunistes. Prenons, comme exemple, le cas italien de la Loge P2. Celle-ci, de son vrai nom « Proganda Due », est fondée en 1944 pour initier et surtout accueillir des personnalités politiques et des élites – économiques et culturelles. Jusqu’à la fin des années 1960, elle remplit son rôle, vivotant. À la fin de cette décennie, le patronat, dominant dans la loge, voit arriver de nouveaux membres issus de l’armée et des services de renseignement. Tous sont foncièrement anticommunistes. Cela est important car l’Italie est dans le contexte des « années de plomb » et du terrorisme, tant d’extrême gauche que d’extrême droite. Ses membres tendent alors vers l’extrême droite, favorables à la mise en place d’un régime autoritaire.
Les portes de la loge s’ouvrent alors aux néofascistes et aux mafieux. Dans les années 1970, les francs-maçons de la loge P2 réfléchissent à une réforme de la société italienne, en particulier à une purge anticommuniste et antigauchiste de celle-ci. Ce complot a été découvert en 1981 et a déclenché un énorme scandale dans la péninsule lorsque les 962 noms des membres ont été rendus public. La découverte du plan de subversion de la démocratie conduit par la loge et par son Vénérable Maître, Licio Gelli, a fait l’objet de plusieurs procès et d’une enquête parlementaire présidée par la sénatrice démocrate-chrétienne Tina Anselmi. La loge fut dissoute, son Vénérable fut exclu de la maçonnerie. On y trouvait des banquiers influents, dont Roberto Calvi président du Banco ambrosiano – retrouvé pendu sous un pont londonien –, Michele Sindona – le banquier de Cosa nostra, empoisonné en prison –, des directeurs de journaux dont celui de Il Corriere della Sera, les chefs d’états-majors de la marine, de l’air, des officiers des carabiniers, le directeur du SISMI (le service des renseignements et de la sécurité militaire), des officiers de renseignements, des présentateurs TV et évidemment des industriels comme Silvio Berlusconi.
Ce projet de subversion violente a nourri les fantasmes complotistes les plus divers. Ainsi, on prête à la loge P2 une implication dans l’ensemble des actes de violences terroristes en Italie, de l’attentat de Piazza Fontana en 1969 jusqu’à celui de la gare de Bologne en 1980, sans compter sa possible implication dans les multiples planifications de coups d’État jusqu’en 1970, dont celui initié par le prince Junio Borghese, fasciste notoire, qui était pendant la guerre commandant des commandos de la Decima Mas(des troupes d’élite de la marine). Si son implication dans le réseau Gladio n’est pas prouvée, son caractère ultra-atlantiste l’est.
Gladio est un réseau occidentaliste, d’armées secrètes, créé dans différents pays européens pour combattre une possible invasion de l’URSS ou un coup d’État communiste. Il participe à la stratégie du Stay Behind (en français « rester derrière »), un réseau clandestin coordonné par l’OTAN durant la Guerre froide. Il s’agissait de cellules dormantes, présentes dans seize pays européens (France, Allemagne, Italie, Belgique, etc.), qui devaient être activées dans le cas d’une invasion communiste. Gladio en était l’une des plus célèbres. Ces cellules sont parfois composées de militants d’extrême droite. On pense (mais cela reste hypothétique) que les « Tueurs fous du Brabant », qui ont commis plusieurs vols à main armée extrêmement violents en Belgique au début des années 1980, étaient des éléments de ces cellules dormantes, qui lassés d’attendre ont tenté d’appliquer la « stratégie de la tension » : ces crimes devaient pousser les Belges vers un régime autoritaire et anticommuniste. En Italie, cette stratégie a été appliquée pendant les « années de plomb ». Ceux perpétrés par l’extrême droite devaient empêcher la gauche italienne d’accéder au pouvoir, certains de ces attentats commis par de faux groupes d’extrême gauche ou de vraies organisations radicales de gauche, manipulées par l’extrême droite anticommuniste.
Les armes de la contre-subversion, comme la désinformation, ont été très utilisées durant la Guerre froide, dans le cadre de la guerre « antisubversive », théorisée et mise en pratique par les milieux anticommunistes ou nationalistes. Elles ont été théorisées et pratiquées durant les années 1950 et 1960 par des services secrets, des états-majors, ou des officines (indépendantes ou para-étatiques) proches de l’extrême droite, avec un relatif échec. Si certains agents de services secrets, ou d’officines, proposent à des journaux de faux documents pour contrer l’essor du communisme, on ne peut guère dire qu’ils ont contribué à sa disparition (due plutôt à l’échec de son modèle économique). La plus connue de ces officines de la Guerre froide a été Aginter Press, fondée en 1966 à Lisbonne. D’un côté, elle a de réelles fonctions d’agence de presse, usant de la désinformation ; de l’autre, elle prend part à la « stratégie de la tension », formant des mercenaires, proposant des entraînements militaires, pratiquant le renseignement, l’infiltration et la manipulation de mouvements d’extrême gauche pour différents régimes autoritaires européens, comme le Portugal, l’Espagne ou la Grèce. Ses membres fondateurs sont d’anciens militaires français (légionnaires ou parachutistes) ayant participé à la Seconde Guerre mondiale ou aux guerres d’Indochine ou d’Algérie, dans les rangs de l’OAS.
HERVE
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SPY STORY/ De Aginter Press à P2 : la « mosaïque » derrière la stratégie de la tension
Publication: 15.05.2023
Les enquêtes sur la stratégie de tension en Italie montrent le rôle important joué par diverses organisations d’espionnage et services de sécurité. Mais il y a encore beaucoup à savoir.
À la lumière des investigations de Guido Salvini mais aussi suite aux recherches du journaliste d’investigation Andrea Sceresini dans l’essai Internazionale nera (Chiarelettere, 2017) en relation avec le rôle important joué par Aginter Press officiellement fondée – et nous le précisons officiellement, compte tenu des liens internationaux que cette agence de presse fictive a tissés au cours de son activité – par Yves Marie Guillou alias Guérin-Sérac, nous pouvons affirmer sans l’ombre d’une contradiction l’existence de certains faits établis, mais en même temps nous ne pouvons éviter de formuler des hypothèses de nature d’enquête qui ne peuvent actuellement pas être vérifiées en raison du manque de documents officiels, documents qui pourraient être trouvés soit dans les archives privées, soit dans les archives des services de sécurité (nous faisons allusion à celles du portugais Pide, à ceux des services secrets italiens, certainement à ceux des services secrets français et américains).
Voyons, bien que brièvement, illustrer les faits établis.
En premier lieu, il est évident, à la lumière des enquêtes menées par la justice et les journalistes italiens, qu’Aginter Press a joué un rôle d’une grande importance dans la stratégie de tension en Italie grâce aux liens avec Ordine nuovo, et en particulier avec Vincenzo Vinciguerra et Stefano delle Chiaie.
Mais il y a – à ce stade – des questions tout à fait légitimes et donc des hypothèses d’investigation tout aussi légitimes, dont certaines n’ont pas été formulées implicitement ou explicitement par les principaux chercheurs en la matière. À quoi allons-nous précisément allusion?
Commençons par la première hypothèse.
Le fondateur de cette agence avait une très longue expérience au sein de l’OAS (Organisation de l’armée secrète) puis au sein de la guerre d’Algérie. À notre avis, cette expérience militaire s’avère décisive dans la formation de la stratégie de la tension, car c’est précisément dans ce contexte historique que les principales techniques de guerre peu orthodoxes, y compris la guerre psychologique, seront apprises. Ce que nous affirmons historiquement, c’est que l’expérience acquise pendant la guerre d’Algérie et pendant la guerre terroriste menée par l’OAS a certainement constitué une matrice importante pour comprendre la genèse historique et stratégique de la stratégie de la tension. Ce qui sera expliqué lors de la conférence promue par l’Institut Pollio en 1965 est aussi le résultat d’une réélaboration de l’expérience largement acquise pendant la guerre d’Algérie et pendant la guerre non conventionnelle de l’OAS contre le général De Gaulle.
Passons à la deuxième hypothèse.
Une autre hypothèse plausible d’un point de vue d’enquête et qui est évidente – nous dirons probable – est l’existence de liens, non démontrables à l’heure actuelle dans le contexte historique faute de documentation officielle, entre cette agence de presse et les services secrets français qui, comme ceux d’autres pays européens, ont joué un rôle dans la stratégie de tension tout ce qui doit être clarifié.
Une troisième hypothèse est liée au rôle – tout à démontrer bien sûr dans le contexte historique – que le Pide de Salazar a joué dans la stratégie de tension en Europe.
Passons à la quatrième hypothèse. Les enquêtes menées par la justice, ainsi que celles des journalistes d’investigation et des historiens, ont souligné l’importance de la Suisse comme lieu d’établissement de contacts entre cette agence de presse et les hommes des services de sécurité européens et des extrémistes, mais aussi comme lieu d’organisation de camps d’entraînement pour des actions de déstabilisation. Maintenant, nous nous demandons: est-il possible que les services secrets suisses n’aient pas eu la moindre idée de ces activités? Ou les ont-ils couverts à la place? Et s’ils l’ont fait sur le mandat de qui?
Cinquième hypothèse. Quelles relations y a-t-il eu entre cette agence de presse et l’UAR (Bureau des affaires confidentielles) de Federico Umberto D’Amato, personnage clé dans la compréhension de la stratégie de tension en Italie ? De ce que nous pouvons certainement déduire de la collaboration. Mais aussi la coordination ? Mais surtout – et par conséquent – y avait-il des liens directs ou indirects entre cette agence de presse et la P2 de Licio Gelli ?
Sixième hypothèse. Par quels canaux, banques ou sociétés écrans, l’argent a-t-il été versé à cette agence de presse ? Mais surtout, quelles étaient les sources de financement de cette agence en dehors de celles qui viennent du Portugal aujourd’hui établies?
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Note : parmi les sources de financement de Aginter Presse, il y a eu la John Birch Society aux USA ("plus à droite qu'Attila") et Franz Josef Strauss en Bavière (financé lui-même par ?)
HERVE
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Sujet: Re: Aginter Press Lun 17 Juil 2023 - 10:51
L’Afrique noire et la guerre froide Roger Faligot, Jean Guisnel, Rémi Kauffer Dans Histoire politique des services secrets français La Découverte, 2013
Nombre de messages : 21559 Date d'inscription : 08/12/2009
Sujet: Re: Aginter Press Mar 26 Sep 2023 - 14:10
(2023)
Aginter Press
(traduction)
(page 87)
L'une des principales organisations dédiées à la diffusion des théories de la guerre révolutionnaire, et le réseau anticommuniste européen qui a tracé le sillon le plus profond, est la Aginter Press. Fondée dans le Portugal de Salazar par d'anciens membres de l'OAS réfugiés dans le pays lusitanien après l'échec des tentatives de maintien de l'Algérie sous contrôle colonial français, elle opérait sous le couvert d'une agence de presse internationale.
La figure principale de Aginter est Yves-Félix Marie Guillou, plus connu sous le nom d'Yves Guérin Sérac. Vétéran des guerres de Corée et d'Indochine, il est promu capitaine dans l'armée en 1959 et est affecté à l'unité d'assaut des parachutistes. Par la suite, il fait défection et devient le principal dirigeant de l'OAS. En 1962, après l'échec du putsch d'Alger, il s'installe dans le dernier empire colonial d'Europe, le Portugal. Il y prend contact avec des anciens combattants de Vichy et d'autres militants de l'OAS.
Il est présenté à Salazar par le journaliste radio français Jaques Ploncard d'Assac, qui a fui la France après la chute de Vichy (51). Guérin Sérac est ainsi engagé comme instructeur de la doctrine de la contre-guérilla et de la guerre révolutionnaire auprès de l'armée portugaise. Dans les mêmes années, d'autres anciens militants de l'OAS se rendent à Lisbonne dans le but de créer une organisation internationale anticommuniste. À cela s'ajoute la volonté de la Polícia Internacional e de Defesa do Estado (PIDE), le service de renseignement portugais, de construire des réseaux capables d'opérer à l'étranger en cas de besoin. Aginter Press, créée dans ces conditions, est donc placée sous l'autorité directe du ministère de la Défense et du ministère des Affaires étrangères, qui se chargent de son financement (52). En 1966, l'agence de presse fictive constitue l'un des plus grands éléments de la droite radicale européenne, Ordre et Tradition (OT),
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51 Bale, The Darkest Sides of Politics, cit., p. 139. 52 Ivi, 140
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(page 88)
considéré comme le noyau dur de la soi-disant "Internationale noire" (53). Au cours de son existence, OT est devenu le point de liaison de nombreuses organisations du néofascisme européen : Ordre Nouveau et Fédération d'Action Nationaliste et Européenne en France, Kinema tes 4 Augoustou en Grèce, Jeune Europe en Belgique, Fuerza Nueva et Círculo Español de Amigos de Europa en Espagne. Pour l'Italie, Ordine Nuovo et Avanguardia Nazionale (54).
La présence de liens étroits entre Aginter Press et les principales organisations de la droite radicale européenne a conduit de nombreux auteurs, principalement des journalistes, à identifier l'agence portugaise elle-même comme une organisation néofasciste (55).
Cette catégorisation est toutefois trompeuse. Aucun des dirigeants d'Aginter, à commencer par Guérin Sérac, n'a jamais exprimé de sympathies fascistes ou néo-fascistes. De même, dans les documents de programme retrouvés, il n'y a aucune mention des thèmes qui caractérisent l'idéologie néo-fasciste, tels que la nécessité d'une révolution nationale qui imposerait un modèle d'État organiciste, une alternative au communisme et au capitalisme.
Au contraire, ce qui ressort des documents est une approche anticommuniste, catholique traditionaliste et fortement atlantiste. Une sorte de parapluie capable d'accueillir les orientations politiques les plus diverses, non sans contradictions, dès lors qu'elles partagent une opposition totale au marxisme.
Par essence, la Aginter Press est un produit direct de la guerre froide qui, selon Guido Salvini (56), peut se définir comme suit :
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53 Tribunale di Milano, Relazione di perizia, cit., p. 149. 54 Bale, The Darkest Side of Politics, cit., p. 142. 55 Si veda, a titolo di esempio, F. Laurent, L’Orchestre noir, Stock, Parigi 1978. 56 Guido Salvini ha diretto, negli anni Novanta, le indagini sull’eversione nera e la strage di Piazza Fontana che portarono al terzo e ultimo processo, dopo quelli di Catanzaro e Bari, terminato anch’esso con l’assoluzione degli imputati nel 2005. Ciononostante, le due sentenze ordinanze prodotte dal giudice nell’ambito delle indagini (18 marzo del 1995 e 3 febbraio del 1998) rappresentano due documenti di grande rilevanza storica, poiché ricostruiscono minuziosamente lo sfondo in cui gli eventi si svilupparono, le persone coinvolte e i collegamenti internazionali delle organizzazioni neofasciste attive in quegli anni. Le due sentenze ordinanze sono attualmente tra le fonti più citate nella letteratura scientifica riguardante il neofascismo e la strategia della tensione. [Guido Salvini a dirigé, dans les années 1990, les enquêtes sur la subversion noire et le massacre de Piazza Fontana qui ont conduit au troisième et dernier procès, après ceux de Catanzaro et de Bari, qui s'est également soldé par l'acquittement des accusés en 2005. Néanmoins, les deux ordonnances rendues par le juge au cours de l'enquête (18 mars 1995 et 3 février 1998) représentent deux documents d'une grande importance historique, car elles reconstituent minutieusement le contexte dans lequel les événements se sont déroulés, les personnes impliquées et les connexions internationales des organisations néo-fascistes actives au cours de ces années. Les deux arrêts de la Cour figurent actuellement parmi les sources les plus citées dans la littérature scientifique sur le néofascisme et la stratégie de la tension ] Si veda, a titolo di esempio, A. Ventrone, La strategia della paura, Mondadori, Milano 2019; M. Albanese, P. Del Hierro, Transnational Fascism in the Twentieth Century. Spain, Italy and the Global NeoFascist Network, Bloomsbury Academic, Londra 2016; Bale, The Darkest Side of Politics, cit.; A. Cento Bull, Italian Neofascism, The Strategy of Tension and the Politics of Nonreconciliation, Berghahn Books, New York-Oxford 2007; Ferrresi, Threats to democracy, cit.
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(page 89)
"une entité qui constitue la structure d'inspiration des stratégies dans plusieurs pays, y compris l'Italie, capable de fournir aux groupes opérant dans chaque pays d'intervention un protocole spécifique modulé en fonction de la situation à laquelle ils doivent faire face. Il s'agit d'une organisation en mesure de fournir un protocole d'intervention à ceux qui, dans chaque pays, sont appelés à opérer pour les objectifs et les valeurs de cette organisation, à savoir la défense du monde occidental contre une avancée supposée, probable et imminente en Europe des forces liées à l'Union soviétique et aux pays communistes" (57).
Les activités de formation du personnel d'Aginter ne se sont pas limitées à l'Europe, mais se sont étendues à l'Afrique et à l'Amérique latine (58). Dès la première moitié des années 1960, l'agence de presse fictive a pu construire un réseau dense de collaborateurs en Espagne, en Grèce et en Afrique du Sud, grâce également à l'aide de la CIA (59).
L'histoire de l'organisation peut être divisée en deux phases.
Au cours de la première, qui s'étend de 1966, année de sa création, à 1969, l'agence se concentre principalement sur les pays africains où la présence européenne est encore importante, comme l'Angola ou la Rhodésie, et qui sont menacés par des mouvements de libération nationale. Dans ces pays, le personnel spécialisé de l'agence avait pour mission de former les armées régulières à la contre-insurrection et à la guerre révolutionnaire, afin d'endiguer la guérilla.
Au cours de la deuxième phase, qui débute en 1969 et s'achève en 1974, Aginter se consacre à "l'exportation" de la doctrine de la guerre révolutionnaire en Europe et en Amérique latine. Après la Révolution des Œillets et la chute de l'Estado Novo qui s'ensuivit, de nombreux membres d'Aginter Press se réfugièrent en Espagne sous la protection de Francisco Franco (60).
Les liens entre le néo-fascisme italien et l'agence portugaise, apparus au cours des enquêtes sur le massacre de Piazza Fontana, sont à nouveau bien illustrés par le juge Salvini. Selon ses reconstitutions, le personnel d'Aginter, composé principalement de membres de l'OAS, a formé des militants italiens aux techniques de la guerre révolutionnaire et à l'utilisation d'explosifs dans le but de commettre des attentats. Des militants de Ordine Nuovo sont également envoyés suivre des cours de formation directement à Lisbonne, ce qui donne lieu à des échanges réciproques :
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57 Commissione parlamentare d’inchiesta sul terrorismo in Italia e sulle cause della mancata individuazione dei responsabili delle stragi, 9ª seduta, 12/02/1997. Consultabile all’indirizzo http://www.parlamento.it/parlam/bicam/terror/stenografici/steno9.htm. Ultima visita 11/07/2022. 58 Tribunale civile e penale di Milano, Ufficio Istruzione 20a, Sentenza ordinanza del giudice Guido Salvini nel procedimento nei confronti di Rognoni Giancarlo e altri, 03/02/1998 (d’ora in avanti Sentenza ordinanza 03/02/1998), cit., p. 372. 59 Ferraresi, Threats to democracy, cit., p. 61. 60 Cfr. Sentenza ordinanda 03/02/1998, cit., Parte sesta
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(page 90)
"du Portugal, en fait, les instructeurs viennent en Italie, tandis que notre pays envoie quelques personnes qui peuvent être instruites directement sur le terrain" (61). Des notions qui ont été pratiquement traduites par les néo-fascistes dans le cadre de la stratégie de la tension.
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61 Commissione parlamentare d’inchiesta sul terrorismo in Italia e sulle cause della mancata individuazione dei responsabili delle stragi, 9ª seduta, cit., 12/02/1997.
HERVE
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Padre Roche ha un curriculum professionale interessante. E segretario del cardinale Eugène Tisserant, eminente biblista e stratega del Vaticano per i rapporti con l’Est comunista.
Tisserant era a capo dell’Ordine equestre del Santo Sepolcro di Gerusalemme nel 1965 quando Licio Gelli, futuro maestro venerabile della loggia P2, ne venne onorato con il titolo di commendatore. Nel 1953 Padre Roche fonda l’Opus cenaculi, un’altra istituzione religioso-finanziaria, che ritroveremo più tardi coinvolta in uno scandalo finanziario collegato con la costruzione della basilica di Lourdes.
Diventato a suo tempo prelato d’onore di Sua Santità, Roche era senza dubbio uomo di idee conservatrici. Nel 1966 scrive a Yves Guérin Sérac, fondatore dell’organizzazione di estrema destra Aginter Presse e della sua filiale politico-militare Ordre et tradition: “Lei sa che condivido i suoi sentimenti e quelli del suo gruppo. E di tutto cuore che auguro il successo dei vostri sforzi e prego per benedire la vostra opera.” La presunta agenzia di stampa con base a Lisbona viene sinteticamente definita dallo storico Aldo Giannuli: “Non era uno dei tanti gruppi anticomunisti di cui si servivano i servizi americani; era molto di più, una sorta di subagenzia per l’Europa, incaricata delle azioni meno confessabili.”
(...)
(traduction)
Le Père Roche a un CV professionnel intéressant. Secrétaire du cardinal Eugène Tisserant, éminent bibliste et stratège du Vatican pour les relations avec l'Est communiste.
Tisserant était chef de l'Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem en 1965 lorsque Licio Gelli, futur vénérable maître de la loge P2, fut honoré du titre de commendatore. En 1953, le Père Roche fonda Opus cenaculi, une autre institution religieuse et financière, que l'on retrouva plus tard impliquée dans un scandale financier lié à la construction de la basilique de Lourdes.
Devenu en son temps prélat honoraire de Sa Sainteté, Roche était sans aucun doute un homme aux idées conservatrices. En 1966, il écrit à Yves Guérin Sérac, fondateur de l'organisation d'extrême droite Aginter Presse et de sa branche politico-militaire Ordre et tradition : " Vous savez que je partage vos sentiments et ceux de votre groupe. Et je souhaite de tout cœur du succès dans vos efforts et je prie pour que votre travail soit béni. " L'historien Aldo Giannuli définit succinctement l'agence de presse présumée basée à Lisbonne : " Ce n'était pas l'un des nombreux groupes anticommunistes utilisés par les services américains ; c'était bien plus, une sorte de sous-agence pour l'Europe, chargée des actions les moins avouables. "
Le cardinal Tisserant et les réseaux secrets du Vatican Roger Faligot Dans Histoire secrète de la Ve République (2007), pages 603 à 607
HERVE
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Sujet: Re: Aginter Press Sam 14 Oct 2023 - 8:02
https://www.monde-diplomatique.fr/1976/06/A/33816
Espagne : menace permanente contre l’existence de l’opposition
L’appareil répressif de l’Etat franquiste reste intact
Juin 1976, page 23
L’importance des forces armées dans le soutien qu’elles apportent au régime franquiste a souvent été examinée, par l’opposition démocratique espagnole (1). Mais, dans la structure de l’Etat, elles ne constituent qu’un élément d’un vaste appareil créé par Franco et qui, aujourd’hui encore, fonctionne sans entraves ni modifications. D’après l’hebdomadaire Cambio 16, cet appareil de la dictature reste intact et, si elle se décidait maintenant, l’élimination de l’opposition serait affaire de quelques heures (2). Ceci représente une option politique que le gouvernement de MM. Arias Navaro et Fraga Iribarne n’a pas exclue.
(...)
Mais les activités du S.E.I.S. ne sont pas uniquement limitées au domaine du renseignement. Il a toujours disposé d’une branche « d’action » ou commandos spéciaux. Avec les progrès de l’opposition démocratique en Espagne, le S.E.I.S. se trouve de plus en plus dépendant de cette branche. Elle est formée de deux sortes de groupes. D’abord des groupes « officiels », tels que l’unité aéroportée des cent vingt « gardes civils » stationnés à la base aérienne de Getafe. Ensuite, le S.E.I.S. dispose de la B.I.S. à travers Roberto Conesa et de la police de Madrid à travers le lieutenant-colonel F. Quintero Montero (9). D’autre part, le S.E.I.S. bénéficie de la collaboration de la plupart des groupes fascistes ou d’extrême droite installés en Espagne, tels que Palladin, l’Appareil mondial secret d’action révolutionnaire, Aginter Presse, les Guérilleros du Christ-Roi et l’Armée de libération portugaise (E.L.P.). Les relations qui existent entre ces groupes et l’appareil officiel de répression ne sont plus à démontrer (10). C’est sur ces derniers groupes non officiels que le S.E.I.S. semble s’appuyer, bien qu’ils soient en même temps les moins contrôlables. Ils sont sans doute responsables de nombreux attentats terroristes, dont les plus connus seraient l’assassinat de Carrero Blanco et le plasticage à la Puerta del Sol (9).
(...)
(1) Cf. le Monde diplomatique, novembre 1975.
(2) Cambio 16, 5 avril 1976.
(3) R. Harris Smith, O.S.S., Delta Books, New-York, 1972.
(4) International Herald Tribune, 18 mars 1976.
(5) A. Pollis, « United States Foreign Policy Towards Authoritarian Regimes in the Mediterranean », Journal of International Studies, L.S.E., Londres, vol. 4, n° 1, printemps 1975.
(6) Union Militar Democratica-Los Militares y la Lucha por la Democracia, février 1976.
(7) D’après des informations fournies par un ancien agent du S.D.P.G. (Service de documentation de la présidence du gouvernement).
() Cambio 16, 15 mars 1976.
(9) « El S.E.I.S. – La Superpolicla sécréta de Franco », Frontera, n° 1, premier semestre 1974.
(10) The Times, 29 mai 1975 ; Libération, 31 janvier 1975 ; Le Monde, 15 juin 1975 ; Noticias del Pais Vosco, 2 juillet 1975.
HERVE
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Sujet: Re: Aginter Press Dim 15 Oct 2023 - 20:25
Sur la John Birch Society, qui a financé les débuts de Aginter Presse...
La John Birch Society a vu le jour en 1958 lors d’une réunion secrète d’une douzaine d’hommes d’affaires farouchement opposés au New Deal et au mouvement pour les droits civiques. Pétri de moralisme religieux, de racisme et d’antisémitisme, ce groupe, dans la tradition américaine du « style paranoïaque », était convaincu que la classe politique américaine était infiltrée par l’Internationale communiste. Ne faisant pas dans la nuance, il affirmait que le président Dwight Eisenhower lui-même en était un agent stipendié… Le Parti républicain avait longtemps tenu à distance ce mouvement, même si certains de ses membres influents — comme le journaliste Patrick Buchanan ou Mme Sarah Palin, gouverneure de l’Alaska et candidate à la vice-présidence en 2008 — partageaient ses sensibilités. À force de persistance et d’entrisme, l’influence des « Birchers » s’est renforcée au sein du parti. Radicalisé après la crise de 2008, ce dernier a fini par leur ouvrir ses portes.
Birchers. How the John Birch Society Radicalized the American Right Matthew Dallek Basic Books, New York, 2023, 384 pages
HERVE
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Sujet: Re: Aginter Press Ven 10 Nov 2023 - 10:24
Carte 'Aginter Press' délivrée à Stefano Delle Chiaie avec le nom de Giovanni Martelli, le 31/12/1971
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Document des services secrets du Costa Rica avec la photo de Stefano Delle Chiaie et le faux nom de Francisco Alonzo.
HERVE
Nombre de messages : 21559 Date d'inscription : 08/12/2009
Sujet: Re: Aginter Press Sam 13 Jan 2024 - 11:35
Searchlight n° 76
HERVE
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Sujet: Re: Aginter Press Lun 15 Jan 2024 - 19:23
Il y a un chapitre consacré à Aginter Presse dans le livre suivant :
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Sujet: Re: Aginter Press Mar 30 Jan 2024 - 13:58
(traduction)
Dès lors et jusqu'au milieu des années 80, la diffusion du nouveau stupéfiant semble inéluctable, faute d'information et de sensibilisation de la part des institutions. Le phénomène de la toxicomanie a alimenté le massacre silencieux de toute une génération de jeunes qui ont abandonné le travail, les études et l'engagement politique à cause des effets dévastateurs de l'héroïne. Cela a alimenté le soupçon, qui mérite d'être approfondi à la lumière de nouvelles sources, que cet effet a pu être la conséquence d'un effort de guerre peu orthodoxe déployé par les services secrets du bloc occidental, inspiré par la CIA à partir de 1968 et exécuté par la presse Aginter à Lisbonne. L'objectif aurait été de gérer le marché de la drogue et son introduction contrôlée dans les différents pays européens afin d'affaiblir et de désarticuler les mouvements de protestation révolutionnaires dans le cadre de l'opération dite "Lune bleue", qui, en Italie, aurait eu pour coordinateur le trafiquant international et agent provocateur américain Roland Stark (9).
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https://www.meer.com/it/39101-droga-di-stato
Droga di Stato
Anche le droghe usate come armi del potere
22 GIUGNO 2018, VINCENZO MACRÌ
(traduction)
(...)
Il s'agit des drogues d'État, c'est-à-dire de l'utilisation politique et militaire de drogues de toutes sortes comme arme secrète pour combattre les phénomènes de contestation de la jeunesse évoqués plus haut, dans la logique de la guerre froide et de la peur du danger communiste qui semblait guetter de nombreux pays occidentaux, à commencer par les États-Unis. Il semble paradoxal que la politique de répression sévère des gouvernements contre la drogue se soit accompagnée, dans le même temps, d'opérations de distribution et de diffusion de la drogue parmi les jeunes, mais tel était l'objectif de diverses opérations, dont deux seront abordées dans cette contribution.
(...)
Cette pratique s'est accompagnée de l'utilisation de psychotropes et de drogues immobilisantes pour démoraliser et handicaper temporairement les adversaires. Des substances telles que le LSD (un dérivé de l'acide lysergique, l'une des substances psychédéliques les plus puissantes connues) et le STP (une amphétamine psychédélique, acronyme de "Serenity, Tranquility and Peace") ont été diffusées à cette fin. L'infiltration massive mentionnée ci-dessus a atteint un tel degré de contrôle interne sur ces groupes qu'une stratégie massive de drogues dures a été lancée. La diffusion massive de l'héroïne dans les ghettos noirs a été l'une des principales causes de la défaite puis de la dissolution des mouvements révolutionnaires afro-américains tels que les Black Panthers. En 1974, l'opération CHAOS prend fin aux États-Unis et, afin d'étendre l'opération à l'Europe, la production de ces substances est déplacée sur le Vieux Continent. À Bruxelles, sous le couvert d'un centre de recherche biomédicale, 50 millions de doses d'hallucinogènes sont produites en deux ans et, en 1977, la police britannique arrête le chimiste Richard Kemp et saisit six millions de doses de LSD.
Une enquête judiciaire, menée deux décennies plus tard par le juge d'instruction de Milan, Guido Salvini, dans le cadre de l'enquête que le valeureux magistrat milanais menait sur les formations subversives de droite en Italie, nous aide à reconstituer les événements italiens. Il confie la délégation aux carabiniers du Ros qui, le 23 juillet 1996, présentent un rapport précis, intitulé "Annotation sur les activités de guerre psychologique et de basse densité menées en Italie entre 1969 et 1974 par l'intermédiaire de l'"AGINTER PRESSE"". L'enquête a bénéficié de la profanation, ordonnée par l'administration Clinton, de documents classifiés par le biais d'une procédure prévue par la loi sur la liberté de l'information, mais aussi de la précieuse contribution du collaborateur de justice Roberto Cavallaro. Membre de la Rosa dei Venti, une organisation secrète parallèle à Gladio, incluse dans le système de défense de l'OTAN, il a fait d'importantes déclarations aux magistrats de Brescia (massacre de la Piazza della Loggia), de Milan (massacre de la Piazza Fontana) et de Venise (Rosa dei Venti). Il a parlé de l'Ordine Nuovo, une organisation subversive d'extrême droite, comme mandataire des services secrets dévoyés de la DGSI et, lors de l'audience du 7 janvier 2010 devant la cour d'assises de Brescia, il a déclaré : "Avec l'opération Blue Moon, ils voulaient favoriser la diffusion de la drogue pour limiter la rébellion des jeunes".
En Italie, l'opération est désignée par un terme plus romantique et charmant, "Blue Moon", et sa direction est confiée à Ronald Stark, en application d'un projet d'intervention en Europe, élaboré en 1972 lors d'une réunion entre des membres des services secrets de différents pays européens, tenue dans un lieu secret des Vosges, en Alsace, à la frontière avec l'Allemagne. En bref, il s'agit d'une opération de guerre psychologique confiée, pour l'Europe occidentale, à l'AGINTER PRESSE de Lisbonne, une organisation parallèle des services du Pacte atlantique opérant dans une optique anticommuniste.
(...)
HERVE
Nombre de messages : 21559 Date d'inscription : 08/12/2009
Sujet: Re: Aginter Press Mer 31 Jan 2024 - 9:02
Les mercenaires Serge Dumont
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Selon Pauline Picco ("Liaisons dangereuses"), Jean-Marie Laurent était un ami de Jean-Robert Debbaudt (bras droit de Léon Degrelle).
HERVE
Nombre de messages : 21559 Date d'inscription : 08/12/2009
The general ideas for the bombing campaign in Italy, the Strategy of Tension and the concept of ‘revolutionary war’ were presented at a seminar in May 1965—financed by Colonel Rocca’s Gladio division of Italian military intelligence—at the Alberto Polio Institute for Military Studies in Rome. Among the participants at that seminar were top-ranking Italian military officers and politicians linked to NATO and the USA. A central figure was General Adriano Guilio Cesare Magi Braschi, Chief of Division for Unconventional Warfare of the Italian Military Intelligence. He had been close to the OAS and had, according to the court case in Milano 2001, played an important role for the initiation of the Nuclei di Difesa della Stato. Among the speakers presenting the concepts of the Strategy of Tension and ‘revolutionary war’ were two ‘journalists’: Pino Rauti, leader of Ordine Nuovo, and Guido Giannettini, a fascist intelligence operative and liaison to the OAS. Both Rauti and Giannettini were writing a strategy booklet for the Chief of Staff General Giuseppe Aloja and both were central figures in Ordine Nuovo that subsequently carried out the bombing campaign of the late 1960s and early 1970s.
In 1965—66, the international fascist intelligence network Aginter Press was established to implement the Strategy of Tension, with support from the Portuguese security service PIDE and the CIA. This network included a unit specialising in the infiltration of anarchist and pro-Chinese groups, and its ‘correspondents’ would use such organisations as a cover for carrying out bombings and other violent attacks. Aginter Press also included a strategic centre for subversion and intoxication operations, along with an executive action organisation OACI that carried out assassinations (perhaps the same ‘pool of assassins’ that William Harvey, CIA Station Chief in Italy, had recruited in Europe for the CIA’s ‘Executive Action Capability’). All of these divisions of Aginter Press were under the leadership of French OAS officer and former US liaison officer Captain Yves Guillou (alias Yves Guerin Serac), in collaboration with the American intelligence operative Jay Sablonsky (alias Jay Salby) and the French former SS officer Robert Leroy, who had served as an instructor during the war for the Nazi Special Forces commanded by Otto Skorzeny.
Their network brought together Nazi and fascist activists from intelligence services and security services all over Europe (West Germany, France, Italy, Spain, Portugal and Greece) and Latin America, South Africa and the US. Italian ‘correspondents’ for Aginter Press included the co-founder Stefano delle Chiaie (leader of Avanguardia Nazionale), Pino Rauti and Guido Giannettini, who collaborated with French OAS leader Pierre Lagaillarde (also involved in the assassination attempt on the French President, Charles de Gaulle). Some of these, such as delle Chiaie and Rauti, were also linked to the US-dominated World Anti-Communist League (WACL). Magi Braschi was later Italian representative of WACL. An Aginter Press document from 1969 (found in Lisbon in 1974) paints a picture identical to that presented by Giannettini earlier in 1965, with proposals for ‘selective terrorism […] eliminating certain carefully selected persons’ (including assassination of political leaders) and ‘indiscriminate terrorism’, including ‘randomly shooting down people with firearms’ and the use of bombs in public squares or buildings, in accordance with the Strategy of Tension bombing campaign. Judge Guido Salvini told the senators investigating the bombing campaign that instructors from Aginter Press ‘came to Rome between 1967 and 1968 and instructed the militant members of Avanguardia Nazionale in the use of explosives’. The intention with the bombings was to create a climate of chaos to dramatise political life in order to ‘securitize’ issues previously open to public debate, thus limiting the range of the democratic discourse. Another Aginter Press document (from 1968) states: “In our opinion the first action that we should undertake is the destruction of institutions of the state under the cover of Communist and Maoist actions … This will create a feeling of hostility towards those that threaten the peace […] Maoist circles characterized by their own impatience and zeal, are [especially] suitable for infiltration. “The document also states that ‘we already have elements infiltrated into all these [Communist and Maoist] groups’.
From late 1960s, fascist activists in Italy started to dress as left-wingers. They masqueraded as Maoists and anarchists while conducting ‘false flag’ terrorist operations, particularly a bombing campaign, in collaboration with US intelligence in order to manipulate public opinion and limit the range of the democratic discourse. In the early and mid-1980s, attacks similar to those that had taken place in Italy were also conducted in Belgium, including the random shooting of 28 people in supermarkets outside Brussels in 1983–85. A ‘left-wing’ terrorist group known as the Cellules Communistes Combattantes (CCC) was accused of having carried out these operations. Later, however, it transpired that the attacks had been conducted by fascist and Nazi groups, with US support. Like Aginter Press before it, the neo-Nazi organisation Westland New Post operating in Belgium contained both an intelligence division and a special operations division. It was run by Belgian agent Paul Latinus in collaboration with US intelligence and the WACL. Around the same time, US Army special forces began a programme of targeting Western/NATO installations in Belgium, while disguising themselves as terrorists. Indeed, the CCC may have simply been a cover for this form of ‘deep state’ extra-legal activity. Notably, the CCC was supported by prominent Belgian neo-fascist Jean-Francois Thiriart, who had founded a ‘Belgium OAS’, had close ties to the French OAS and had initiated the European-wide fascist organisation Jeune Europe, a forerunner of Aginter Press.
HERVE
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Sujet: Re: Aginter Press Mer 28 Fév 2024 - 9:34
. Un rappel historique sur l'O.A.S. :
OAS : le dernier baroud pour l'Algérie française - Le Nouveau Passé-Présent avec le pr. Olivier Dard (youtube.com)
.
HERVE
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Sujet: Re: Aginter Press Lun 22 Avr 2024 - 18:12
De l’Angola au Portugal, la révolution des Œillets : un podcast à écouter en ligne | France Culture (radiofrance.fr)
De l’Angola au Portugal, la révolution des Œillets
De l’itinéraire d’un dictateur à la crise d’un empire colonial, histoire de la révolution des Œillets, avec ce jour où tout bascule, le 25 avril 1974, quand la démocratie fleurit au Portugal. La portée de l’événement est considérable : par-delà les frontières, les Œillets ne meurent jamais...
HERVE
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Sujet: Re: Aginter Press Mar 7 Mai 2024 - 12:10
Voir aussi l'article des pages 7 et 8 de cette publication du 10 octobre 1979 (merci à un lecteur attentif) :
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