Date: 03/01/2006
Section: INFORMATIONS GENERALES
Sous Section: FAITS DIVERS
Mort la tête écrasée Nouvelle Recherche
Décès de l'énigmatique Madani Bouhouche le 22 novembre dernier
BRUXELLES En décembre dernier, la Cellule Brabant wallon, qui enquête sur ces agressions qui ont fait 28 tués en 1982, 83 et 85 en Belgique, dressait une liste de personnes domiciliées dans une certaine région du pays. Le travail consistait aussi à sortir les renseignements figurant au Registre national sur chacune d'elles. Le nomde Madani Bouhouche, un ancien gendarme de la BSR de Bruxelles devenu par la suite détective privé, se trouvait dans le nombre. Et c'est comme ça, par le pur hasard de ce travail administratif, que la Cellule a appris, avant Noël, que Madani Bouhouche était décédé en France dans la région de Foix, le 22 novembre dernier.
De février 1986 au milieu des années 1990, le nom de Bouhouche, associé à celui de son collègue gendarme Robert Beijer, avait été abondamment cité par les médias comme un suspect possible des tueries de 1982/85. Jamais inculpé pour les tueries mais condamné à 20 ans pour d'autres faits criminels graves, Bouhouche était sorti de prison en juin 2000. Depuis juin 2005, il vivait en reclus dans une sorte d'ancienne bergerie, au bout d'un chemin peu accessible, seul, loin des siens et des hommes.
Bouhouche a trouvé la mort alors qu'il sciait un arbre. Le corps n'a pas été trouvé tout de suite mais après un certain temps, par une dame, la tête écrasée. La famille son ex-épouse, son ex-compagne, son fils , informée, s'est rendue sur place. La décision a été prise d'incinérer le corps. Les cendres ont été dispersées, dira-t-on, dans les Pyrénées. «Que Bouhouche nous ait tout dit de ce qu'il a fait, personne ne le croit. Qu'il emporte une part de secret, c'est plus que vraisemblable. Mais continuer aujourd'hui de le lier aux tueries du Brabant n'est pas servir la vérité», résume l'enquête.
Cette conviction Bouhouche n'était pas un tueur du Brabant s'appuie sur vingt ans d'une enquêtedans laquelle beaucoup d'éléments matériels ont été trouvés mais aucun qui lie l'ancien gendarme aux tueries. Peu de suspects ont subi un pressing aussi fort que Bouhouche qui a même accepté alors qu'il aurait pu refuser de se soumettre au détecteur de mensonge: Bouhouche s'est tiré à son avantage des questions posées directement liées aux tueries. Le test était pratiqué en indépendance par des Canadiens. Comme toujours néanmoins, la mort d'un homme tel que lui suscite déjà les interrogations: son ex-avocat J.-P. Dumont se demande par exemple comment un homme aussi méticuleux que Madani Bouhouche a pu être aussi imprudent. C'est le motif de l'envoi en France d'une commission rogatoire qui vérifie les circonstances de l'accident et le fait qu'aucun document n'a été laissé dans la bergerie ou dans l'un des quatre refuges que Madani fréquentait dans ses collines.
© La Dernière Heure 2006
Gilbert Dupont