La Libre 19/2 - ROLAND PLANCHAR
Simon Poncelet: l'enquête finie à l'été
Il y a exactement cinq ans que le jeune inspecteur de la PJ de Mons a été lâchement abattu
EPA
L'assassinat de Simon Poncelet, dans la nuit du 21 au 22 février 1996 -ce qui fera exactement 5 ans mercredi-, avait rapidement pris une dimension particulière. Pour trois raisons: ce jeune et sympathique inspecteur de la police judiciaire de Mons avait été tué dans les locaux mêmes de la PJ; la piste interne avait vite paru être la bonne; Guy Poncelet, ancien procureur du Roi de Tournai, s'était publiquement élevé contre le traitement réservé au dossier de son fils.
Que s'était-il au juste passé à Mons, ce mercredi-là vers 23h30? Une chose est sûre: Simon, qui était de permanence, fut abattu de 4 balles. L'arme? Un revolver volé dans les locaux de la... PJ, en 1986. Mais au départ, l'enquête avait patiné: compte tenu de l'existence de la piste interne, ce n'était sans doute pas une bonne idée de laisser d'abord la PJ enquêter elle-même. C'est ce qu'avait dénoncé le père de la victime (lire ci-dessous).
Finalement, au mois de septembre 1996, une "cellule Simon" avait été créée au sein de la BSR (brigade spéciale de recherche de la gendarmerie, aujourd'hui police fédérale) de Mons. Questions principales: avait-on, en abattant son fils, tenté d'atteindre Guy Poncelet? Ou bien Simon, qui enquêtait sur un trafic de voitures volées, avait-il représenté un danger pour le "milieu" ? Ou bien encore s'était-il, même involontairement, impliqué dans les dissensions graves qui régnaient à la PJ de Mons? On se souvient, à cet égard, des rivalités opposant le commissaire principal Franz Leclercq à son supérieur, le commissaire en chef Bernard Jonniaux.
Tout avait rebondi exactement deux ans après la mort de Simon: le 21 février 1998, la juge Christine Dutillieux ordonnait l'arrestation de M. Leclercq. La piste du règlement de compte interne était donc la bonne? Le mobile aurait par exemple pu être, disait-on à l'époque, que le commissaire, surpris par l'inspecteur alors qu'il fouillait le bureau de M. Jonniaux, avait tué le témoin gênant. Car si on avait su, cela aurait été très mauvais pour la carrière de M. Leclercq, malgré sa réputation de "bon flic" : il avait déjà été suspendu pour avoir écrit de sulfureuses lettres anonymes.
TOUJOURS LE "SUSPECT N°1"
Pourtant, un tel mobile a pu paraître indigent: tue-t-on vraiment pour cela? Possible. Mais pas sûr, car certains indices peuvent également paraître légers. Ainsi, des traces de poudre relevées sur une veste appartenant à M. Leclercq sont similaires à celles prélevées sur les vêtements que portait Simon Poncelet. Certes. Mais pourquoi M. Leclercq, en policier expérimenté, n'a-t-il par exemple pas fait disparaître cette veste saisie de nombreux mois après l'assassinat? En clair, du côté de M. Leclercq, on ne plaide pas coupable (lire ci-dessous). Sa détention préventive avait d'ailleurs cessé le 10 juillet 1998. Depuis, le commissaire n'a plus été interrogé.
Quoi qu'il en soit, on approche du dénouement. Certes, la "cellule Simon" poursuit quotidiennement son travail, comme on nous l'a confirmé lundi: quatre hommes à temps plein et deux autres en appui continuent de nombreuses vérifications. Mais on prête à Mme Dutillieux l'intention d'effectivement clôturer le dossier prochainement. Vers le mois de juin, comme le dit un bruit de couloir, au palais de justice? "
Il est prématuré de fixer une échéance au mois près, car plusieurs expertises sont encore en cours ", nous a-t-on indiqué à Mons.
En tout cas, Franz Leclercq reste clairement le suspect n°1: les travaux à achever ne divergent pas, selon nos informations, de ce qui est déjà connu. Il se dit même que le parquet sera probablement amené à demander à la chambre du conseil de renvoyer le suspect devant la cour d'assises.
© La Libre Belgique 2001
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"Ne rien nier à priori, ne rien affirmer sans preuve."
( Dr. Robert RENDU)