Dans la presse de l'époque (première commission d'enquête)
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(...) En 1983, Mme Lyna hérita des autres dossiers explosifs du WNP à l'exception de l'affaire du vol de telex Otan à l'état-major, un dossier instruit par Mme Coppieters. Mme Lyna, qui interrogea fréquemment Paul Latinus de septembre 1983 au printemps 1984, avant sa pendaison, le 24 avril, suivit de très près l'instruction du juge Schlicker à Nivelles qui fit l'objet d'un non lieu.
«En 1983, nous nous étonnions, Mme Coppieters et moi, des lenteurs du parquet de Bruxelles pour mettre à l'instruction le dossier de la milice néo-nazie Westland New Post, qui continuait à ne faire l'objet que d'une information judiciaire. Puis j'ai appris avec stupéfaction qu'un membre de la Sûreté assistait à tous les interrogatoires faits par le commissaire Marnette, de la PJ. Cette situation cessa dès que j'eus le dossier à l'instruction. Quand j'ai constaté que Christian Smets, de la Sûreté, était infiltré au WNP, je suis descendue au siège de la Sûreté pour y saisir le dossier relatif à cette infiltration. L'administrateur général M. Raes était absent. Son adjoint, M. De Vlieghere, m'a dit que ce type d'infiltration était tout à fait inhabituel et même fortement déconseillé. M. Raes est rentré, fort mécontent de me voir. Il m'a dit que c'était la première fois qu'un juge d'instruction se permettait cela. Le dossier que je cherchais était chez le ministre Gol et M. Raes me promit de me l'apporter la semaine suivante. Il est venu et m'a remis... un seul feuillet, une sorte de compte-rendu sur l'existence d'une revue Althing.
» Par la suite, plusieurs membres de la Sûreté m'ont dit que ce document avait été fabriqué pour les besoins de la cause et antidaté, mais je n'en ai pas la preuve. J'ai entendu M. Raes, qui a demandé à être assisté par son chef de cabinet M. Van Molle. Ca ne se fait pas, mais pour un administrateur général... On n'aurait peut-être pas dû avoir certains égards. M. Raes m'a dit que Christian Smets avait fait au WNP une reconnaissance d'officier avec son total accord. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas inculpé M. Smets.» (...)
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Ayant eu à instruire les dossiers liés aux activités des néo-nazis du WNP en 1983, Mme Lyna avait révélé que, sans la protection de l'administrateur général de la Sûreté, M. Raes, elle aurait inculpé le commissaire Smets en 1983. Elle avait parlé de pressions «envisagées» par la Sûreté à son égard et avait mis en cause l'avocat général Jaspar qui, selon le juge, avait hâté la clôture des dossiers du WNP et de la mort de son chef Latinus. Mme Lyna avait dit son sentiment que rien, dans le dossier Latinus, ne permettait de conclure à un suicide et que le parquet général avait tout fait pour présenter le double assassinat d'Anderlecht, en 1982, comme une affaire de droit commun, alors qu'il n'y avait dans ce dossier aucune motivation de droit commun.
Le juge Lyna avait aussi parlé du dossier Pinon, précisant l'avoir demandé au procureur de Nivelles mais ne l'avoir pas reçu. Selon le juge, le procureur estimait qu'il n'y avait rien dans ce dossier, qu'il gardait cependant dans son coffre.