En 1998, un certain Albert Mahieu convoqua des journalistes pour leur faire des révélations stupéfiantes sur les tueries. Selon Mahieu, les tueries du Brabant ne seraient rien d'autre qu'un réglement de compte de la mafia contre la firme Delhaize. En ce qui concerne la première vague (1983), Albert Mahieu affirma que deux membres du Conseil d'Administration de la firme Delhaize auraient fait l'acquisition de deux maisons dans une célèbre rue chaude de la capitale belge. Ils y auraient fait travailler des prostituées. Cela a fortement déplu à certains milieux mafieux qui ont la réputation de contrôler ce marché très lucratif. La mafia aurait donc engager des tueurs afin d'user de chantage sur ces administrateurs. Toutes les autres attaques n'auraient été menées que pour faire diversion dans l'enquête.
En 1985, on remarque que les trois supermarchés attaqués étaient des Delhaize. Cette firme belge avait des succursales aux Etats-Unis. Mahieu affirma que Delhaize n'aurait pas respecté certaines closes lors d'une vente de filiales aux USA. La mafia américaine aurait donc utilisé des tueurs pour que Delhaize leur paie une somme importante. Mais même après les attaques de Braine et d'Overijse, Delhaize refusa de céder au chantage. Ce n'est qu'après la tuerie d'Alost que la firme de supermarché accepta de verser les sommes demandées. La mafia aurait alors ordonné aux tueurs d'arrêter les attaques.
Cette double thèse était séduisante, terriblement séduisante. Mais elle se heurte à des difficultés majeures...
- Les tueurs auraient reçu 25 000 dollars par personnes tuées lors des attaques contre les supermarchés. On peut se demander dès lors pourquoi les tueurs du Brabant n'auraient-ils assassinés "que" 16 personnes alors qu'ils pouvaient faire beaucoup plus de victimes?
- Mahieu n'apporte aucune preuve de ses dires.
- Mahieu s'est considérablement discrédité en une seule phrase : "On a même voulu me donner le nom des tueurs, mais moi ce qui m'intéressait c'était les commanditaires". Là, on ne comprend plus. Pourquoi avoir refusé de connaître les noms des tueurs alors que l'on le lui proposait?
- La thèse du racket sur Delhaize n'était pas neuve. L'enquête n'a rien pu démontrer.
Mais qui donc était Albert Mahieu? C'est en fait un simple administrateur de société qui parfois aime dénoncer certains scandales. C'est lui qui fut à la base d'un procès gigantesque contre une grande compagnie d'assurances belge qui aurait floué ses clients. L'assurance perdit son procès en première instance mais le gagna en appel. En 1998, Albert Mahieu était candidat aux élections qui devaient se tenir l'année suivante. Il se présentait sur la liste du petit parti VIVANT, créé par un milliardaire de l'électronique. Il n'est donc pas impensable que cette conférence de presse rentrait dans sa stratégie de campagne électorale. Pour Mahieu, son affirmation sur les tueries fut un coup de maître. Il fut le seul élu (conseil régional bruxellois) de ce parti. Beaucoup de gens ont dû très certainement voter pour lui suite à ses "révélations". Notons au passage que ce n'est pas la première fois qu'un candidat aux élections utilisent l'affaire dite "du Brabant wallon" pour se faire "mousser" électoralement. Au début des années 1990, c'est le pittoresque milliardaire anversois Jean-Pierre Van Rossem qui prétendait qu'une fois élu député, il ferait des révélations sur les tueries. Il fut élu à la Chambre des Représentants à la surprise générale.
Depuis lors, plus personne n'a jamais entendu parler des révélations extraordinaires promises par MM. Van Rossem et Mahieu...