Jean Guebels, commandant
VANDENDRIES,JEAN
Vendredi 19 mai 1989
Jean Guebels, commandant
de la BSR, prend sa retraite
La BSR de Nivelles est orpheline de son (adjudant-)chef Jean Guebels, prié pour raison d'âge de prendre une retraite que chacun regrette, mais lui souhaite heureuse. Il avait su capter la confiance des magistrats qui n'hésitaient pas à requérir ses conseils judicieux. Après trente-huit ans passés au service de l'Etat et de la population, à cinquante-six ans, l'homme avait tant encore à apporter à son équipe...
Dura lex sed lex. Même s'il lui arrive de déraper en certaines circonstances, la gendarmerie ne badine pas avec le règlement lorsqu'il s'agit de la limite d'âge. Voilà pourquoi le district de Nivelles s'était vu octroyer, ce mardi, une petite pause en fin de journée.
En cause, une cérémonie bien sympathique à laquelle avaient tenu à participer tous ceux qui ont été conquis par son sens du devoir: qu'ils l'aient précédé dans la retraite à l'image du président honoraire du Tribunal de première instance Joris ou du juge d'instruction Baeyens, qu'ils soient toujours en activité comme les premiers substituts du procureur du Roi Loop et de Prelle, les magistrats instructeurs Cruysmans et Maes, le greffier en chef Gailly, l'officier du ministère public Delire, d'autres représentants du Parquet, de la PJ, de la BSR de Wavre, les commandants de brigade du district, la police rurale.
Héros bien malgré lui, Jean Guebels - Ardennais de naissance, Gaumais de coeur - observa avec émotion le commandant Goffaux remonter le fil d'une carrière qui le vit débuter à l'administration des Postes. Sept ans après, soit en janvier 1958, il prit une autre trajectoire en s'inscrivant à l'Ecole de gendarmerie d'Ixelles.
Il connut la Légion mobile jusqu'en 1965 et les cours de gradé lui permirent de devenir officier d'élite. En octobre 1965, il fit mutation à la brigade de Boussu, ce qui lui permit de découvrir les prémices d'une «filière boraine» à laquelle il se retrouva mêlé il n'y a guère.
Des facilités scolaires et de meilleures perspectives pour ses enfants l'amenèrent à la brigade de Braine-l'Alleud en fin 1967. Trois ans plus tard, il fit son entrée à la BSR de Nivelles à laquelle il fit de 1976 à 1979 une infidélité qui ne le rendit pas spécialement heureux. Nommé commandant de la brigade de Marbais (Villers-la-Ville), il eut l'impression de s'y encroûter.
Sa satisfaction fut visible de retrouver «sa» BSR où ses «chefs» successifs furent MM. Rolin, Leroy et Claus. Il succéda à ce dernier le 1er janvier 1984 et bénéficia d'un gonflement apprécié de l'effectif. Aujourd'hui, cinq équipes se partagent les moeurs et stupéfiants, l'ordre public et les hold-up, les vols et autre criminalité.
Au fait, celle-ci évolue-t-elle? Indéniablement dans le nombre (Waterloo et Nivelles) et la violence (Braine-l'Alleud et Tubize), souligne Jean Guebels. Nous sommes hélas limités et il est impossible de faire plus. Certes notre équipement s'est amélioré mais du petit matériel peu coûteux nous serait bien utile. Nos jumelles datent de la guerre de Libye, des pieds d'appareils photographiques et des tables de dessin nous ont été octroyés sans que nous ne le demandions alors qu'on nous refuse un téléobjectif. Les moyens en radio ne sont pas encore suffisants.
De bonnes enquêtes
Jean Guebels laissera son nom à quelques enquêtes joliment réussies, notamment en 1975 lorsqu'il élucida coup sur coup les extorsions armées opérées contre des automobilistes par deux frères et leurs compagnes, les meurtres d'un chauffeur de taxi à Quenast et d'une habitante de Rebecq, le hold-up de plusieurs dizaines de millions de francs par la mafia en 1980 dans une bijouterie nivelloise, le vol de tableaux (fin 1987) au préjudice d'un noble de Lasne avec rançon «récupérée» sur le parking d'un grand magasin de Waterloo.
Poète à ses heures, il lui arriva de rédiger un PV en... vers, ce qui eut le don de charmer un magistrat aussi cultivé que Christian Baeyens. Il y eut aussi la tragédie du Colruyt de Nivelles et les interrogatoires des membres de la filière boraine. Ils m'avaient convaincu de leur culpabilité mais je ne commenterai pas le verdict de Mons.
S'il avait un souhait à formuler à son successeur à la veille de prendre ses invalides - une image, heureusement... -, ce serait de conserver la cohésion de l'équipe et de maintenir les excellents contacts noués avec toutes les forces de police sans que quiconque pense à tirer la couverture à soi.
J. V. D.
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"Ne rien nier à priori, ne rien affirmer sans preuve."
( Dr. Robert RENDU)