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 La véritable histoire des TBW - Reconstitution.

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La véritable histoire des TBW - Reconstitution. Empty
MessageSujet: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyDim 11 Avr 2021 - 0:58

Les tueries du Brabant Wallon resteront probablement à tout jamais un mystère. Du moins officiellement.

Car voici reconstitué ce que fut vraisemblablement, à quelques détails près, la véritable histoire des tueurs du Brabant Wallon.

Une histoire sanglante et terrifiante mais en finalité somme toute très simple, aux antipodes des théories abracadabrantesques développées au fil du temps par certains.


1. Les débuts.

Nous sommes début des années 80. La récession touche de plein fouet l’économie belge et entraîne le licenciement de nombreux travailleurs, pour la majorité, peu qualifiés.

Parmi ceux-ci, nous retrouvons Jean et Saïd (noms fictifs), deux anciens collègues jusque-là sans histoire. Jean habite au premier étage du 33 rue Paul Spaak, une petite rue située à proximité de la place Flagey, à Ixelles (Bruxelles). C’est un homme dans la trentaine qui se distingue par sa grande taille. Il est mince, sa peau est blanche. Son visage, de forme ovale, est émacié, ses cheveux sont de couleur châtain.

Bien plus âgé que son compère, Saïd est lui un homme trapu au visage carré, aux traits burinés et aux cheveux grisonnants. D’origine algérienne, il vit dans les environs de Braine-le-Comte.

Ayant depuis de nombreux mois toutes les difficultés à joindre les deux bouts avec les maigres allocations de chômage qu’ils perçoivent, Jean propose à son ami d’arrondir leurs fins de mois en commettant des cambriolages dans des commerces d’alimentation et en revendant les victuailles volées à l’une de ses connaissances qui tient un restaurant et qu’il sait peu regardant sur l’origine des marchandises.

Pour mener à bien leurs projets, ils ont besoin d’un véhicule et d’une arme. A cette époque-là, les fusils sont encore en vente libre. Mais n’ayant guère d’argent, ils décident plutôt d’en voler un. Après quelques hésitations, ils parviennent à voler à la sauvette, dans une petite armurerie située à Dinant, un fusil à canon juxtaposé conçu pour la chasse aux canards. Saïd se charge d’en scier le canon et la crosse, afin de rendre l’arme un peu plus maniable. Bien incapable de voler un véhicule sans clé, ils l’utilisent 2 mois plus tard pour menacer un automobiliste rentrant chez lui afin de s’emparer de sa voiture. Voiture qui leur permet de se rendre de nuit jusqu’à Lembeek afin d’y voler, chez un revendeur, une VW Santana flambant neuve qu’ils avaient au préalable repérée et semblable à celle d’un automobiliste ixellois dont ils ont dupliqué la plaque d’immatriculation. Le véhicule est planqué à Ixelles, dans le garage situé au rez-de-chaussée du domicile de Jean.

Maintenant équipés, ils mettent leurs projets à exécution. Toutefois, pénétrer de nuit par effraction dans des magasins n’est pas nécessairement chose aisée lorsqu’on n’en a guère l’expérience. Leurs débuts sont hésitants, avec quelques vols réussis certes, mais aussi plusieurs tentatives infructueuses. Ils manquent également de détermination. Aussi, Saïd finit par proposer à l’une de ses connaissances, qu’il sait être également dans le besoin et dont il connait le tempérament fonceur, de se joindre à eux.

Cette connaissance se prénomme Abdellah (nom d’emprunt). Originaire d’Akfadou en Algérie, il vit depuis quelques années à Asnières, en région parisienne. Agé de 29 ans, sans emploi, il est père d’une petite fille de 3 ans. Sa femme, 6 ans plus jeune que lui et secrétaire chez EDF, attend un second enfant. D’allure athlétique, il mesure 1m80. Son visage est de forme rectangulaire, ses traits sont fermés, ses yeux marrons, ses cheveux crépus. Son crâne présente une calvitie naissante. Posé, de bonne présentation, s’exprimant avec éloquence, il ne laisse guère transparaître sa véritable personnalité. Mais derrière ses manières affables et seulement trahi par son regard totalement inexpressif, se cache en réalité un être égocentrique, narcissique, manipulateur, colérique, impulsif et dépourvu de la moindre empathie pour autrui.

L’homme ne se fait pas prier et accepte de se joindre au binôme. Il arrive à se procurer chez une de ses connaissances un pistolet 7.65 mm ainsi qu'un ancien fusil 8mm. Pour leur premier coup ensemble, il propose de cambrioler une épicerie fine qu’il a au préalable repéré à Maubeuge, en France. Malgré leur réticence face aux risques de devoir traverser au retour la frontière avec un véhicule chargé de marchandises volées, Jean et Saïd avalisent néanmoins la proposition.

Mais le cambriolage ne se passe pas comme prévu. Alors que les comparses, après avoir fracturé la porte de la boutique et arraché les fils téléphoniques, ont commencé à charger leur véhicule de bouteilles d’alcool et autres victuailles, un voisin, réveillé par le bruit, jette un œil à la fenêtre, constate les agissements suspects et téléphone à la police pour les signaler. Une patrouille se rend à pied sur place et surprend les individus au moment où ils s’apprêtaient à partir. Une fusillade éclate, Abdellah fait feu à plusieurs reprises et blesse grièvement l’un des représentants des forces de l’ordre français qui s’écroule au sol. Les deux autres policiers ripostent et se mettent à l’abri. Profitant de ce répit, les trois hommes montent à bord de la VW Santana et prennent la poudre d’escampette, direction la Belgique.

Nous sommes le samedi 14 août 1982. Le trio, sous l’impulsion d’Abdellah et pour quelques bouteilles d’alcool, vient de faire sa première victime. La première d’une bien trop longue série.


2. Les premiers meurtres.

Quelques semaines se sont écoulées depuis les faits de Maubeuge. Sous l’impulsion d’Abdellah qui a pris définitivement les choses en main, la bande a perpétré plusieurs autres cambriolages dans des commerces alimentaires, sans accroc ceux-là. Ses deux comparses ne désirant plus commettre de méfaits au-delà des frontières après leur mésaventure française, ces vols eurent lieu uniquement sur le territoire belge, principalement dans le Brabant et dans le Hainaut. Pour y participer, Abdellah, ne disposant pas de voiture, fait régulièrement le trajet de Paris en train et séjourne en Belgique 2 à 3 jours, le temps d’effectuer les repérages et les cambriolages. Il est hébergé par son ami Saïd et a obtenu que ses frais de déplacement lui soient remboursés en prélevant le montant sur les butins.

Cependant, la fusillade à Maubeuge a fait prendre conscience aux trois truands des risques inhérents à leurs activités criminelles et du fait qu’ils n’étaient pas correctement armés en cas de grabuge. Aussi, ils décident de braquer une armurerie. Leur choix se porte sur celle tenue par Daniel Dekaise à Wavre, peu sécurisée et pas trop distante du garage où est planquée depuis quelques mois la VW Santana volée à Lembeek.

Après une reconnaissance des lieux et de l’itinéraire de fuite la veille, l’attaque contre l’armurerie est perpétrée dans la matinée du jeudi 30 septembre. Mais les choses ne se déroulent absolument pas telles qu’elles avaient été prévues. Un policier, prévenu par un passant du hold-up en cours, tente de s’interposer alors que les trois hommes s’apprêtent à quitter la boutique, non sans avoir fait main basse sur une dizaine d’armes et rouer de coups l’armurier. Abdellah n’hésite pas, fait feu sur lui, le blesse et l’achève d’une balle en pleine tête alors qu’il gît sur le sol. Pendant ce temps, Saïd se charge de déplacer la camionnette du policier stationné en plein milieu de la rue afin de dégager le passage.

Les trois comparses parviennent à prendre la fuite à bord de leur véhicule mais une voiture banalisée de la gendarmerie les prend en chasse. Quelques kilomètres plus loin, à Hoeilaart, les gendarmes parviennent à les dépasser et à bloquer leur véhicule à un carrefour. Une nouvelle fusillade éclate. Les deux gendarmes sont grièvement blessés, les trois truands s’en sortent eux miraculeusement indemnes. Malgré que leur véhicule ait été endommagé lors de la fusillade, ils parviennent à rejoindre leur cache. La nuit tombée, ils iront se débarrasser de la VW Santana à l’orée de la forêt de Soignes située à quelques kilomètres de là.

Leur première attaque à main armée a bien failli déjà être la dernière mais les voilà maintenant bien mieux équipé en cas de nouvel imprévu. Ils se tiennent quelques semaines à carreau puis finissent par perpétrer de nouveaux cambriolages. Après avoir ciblé des épiceries fines et des grossistes en vin, ils décident de s’en prendre à des restaurants, principalement situés en périphérie bruxelloise. Ils utilisent pour ce faire la voiture que Jean a acheté quelques mois plus tôt, sur laquelle ils apposent de fausses plaques d’immatriculation.

Plusieurs vols sont commis sans incident. Mais dans la nuit du 22 au 23 décembre, alors que les 3 comparses viennent de pénétrer par effraction dans l’auberge het Kasteel située à Beersel, ils sont surpris par le concierge des lieux, un homme âgé d’une septantaine d’année qui loge à l’étage. L’homme est rapidement maitrisé et ligoté. Ils le contraignent à révéler où sont cachés ses économies. Préférant ne pas laisser de témoin derrière eux, Abdellah l’abat de 8 balles tirées en pleine tête à l’aide du pistolet FN calibre 22 volé quelques mois plus tôt chez Dekaise.

Deux semaines plus tard, dans la nuit du 8 au 9 janvier 1983, un autre drame va se produire. Après avoir cambriolé un commerce, le trio se rend comme à son habitude au 33 rue Paul Spaak afin de décharger du véhicule les marchandises volées. Après avoir pris congé de leur acolyte, Saïd et Abdellah cherchent à rentrer à Braine-le-Comte mais ils ne sont pas motorisés. Il est 2h du matin. En se dirigeant vers la place Flagey, ils aperçoivent un taxi et le hèle. Mais le chauffeur refuse de les emmener aussi loin et accepte tout au plus de les conduire jusqu’à Anderlecht, à hauteur du ring. Arrivés-là, le chauffeur leur demande de sortir. Abdellah ne voulant pas se trouver en rade à une heure aussi avancée de la nuit insiste pour qu’il les conduise jusqu’à leur destination. Une dispute éclate. Enervé par le refus du chauffeur de taxi, il sort son pistolet et le tue de 4 balles en pleine tête. Après quelques hésitations, les deux comparses décident de cacher le corps du malheureux dans le coffre de la voiture et prennent la route de Braine-le-Comte. Saïd est déposé à son domicile. Abdellah reprend lui la route jusqu’à Mons, y abandonne le taxi et se rend à pied jusqu’à la gare afin d’y attendre le premier train direction Paris.

Si les revenus des cambriolages permettent à Abdellah d’améliorer sensiblement son quotidien et celui de sa petite famille, ils sont loin d’être suffisants pour qu’il puisse mener grand train comme il le désire. Aussi, germe dans son esprit une idée : attaquer des supermarchés et faire main basse sur leur recette.


3. Les premières attaques de supermarchés.

Dès qu’il revoit ses deux compères, Abdellah leur soumet son désir de commettre des hold-up dans des supermarchés. Saïd, après les mésaventures du hold-up chez Dekaise, n’est guère enthousiaste à l’idée de devoir prendre de nouveau de gros risques. Mais face à l’insistance d’Abdellah, il finit par accepter.

Dans un premier temps, les trois hommes ont besoin d’une voiture. Partant du domicile de Jean qui leur sert de QG, ils se rendent du côté de Watermael-Boitsfort, finissent par repérer un automobiliste qui se gare devant chez lui, et, par la menace, s’emparent de son véhicule, une Peugeot 504. Pour leur première attaque, ils choisissent pour cible le Delhaize de Genval. Celui-ci est situé à une quinzaine de kilomètres de la rue Paul Spaak, distance qui en soirée et à vive allure, peut être parcourue en une bonne dizaine de minutes. Afin de faire main basse sur la recette la plus conséquente possible, ils décident d’agir un vendredi en fin de soirée. La date est fixée : le 11 février 1983. La veille, le trio, à bord de la Peugeot volée 2 semaines plus tôt, effectue un repérage des lieux et du chemin de fuite.

Le jour dit, un peu après 19h, les trois hommes passent à l’action. Afin d’éviter qu’elle ne se retrouve bloquée comme à Wavre, ils stationnent leur voiture un peu à l’écart dans le parking et pénètrent ensuite armes au poing dans le magasin. Des coups de feu d’intimidation sont tirés. Jean et Abdellah se chargent de collecter le butin dans les bureaux tandis que Saïd, armé lui d’un fusil, tient en joue la clientèle. Le hold-up se déroule sans accroc. Toutefois, alors qu’ils se dirigent vers leur véhicule, Abdellah aperçoit une voiture en mouvement et tire à plusieurs reprises en direction du conducteur, sans le toucher. Ils parviennent à prendre la fuite et atteignent sans encombre leur cache où ils se partagent le butin : un peu plus de 230.000 BEF par personne, soit quasiment l’équivalent d’une année d’allocation de chômage à cette époque.

Mais une somme loin de satisfaire Abdellah qui presse ses deux comparses pour commettre de nouvelles attaques le plus rapidement possible. Dans un premier temps, jugeant la Peugeot trop peu puissante, ils décident de voler une autre voiture. Après avoir pris en filature depuis l’avenue Louise une automobiliste, ils profitent qu’elle se soit arrêtée devant son domicile à Plancenoit pour s’emparer, sous la menace d’une arme à feu, de son véhicule, une VW Golf 5 Portes quasi neuve. Un peu plus loin, ils abandonnent la Peugeot avant de retourner sur Bruxelles.

Après diverses reconnaissances, les deux prochaines cibles sont déterminées : le Delhaize d’Uccle, qui présente l’avantage de n’être qu’à 5 minutes en voiture de la rue Paul Spaak via le bois de la Cambre, et le Colruyt de Halle. Pour cette seconde attaque, ils agiront depuis le domicile de Saïd à Braine-le-Comte.

Le premier hold-up a lieu le vendredi 25 février en soirée. Alors que Saïd reste au volant de la Golf, Jean, muni d’une queue de billard sciée faisant office de matraque, et Abdellah, armé de 2 pistolets de gros calibre, pénètrent dans le magasin. Pendant que Jean se charge de récolter sous la menace l’argent du coffre, son comparse surveille la clientèle. Voyant à l’extérieur une personne tentant de donner l’alerte, il lui tire dessus et le blesse à la jambe. Une fois le butin collecté, les 3 hommes prennent la fuite par la N5 direction Waterloo, bifurque un peu plus loin à gauche dans la drève du Caporal et regagnent sans encombre leur cache via la drève de Lorraine, le bois de la Cambre et l’avenue Louise.

La seconde attaque est organisée quelques jours seulement après, le jeudi 3 mars. Il est 19h30. Après avoir abandonné leur véhicule à proximité de l’entrée du supermarché, le trio investit les lieux. Saïd, armé de son fusil, se positionne à l’entrée. Jean, sa matraque à la main, et Abdellah, armé d’un revolver, se rendent dans les bureaux et sous la menace oblige le gérant à ouvrir le coffre-fort et à placer l’argent qui s’y trouve dans un sac. Ne s’exécutant pas assez rapidement à ses yeux, Abdellah l’abat d’une balle en pleine tête. Leur méfait accompli, ils prennent la fuite via la N7 direction Enghien. Une automobiliste décide de les prendre en chasse mais finit par y renoncer après quelques kilomètres. Arrivés à Bierghes, ils tournent à gauche pour rejoindre la N6 qui les mènent jusqu’à Braine-le Comte.

Le butin de ces deux hold-up leurs permet d’appréhender l’avenir avec bien plus de sérénité. Abdellah utilise une partie de cet argent pour démarrer une petite activité ambulante de revente d’articles d’habillement en maille et de vêtements de grande marque dégriffés. Grâce à sa belle-sœur, trésorière chez Burberry’s, il acquiert notamment les invendus de la boutique parisienne de l’enseigne. Et se réservera par la même occasion pour lui-même un imperméable couleur beige clair de cette luxueuse marque anglaise.

Cependant, cette activité, démarrée officiellement le 21 avril 1983, a surtout pour but de justifier auprès d’autrui son brusque changement de train de vie et ses fréquents voyages de quelques jours. Il n’a d’ailleurs aucunement l’intention d’arrêter ses activités criminelles en si bon chemin. Mais de son côté, Saïd, maintenant que ses soucis financiers sont derrière lui, n’est pas du tout du même avis. Les fusillades de Maubeuge, Wavre et Hoeilaart sont encore fort présentes dans son esprit. A chaque fois, l’issue fût à leur avantage mais il sait pertinemment bien que la chance ne sera pas indéfiniment présente à leur côté. De plus, après le hold-up de Halle, leur tête est maintenant mise à prix, la chaîne Colruyt promettant une récompense de plus de 5 millions de francs belges à toute personne apportant des renseignements utiles à l’enquête. Dès lors, il refuse de commettre de nouveaux hold-up.

Abdellah tente de le faire changer d’avis, en vain. Aussi, il a l’idée de lui proposer de s’attaquer au coffre d’un supermarché non plus en plein jour mais de nuit, les risques étant bien moindre que lors d’un cambriolage. Devant l’insistance et les arguments de son ami, Saïd finit par céder à cette proposition. Toutefois pour pouvoir mettre leur plan à exécution et percer un coffre, un chalumeau alimenté par des bonbonnes de gaz leur est nécessaire. Après s’être rendu dans deux ou trois magasins, Abdellah trouve le matériel ad hoc dans un commerce de Braine l’Alleud. Au lieu de l’acheter, le trio viendra de nuit le voler. Quelques jours plus tard, dans la nuit du 7 au 8 juin, préférant disposer d’un véhicule plus rapide encore que la Golf, ils voleront une Saab Turbo 900 neuve dans un garage situé également à Braine-l’Alleud. Leur forfait accompli et la Golf devenant inutile, Abdellah ira l’abandonner dans le bois d’Hourpes à proximité d’une gare, avant de retourner chez lui en train, via la liaison Düsseldorf - Paris.

Toutefois, et alors qu’une cible, le Colruyt de Nivelles, avait déjà été déterminée, Saïd revient sur sa décision et annonce à ses deux comparses qu’il arrête définitivement tout.


4. La folie meurtrière et la médiatisation

Trois mois se sont quasiment écoulés depuis la décision de Saïd de tout arrêter. Abdellah a déjà dilapidé une bonne partie de son argent et sa petite affaire n’est guère florissante. Aussi, au retour de vacances passées avec sa famille, il relance Saïd afin qu’il revienne sur sa décision. Puisque celui-ci a peur de se prendre une balle lors d’une éventuelle nouvelle confrontation avec la police, il lui propose de s’emparer de gilets pare-balles. Une fois de plus, sous son insistance, son comparse finit par céder. Mais où trouver de tels gilets ? En consultant l’annuaire commercial, à la rubrique Equipements Militaires, ils obtiennent la réponse : à la fabrique Wittock-Van Landeghem située à Temse, en Flandre orientale. Avant d’organiser le vol et afin d’être encore mieux armé en cas de confrontation, Abdellah achète chez un armurier deux fusils à pompe Winchester 1200 Defender. Des armes puissantes de calibre 12 au canon court qui ont la particularité de posséder un magasin tubulaire de 7 cartouches.

Dans la nuit de 9 au 10 septembre et après une reconnaissance des lieux effectuée la veille, le trio passe à l’action et pénètre par effraction dans l’usine. Les comparses cherchent dans un premier temps les gilets dans l’entrepôt du bâtiment mais sans succès. En réalité, les gilets produits par la firme sont entreposés sur un autre site, à Zele. Ils finissent néanmoins par mettre la main sur 7 gilets pare-balles en phase de test conservés dans un laboratoire. Cependant, le bruit a réveillé le concierge des lieux. Abdellah l’abat de plusieurs balles de calibre 22 en pleine tête alors qu’il cherchait à fuir. Il blesse aussi grièvement sa femme. Les trois hommes regagnent ensuite leur voiture, la Saab Turbo volée à Braine l’Alleud, et prennent la fuite, non sans avoir au préalable tiré dans la direction de voisins réveillés par les détonations et postés à leur fenêtre.

Plus rien ne s’oppose maintenant à la réalisation du vol au Colruyt de Nivelles, tel qu’il avait été envisagé quelques mois auparavant. Nous sommes le samedi 17 septembre 1983, les 12 coups de minuit viennent de retentir lorsque la Saab Turbo sort du garage du 33 rue Paul Spaak. Après les 2 trajets jusque Temse effectués le week-end précédent, le réservoir de la voiture est presque vide. Jean, qui conduit le véhicule, décide dès lors de s’arrêter à la première station d’essence rencontrée en chemin, la station Chevron située au 218 Chaussée de Vleurgat à Ixelles. Une fois le plein effectué, Jean mettra le compteur journalier du véhicule à zéro avant de reprendre la route. Arrivé sur place, Abdellah et Saïd commencent à découper la porte arrière du bâtiment au chalumeau tandis que Jean se charge de faire le guet. Le travail est presque achevé lorsqu’une voiture, une Mercedes 190, vient s’arrêter à la pompe d’essence située sur l’un des côtés du grand magasin. Il est 1h10. Les trois hommes se rendent soudainement compte que l’automobiliste, une fois le plein terminé, passera très vraisemblablement par l’arrière du bâtiment pour quitter les lieux. Aussi, afin d’éviter d’être surpris et ne voulant pas renoncer si près du but, Abdellah décide d’abattre le conducteur du véhicule et sa passagère. Il achèvera les deux victimes de plusieurs balles en pleine tête.

Après avoir dissimulé les corps des deux malheureux derrière des chariots et déplacer la voiture à l’arrière, les bandits achèvent la découpe de la porte et pénètrent dans le magasin. Toutefois un nouvel imprévu les attend : le Colruyt est protégé par une alarme volumétrique relié à une centrale, un système encore fort peu répandu à cette époque-là. Une patrouille de police pouvant arriver à tout instant et ne désirant pas repartir bredouille, ils décident de s’emparer à la va vite d’un maximum de victuailles. La place disponible dans la Saab étant réduite, ils chargent également la Mercedes dérobée quelques minutes plus tôt. Mais ils sont interrompus dans leur besogne par l’arrivée d’une fourgonnette de gendarmerie. Une fusillade éclate. Un des gendarmes est rapidement blessé. L’autre décide de faire le mort. Abdellah achèvera le premier d’une balle en pleine tête. A court de munition il demande à Jean d’achever le second. Celui-ci tirera à côté.

Le trio décide de ne pas s’attarder plus longtemps sur les lieux. Jean et Saïd montent à bord de la Saab, Abdellah, non sans s’être au préalable emparé des pistolets des deux gendarmes et rechargé son fusil, prenant le volant de la Mercedes. Quelques minutes plus tard, alors que les deux véhicules roulent sur la chaussée de Nivelles en direction de Waterloo, une patrouille de police, alertée par le gendarme miraculeusement rescapé de la fusillade, les prend en chasse. Les deux conducteurs décident de s’arrêter sur le bas-côté. Abdellah et Saïd sortent armés de leur fusil à pompe et font feu sur les policiers. Par chance, seul l’un d’eux ne sera que légèrement blessé. Se sachant dorénavant recherché, Abdellah décide d’abandonner son véhicule et monte à bord de la Saab. La voiture fait demi-tour, roule quelques centaines de mètres puis oblique sur la droite pour s’engager dans un petit chemin en pavé qui mène vers Braine-l’Alleud. Mais les pavés étant en très mauvais état et la vitesse de la voiture excessive, un pneu éclate. Jean parviendra encore à rouler quelques kilomètres. Finalement, le pneu étant trop endommagé pour poursuivre la route, il décide de s’immobiliser dans le sentier d’une maison. A ce moment, le compteur kilométrique affiche 38 km 400.

Après avoir essayé en vain de remplacer le pneu déchiqueté, les trois hommes se résignent à abandonner leur véhicule et à partir à pied. Les fusils étant trop voyant, Abdellah se voit contraint de les laisser sur place. Après avoir marché quelques minutes, ils arrivent à hauteur d’une station d’essence située à un important carrefour. Ils forcent la porte des toilettes et décident de s’y cacher quelques heures. Finalement, un peu avant l’aube, Jean partira seul jusqu’à Ixelles et reviendra un peu plus tard chercher ses deux comparses avec sa propre voiture. Constatant que la Saab n’avait toujours pas été découverte, Abdellah s’empressera d’y récupérer les deux fusils à pompe.

Ce fait particulièrement sanglant fera la une de toute la presse belge. Un surnom est donné à leurs auteurs : les tueurs fous du Brabant Wallon. Ils deviennent aussi les gangsters les plus recherchés du pays. Des liens entre différents crimes commencent à être établis. Pour les membres de la bande, après des mois de tergiversation et de préparation, Nivelles et cette tentative de s’attaquer de nuit au coffre-fort d’un supermarché s’avère être un échec total. Ce vol n’aura strictement rien rapporté mais de plus, il se sera révélé encore plus risqué qu’une attaque de plein jour ! En outre, les voilà maintenant sans véhicule. La seule bonne nouvelle pour Abdellah réside dans le fait que Saïd accepte de perpétrer un nouvel hold-up.

Dans un premier temps, les trois comparses se mettent en quête d’un nouveau véhicule. Deux semaines se sont écoulées depuis les tragiques événements de Nivelles. A bord de la voiture de Jean, ils sillonnent la périphérie bruxelloise à la recherche d’une opportunité. Elle finit par se présenter à Ohain, au restaurant les Trois Canards, devant lequel sont garées quatre voitures dont une VW Golf GTi de couleur rouge. Cette dernière devrait faire l’affaire. Aussi, Abdellah et Saïd, armés chacun d’un des pistolets 7.65 mm volés aux gendarmes à Nivelles, sortent du véhicule tandis que Jean s’en va stationner un peu plus loin. Il est 0h30 passé. La porte du restaurant étant fermée, les deux comparses décident de patienter à l’extérieur. Abdellah se positionne à l’arrière du bâtiment afin de mieux observer les mouvements des occupants et de guetter le moment où ils se dirigeront vers la sortie. Ce soir-là, Abdellah n’a pas pris la peine de se changer et porte ses habits de tous les jours, dont un élégant et onéreux imperméable beige de marque Burberry’s. L’un des imperméables dégriffés qu’il a pu acquérir grâce à sa belle-sœur et dont il en fait commerce. Mais avec son gilet pare-balles en-dessous, cet imperméable le serre fortement à la taille. De plus, la nuit est douce. Aussi, il finit par le retirer et le dépose sur une chaise. Les minutes passent, interminables. Soudain, enfin, il constate que des personnes s’apprêtent à sortir. Il se précipite rejoindre son acolyte resté à l’avant. Pendant que Saïd oblige les employés à retourner dans le restaurant et à se coucher sur le sol, Abdellah resté à l’extérieur se charge du restaurateur. Après avoir obtenu les clés de la VW Golf, il l’abat d’une balle en pleine tête. Les deux hommes prennent ensuite la poudre d’escampette à bord du véhicule direction Bruxelles, non sans avoir au préalable tiré dans les pneus des autres voitures afin d’empêcher toute tentative de poursuite et fait un signe à Jean. Une fois arrivé à destination, Abdellah se rend enfin compte qu’il a oublié sur les lieux du vol son imperméable !

Maintenant en possession d’un véhicule, les trois hommes déterminent la date et la cible de leur prochain hold-up : il aura lieu le vendredi 7 octobre au Delhaize de Beersel. Toutefois, la couleur rouge de la VW Golf la rend particulièrement voyante et reconnaissable. Aussi, ils décident de la repeindre par eux-mêmes en noir. Le jour venu, ils passent à l’action. Comme à leur habitude, ils stationnent leur voiture un peu à l’écart dans le parking. Abdellah, armé d’un fusil à pompe, décide cette fois-ci de prendre un jeune employé en otage. A peine rentré à l’intérieur du magasin, il abat le gérant qui se dirigeait vers lui. Pendant qu’il se charge de surveiller la clientèle et de récolter l’argent présent dans les caisses, Jean, une hache à la main, et Saïd, armé de l’autre fusil à pompe, se rendent dans les bureaux et, sous la menace, se font remettre l’argent conservé dans le coffre-fort. Avant de prendre la fuite à bord de leur véhicule, la banquette arrière sera retirée et jetée dans les buissons avoisinants afin de permettre à Abdellah de se placer en position de tir dans le coffre, au cas où ils seraient pris une fois de plus en filature par une voiture de police. Précaution inutile puisqu’ils arriveront sans encombre jusqu’à leur cache où ils pourront se partager le butin : environ 1.200.000 BEF.

Ce vol, s’il ne fait pas la une de la presse comme celui de Nivelles, connaît tout de même un certain retentissement médiatique. Des liens sont vite établis avec les précédents. Le groupe Delhaize s’associe au groupe Colruyt pour offrir une récompense globale de 10.000.00 BEF à qui permettra l’arrestation des auteurs de ces attaques. Les autorités prennent des mesures pour renforcer la sécurité des supermarchés situés dans le Brabant. Tout cela ne freine cependant en rien Abdellah qui voudrait bien remettre le couvert aussitôt que possible. Toutefois, Saïd, lui, ne l’entend pas de cette oreille. Il avait accepté de participer aux derniers vols suite à l’insistance de son ami et aux efforts déployés par celui-ci pour en restreindre les risques. Mais avec le succès du hold-up de Beersel, il considère qu’il a réalisé sa part du marché et ne souhaite plus commettre de nouveaux méfaits.

Les semaines s’écoulent. Abdellah n’a pas renoncé à convaincre Saïd de perpétrer un nouvel hold-up, arguant notamment qu’ils possèdent toujours la VW Golf volée à Ohain. Saïd finit une fois de plus par céder mais pose ses conditions : ce coup sera quoi qu’il arrive son dernier. Toutefois, depuis l’attaque de Beersel, la donne a changé. Des individus ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur les meurtres de Nivelles et certains d’entre eux sont même passé aux aveux ! Les trois comparses savent pertinemment bien que ces personnes ne sont en rien mêlées à ces faits. Mais cette situation les arrange pour le moins. Cependant, s’ils agissent de manière trop ostentatoire, les enquêteurs pourraient comprendre qu’ils font fausse route. Aussi, afin d’éviter que des liens avec des faits antérieurs soient établis, ils décident d’opter pour une cible autre qu’un supermarché et située loin de Bruxelles. Ils ne devront utiliser leurs armes qu’en cas de nécessité. C’est une fois de plus Abdellah qui déterminera la cible : une petite bijouterie située à Anderlues, à quelques kilomètres du bois d’Hourpes où il avait abandonné 6 mois plus tôt la VW Golf volée à Plancenoit. Sa femme fêtant ses 25 ans le 2 décembre, le vol est programmé pour le jeudi 1er afin qu’il puisse être à ses côtés pour l’occasion. Avec un beau bijou en guise de cadeau si tout se passe bien.

Le jour venu, il est 18h30 quand le trio pénètre arme à la main dans la boutique. Mais rien ne se passe une fois de plus comme prévu. La femme du bijoutier en les voyant prend peur et s’enfuit dans les parties privatives situées à l’arrière du bâtiment. Abdellah se met à sa poursuite, lui tire dessus, finit par la toucher, la rejoint dans la cuisine et l’achève de plusieurs balles en pleine tête. A ce moment précis, surgit le bijoutier, un revolver à la main. A court de munitions, Abdellah ordonne à Saïd, arrivé entretemps dans la pièce, de faire feu. Une courte fusillade s’engage, le bijoutier prend à son tour la fuite. Abdellah s’empare alors prestement du pistolet de son comparse, abat le bijoutier dans l’atelier où il s’était réfugié et l’achève. Pendant ce temps-là, Jean s’est chargé de récolter les bijoux et montres exposés en vitrine. Une fois leur méfait accompli, les trois hommes prennent la fuite à bord de leur véhicule et se rendent jusqu’au bois d’Hourpes où Abdellah avait laissé sa propre voiture, munie de fausses plaques. Après avoir bouté le feu à la VW Golf qui ne leur était plus d’aucune utilité, ils reprennent la route, direction tout d’abord Landelies via le chemin de halage longeant la Sambre, puis ensuite Bruxelles, où ils arrivent sans encombre un peu plus tard. En fin de soirée, Abdellah reprendra la route pour Paris. C’est lui qui se chargera d’écouler le butin. Non sans en avoir au préalable retirer la plus belle pièce.

Ainsi s’achève le premier chapitre des tueries qui se sera soldé par la mort de 12 innocentes personnes en l’espace de seulement 16 mois. Le second sera encore bien plus sanglant.


5. Les tueries

Vingt-et-un mois se sont maintenant écoulés depuis l’attaque de la bijouterie d’Anderlues. L’enquête s’est enlisée, les suspects arrêtés à l’automne 1983 ont été libérés faute d’éléments probants après la rétraction de leurs aveux. Jean et Saïd mènent de nouveau une existence normale. Les affaires d’Abdellah, elles, ont rapidement périclitées au point qu’il fût contraint d’y mettre définitivement un terme fin 1984. Sans emploi, avec 2 enfants à charge et une femme dépensière, son pactole a fondu au fil des mois comme neige au soleil et sa situation est vite redevenue précaire. Aussi, début septembre 1985, il se décide à relancer ses deux anciens comparses afin d’organiser de nouveaux hold-up. Saïd, pensant que cette page de sa vie était définitivement tournée, se montre forcément très réticent. Devant l’insistance de son ami, il cède une fois de plus mais ne donne son aval que pour la réalisation d’une seule attaque. Trop peu aux yeux d’Abdellah qui a besoin de bien plus d’argent. Après moult palabre, un compromis est finalement trouvé : une sortie mais deux cibles, l’une à la suite de l’autre. Et face aux craintes de Saïd, Abdellah lui fait la promesse de faire tout ce qui est en son pouvoir pour que rien de fâcheux ne leurs arrive.

Dans un premier temps, les trois hommes volent une VW Golf GTi 3 portes flambant neuve au dépôt de l’importateur de la marque à Erps Kwerps. Ensuite, après diverses reconnaissances, les cibles sont déterminées : ce seront les supermarchés Delhaize de Braine l’Alleud et d’Overijse, distants l’un de l’autre d’une vingtaine de kilomètres. L’ordre dans lequel les attaques auront lieu est également défini, le Delhaize d’Overijse étant le plus proche du 33 rue Paul Spaak, il sera visité en second. Afin de faire main basse sur la recette la plus conséquente possible, les hold-up seront commis un vendredi soir.

C’est ainsi que le vendredi 27 septembre un peu après 20h, le trio, à bord de la VW Golf volée quelques jours plus tôt, arrive à proximité du Delhaize de Braine l’Alleud. Jean la stationne sur le parking d’un restaurant situé à quelques dizaines de mètres de l’entrée du grand magasin. Il est armé d’un pistolet-mitrailleur Ingram volé 2 ans auparavant à Wavre. Abdellah et Saïd sont eux chacun armés d’un fusil à pompe. Comme lors du hold-up de Beersel, Abdellah s’empare d’un otage, un jeune enfant qui jouait près de là. Devant l’entrée du magasin, il abat un client qui n’obéit pas assez vite à ses injonctions. Au même moment, Jean remarque un peu en retrait la présence de deux hommes à bord d’une camionnette garée sur le parking. Il fait feu dans leur direction. Abdellah, bien décidé à ce que personne ne puisse entraver leurs projets conformément à la promesse faite à son ami, se dirige vers le véhicule et à hauteur de la vitre passager fait feu à son tour, quasiment à bout portant. Les deux hommes, un père et son fils, s’effondrent, l’un tué sur le coup, l’autre grièvement blessé.

A peine rentré dans le bâtiment, Jean tire une rafale au niveau de la première caisse, sans faire de victime, puis, suivi par Saïd, se dirige vers les bureaux. Là, il ordonne au gérant d’ouvrir le coffre-fort. Mais depuis les attaques de 1983, le groupe Delhaize a renforcé les mesures de sécurité dans certains de ses magasins et le personnel n’a plus accès à la partie du coffre où est placé la recette du jour. Il devra se contenter de quelques liasses de billets de faible valeur et de rouleaux de monnaie. Pendant ce temps-là, Abdellah, tenant toujours en joue l’otage, se charge de surveiller la clientèle. Un client qui tarde à se coucher est abattu. Un autre échappera de peu à la mort. Une caissière est obligée de collecter l’argent présent dans les différentes caisses. Une fois leur méfait accompli, l’otage sera libéré sur le parking et le trio prendra la poudre d’escampette à bord de leur véhicule.

Un quart d’heure plus tard, ils arrivent au Delhaize d’Overijse. La VW Golf est garée un peu à l’écart dans le parking. A proximité de l’entrée du magasin, Abdellah abat un jeune garçon à vélo ainsi qu’une personne qui se dirigeait vers sa voiture. Il ordonne à un homme occupé à coller des affiches de descendre de l’échelle sur laquelle il se trouvait et le prend comme otage. Les trois comparses pénètrent dans le magasin et font feu. Une caissière et un client s’effondrent, mortellement touchés par une décharge de chevrotine. Comme à Braine l’Alleud, Abdellah, tenant en joue l’otage agenouillé, se charge de surveiller la clientèle et de récolter l’argent des caisses pendant que Jean, couvert par Saïd, se rend dans les bureaux pour faire main basse sur le contenu du coffre-fort. Quelques instants plus tard, les trois hommes quittent les lieux. L’otage est abattu avant qu’ils ne prennent la fuite à bord de leur véhicule. Il ne leur faudra pas plus de dix minutes pour rejoindre la rue Paul Spaak où ils pourront se partager le butin.

Ces deux attaques qui auront au final coûté la vie à 8 personnes fait la une de l’actualité. Des liens sont rapidement établis avec les faits sanglants de l’automne 1983. Des moyens considérables sont débloqués afin que les auteurs de ces vols crapuleux soient rapidement identifiés et appréhendés. La sécurité aux alentours des supermarchés bruxellois et brabançons est renforcée. Mais tout cela ne freine aucunement les envies d’Abdellah de commettre un nouvel hold-up, le butin des vols précédents ayant été bien moindre qu’escompté. Comme à son habitude, Saïd se montre réticent. Il comprend que son ami ne cessera jamais de le relancer tant qu’ils auront à leur disposition des armes. Aussi, il a l’idée de s’engager à commettre une toute dernière attaque à condition qu’une fois celle-ci réalisée, tout ce qui se trouve chez lui et qui a un rapport, même lointain, avec leurs activités criminelles soit jeté. Abdellah n’a d’autre choix que d’accepter, la mort dans l’âme.

Les préparatifs de ce dernier hold-up débutent fin octobre. Les grands magasins situés à portée de la place Flagey étant toujours sous surveillance renforcée, les trois hommes jugent préférables d’opérer cette fois-ci à partir de l’habitation de Saïd. Après diverses reconnaissances, ils optent pour le Delhaize d’Alost, situé à une quarantaine de kilomètres de Braine-le-Comte. La date de l’attaque est fixée au samedi 9 novembre. La veille, une dernière reconnaissance des lieux et de l’itinéraire de fuite est organisée. Ensuite, le soir, Saïd profite de la présence chez lui d’Abdellah pour aller brûler dans le bois de la Houssière tout proche, tous les objets en lien avec leurs activités criminelles qu’il a amassés chez lui durant les trois dernières années et qui peuvent se consumer.

Le jour venu, il est passé 19h35 quand les trois comparses arrivent à Alost à bord de leur véhicule, la même VW Golf GTi utilisée 6 semaines plus tôt. La voiture est garée un peu à l’écart du parking situé à l’arrière du supermarché. Le trio se rend à pied jusqu’à l’entrée. Une famille sort précisément à cet instant-là du magasin. Abdellah, armé d’un fusil à pompe, fait feu, le père et la fille s’écroulent. Le fils et la mère prennent alors la fuite vers l’entrée, Jean les poursuit et tire à 4 reprises au pistolet-mitrailleur. La mère s’effondre à son tour, mortellement touchée à la tête. Il pénètre ensuite dans le bâtiment, suivi quelques instants plus tard par Saïd, qui fait feu. Pris de panique, caissières et clients s’encourent vers l’entrée principale située à l’avant. Après avoir molesté une cliente qui s’était allongée sur le sol, Jean est conduit par le directeur-adjoint vers les bureaux. Mais comme à Braine l’Alleud, l’employé n’a pas accès à la partie sécurisée du coffre-fort. Il s’empare de quelques liasses de petites coupures servant au fond de caisse et d’un coffret contenant de la monnaie.

Au même moment, dans le parking, Abdellah tire à tout va sur tout ce qui bouge. Deux automobilistes sont touchés mais parviennent malgré tout à prendre la fuite. Un troisième n’a pas cette chance, il s’écroule au volant de son véhicule, qui s’immobilise quelques mètres plus loin. Un autre n’a pas le temps de démarrer, lui et sa fille de 9 ans sont fauchés par deux décharges de chevrotine. Un homme qui tentait de regagner sa voiture est également abattu. Ne voyant plus âme qui vive à l’extérieur, il rentre à son tour dans le magasin. Là, il fait feu sur le jeune garçon qui était parvenu à fuir et s’était abrité derrière un rayonnage et le blesse grièvement. Les caisses ayant été désertées, le directeur-adjoint est forcé de les ouvrir. Il profite d’un instant de distraction du truand pour prendre la poudre d’escampette. Les trois comparses décident de repartir. Une femme allongée sur le sol au niveau du sas et empêchant la porte de sortie de s’ouvrir correctement est à son tour abattue.

Jean et Saïd regagnent en premier la VW Golf. Toutefois, des policiers, alertés par des quidams du hold-up en cours, se sont postés, arme à la main, à la sortie du parking. Abdellah fait feu à plusieurs reprises dans leur direction avant de sauter dans le coffre du véhicule qui s’était porté à sa hauteur, hayon relevé. Le conducteur accélère et la voiture parvient à prendre la fuite malgré les tirs épars des policiers. Moins d’une demi-heure plus tard, le trio regagne sain et sauf Braine-le-Comte. La nuit suivante, les trois hommes se rendent d’abord à Ronquières pour jeter dans le canal tout ce qui trainait encore chez Saïd, conformément aux engagements pris auparavant, puis, dans le bois de la Houssière tout proche pour y incendier la VW Golf.

Dès le lendemain, Abdellah, Saïd et Jean reprendront, définitivement cette fois-ci, le cours normal de leur existence. Comme si rien ne s’était jamais passé. Mais laissant derrière eux 28 morts, une dizaine de personnes meurtries dans leur chair et de très nombreuses familles dans l’affliction. Ils ne seront jamais inquiétés. Abdellah, toujours à ce jour en vie, fêtera dans quelques mois ses 69 ans.


Dernière édition par Chronos le Mer 11 Aoû 2021 - 1:10, édité 2 fois
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pch




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyDim 11 Avr 2021 - 8:38

Très intéressante initiative, merci Chronos, j'attends la suite , même après avoir lu tous les posts de l'auteur!
C'est la seule théorie qui colle aux faits.
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espiritu pampa




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyDim 11 Avr 2021 - 12:02

@pch + 1.000
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Frédéric

Frédéric


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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyDim 11 Avr 2021 - 19:31

Merci effectivement Chronos pour cette théorie qui colle aux faits, et pour votre orthographe irréprochable. On est loin des élucubrations fantaisistes de certains intervenants -sympathiques au demeurant- de ce forum.

Quatre remarques :
1- Votre Abdallah va entrer (si ce n'est pas déjà le cas) dans le cercle des recherches des enquêteurs. Son gendre a gaffé, et vous a mis la puce à l'oreille. Mais mes "gitans" et "manouches" cités à plusieurs reprises restent dans mon collimateur. Le vieux gitan que j'ai surpris en train de cambrioler en 1981 a le profil. J'aurais pu me faire égorger soit-dit en passant.
2- Un restaurateur comme René Noel pourrait être le "vieux" de la bande.
3- Je pense qu'il y a aussi un très bon mécanicien dans la bande.
4- Les traces ADN sont une arme intéressante, qui peuvent permettre de remonter aux TBW.
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Chronos




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMar 13 Avr 2021 - 1:13

@ Frédéric

Aucun devoir d’enquête n’a et ne sera jamais ordonné par la juge concernant le dit "Abdellah". Les enquêteurs passent actuellement leur journée à déterrer des cadavres et à effectuer des prélèvements ADN à des individus déjà maintes fois interrogés et qui n’ont visiblement strictement rien à voir avec cette affaire. Après, sur un constat d’échec mais en affirmant de manière péremptoire que tous les moyens possibles auront été mis en œuvre pour identifier les auteurs de ces crimes, ils fermeront définitivement boutique.
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pch




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMar 13 Avr 2021 - 7:55

les avocats des "parties civiles" pourraient écrire à la juge... cela a-t'il été fait?
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Frédéric

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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMar 13 Avr 2021 - 8:01

Chronos : vous pensez donc que la juge met un point d'honneur à ne pas étudier votre piste, pour des raisons professionnelles ou personnelles ? Sur quoi vous basez-vous pour affirmer cela ? Les appels à témoins de l'année dernière ont bien été fait pour recueillir des témoignages nouveaux.
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Frédéric

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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMar 13 Avr 2021 - 9:02

Vous êtes en train de dire que la juge met un point d'honneur à ne pas étudier votre piste.
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Jcs




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMar 13 Avr 2021 - 16:04

Je suis assez d'accord avec Chronos. Cette piste ne cadre malheureusement pas avec l 'idée que la juge s'est faite du dossier.

Elle va continuer à déterrer les cadavres et tester les adn jusqu'à épuisement du stock... puis jeter l'éponge définitivement.

La piste Chronos est pourtant la plus crédible de toutes celles évoquées sur le forum...

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glen2




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMar 13 Avr 2021 - 17:43

Juste quelques questions au sujet de ce 1er chapitre qui je l'espère en contiendra beaucoup d'autres.
Ces questions n'affectent en rien mon idée que Chronos n'est pas loin de la vérité, c'est juste quelques précisions qui seront peut être utiles, plus loin dans le récit.
1. Comment deux gars, habitant respectivement à Ixelles et Braine, se retrouvent à Dinant (ville assez éloigné de leur domicile) pour voler une canardière?
2.Ont t-ils employer l'arme quelques fois avant le vol de l'austin pour divers vols dont nous ne connaissant pas l'existence? Ce qui expliquerait les 2 mois d'intervalle entre Dinant et Ixelles.
3. Lembeek a toujours été une énigme pour moi. Y a t-il un indice dans le passé des deux gars, qui les ont pousser à voler une voiture la-bas? Encore une fois, Dinant et Lembeek, des endroits qu'un des deux aurait connu avant, mais comment?
4.Comment un gars d'Asnières a t-il connaissance d'une épicerie fine à Maubeuge?
5 ou plutôt 4bis. Il m'a toujours semblé qu'a Maubeuge ils n'étaient que 2.

Et je le répète Chronos, n'y voyez aucun malin plaisir à chipoter sur quoi que ce soit, mais c'est simplement quelques questions qui me viennent immédiatement à l'esprit en lisant votre reconstitution des faits.
Bien à vous.
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pyrénéen




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMar 13 Avr 2021 - 20:57

Félicitations à Chronos pour cette initiative .
D'emblée, une question me vient à l'esprit, le camarade Glen ayant déjà  posé celle de l'éloignement des domiciles par rapport à Dinant, et même d'ailleurs à Maubeuge .
Le tableau récapitulatif des armements utilisés fait apparaître à la ligne Maubeuge une observation qui a son importance : le gendarme Delacroix a été blessé par une balle artisanale de calibre 8 mm.
La canardière pouvait-elle tirer cette munition ?
Si tel n' est pas le cas, cela ne signifierait-il pas que l'arme qui a tiré cette munition était déjà en possession des auteurs avant le vol de la canardière ?
Mais alors pourquoi en pareille hypothèse voler la canardière , ce qui pose déjà la question de la similitude d'auteurs .

P.S pour Glen : sur le site de la C.B.W, il est en effet indiqué 2 auteurs pour Maubeuge .
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totor




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMar 13 Avr 2021 - 23:02

A Dinant et le long de la Meuse il y a beaucoup de campings, pas mal de gens sans grands moyens y possèdent une caravane, pour y habiter à l'année où y passer le weekend, c'est une piste....
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Chronos




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMer 14 Avr 2021 - 0:58

pch a écrit:
les avocats des "parties civiles" pourraient écrire à la juge... cela a-t'il été fait?

Encore faudrait-il déjà que ces dites parties civiles aient eu connaissance de l’existence ce cette piste et la jugent, contrairement à la CBW, digne d’intérêt.

J'ai été fort accaparé ces derniers mois mais dès que j'en aurai terminé avec la rédaction de ma reconstitution, je prendrai contact avec l'un ou l'autre proche des victimes pour leur faire part de mes déductions.
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Chronos




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMer 14 Avr 2021 - 1:05

Frédéric a écrit:
Vous êtes en train de dire que la juge met un point d'honneur à ne pas étudier votre piste.

Non pas du tout, le problème n’est pas là (quoique, allez savoir après les critiques que j'ai formulées à maintes reprises sur ce forum à son sujet !). Ne perdez pas de vue que mes soupçons ne reposent essentiellement que sur l’interprétation d’une œuvre de street-art, des coïncidences et des déductions. Et qu’un juge ou un chef d’enquête n’en a le plus souvent que faire des déductions d’autrui ! Ils ne travaillent généralement que sur base d'éléments tangibles ou, à la limite, sur base de leurs propres déductions.
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Chronos




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMer 14 Avr 2021 - 1:34

glen2 a écrit:
Juste quelques questions au sujet de ce 1er chapitre qui je l'espère en contiendra beaucoup d'autres.
Ces questions n'affectent en rien mon idée que Chronos n'est pas loin de la vérité, c'est juste quelques précisions qui seront peut être utiles, plus loin dans le récit.

Je pense que vous vous focalisez trop sur des détails sans grande importance ! Mais je vais malgré tout prendre la peine de vous répondre, même si je n'ai aucunement la prétention d'avoir réponse à tout.

glen2 a écrit:
1. Comment deux gars, habitant respectivement à Ixelles et Braine, se retrouvent à Dinant (ville assez éloigné de leur domicile) pour voler une canardière?

Dinant est une ville touristique et l’armurerie est située dans la rue principale, n’importe qui ayant fait un jour une escapade là-bas pouvait donc connaître son existence. En basse saison, pour un vol à la sauvette, ce genre de petite armurerie constitue une cible parfaite. Il est tout à fait possible qu’avant de s’y rendre, les individus aient tenter leur chance dans d’autres armureries, plus proches de chez eux, sans succès.

Ce qui est surtout intéressant dans ce vol, c'est que cette arme (ou n'importe quel autre fusil) aurait pu être acheté à cette époque-là en tout anonymat. Et qu'une canardière est totalement inadaptée à un usage autre que celui pour lequel elle a été conçue !

glen2 a écrit:
3. Lembeek a toujours été une énigme pour moi. Y a t-il un indice dans le passé des deux gars, qui les ont pousser à voler une voiture la-bas? Encore une fois, Dinant et Lembeek, des endroits qu'un des deux aurait connu avant, mais comment?

Si un des individus habitait dans les environs de Braine-le-Comte, je ne vois rien d’étonnant à ce qu’il connaisse Lembeek. Et même si tel n’était pas le cas, une simple consultation des pages d’or pouvait lui indiquer les garages VW situés dans les villes avoisinantes.

glen2 a écrit:
4.Comment un gars d'Asnières a t-il connaissance d'une épicerie fine à Maubeuge?

Simplement en se rendant jusque dans cette ville pour y repérer une cible intéressante. Il n’allait tout de même pas proposer à ses nouveaux comparses de faire 300 Km de route pour se rendre jusqu’à Paris pour y effectuer un simple cambriolage !


glen2 a écrit:
5 ou plutôt 4bis. Il m'a toujours semblé qu'a Maubeuge ils n'étaient que 2.

Deux individus furent aperçus par les policiers mais le nombre exact des auteurs n’a jamais pu être déterminé (le premier policier arrivé sur place a été directement abattu et les deux autres n’avaient pas vue sur le devant de la boutique et le véhicule des truands).
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Chronos




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMer 14 Avr 2021 - 1:50

pyrénéen a écrit:

Le tableau récapitulatif des armements utilisés fait apparaître à la ligne Maubeuge une observation qui a son importance : le gendarme Delacroix a été blessé par une balle artisanale de calibre 8 mm.
La canardière pouvait-elle tirer cette munition ?
Si tel n' est pas le cas, cela ne signifierait-il pas que l'arme qui a tiré cette munition était déjà en possession des auteurs avant le vol de la canardière ?
Mais alors pourquoi en pareille hypothèse voler la canardière , ce qui pose  déjà la question de la similitude d'auteurs .

Une canardière ne peut bien évidemment pas tirer un projectile de calibre 8mm.

Pour le reste, la légère modification que j'ai apportée à ma reconstitution devrait vous donner une réponse à votre seconde question. Il me semble évident que si les deux auteurs qui ont volé la canardière à Dinant étaient déjà à cette époque-là en possession d'une arme, ils n'auraient dans ce cas pas commis un simple vol à la sauvette et n'auraient même vraisemblablement pas commis de vol tout court.
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pch




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMer 14 Avr 2021 - 7:19

A mon sens, à eux seuls, le vol et l'usage de cette canardière, anachronique, peu adaptée, permet de mieux cerner la personnalité des coupables. Rien que ces faits mettent à mal les théories complotistes variées, la CIA, le grand banditisme, les amateurs d'armes, les "ex-militaires surentrainés", etc...
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pyrénéen




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyMer 14 Avr 2021 - 23:05

Chronos a écrit:
pyrénéen a écrit:

Le tableau récapitulatif des armements utilisés fait apparaître à la ligne Maubeuge une observation qui a son importance : le gendarme Delacroix a été blessé par une balle artisanale de calibre 8 mm.
La canardière pouvait-elle tirer cette munition ?
Si tel n' est pas le cas, cela ne signifierait-il pas que l'arme qui a tiré cette munition était déjà en possession des auteurs avant le vol de la canardière ?
Mais alors pourquoi en pareille hypothèse voler la canardière , ce qui pose  déjà la question de la similitude d'auteurs .

Une canardière ne peut bien évidemment pas tirer un projectile de calibre 8mm.

Pour le reste, la légère modification que j'ai apportée à ma reconstitution devrait vous donner une réponse à votre seconde question. Il me semble évident que si les deux auteurs qui ont volé la canardière à Dinant étaient déjà à cette époque-là en possession d'une arme, ils n'auraient dans ce cas pas commis un simple vol à la sauvette et n'auraient même vraisemblablement pas commis de vol tout court.


J'ai pris note de votre modification, mais il y a autre chose que je ne comprends pas .
Sur le site de la C.B.W, il est indiqué pour le vol de l' austin allegro : " 2 hommes armés probablement de revolvers à long canon ... ".
Il n'y est nulle part fait état de la canardière.
Donc ils avaient d' autres armes les 2 belges .
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Chronos




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyDim 18 Avr 2021 - 0:55

pyrénéen a écrit:
il y a autre chose que je ne comprends pas .
Sur le site de la C.B.W, il est indiqué pour le vol de l' austin allegro : " 2 hommes armés probablement de revolvers à long canon ... ".
Il n'y est nulle part fait état de la canardière.
Donc ils avaient d' autres armes les 2 belges .

Je vois 2 explications possibles :

- Dans l’obscurité, la victime du vol a très pu prendre le fusil à canon scié que tenait le braqueur pour un revolver à canon long. Il est en tout cas fort peu probable que son agresseur lui ait laissé le temps d’observer l’arme attentivement.

- L’individu était effectivement armé d’un revolver. Lors du vol chez Dekaise, les truands ont utilisé un revolver calibre 9mm. Il pourrait s’agir de cette arme.

Ce qui me semble en tout cas quasi certain, c’est que la fusillade de Maubeuge a fait prendre conscience à la bande qu’elle n’était pas correctement armé en cas de fusillade avec les forces de l’ordre, raison pour laquelle elle a organisé le vol à main armée chez Dekaise.
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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyDim 18 Avr 2021 - 1:41

2. Les premiers meurtres.

Quelques semaines se sont écoulées depuis les faits de Maubeuge. Sous l’impulsion d’Abdellah qui a pris définitivement les choses en main, la bande a perpétré plusieurs autres cambriolages dans des commerces alimentaires, sans accroc ceux-là. Ses deux comparses ne désirant plus commettre de méfaits au-delà des frontières après leur mésaventure française, ces vols eurent lieu uniquement sur le territoire belge, principalement dans le Brabant et dans le Hainaut. Pour y participer, Abdellah, ne disposant pas de voiture, fait régulièrement le trajet de Paris en train et séjourne en Belgique 2 à 3 jours, le temps d’effectuer les repérages et les cambriolages. Il est hébergé par son ami Saïd et a obtenu que ses frais de déplacement lui soient remboursés en prélevant le montant sur les butins.

Cependant, la fusillade à Maubeuge a fait prendre conscience aux trois truands des risques inhérents à leurs activités criminelles et du fait qu’ils n’étaient pas correctement armés en cas de grabuge. Aussi, ils décident de braquer une armurerie. Leur choix se porte sur celle tenue par Daniel Dekaise à Wavre, peu sécurisée et pas trop distante du garage où est planquée depuis quelques mois la VW Santana volée à Lembeek.

Après une reconnaissance des lieux et de l’itinéraire de fuite la veille, l’attaque contre l’armurerie est perpétrée dans la matinée du jeudi 30 septembre. Mais les choses ne se déroulent absolument pas telles qu’elles avaient été prévues. Un policier, prévenu par un passant du hold-up en cours, tente de s’interposer alors que les trois hommes s’apprêtent à quitter la boutique, non sans avoir fait main basse sur une dizaine d’armes et rouer de coups l’armurier. Abdellah n’hésite pas, fait feu sur lui, le blesse et l’achève d’une balle en pleine tête alors qu’il gît sur le sol. Pendant ce temps, Saïd se charge de déplacer la camionnette du policier stationné en plein milieu de la rue afin de dégager le passage.

Les trois comparses parviennent à prendre la fuite à bord de leur véhicule mais une voiture banalisée de la gendarmerie les prend en chasse. Quelques kilomètres plus loin, à Hoeilaart, les gendarmes parviennent à les dépasser et à bloquer leur véhicule à un carrefour. Une nouvelle fusillade éclate. Les deux gendarmes sont grièvement blessés, les trois truands s’en sortent eux miraculeusement indemnes. Malgré que leur véhicule ait été endommagé lors de la fusillade, ils parviennent à rejoindre leur cache. La nuit tombée, ils iront se débarrasser de la VW Santana à l’orée de la forêt de Soignes située à quelques kilomètres de là.

Leur première attaque à main armée a bien failli déjà être la dernière mais les voilà maintenant bien mieux équipé en cas de nouvel imprévu. Ils se tiennent quelques semaines à carreau puis finissent par perpétrer de nouveaux cambriolages. Après avoir ciblé des épiceries fines et des grossistes en vin, ils décident de s’en prendre à des restaurants, principalement situés en périphérie bruxelloise. Ils utilisent pour ce faire la voiture que Jean a acheté quelques mois plus tôt, sur laquelle ils apposent de fausses plaques d’immatriculation.

Plusieurs vols sont commis sans incident. Mais dans la nuit du 22 au 23 décembre, alors que les 3 comparses viennent de pénétrer par effraction dans l’auberge het Kasteel située à Beersel, ils sont surpris par le concierge des lieux, un homme âgé d’une septantaine d’année qui loge à l’étage. L’homme est rapidement maitrisé et ligoté. Ils le contraignent à révéler où sont cachés ses économies. Préférant ne pas laisser de témoin derrière eux, Abdellah l’abat de 8 balles tirées en pleine tête à l’aide du pistolet FN calibre 22 volé quelques mois plus tôt chez Dekaise.

Deux semaines plus tard, dans la nuit du 8 au 9 janvier 1983, un autre drame va se produire. Après avoir cambriolé un commerce, le trio se rend comme à son habitude au 33 rue Paul Spaak afin de décharger du véhicule les marchandises volées. Après avoir pris congé de leur acolyte, Saïd et Abdellah cherchent à rentrer à Braine-le-Comte mais ils ne sont pas motorisés. Il est 2h du matin. En se dirigeant vers la place Flagey, ils aperçoivent un taxi et le hèle. Mais le chauffeur refuse de les emmener aussi loin et accepte tout au plus de les conduire jusqu’à Anderlecht, à hauteur du ring. Arrivés-là, le chauffeur leur demande de sortir. Abdellah ne voulant pas se trouver en rade à une heure aussi avancée de la nuit insiste pour qu’il les conduise jusqu’à leur destination. Une dispute éclate. Enervé par le refus du chauffeur de taxi, il sort son pistolet et le tue de 4 balles en pleine tête. Après quelques hésitations, les deux comparses décident de cacher le corps du malheureux dans le coffre de la voiture et prennent la route de Braine-le-Comte. Saïd est déposé à son domicile. Abdellah reprend lui la route jusqu’à Mons, y abandonne le taxi et se rend à pied jusqu’à la gare afin d’y attendre le premier train direction Paris.

Si les revenus des cambriolages permettent à Abdellah d’améliorer sensiblement son quotidien et celui de sa petite famille, ils sont loin d’être suffisants pour qu’il puisse mener grand train comme il le désire. Aussi, germe dans son esprit une idée : attaquer des supermarchés et faire main basse sur leur recette.

A suivre...
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snoop




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyDim 18 Avr 2021 - 9:13


Bonjour à tous,

Voilà qui aura au moins le mérite d'éliminer plus de cent personnes renseignées à la rubrique Who is Who. grâce à quoi beaucoup de membres vont économiser de l'énergie à chercher des conneries.



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glen2




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyLun 19 Avr 2021 - 14:10

Je vous suis pas à pas.
"Géant (Jean)" a acheter une voiture et il là muni de fausses plaques quand ils effectuent des cambriolages.
Et je suppose qu'une fois le cambriolage fini, et que la voiture se retrouve dans la cache, "Jean" remet ses plaques à lui.
Quand vous acheter une voiture d'occasion, après le contrôle technique, vous devez vous assurer et ensuite avec le cachet de l'assureur, vous pouvez demander des plaques d'immatriculation à la DIV.
Connaissant l'année (1982)et l'adresse (33 rue Paul Spaak ), je pense qu'il serait possible de retrouver le nom de la personne qui a contracter une assurance auprès des différentes sociétés d'assurance de l'époque. Ou de retrouver cette même personne via les archives de la DIV.

Et enfin, quand on sait que chez ces malfaiteurs, le moindre centime compte, je trouverai plus logique quand on se retrouvent après un cambriolage à 2h du matin à Ixelles, d'y rester loger et dormir jusqu'au matin pour reprendre le train.
Ils devaient se douter que trouver un taxi à 2h du matin, en plein hiver et de surcroit vers Braine-le-Comte ne serait pas chose aisée.
Ou, puisque, comme vous l'écrivez, Abdellah est devenu le "meneur", il aurait pu demander (exiger?) la voiture de Jean. Ou lui demander de les conduire, c'est quand même lui le chef non?
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pyrénéen




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyLun 19 Avr 2021 - 15:58

Et Abdellah, comment a-t'il amené le fusil 8 mm jusqu'en Belgique en prenant le train ?
Il l'a démonté et a mis les morceaux dans un sac ?
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snoop




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyLun 19 Avr 2021 - 16:48


Bonjour,

Mais non Pyrénéen il se trouvait du bon côté de la fenêtre dans le train, donc aucun problème il n'aurait pas été mis à l'amende de 135eur.

Cordialement
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BERNARD2021




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MessageSujet: Re: La véritable histoire des TBW - Reconstitution.   La véritable histoire des TBW - Reconstitution. EmptyLun 19 Avr 2021 - 17:53

pyrénéen a écrit:
Et Abdellah, comment a-t'il amené le fusil 8 mm jusqu'en Belgique en prenant le train ?
Il l'a démonté et a mis les morceaux  dans un sac ?

bonjour, je reviens musarder car j'ai appris que Chronos s'était lâché.
8mm calibre existant pour revolver Mod 1892 (réglementaire français) et vu comme cela long canon

La véritable histoire des TBW - Reconstitution. 189210

et donc facilement trouvable en France et transportable vers la Belgique.

ancien mais toujours efficace.
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